La kibitka qui parcourt les champs de neige n'est pas un traîneau, un chariot, une voiture, mais d'abord un habitacle, une tente de nomade, une sorte de petite maison offrant un refuge clos destiné à glisser même au plus profond de la tempête de neige.
De même, le diadka qui accompagne le héros n'est pas un mentor, un serviteur, un menin (terme proposé par Tourgueniev et qui n'est guère plus compris à présent que diadka) mais à la fois un esclave et un maître. Comme l'écrivait Raoul Labry, "le diadka est un homme de confiance, sans doute, mais il reste un domestique. Il s'occupe de tous les détails de la vie matérielle de son jeune maître et veille à l'exécution par lui des prescriptions de ses parents ou de ses précepteurs sur sa tenue, sa conduite, son travail" (1).

(1) Pouchkine, La Fille du capitaine, commentaires par Raoul Labry, Aubier, 1964, p. 13.

Préface
d'André Markowicz et Françoise Morvan
La Fille du capitaine
Babel, p. 12


J'entrai dans une pièce proprette, arrangée à l'ancienne. Dans un coin, un vaisselier ; un diplôme d'officier encadré sous verre ; à côté de lui, des images populaires représentant les sièges d'Otchakov et de Küstrin, ainsi que le choix de la fiancée et l'enterrement du chat (2).

Alexandre Pouchkine
La Fille du capitaine

trad. André Markowicz avec la collaboration de Françoise Morvan
Babel, p. 67

(2) Otchakov fut pris en 1739 par les troupes du général von Münnich pendant sa campagne victorieuse contre les Turcs. Küstrin fut assiégé en 1758, sans succès, pendant la guerre de Sept Ans, contre les Prussiens. Ces deux images montrent les états de service et l'étendue de la carrière du vieux capitaine.
"Le choix de la fiancée" et "L'enterrement du chat" (par les souris) sont des images traditionnelles, des louboks, ou loubki, mais "L'enterrement du chat" est inspiré, à la mort du tsar, par la réprobation dans le peuple pour les réformes de Pierre le Grand.


Voix au chapitre a programmé La Fille du capitaine en avril 2022
http://www.voixauchapitre.com/archives/2021/pouchkine.htm