Je m'attendais à une rebuffade, mais sur Marie-Aimée
me sourit, m'embrassa plusieurs fois, et dit :
- Tu es trop petite pour être sur un banc. Je vais te mettre ici.
Et elle me fit asseoir sur un petit banc, dans le creux de son pupitre.
Comme il faisait bon dans ce creux de pupitre ! Comme la chaleur des jupes
de laine caressait mon corps tout meurtri par les escaliers de bois et
de pierre !
Souvent des pieds se posaient de chaque côté de mon petit
banc et je me trouvais étroitement enclavée entre deux jambes
nerveuses et chaudes. Une main tâtonnante m'appuyait la tête
sur les jupes entre les genoux, et sous cette main douce, et sur cet oreiller
chaud, je m'endormais.
Quand je m'éveillais, l'oreiller se transformait en table. La main
y déposait des débris de gâteau, de menus morceaux
de sucre, et quelques bonbons.
Autour de moi j'ai entendais vivre le monde.
Marie-Claire
de Marguerite Audoux
|