Le
Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient recrute
de nombreux supplétifs, en 1951 des tirailleurs servent dans des
unités indigènes ou coloniales et parmi les formations en
manque d'effectifs ; près des réguliers, se trouvent des
supplétifs ou partisans qui constituent une gamme d'auxiliaires
; certains dépendent du pouvoir civil ou sont à la solde
d'intérêts privés (autodéfense de villages,
gardes de chemins de fer, de plantations, etc.) ; on trouve enfin, des
unités indigènes comme des milices catholiques aux ordres
de l'autorité militaire ou religieuse.
Les Caodaïstes et les Hoa Hao, sectes
de Cochinchine, armés, servent les forces françaises du
sud-vietnam. Les forces armées nationales Binh Xuyen, composées
d'anciens bandits et bagnards du bagne de Poulo Condor, assurent la défense
de Cholon (ville chinoise jumelle de Saigon). Il existe une multitude
de minorités ethniques montagnardes, ennemies des Annamites qui
sont, au Tonkin et en Centre-Annam regroupées en maquis à
partir de 1951.
Les Caodaistes sont les fidèles d'une
secte religieuse fondée en 1920. "Le Saint Siège"
est à Tay-Ninh (80 km de Saigon). Le Pape y vit entouré
de cardinaux des deux sexes et se sert de cette façade religieuse
pour entretenir une armée possédant ses arsenaux primitifs
pour parer à un arrêt éventuel de fournitures d'armes
françaises (mortiers fabriqués avec de vieux pots d'échappement
qui après un an d'emploi sont donnés aux paysans pour servir
à la défense locale)... Sous la protection de cette armée,
la pacifique confession caodaiste compte
un million et demi d'adhérents. L'été 1951, une scission
se produit dans les rangs caodaistes : le chef d'état-major, le
colonel Trinh-Minh-Tre prend le maquis avec 2000 hommes.
Le général Tre - comme il s'est promu - déclare qu'il
est aussi bien l'ennemi des communistes que des français. Jusqu'à
présent, ses attentats ont tous été dirigés
contre les seconds. Une note pittoresque parmi les alliés de la
France du Sud-Vietnam est donnée par les Hoa Haos, armée
plus rude que celle des caodaistes, avec
elle, une forme de religion fondée sur le Bouddhisme. Leur premier
prophète fut un partisan du Viet-Minh rendu suspect par son ambition
démesurée, il fut assassiné et ses disciples se rallièrent
aux français. Leur général fut dit-on conducteur
de pousse-pousse à Saigon et sa femme a fondé une armée
féminine dont l'activité a été la "liquidation"
de concubines dudit général. On ne saurait oublier les Binh
Xuyen. Leur chef n'a, en principe, d'autorité que dans la périphérie
de Cholon, faubourg chinois de Saigon, mais, détenant le monopole
des jeux et possédant des établissements avec dancing, attractions,
roulettes et jeux de dés, il se rend responsable de l'ordre dans
Cholon avec l'aide de sa police privée. Le plus heureux des seigneurs
de la Guerre en Cochinchine est le colonel Leroy, fondateur de l'Union
Militaire pour la Défense de la Chrétienté (UMDC).
Moitié français, moitié annamite, c'est un curieux
personnage lisant Montesquieu et discutant de Pascal. Il préconise
le partage des grands domaines et leur attribution aux paysans. Il a aménagé
un zoo autour de son lac, on y voit des pavillons chinois, il y a un bar
et des lumières brillent toute la nuit. Quel étonnant petit
état catholique. Le prix de revient d'une recrue autochtone est
inférieur à celui d'un militaire "importé".
Les originaires du pays supportent mieux le climat, connaissent l'ennemi
et le terrain.
Les effectifs locaux atteignent 24 900 hommes en octobre 1946 et culminent
à 62 840 hommes et 1 000 interprètes en 1952. Ils diminuent
ensuite du fait de la mise sur pied des armées nationales créées
à la suite de la conférence inter-états associés
de Pau, de juin à décembre 1950.
Les forces armées vietnamiennes combattent le Viet-Minh aux côtés
du Corps Expéditionnaire Français, cette armée d'un
Etat indépendant et non communiste demeure peu connue.
L'indépendance du Vietnam, reconnue par les accords de la baie
d'Along (juin 1948), puis entérinée par ceux de Paris (mars
1949), font du pays un Etat souverain avec à sa tête l'ex-empereur
Bao Dai.
L'existence d'une armée nationale paraît une prérogative
d'un Vietnam qui doit s'opposer à la au Viet-Minh qui maîtrise
la moitié du pays. Cette armée symbolise l'engagement du
peuple vietnamien contre les communistes.
(http://perso.wanadoo.fr/favn/introduction/genese.htm
consulté en novembre 2003)
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