Ben Jelloun prétend que Mohamed Choukri n'avait pas écrit son autobiographie. Il est sérieusement contesté. - En 2010, dans son livre Jean Genet, Menteur sublime (Gallimard), Tahar Ben Jelloun indique qui l'a incité à se lancer dans la traduction du Pain nu : "un ami commun, Mohamed Berrada, m'incita à traduire ce texte" (p. 30). Il aurait découvert que le manuscrit du livre n'existait pas : "C'est au moment où je me lançais dans la traduction de l'autobiographie de Choukri, Le Pain nu, que je découvris le subterfuge de Bowles. Quand je demandai le manuscrit de son livre, je me rendis compte qu'il n'existait pas. Choukri m'apportait chaque jour cinq ou six feuillets, écrits la veille." (p. 35). - Peu après, la version de Tahar Ben Jelloun est contestée dans Maroc culturel par le romancier et critique littéraire Mohamed Berrada à qui Choukri avait donné le manuscrit intégral de son roman, antérieurement à la traduction française : "Lors du Congrés sur le roman arabe organisé par l'Union des Ecrivains du Maroc (U.E.M) à Fès en 1979, congrès dont j'assumais la supervision, j'avais invité Choukri à participer car il m'avait donné le manuscrit intégral de son roman. D'ailleurs, j'avais publié, suite à mon élection à la présidence de l'U.E.M en 1976, un chapitre entier du livre dans la revue Afaq. Puisque Souheil Idriss était parmi nous pendant le congrès, je lui avait remis une copie du Pain nu ; mais il me l'a rendue trois mois plus tard en s'excusant de ne pouvoir publier le livre en raison de son audace." Mohamed Berrada ajoute : "Après la clôture du congrès, Ben Jelloun publia une chronique dans Le Monde où il décrivit Choukri comme étant un écrivain analphabète, à l'instar de Cherradi auteur de A Life Full of Holes publié par Bowles. Lorsque Choukri lut ses paroles, il se mit en colère et me contacta afin de protester. Je pris alors contact avec Tahar pour lui expliquer la réalité des faits, l'informer que le texte existe et qu'il devait le lire car il pourrait l'inciter à le traduire Ainsi, ils se rencontrèrent à Tanger, ce qui a abouti à la traduction du livre." |