"États-Unis
: trahison ou inspiration ?"
Le Monde, 28 avril 2000
(trahison
se dit betrayal en anglais)
Les amis de l'écrivain Allan Bloom, l'auteur de L'Âme
désarmée, essai sur le déclin de la culture générale
(Julliard) - dans lequel il condamnait vigoureusement les ravages de la
médiocrité des années 60 et défendait avec
tout autant de rage et de passion les vertus de la culture classique -
se sont émus outre-Atlantique à la lecture du dernier roman,
Ravelstein, d'un autre écrivain tout aussi réputé
pour son conservatisme, le Prix Nobel de littérature, Saul Bellow.
Bloom et Bellow étaient amis, Saul Bellow avait préfacé
l'ouvrage de Bloom. Mais dans Ravelstein, Bellow retrace l'amitié
entre deux écrivains et il est clair que c'est de son amitié
avec Bloom qu'il parle. Jusque-là, rien de bien étonnant.
Sauf que Ravelstein est homosexuel sans le dire et meurt du sida, alors
que Bloom est mort en 1992, d'un cancer du foie. Pour beaucoup, le roman
n'est pas vraiment un roman, mais des Mémoires. Ils accusent
Bellow de « betrayal chic », de trahison chic. Bellow a avoué,
dans un entretien accordé au New York Times, qu'il n'avait
pas du tout eu l'intention de révéler quoi que ce soit sur
Bloom, tout en ajoutant qu'il ne s'était pas rendu compte que parler
de sida était un sujet aussi sensible et qu'il trouvait que les
gens avaient une attitude digne du Moyen Âge.
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