Reprenons plus schématiquement l’entonnoir de l’autonomie :

- Ne sont pas propres à la littérature les pressions morales et les commandes économiques : sont visés l’Église, les nobles et les mécènes qui exercent des censures ou formulent des demandes.

- Ne sont pas propres à la littérature le "marché", les attentes et les goûts du public.

- Ne sont pas propres à la littérature les dimensions morales du livre, le «message» compris dans ses textes.

- Ne sont pas propres à la littérature des moyens qui ne relèvent pas d’une essence 100% littéraire ; n’est propre que sa quintessence.

- Ne sont pas propres la langue elle-même, sa tradition nationale, ses visées communicationnelles : il faut une langue littéraire agrammaticale et anorthographique.

- N’est pas propre à la littérature l’idée que le texte puisse avoir un sens.

Sophy Divry, Rouvrir le roman
Ed. Noir sur Blanc, coll. "Notablia", 2017, p. 89