Valery Larbaud avait-il recopié le manuscrit raturé de Marie-Claire
pour le rendre lisible – Marguerite souffant des yeux ?

On a prétendu que Valery Larbaud avait lui-même recopié le manuscrit de Marie-Claire. Il l'a à l'évidence "fait recopier". C'était, et encore !..., peut-être son intention de le faire lui-même, comme le suggère la lettre de Marcel Ray du 24 janvier 1910 à Larbaud :

"C'est très chic de votre part aussi, vous savez, de copier le ms. de Marguerite A[udoux] et de lui épargner ainsi, délicatement, des maux d'yeux inutiles, une perte d'argent trop sensible pur elle, et un travail de correction et de disposition typographique qu'elle ne peut pas faire. Bravo !"

C'est sans doute ce beau passage qui a retenu l'attention.

Mais dans une lettre du 4 février suivant, Larbaud écrit à Ray :

"Ayant fait copier le ms. de Marie-Claire, je l'apportais à Fasquelle." (Je souligne.)

Pour moi, il n'y a pas de doute. Le richissime Larbaud avait autre chose à faire, et surtout les moyens de payer un scribe (c'est sans doute lui qui l'a financé).

Donc, il faut dire sans hésitation : "qui avait fait recopier le manuscrit raturé..."

L'autre lettre qui fait mention du fait, de Larbaud à Ray, le 31 janvier 1910, ne contredit pas la présence d'un autre copiste, puisque Larbaud écrit :

"Le ms. sera entièrement copié ce soir (le ms. de Marie-Claire, natürlich)."

Le passif, sans agent, demeure ouvert à l'interprétation qui s'impose. Ray a aussi pu écrire copier en pensant faire recopier.

Bernard-Marie Garreau, décembre 2017