Chez Paula il y a de vraies femmes. J'ai envie de dire des femmes enfin nues : dénudées du regard masculin. Des femmes qui ne posent pas devant un homme, qui ne sont pas vues par le désir, la frustration, la possessivité, la domination, la contrariété des hommes. Les femmes dans l'uvre de Modersohn-Becker ne sont ni aguicheuses (Gervex), ni exotiques (Gauguin), ni provocantes (Manet), ni victimes (Degas), ni éperdues (Toulouse-Lautrec), ni grosses (Renoir), ni colossales (Picasso), ni sculpturales (Puvis de Chavannes), ni éthérées (Carolus-Duran). Ni "en pâte d'amande blanche et rose" (Cabanel, moqué par Zola). Il n'y a chez Paula aucune revanche. Aucun discours. Aucun jugement. Elle montre ce qu'elle voit. Marie Darrieussecq |