Quel est ton rapport à l'intrigue ?


"L'intrigue est ce qui nous passionne, moi et celui qui me lit. C'est pourquoi elle se tisse au fil de l'écriture. Elle naît en grande partie pendant que j'écris, toujours. Je sais, par exemple, qu'Olga restera enfermée chez elle, sans téléphone, avec son fils malade, sa fille et le chien empoisonné. Mais je ne sais ce qui se passera une fois que l'histoire sera lancée. C'est l'écriture qui m'entraîne."

"Naturellement, j'ai des hypothèses sur la suite, avant et pendant que j'écris, que je garde en tête, mais elles sont confuses, prêtes à disparaître à mesure que le récit avance."

"L'état de grâce commence lorsque l'écriture n'est occupée qu'à ne pas perdre le fil du récit. Avec L'Amie prodigieuse, cela s'est produit immédiatement, et ça a duré. Les mois passaient et le récit filait à toute vitesse, je n'essayais même pas de relire ce que j'avais écrit."

"Tout au long des 1 600 pages de L'Amie prodigieuse, en effet, je n'ai jamais senti le besoin d'en restructurer les événements, les personnages, les sentiments, les changements et retournements de situation. Pourtant, je n'ai à aucun moment eu recours à des notes, des chronologies, des schémas quelconques."

Extrait d'un entretien d'Elena Ferrante avec ses éditeurs, paru dans Books, n° 77, juin 2016