Trois citations de William Marx

"Une lecture littéraire fait sens de tout, elle décontextualise le plus possible, elle voit dans chaque texte un objet autonome et confère au lecteur une toute-puissance interprétative. Tout est susceptible d'être lu comme littérature : la tragédie grecque comme le Mvett du peuple fang, le Bardo Thödol tibétain comme les sagas islandaises. Or, plus une œuvre est loin de sa source, plus aisément elle se laisse déposséder de sa fonction historique et de son pouvoir propre, et plus facile est son intégration dans le vaste corpus littéraire."

"S'il est vrai que nulle conscience critique, nulle véritable connaissance de soi, nulle appréhension de l'universel ne sauraient se former sans lecture des textes étrangers ou lointains, s'il est vrai que rien n'est plus nécessaire que de lire les littératures d'ailleurs ou d'autrefois, en revanche rien n'est plus difficile que de les lire non comme de la littérature, mais comme d'authentiques fragments de monde chus sur notre table, sur notre terre."

"En tant qu'art du langage autonome, à vocation universelle, d'une intellectualité supérieure, détaché le plus possible de son contexte, la littérature devint alors la grande décontextualisatrice, la phagocyteuse par excellence, ingérant tous les textes épars pour en faire sa matière propre."

Voir le développement de la pensée de William Marx, grâce à trois textes de modalité différente :
- Un portrait : William Marx, la littérature et son au-delà, par Jean-Louis Jeannelle, Le Monde, 20 janvier 2020
- Extraits de sa leçon inaugurale au Collège de France : "Pour une bibliothèque mondiale", William Marx, Le Monde, 21 janvier 2020
- William Marx : "Nos bibliothèques mentales nous servent de référence pour lire et comprendre les livres", entretien avec William Marx, France Culture, La Grande Table des idées, par Olivia Gesbert, 23 janvier 2020


 

Quand Voix au chapitre lit Les Heures de Michael Cunningham :
http://www.voixauchapitre.com/archives/2019/cunningham_heures.htm