Lirelles

Nous avons lu pour le 17 septembre 2023 :

Des Américaines à Paris
de Gérard BONAL
Taillandier, 2017, 384 p.


Voir les photos ›dans le livre

Qui, qui, qui ?

Pour notre séance de rentrée littéraire, ce 11 septembre 2023, nous étions 17 sur 19 à réagir sur le livre :
- en direct (12) : Aurore, Brigitte, Claire Bi (nouvelle dans le groupe), Claire Bo, Felina, Flora, Joëlle L, Laetitia, Muriel, Nelly, Patricia
- par zoom (3) : Agnès, Joëlle M, Sandra
- par écrit (2) : Nathalie, Véronique
- prises ailleurs (2) : Sophie, Stéphanie.

Avec ou sans nuances... : les tendances


Une forte majorité d'entre nous avons aimé le livre, ont été très voire très très très intéressées : Agnès, Aurore
, Claire Bi, Claire Bo, Felina, Flora, Joëlle L, Laetitia, Muriel, Nathalie, Patricia, Sandra, Véronique.

Quelques voix tranchent, et ne rejoignent pas cette unanimité :
- la plus virulente accable le livre de missiles, Brigitte
- plus douce, s'en prenant même à elle-même (mauvaise élève), Nelly
s'est ennuyée
- quant à Joëlle M,
calme et équilibrée, elle n'a ni détesté, ni adoré...

Certaines ne sont restées que positives ; quand elles aiment, elles aiment tout : Agnès, Aurore, Claire Bi, Felina, Nathalie, Patricia, Sandra, Véronique.

D'autres ont beaucoup apprécié, mais formulent des réserves qui ne nuisent pas à leur appréciation générale : Claire Bo, Flora, Joëlle L, Laetitia, Muriel. Les réserves portent sur la composition d'ensemble et le déséquilibre quant aux détails (trop sur certaines femmes, pas assez sur d'autres).

Un point de réelle unanimité pour finir : la partie sur le rôle des Américaines pendant la Guerre de 14 – une découverte vraiment enthousiasmante. Encore de grandes oubliées, pour citer Titiou Lecoq.

La succession des avis

Nathalie (dont nous lisons les réactions à haute voix)
J'admets avoir un a priori très positif concernant Gérard Bonal. J'adore cet auteur qui a tant écrit sur Colette...
Le livre dont il est question aujourd'hui est pour moi un écrin empli de merveilleuses pépites. Chaque portrait est édifiant et extraordinairement documenté. Quel travail !
J'ignore à laquelle de ces Américaines, volontairement expatriées en France et plus précisément à Paris, va ma préférence. Je les trouve toutes singulières bien qu'elles aient toutes été animées par cette même soif de liberté. Elles sont des modèles d'émancipation féminine. Elles incarnent - toutes et chacune à sa manière - dans des domaines différents le libre-arbitre, le désir de prendre son destin en main et la volonté d'échapper au carcan du puritanisme américain. Je suis admirative de leur audace, de leur courage aussi. J'ai - certes -une affection particulière pour Mary Cassatt qui repose pour l'éternité dans l'Oise, mais j'ai surtout eu un énorme coup de cœur pour Klumpke, Anne Morgan et Edith Wharton pour leur engagement. Toutes dévouées, bienveillantes, altruistes et compatissantes.

Felina
Mon avis sera bref : j'ai adoré !
J'ai lu en buvant chaque page.
C'est très bien décrit.
L'écriture est simple, riche, très évocatrice.
Ma curiosité est satisfaite, y compris une curiosité enfantine d'anecdotes.
Mes découvertes ont été nombreuses : par exemple, je ne connaissais pas Isadora Duncan.
J'adore ce livre.

Flora
Je suis complètement d'accord avec Felina. J'ai beaucoup aimé.
Ce livre m'a fait penser à vous, à Lirelles. Quand j'y suis arrivée, je ne connaissais pas nombre de femmes que je connais maintenant. Le livre m'a apporté bien des détails à leur sujet. Et j'en ai découvert de nouvelles. Je ne suis pas arrivée au bout, j'en suis à Edith Wharton.
Je pourrais chipoter, selon les portraits. Certains sont longs, avec trop de détails qui ne m'ont pas intéressée, concernant Isadora Duncan ou Romaine Brooks. En revanche, le passage sur Matisse avec Gertrude Stein est très intéressant, avec tout cet entourage qui est le sien.
Ce livre est donc une belle découverte.

Patricia

J'ai beaucoup aimé ce livre, et je remercie Joëlle de me l'avoir fait connaître.
Au départ j'ai eu des doutes, je pensais lire les nièmes biographies de Natalie Barney, Gertrude Stein et Colette. Au contraire, on parle peu d'elles, on parle surtout des personnes moins célèbres qui les entouraient et toutes américaines dans la période 1850 à 1920.
J'ai eu aussi peur que ce soient des biographies décousues les unes des autres et rébarbatives (un peu comme dans Colette et les siennes). En fait, non, il y a un fil qui relie chaque chapitre au suivant, ce qui permet d'avoir une lecture fluide. Le contenu est d'une grande richesse, il me semble sinon exhaustif, très complet… Est-ce que tout est tiré des archives, ou est-ce qu'il y a un peu de fiction, je ne sais pas. Dans tous les cas quel travail d'historien ! De plus, la façon dont l'auteur l'a présenté m'a passionnée et intéressée. Bref, je ne me suis pas ennuyée une seconde, à part peut-être l'histoire d'Isadora Duncan que j'ai trouvée pénible à lire.
Dans l'ensemble du livre, mes chapitres préférés ont été :
- Anna Gould la milliardaire et Mary Plummer orpheline femme de Clemenceau : toutes deux maltraitées
- les sœurs Klumpke : quels destins ! Ravie d'avoir fait leur connaissance et de leur mère
- Mme de Polignac (Singer), avec l'histoire du couple Winnaretta et le prince de Polignac, tous deux homosexuels
- Edith Wharton : reporter de guerre
- Anne Morgan et son groupe et leur participation à la guerre
- ainsi que Gertrude Stein et Alice Toklas.
De plus, en aparté, ce livre me conforte dans l'idée que Natalie Barney est une personne fiable, fidèle en amitié et en amour, elle ne me parait pas si frivole que ça. Contrairement à Colette que je trouve de plus en plus antipathique.

Sandra
Mon avis sur cet ouvrage est positif. J'ai apprécié ce livre, enrichissant et assez bien écrit.
Pour celles qui comme moi ne connaissaient pas toutes les femmes qui y sont évoquées, il permet de connaître le principal : je vois donc cet ouvrage comme une bonne introduction.
Je comprendrai que celles, qui à l'inverse ont une bonne connaissance de ces femmes artistes mécènes etc., soient un peu déçues par le survol de leurs vies, mais l'auteur fournit un grand nombre de détails sur les caractères, ambitions et vies de ces femmes, toutes différentes, qui nous permet d'avoir de larges connaissances sur elles.
Ainsi, j'ai découvert les trios sœurs Klumpke, Mary Cassatt – chapitres qui m'ont plu.
Ce sont toutes des femmes déterminées, courageuses, modernes, qui ont su aller au-delà des codes sociaux.
J'émettrai cependant deux bémols : le premier est l'inégalité des chapitres ; certains sont plus longs, avec davantage de détails que d'autres. Et le second : il n'y a pas suffisamment de mise en relation entre les artistes, leurs liens ne sont pas assez montrés.
Le dernier chapitre m'a particulièrement plu, sur leur rôle pendant la Grande Guerre, rôle dont on ne parle pas. Cette cinquième partie est vraiment très instructive. Or, c'est dommage qu'il ne soit pas évoqué dans les livres d'histoire ou dans l'enseignement.
Autre élément de contexte, la richesse de ces femmes pour la majorité : elles peuvent avoir cette liberté car elles sont rentières, proviennent d'une famille riche ; mais cela n'enlève en rien leur talent, leurs capacités de réussite.
Enfin Paris est mis en avant, l'auteur dit : "A Paris, elles trouvent les libertés que ne leur offrent pas les États-Unis" ; mais j'ajouterai que ces femmes participent à cette mise en valeur de la ville, et du fait que Paris est ainsi source de libertés. C'est un cercle. Elles contribuent à faire de Paris un cadre de liberté culturelle, intellectuelle, etc.

Laetitia
Merci Joëlle d'avoir proposé ce livre que j'ai apprécié : riche, diversifié, par exemple grâce à la variété des arts que pratiquent ces femmes : peinture, musique, danse...
J'ai deux regrets : trop de détails par moment ; et les photos m'ont manqué. Je pensais aux Culottées où nous avions des images.
Je ne connaissais pas, loin de là, toutes ces femmes.

Et pour Lirelles, cela fait du lien, une mise en perspective, à des lectures précédentes :
Cocteau, Colette, Gertrude Stein - Autobiographie d'Alice Toklas, Edith Wharton, Violet Trefusis, Radclyffe Hall, Proust... des expositions que nous avons vues... Il fallait qu'on le lise !
Et il y a également un intérêt politique, avec l'engagement généreux de ces femmes pendant la guerre. Elles fréquentent ou animent des salons, mais pas que. Intérêt sociétal avec des cités-ouvrières, dont je ne connaissais pas l'existence, que finance Winnaretta Singer. Des aspects donc beaucoup plus méconnus que la vie de certaines de ces femmes.
Je suis d'accord avec Sandra à propos de leur impact sur Paris, que j'ai pu découvrir par des visites de Paris Gay Village
J'ai donc beaucoup apprécié cette lecture, trouvée parfois un peu longue, mais très intéressante.

Nelly
Je me sens une mauvaise élève, car j'ai eu du mal.
Ça foisonne, oui c'est un livre de référence. Il évoque énormément de femmes qu'on a parfois déjà rencontrées. J'avais vu à la librairie Village Voice depuis lors fermée, la présentation de ce livre par son auteure Paris was a woman: portraits from the left bank.
Je ne doute pas de la qualité des recherches, mais j'ai eu parfois des doutes : où est-il allé chercher tout cela ?...
J'étais consciente d'apprendre, et du coup j'ai trouvé un côté un peu scolaire à cet ouvrage. Des passages m'ont ennuyée, en particulier sur la duchesse de Polignac...

Une puriste
Elle n'était pas duchesse !

Nelly
Ah bon... en tout cas, j'ai sauté des pages...
Le style m'a paru par moment fluide, mais à d'autres empreint de lyrisme, avec des envolées qui m'ont gênée.
La dernière partie, j'ai beaucoup aimé, ça m'a portée ; Gertrude Stein, Alice Toklas..., cette période a quelque chose d'enthousiasmant. Et cette fin est écrite avec davantage de sobriété.
C'est un livre important et c'était bien de le mettre à notre programme. Mais il m'a demandé des efforts.

Brigitte
Comme je suis contente d'entendre Nelly ! Je n'osais rien dire après ce concert de louanges.
Les Américaines à Paris : un livre de bribes, bribes de vie et anecdotes mondaines, sur un ton de salonard - il faudrait réviser en enlevant au moins les adjectifs. Ce qui permettrait de dégager de la place pour les photos, sucrées de la version poche. Et c'est bien dommage : les images atténuaient la superficialité du propos.
Les femmes sont effleurées, figées en quelques bons mots :
- Mary Cassatt, la "farouche et solitaire", Mary Cassatt, très aristocratique et habillée de noir. Pas comme les Américaines fortunées, "papillons de luxe… qui ne restent pas". Elle reste, Mary. Principal souci : sa garde-robe.
- Anna Gould épouse Boni de Castellane et renfloue sa fortune, mais elle est laide, ils divorcent. Idem de Mary Plummer et Georges Clemenceau, au bout de vingt ans de mariage. Anecdotes.
- Anna Klumpke. Superbes vignettes de la mère et des sœurs : Augusta, première femme interne des hôpitaux de Paris, en 1886, Dorothea, première docteure en maths et astronomie, à la Sorbonne en 1893. Mais Anna ? Un roman d'amour pour Veillée des chaumières. Quand on a vu ses toiles au château de Rosa Bonheur, on se demande ce que celle-ci avait pu lui trouver. Mais, dit notre auteur "Le vieux cœur de Rosa s'est remis à battre"… Extrait des papiers d'Anna : "Anna, voulez-vous rester avec moi et partager mon existence ? Je me suis attachée à vous. […] La dernière fois que je vous ai vue, j'ai failli vous ouvrir mon cœur" Anna écrivait comme elle peignait : mièvrement. Et notre auteur de citer les "Ladies of Llangollen", évoquées par Colette dans Le Pur et l'Impur… Comme pour redorer le blason de Rosa dont le vieux cœur etc. Passons.
- Georgie Raoul-Duval, quelques ragots sur Colette et Claudine en ménage. Et le mot de Cocteau : "Maintenant seulement, je déchiffre l'énigme de cette visite, de cette pénombre, de cette solitude hautaine, de ce triste sourire, de cette douceur défendue, de ce fils frappé par les déesses furieuses de Lesbos, l'île inféconde"…
D'où le thème de la partie suivante : "Paris 1900, patrie du saphisme international"… l'île inféconde. Et retour sur les "lesbiennes légendaires" : Natalie Barney, Eva Palmer, Renée Vivien, Gertrude Stein, Alice Toklas, Romaine Brooks, Loïe Fuller, Winnaretta Singer bientôt princesse de Polignac…
Qui nous vaut : II Le salon Polignac : long développement qui écrase tout ce qui précède et ce qui va suivre, ah : Winnaretta Singer, princesse Edmond de Polignac, Peintre et musicienne mécène, salon musical. Les gammes du prince de Polignac. Les ballets russes. Fauré. Mais aussi bâtisseuse : cités ouvrières. On devine le personnage.
Et puis on continue les clichés : III Romaine Brooks, la vie en gris, Polignac insensible, D'Annunzio improbable. Sa peinture ? Effleurée comme le reste. C'est vraiment très gris.
Dans la partie IV, Gertrude Stein n'est pas mieux lotie. Modèle pour Picasso dans l'atelier du Bateau-Lavoir, Gertrude et Leo Stein achètent Madame Cézanne à l'éventail, blablabla… ce qu'elle a écrit ? Néant. Voir l'expo au musée du Luxembourg.
Mais quand même, de ce méli-mélo anecdotique, j'ai retenu, après y être arrivée à grand-peine, V Les mobilisées de la Grande Guerre : Edith Wharton reporter de guerre. Qui croise Alice Toklas et Anne Morgan. Les volontaires de l'American Committee for Devastated France. Edith Wharton, Elesina Tyler, Anne Morgan, Ann Murray Dike, Isabel Lathrop, Elsie de Wolfe… et, formidable : Anna Coleman Ladd, encouragée par le docteur Léon Dufourmentel, pionnier de la chirurgie maxillo-faciale, se met en rapport avec le sculpteur britannique Francis Derwent Wood…, qui vient d'ouvrir une clinique spéciale, le Masks for Facial Disfigurement Department. Là, il conçoit des masques, des prothèses faciales…, qui cacheront les mutilations... : "La pièce modelée est confiée à la maison d'orfèvrerie Christofle qui réalise par galvanoplastie une prothèse en cuivre, celle-ci ne recouvrant, comme une seconde peau, que la partie endommagée du visage. Et Mrs. Ladd, avec ses pinceaux, la recouvre alors d'une peinture-émail inaltérable et lavable imitant la carnation du blessé". Tout cela sur fond des décombres du château de Blérancourt… et des activités du CARD (Comité Américain pour les Régions Dévastées de France), un "bataillon de bienfaisance" : 350 femmes, Américaines et bénévoles, engagées aux côtés des populations françaises du Nord et de l'Est. "Pendant sept années, jusqu'en 1924, au volant de leurs Ford, elles iront porter dans toutes ces régions saignées à blanc, victuailles, secours moral, soins médicaux, aides matérielles, culture" dont émergent trois noms encore : Margaret Ethel Fraser, une gynécologue de Denver ; Edna Ward, une dentiste ; Mary Breckinridge, une obstétricienne… Mais cela, on le voit bien mieux sur le documentaire… (voir ce lien transmis par Claire).
Mais après cela le scandale pour terminer : la postface. Sylvia Beach et Adrienne Monnier. La Maison des amis des livres. Trois mots sur elles. Notre auteur avait dû oublier, et au dernier moment…

Claire Bo
Je ne partage pas du tout cet avis, m'insurgeant contre cette démolition...

(pour autant, ne déchire pas les livres qu'elle a étalés... : Femmes de la rive gauche : 1900-1940, Sharri Benstock, éd. des femmes - Paris était une femme, Andrea Weiss, éd. Anatolia – L'almanach des dames, Djuna Barnes, Flammarion La génération perdue : des Américains à Paris, 1917-1939, Vincent Bouvet, Cohen&Cohen Matisse, Cézanne, Picasso... L'aventure des Stein, éd. de la Rmn-Grand Palais, Gertrude Stein et Pablo Picasso : l’invention du langage, Cécile Debray, Assia Quesnel, Gallimard/Rmn-Grand Palais)

J'ai trouvé que le livre arrivait à très bon escient dans notre programmation, et Laetitia a rappelé certains des noms rencontrés avec Lirelles : Natalie Clifford Barney et Colette, que nous avons récemment lues, mais aussi Djuna Barnes, Gertrude Stein, Edith Wharton, Radclyffe Hall, Renée Vivien, Cocteau et Proust... On retrouve aussi Les Ruches, fondée par Marie Souvestre, où Natalie Clifford Barney sera élève, et que le roman et le film Olivia nous avaient fait connaître. J'ai trouvé également que ce choix pour l'été était judicieux.
Pour ce qui est de la composition, j'ai essayé de comprendre comment le livre progressait, un peu marabout-bout de ficelle, un personnage menant à un autre. Quant à la justification de la longueur ou de la brièveté des chapitres consacrés aux unes ou aux autres, mystère et boule de gomme.
J'ai regretté que les notes figurent en fin de livre, obligeant à une gymnastique. Le manque d'images dans la collection de poche saute aux yeux quand on lit : "regardons-la cette tête"…
Pour ce qui est de ma lecture, je n'ai pas lu dans l'ordre, commençant par le chapitre sur les Klumpke, au retour d'une visite du château de Rosa Bonheur qui mettait en avant les œuvres d'Anna Klumpke : quelle famille extraordinaire, ces filles tout aussi géniales et la mère aussi (qui entre parenthèses vivra au château de Rosa Bonheur de sa mort en 1899 à 1924 jusqu'à sa propre mort). Leur histoire est très bien racontée, avec un flashback, du suspense.
Le salon Polignac, constituant à lui seul une des 5 parties du livre, vaut la visite, avec des noms incroyables défilant chez elle (on retrouve Proust) et un rôle extraordinaire en faveur de la musique. Sans parler de l'épisode Verlaine. Et des cités ouvrières ! J'ai trouvé cette partie éblouissante, mais… Il me manque quand même, je l'avoue rétrospectivement, de de l'analyse, des comparaisons, une mise en perspective, des liens, ce qui correspond peut-être à la plainte de trop d'anecdotes.
Je suis retournée en arrière pour retrouver Natalie Clifford Barney qui m'a donné l'impression de faire un peu pâle figure par rapport à la princesse Polignac et les sœurs Klumpke. J'ai aimé avoir une clé qui explique sa froideur dans le livre que nous avions lu : "l'amour, à ses yeux, est une sorte de compétition où il faut arriver la première" ; elle dira : "Je suis Américaine, donc je suis pratique". J'ai été déçue par le chapitre sur Mary Cassatt, car son rôle essentiel dans la diffusion frénétique de l'impressionnisme aux USA n'est pas évoqué.
Autre moment que j'ai aimé, c'est l'histoire d'Isadora Duncan là aussi bien racontée avec des flashbacks, et le moment magique où la sauve un milliardaire Singer. Nous sommes passées avec Brigitte voir le Grand Hôtel de Bellevue qu'il a racheté pour elle à Meudon et où p. 121, Rodin allait la voir.
Pour Romaine Brooks, c'est pas mal de commencer par la peintre et que la bio vienne après. Mais c'est beaucoup trop long ensuite, avec D'Annunzio notamment. L'histoire Gertrude Stein, de plus soutenue par l'expo en cours actuellement, est intéressante, par rapport à Picasso, avec des attaques bien senties visant Gertrude par rapport à Alice Toklas.
J'ai moi aussi adoré découvrir le rôle d'Edith Wharton pendant la guerre, les ateliers de couture qu'elle organisait, sa villa Colombe que j'aimerais visiter. J'ai adoré quand la princesse de Polignac finance pour Marie Curie la transformation de voitures civiles en unités radiologiques envoyées sur le front, j'ai adulé Anne Morgan et je suis allée visiter son château de Bérouville, liés au CARD (comité américain pour les régions dévastées) qu'elle avait créé - femme admirable que j'ai découverte par ce film. (Pour les groupies, au château figure un beau portrait de Cocteau peint par Romaine Brooks, don de la Barney...)
Un grand regret que soient juste cités les noms de H.D. (Hilda Doolittle), amante de Bryher, Janet Flanner et son amante Solita Somano, ainsi que Mina Loy : ce sont elles aussi des femmes artistes et écrivaines au parcours extraordinaire. Nous aurions pu aussi découvrir ces inconnues et leurs œuvres.
Mais, mais, mais : très contente en dépit des réserves exprimées.

Muriel
Le compositeur Edmond de Polignac, mari homosexuel de la fameuse princesse ? Jamais entendu parler !
Je ne connaissais pas grand monde parmi ces Américaines et étais contente de les découvrir. Je rêve d'entrer au 20 rue Jacob chez la Barney.
J'ai été tout à fait intéressée. C'est vivant, le style est direct.
J'ai été emballée par la fin. Qui connaît le rôle de ces Américaines pendant la Guerre de 14 ! Et les progrès de la chirurgie faciale, c'est extraordinaire !
Cette fin, avec ce dévouement que j'ignorais, m'a beaucoup plu.
Mais c'est vrai que c'est un peu long, et j'ai eu d'ailleurs du mal à finir, poussée par mon entourage pénible...

Joëlle M
J'ai toujours du mal avec les biographies. Même si, ici, il s'agit de plusieurs femmes.
C'est plutôt bien écrit.
Mais un peu trop détaillé à mon goût, ce qui fait que j'ai sauté des pages.
Mais c'est plutôt intéressant. C'est un livre de référence.
Et c'est vrai que sont représentés des arts différents.
Je n'ai pas détesté. Mais je n'ai pas adoré. Ce fut donc "sans plus"... : intéressant, mais parfois trop long.

Claire Bi
J'ai trouvé le livre très intéressant, et même si c'est vrai qu'il a un côté un peu scolaire (cela dit j'aurais beaucoup aimé qu'on me le fasse lire au lycée !), il est agréable à lire, et sacrément documenté.
Cela faisait longtemps que je voulais tirer le fil de ce Paris de la Belle Époque, que je connaissais mal hormis un peu Colette.
Les personnages sont nombreux, et certaines m'ont retenue plus que d'autres, comme Romaine Brooks dont j'aimerais voir des tableaux (quelques-uns sont accrochés pour l'expo "Over the Rainbow" à Beaubourg, d'autres à Poitiers), les pionnières ou les scientifiques (A. Klumpke, les sœurs Klumpke en général).
Avant de lire le livre, je n'avais pas de représentations des Etats-Unis fin XIXe - début XXe : puritains, étriqués, frustrants sur les possibilités de formation aux arts ou à la médecine. Et une idée très vague de l'existence de ces "lesbiennes légendaires" !
J'ai beaucoup appris.
La partie sur la musique de chambre m'est par contre un peu tombée des mains, certains passages trop mondains aussi. Le livre fourmille d'anecdotes, mais quand on bascule dans les cancans de l'époque, c'est un peu la goutte d'eau... ; jusqu'à ce que quelques pages plus loin on s'accroche à un autre personnage...
Comme dit Sandra, c'est une bonne introduction. Et une bonne introduction en arrivant à Lirelles...

Aurore
Je n'ai pas tout à fait terminé.
Je croyais qu'il s'agissait d'une biographie, et j'ai été agréablement surprise.
J'ai beaucoup aimé.
Je ne connaissais pas ces Américaines dont l'auteur lie un peu les histoires, à part les noms de Mary Cassatt et Alice Toklas dont j'avais lu L'Autobiographie.
J'ai bien aimé les récits, les salons, ce Paris de la modernité artistique, avec une quête de la liberté, notamment homosexuelle.
Paris est un personnage. J'ai aimé redécouvrir des lieux, voyager dans cette époque.
J'aime bien le style, le livre se lit agréablement.

Agnès
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre. Je l’ai trouvé intéressant, honnête, bien construit, d’une écriture agréable. Il m’a permis de découvrir certaines figures que je ne connaissais pas, les pionnières Emma Hart Willard et Elizabeth Blackwell, ainsi qu’Anna Coleman Ladd et le destin de Mary Plummer, épouse de Clemenceau dont j’ignorais l’attitude odieuse à son encontre.
Les autres noms m’étaient plus familiers, en particulier Renée Vivien bien sûr, Natalie Clifford Barney, Romaine Brooks, Gertrude Stein et Alice B. Toklas.
Si je connaissais Anna Klumpke, pour avoir été la compagne de Rosa Bonheur, j’ignorais l’histoire de sa sororie. Que de femmes admirables !
J’avais découvert Anne Morgan il y a quelques années grâce au documentaire cité par Claire. Une nouvelle fois, quel destin, quelle intelligence ! Je suis totalement admirative de la force de ces femmes et des actions qu’elles ont menées.
Outre Renée Vivien et Natalie Clifford Barney que je classe à part dans mon panthéon, j’ai une tendresse particulière pour Alice B. Toklas. La narration de leur épopée au volant de leur Ford dans le cadre de la fondation d’Anne Morgan m’a rappelé une pièce de théâtre que j’avais vue à Paris au début des années 90, Les gastronomades, d’après le formidable Livre de cuisine d’Alice.
Celle que je connaissais de nom, un peu comme un personnage secondaire, mais qui m’a donné envie d’en savoir beaucoup plus est Winnaretta Singer, princesse de Polignac. Je vais donc me plonger dans la lecture d’Une Américaine à Paris de Michael de Cossart.
Ce livre, même s’il ne m’a pas appris tant de choses, m’a offert des pistes. Par exemple, j’aimerais vraiment avoir plus d’informations sur lady d’Anglesey, qui est évoquée pour son salon dans lequel Natalie Clifford Barney et Romaine Brooks se sont rencontrées. Or, c’est également dans ce salon que Renée Vivien a rencontré la baronne Hélène de Zuylen, donc je me dis que ce devait être une sorte de pivot dans le milieu lesbien de l’époque et en tout cas une figure importante pour notre culture lesbienne.
Par ailleurs, on apprend dans ce livre que deux volumes des mémoires de Natalie Clifford Barney dorment à la bibliothèque Doucet, sous la coupe de François Chapon, entre autres inédits..., ce qui a le don de m’énerver. En espérant que nous pourrons les lire un jour. À ce propos, je vous signale la parution prochaine des lettres à Natalie Clifford Barney de Renée Vivien chez Bartillat, recueil intitulé Je suis tienne irrévocablement...

Joëlle L
Avis positif, évidemment, puisque je m'étais risquée à proposer cette lecture.
Mais bien sûr, quelques réserves.
Le plan
Je l'ai trouvé bizarre, je ne l'ai pas bien compris. J'imagine qu'il a organisé son affaire à partir de sa fine connaissance de la vie de Colette et des femmes qui ont gravité autour (Natalie Barney, Renée Vivien, Winnaretta Singer…)
Des grandes absentes !
Djuna Barnes, Janet Flanner… Sylvia Beach a droit à une postface, comme une session de rattrapage.
Je voudrais rajouter un personnage, qui trouverait sa place au chapitre des pionnières, même si elle a peu séjourné à Paris, c'est Bessie Coleman (1892-1926) pionnière de l'aviation et afro-américaine venue se former en France (école au Crotoy).
Iconographie / Bibliographie
J'aurais aimé trouver une bibliographie. Dans l'édition que j'ai lue, il y a bien des notes de bas de page qui renvoient à la fin de l'ouvrage, mais il faut jongler tout le temps et ce n'est pas pratique. On voit cependant qu'il y a une mine de lectures pour qui veut s'y atteler et on peut évaluer le sérieux du travail de G. Bonal. Ce que j'ai apprécié, en revanche, c'est l'index.
Dans mon édition, pas d'iconographie (merci Claire pour l'envoi). Par exemple, quand il parle du portrait de Gertrude Stein par Picasso et que je lis "regardons-le, ce tableau", justement j'aimerais bien le regarder à ce moment-là !

Et le positif
Dans ce livre, il y avait une part que je connaissais par ailleurs, mais j'ai découvert :
- Les pionnières (l'enseignante, l'obstétricienne)
- Le rôle de riches Américaines (ou moins riches) dans la Grande Guerre : je connaissais l'histoire de Gertrude Stein et Alice Toklas (relatée dans l'Autobiographie d'Alice Toklas), et c'est un rôle vraiment mineur et marginal, qui se résume souvent à des expéditions touristiques en France sous le prétexte de livrer des médicaments.
Mais là où j'ai été scotchée, c'est avec Edith Wharton, Anne Morgan, Ann Coleman Ladd. Le courage calme des femmes ! Pendant que Natalie Barney réunissait quelques femmes élégantes autour d'un thé pour dire "la guerre, c'est mal", Edith Wharton rampait dans les tranchées…
- La vie de Winnaretta Singer : son tropisme musical, son mécénat artistique et sa philanthropie (achat de terrains, construction de logements…), sa discrétion.
- La famille Klumpke (quand j'ai lu le livre la première fois, Rosa Bonheur était complètement oubliée) : et au-delà d'Anna, la mère et les deux sœurs.
- Également, au détour d'une référence bibliographique, j'ai appris que les mémoires de Romaine Brooks avaient été traduites et publiées en français. Et grâce à Agnès, je vais pouvoir me mettre sur la piste !
En conclusion, un livre qui n'est pas parfait, mais riche d'informations intéressantes. En outre je me réjouis de constater qu'il a été globalement apprécié par le groupe. Le partage a fonctionné.

Véronique (souffrante au dernier moment, par écrit après la séance)
Moi qui avais fini le livre pour une fois..., je l'ai aimé.
J'ai en effet appris beaucoup de choses sur certaines femmes que je ne connaissais pas. Anna Gould, Mary Plummer. Mon admiration pour Clemenceau en a un pris un coup.
Les sœurs Klumpke et Rosa Bonheur, donnent lieu à de belles descriptions des liens qui les unissent et des écrits qui démontrent la réalité de l'amour de Rosa pour Anna.
En fait, le livre m'a intéressée à propos de certaines personnalités dont je ne savais pas grand-chose, comme la princesse de Polignac, traitée avec beaucoup de détails.
Par ailleurs, c'est la façon de découper les chapitres, leur longueur, qui m'a un peu surprise : par moment, les événements sont liés avec les personnes décrites auparavant et à la suite, j'avais l'impression de commencer un nouveau livre.
J'ai apprécié les chapitres sur Romaine Brooks dont j'ignorais beaucoup de choses.
La guerre de 14-18 et l'influence des Américaines sur l'aide apportée à notre territoire sont richement décrits. J'ai apprécié le portrait d'Edith Wharton et d'Elisina Tyler.
En résumé, un livre foisonnant avec des surprises et une multitude de détails, et un traitement différent suivant les protagonistes, mais qui ne m'a pas déplu.


Les photos du livre

Anna Gould, Mary Cassatt, Augusta Klumpke :


Dorothea Klumpke
, Anna Klumpke :

Renée Vivien, Natlie Clifford Barney, Violet Shillito :

Loïe Fuller, Eva Palmer :

Isadora Duncan, Winnaretta Singer :

Romaine Brooks, Natalie Barney, Alice Toklas :

Gertrude Stein :

Edith Wharton, Anne Morgan et sa compagne Anne Murray Dike, Anna Coleman Ladd :


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