"Les Yeux du Rigel,
de Roy Jacobsen"
Elena Balzamo, Le
Monde, 15 avril 2021
Norvège, 1946
Après avoir décrit le rude quotidien des habitants de lîle
de Barroy, au nord de la Norvège, dans les années 1920 dabord
(Les Invisibles, Gallimard, 2017), puis pendant la seconde guerre
mondiale (Mer blanche, Gallimard, 2019), Roy Jacobsen reprend la
narration en 1946. Le pays a retrouvé son indépendance,
il serait temps de panser les plaies, mais lhéroïne
de ce dernier volet de la trilogie cherche au contraire à les raviver.
Ayant quitté son île pour retrouver les traces du prisonnier
russe quelle avait sauvé et dont elle a eu un enfant, elle
suit les indices récoltés au gré de rencontres fortuites
sur le continent. Dans un pays encore meurtri par loccupation allemande,
cette femme devient le catalyseur qui met en branle les souvenirs, parfois
cuisants, de ceux qui, récemment encore, aidaient des fugitifs,
ou les tuaient. Les rapports entre les individus face à lépreuve
de la vérité font de ce roman un long voyage initiatique
au plus profond de la campagne norvégienne.
Les Yeux du Rigel (Rigels Oyne), de Roy
Jacobsen, traduit du norvégien par Alain Gnaedig, Gallimard, « Du
monde entier », 248 p., 20 €, numérique 15 €.
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