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Nous avons lu pour le 25 février 2024 :

Le Jardin arc-en-ciel
d'Ito Ogawa
Picquier poche, 368 p.

Découvrez NOS RÉACTIONS

à la suite d'infos autour du livre :
• Repères biographiques
Livres traduits en français
La traductrice

Interviews d'Ito Ogawa

L'homosexualité au Japon
REPÈRES BIOGRAPHIQUES succincts d'Ito Ogawa

NE PAS CONFONDRE Ito Ogawa avec Yôko OGAWA que nous avions programmée il y a (déjà) 12 ans.

- Ito Ogawa est née en 1973 à Yamagata.
- Études de japonais classique à l'université de Tokyo.
- Elle écrit d'abord des poèmes et des chansons pour le groupe musical "Fairlife" sous le pseudonyme de Shunran.
- En 2008, succès avec son premier roman, Le restaurant de l'amour retrouvé, adapté au cinéma par Mai Tominaga en 2010 sous le titre Rinco's Restaurant, publié en 2013 aux éditions Philippe Picquier, suivi d'une série de romans qui connaissent également le succès.

LIVRES TRADUITS en français

Ses livres sont tous publiés chez Picquier, tous traduits par Myriam Dartois-Ako, sauf le dernier. Les voici dans l'ordre de publication au Japon :
- 2008 : Le Restaurant de l'amour retrouvé, 2013 ; poche 2015 ; collector 2020
- 2013 : Le Jardin arc-en-ciel, 2016 ; poche 2018
- 2013 : Le Ruban, 2014 ; poche 2016
- 2016 : La papeterie Tsubaki, 2018 ; poche 2021
- 2017 : La République du bonheur 2020 ; poche 2023
- 2019 : Le goûter du lion, 2022, trad. Déborah Pierret-Watanabe.

LA TRADUCTRICE de 5 de ses 6 livres traduits en français

• Sa présentation personnelle

Née en 1972, Myriam Dartois-Ako a grandi en Seine-Saint-Denis, qui n'était pas encore le 9-3. Elle bénit aujourd'hui encore son professeur d'anglais du collège qui lui donnait des versions supplémentaires à faire parce qu'elle aimait ça. Après l'allemand et le latin, qui lui ont donné des boutons, elle a plongé avec délices dans le japonais, langue qui la mènera à l'aéroport de Roissy avec un billet pour Tokyo en poche et un séjour de dix-huit mois à la clé. Autant d'années plus tard, elle n'est toujours pas rentrée au bercail. L'amour du roman noir a sauté une génération dans la famille (elle ne cesse de remercier son papy pour ses Conan Doyle) et se décline maintenant en japonais, avec la traduction de Rendez-vous dans le noir (Otsuichi, Karasu), Le Diable chuchotait (Miyabe Miyuki, Picquier) et Pickpocket (Nakamura Fuminori, Picquier). Sombre aussi, mais pas pour les mêmes raisons : Lettres d'Iwojima (Kakebayashi Kumiko, Les Arènes). Et Myriam aime bien faire des incursions dans d'autres domaines, comme l'anime (Dans le studio Ghibli, Suzuki Toshio, Kana) ou le bouddhisme (Ikkyû, l'impertinence au service de la foi, Yamada Sôshô, AnimaViva multilingue).

Cette présentation fort personnelle est extraite de bedetheque.com.

• Ses responsabilités

Myriam Dartois-Ako a fondé le site nouvellesdujapon.com, destiné à ouvrir la littérature japonaise à un large public, faire découvrir de nouveaux auteurs et tisser une communauté de traducteurs du japonais vers le français.

Depuis 2021, elle dirige le Bureau des Copyrights Français au Japon, agence littéraire spécialisée dans les échanges entre la France et le Japon - une responsabilité de taille !

• Ses traductions
Voir l'imposante liste=> ici

INTERVIEWS

(On notera qu'il n'est pas fait mention dans ces deux interviews du Jardin-arc-en-ciel...)

Comment trouvez-vous l’élément principal autour duquel va se construire votre livre ? Un oiseau pour le Ruban, un restaurant pour Le restaurant de l’amour retrouvé, une maison d’hôtes dans Le jardin arc-en-ciel, une papeterie dans La papeterie Tsubaki. Est-ce que ce sont des lieux que vous avez fréquentés, des personnes que vous avez croisées qui vous inspirent ?

Pour les lieux, j'imagine des lieux qui me plairaient, pour les personnes des gens que j'aimerais rencontrer. Ce sont des lieux et des gens idéaux, dans mon imaginaire. Je choisis des lieux et des gens qui, s'ils existaient, seraient importants pour les gens, pourraient les aider.

Les petites filles que l'on croise dans vos livres sont toujours sages et très matures pour leur âge (dans Le Ruban ou La papeterie Tsubaki par exemple). Quelle petite fille étiez-vous ?
Je vivais dans la nature, avec laquelle je communiquais, j'aimais cela. J'étais souvent seule aussi ; les amies de ma grand-mère étaient aussi mes amies.

Les personnes âgées sont bienveillantes et "sages" (la grand-mère du Ruban, la voisine Madame Barbara dans la Papeterie Tsubaki, qui conseille à l'héroïne de se répéter "Brille, brille" en fermant les yeux pour voir apparaître les étoiles à l'intérieur de son corps). Avez-vous un modèle pour créer ces vieilles dames inspirantes ?

Je ne mets pas en scène une personne précise, mais je m'inspire des gens dans mon entourage, en me demandant ce que ces personnes feraient ou comment elles agiraient dans telle ou telle situation.

Quelle est la place des anciens dans la société japonaise actuelle ?
Autrefois, les grands-parents vivaient la plupart du temps avec leur famille, mais aujourd'hui on trouve de plus en plus de familles nucléaires. Les grands-parents vivent loin, seuls, et ils voient leurs petits-enfants quelques jours de temps à autre. La sagesse, les expériences qu'ils ont accumulées sont moins facilement transmissibles, ce qui me semble dommage.

Les hommes ont des rôles secondaires dans vos livres. Est-ce plus difficile d'écrire sur les hommes que sur les femmes ?
Les hommes vivent des expériences beaucoup plus stéréotypées dans beaucoup de cas. La vie des femmes est plus libre, plus souple ; elles sont davantage en mesure de vivre comme elles l'entendent. De ce point de vue, il m'est plus facile d'écrire sur les femmes.

Vous avez une passion pour la cuisine. D'où vous vient-elle ? Est-ce que cuisiner c'est transmettre de l'amour ? J'ai l'impression que cette transmission d'amour par la nourriture est très forte au Japon : les mamans qui préparent les bento de leurs enfants, les cadeaux (Omiyage) qu'on rapporte d'un voyage sont essentiellement culinaires.

Pour transmettre ses sentiments, on peut bien sûr les dire ou écrire une lettre, il existe différentes façons de le faire. Mais cuisiner c'est offrir à quelqu'un quelque chose qu'il va ingérer, qui va nourrir directement son existence. Je trouve plus facile de transmettre mes sentiments de cette façon. Par exemple, un enfant qui mange tous les jours des plats tout prêts et un enfant qui mange des plats cuisinés pour lui, je pense que, sur le long terme, l'amour ainsi transmis est différent.

Dans La papeterie Tsubaki, vous écrivez qu'une lettre est l'incarnation d'une personne. Pensez-vous qu'un plat préparé par une personne puisse aussi incarner cette personne ? Quel plat vous "représenterait" le mieux ?
Cuisiner, pour moi, c'est effectivement donner un peu de moi à celui qui mangera ce que j'ai préparé. Quand j'ai des invités, je prépare des onigiris ; ils disparaissent toujours très vite. Ces onigiris faits à la main, en serrant le riz entre mes paumes, transmettent sans doute toute ma chaleur, ils sont un peu de moi-même.

Vos livres mettent en avant l'importance de l'écoute, du partage, de la consolation. Est-ce que cela manque dans nos sociétés modernes ?

Je pense en effet que ces qualités manquent à nos sociétés modernes, beaucoup de gens manquent d'amour. Ils sont souvent irritables, ils souffrent d'un manque, sont tristes. Il me semble que beaucoup de gens vivent avec ce manque en eux.

Vos descriptions font souvent appel à la cuisine (la grand-mère du Ruban qui a des joues comme des manju, la comparaison dans ce même livre entre l'homme et un daifuku à la fraise). Aurons-nous bientôt la chance de lire un de vos ouvrages qui se déroulerait dans une pâtisserie ?

Les pâtisseries sont encore différentes de la nourriture en général ; elles ne sont pas indispensables à la vie, mais les sucreries nous aident à surmonter la tristesse et les moments difficiles. Je crois qu'elles recèlent bien des possibilités littéraires, bien des histoires.

Je trouve que vos livres et la sensibilité dont ils regorgent sont les frères de ceux de la regrettée Mayumi Inaba. La péninsule aux 24 saisons et Le restaurant de l'amour retrouvé ont tous deux des pages magnifiques sur la nature. Vous sentez-vous proche de cette auteure ? Quelle est votre relation quotidienne à la nature ?

Je n'ai pas lu Mayumi Inaba, il m'est donc difficile de vous répondre. Le temps s'écoule plus vite de nos jours, me semble-t-il, mais l'humain est lui aussi un élément qui fait partie de la nature. Vivre en accord avec les rythmes naturels me semble naturel. Je m'efforce de me coucher et de me lever avec le soleil.
(
"Ito OGAWA : la douceur du quotidien", par Alice Monard, Journal du Japon, 4 juin 2018)

La papeterie Tsubaki semble autant l'histoire de Poppo qu'un hommage à la ville de Kamakura. Est-ce le cas ?
En effet. Kamakura est une ville relativement proche de Tôkyô, et c'est une ville où la nature règne en maître, avec à la fois la mer, la montagne, et aussi une certaine douceur de vivre. J'ai pensé à tout un tas de lieux où situer la papeterie Tsubaki. Puis je me suis décidée pour Kamakura. Et je pense avoir réussi à restituer l'atmosphère qui y règne.

Le roman évoque des traditions ancrées dans le quotidien. Est-ce un Japon fantasmé ou encore bien réel ?
Ce Japon existe encore. Une minorité de personnes vit ainsi, mais il demeure des gens qui préfèrent vivre à l'ancienne, c'est un effort qu'ils aiment faire. À Kamakura, on croise des messieurs en kimono, à l'image du personnage du Baron dans le roman. On constate que de plus en plus de jeunes reviennent aussi à ce vêlement traditionnel, toutefois ils le portent de manière informelle, comme ils le feraient avec d'autres habits. C'est plutôt une mode, une nouvelle forme d'élégance.

Pourquoi avoir souhaité faire de votre héroïne un écrivain public ?
Au départ, mon idée était d'écrire sur l'activité épistolaire, puis finalement j'ai trouvé intéressant d'orienter mon sujet sur quelqu'un qui écrirait pour les autres, pour tous ceux qui n'arrivent pas à écrire. C'est une sorte d'idéal car en réalité ce métier n'existe pas au Japon, tout du moins pas de cette manière. Les écrivains publics ne rédigent pas le contenu de la lettre à votre place.

Peut-on y voir un lien avec votre métier d'écrivain ?

Oui, je pense qu'il y a des points communs entre ces deux activités. En tant qu'écrivain, j'écris en quelque sorte de longues lettres destinées à mes lecteurs. On retrouve cette possibilité d'exprimer ses sentiments, ses pensées par le biais de l'écriture.

Dans vos romans, revient l'importance de trouver l'âme sœur. Pourquoi ce thème vous est-il si cher ?

Le lien entre les gens, c'est ce qui me tient à cœur. Et dès l'instant qu'on vit en société, on ne peut y échapper. La chaleur humaine est essentielle, on ne peut pas vivre relié à un ordinateur, dans un monde virtuel. C'est le contact humain qui compte.

Trouver l'amour, est-ce une vraie difficulté dans le Japon actuel ?

Ce n'est pas si compliqué de trouver l'amour, malgré tout il y a une vraie difficulté, je crois, à établir des liens concrets, opposés aux liens virtuels de plus en plus prégnants. On note une difficulté à communiquer, à établir un lien de personne à personne. C'est un problème que les jeunes rencontrent de plus en plus. J'ai le sentiment qu'avec la multiplication des outils de communication, réseaux sociaux, etc., il y a justement une dispersion de la communication. On échange avec beaucoup de personnes, mais de façon superficielle. D'autre part, les Japonais ont tendance à s'adapter au rythme du groupe, à faire comme les autres, regarder autour d'eux et marcher du même pas. Cela renforce cette tendance à la superficialité.

Votre écriture installe une atmosphère paisible, enveloppante. Avez-vous ce souci plus pour vos personnages ou pour le lecteur ?

Un peu les deux... Mais, à la réflexion, peut-être plus pour le lecteur. Quand vous écrivez et que les gens vous lisent, vous monopolisez leur temps, donc il faut souhaiter qu'ils en retirent quelque chose de positif. Ce bénéfice, c'est un moment de détente, plonger quelques heures dans un univers doux, et qui reste une fois la lecture terminée.
("Rencontre avec Ito Ogawa", Planète Japon, n° 41, 2018)

L'HOMOSEXUALITÉ AU JAPON

La vie d'un couple de deux femmes vivant avec des enfants décrite dans Le Jardin arc-en-ciel d'Ito Ogawa est-elle (ir)réaliste ?

Le magazine Tempura consacré au Japon, présente un dossier sur les "Fiertés japonaises". Ce reportage, très bien fait, évoque de façon personnalisée et vivante :
- les transgenres : on peut changer le koseki, le registre d'état civil, à condition d'avoir subi "une opération de retrait des attributs sexuels" ; et l'on observe "un surcroît de motivation à celles qui sont lassées du patriarcat et qui se sentent hommes" ; en 2023, la Cour suprême a donné raison à une femme transgenre d'utiliser les toilettes pour femmes dans son entreprise ;
- un couple lesbien avec enfants milite pour que le mariage entre couples du même sexe advienne au Japon, le pays étant le dernier du G7 à ne pas le proposer ;
- un groupe de quatre hommes gays de J-pop mise sur leur impact d'idoles pour susciter la tolérance ;
- un journaliste français vivant au Japon, a créé la branche locale de Pride at Work, une ONG défendant l'égalité pour les personnes LGBT+ dans le monde du travail ; il explique que dans ce pays c'est moins contre le tabou religieux ou le harcèlement qu'il faut lutter comme dans d'autres pays, mais contre une "homophobie internalisée et un état d'esprit lié aux valeurs de la famille traditionnelle qui perdure encore" ; il évoque les cas de ces familles qui interdisent aux personnes LGBT d'assister aux funérailles de leur conjoint.e.

L'arrondissement de Tokyo de Shibuya en 2015 a reconnu une attestation pour les couples de même sexe qui facilite la vie quotidienne matérielle ; la ville d'Akashi a institué en 2020 un partenariat conjugal permettant aux couples de même sexe et à leurs enfants de former une famille.

Enfin, sont présentés les travaux en anthropologie d'une universitaire, Aline Henninger, sur les femmes lesbiennes et la question du mariage pour les couples de même sexe au Japon.

Par ailleurs, on peut l'entendre interviewée dans un podcast en deux parties, très développé sur la question, de Japon en perspective animé par Grégoire Sastre, maître de conférences en civilisation japonaise : "Mariage, et communauté LGBT au Japon" puis "Union de même sexe au Japon" avec Aline Henninger, maîtresse de conférences à l'université d'Orléans. C'est long, mais c'est très intéressant.
Et les informations données en 2021 dans l'interview, très vivante, sont mises à jour par rapport à un article de 2015 d'Aline Henninger, plus prise de tête : "Des recherches sur la question féminine aux études queer : un tournant épistémologique", Cipango : cahiers d'études japonaises, n° 22, 2015


Et voici NOS RÉACTIONS sur le ou les livres


Préambule

Dans le groupe, en 16 ans, nous avons programmé (seulement) trois livres de Japonaises :
- une Japonaise vivant au Japon : Yôko OGAWA (livre au choix)
- une Japonaise devenue canadienne écrivant en français, langue qu'elle a apprise à 40 ans : Aki SHIMAZAKI (Fuki-no-tô, un court roman d'un cycle de cinq)
- une Américaine d'origine japonaise : Julie OTSUKA (Certaines n'avaient jamais vu la mer).

Les lectrices

Nous étions 17 à formuler nos réactions :

  • en direct (10) : Anne, Brigitte, Claire Bo, Flora, Joëlle L, Laetitia, Marie-Yasmine, Muriel, Nelly, Véronique
  • par zoom (3) : Agnès, Felina, Sandra
  • par écrit (4) : Joëlle M, Nathalie, Patricia, Sophie.
    Prises ailleurs (3) : Aurore, Claire Bi, Stéphanie.
Les tendances

Les réactions furent moins contrastées que parfois, lorsque l'éventail va de l'adoration à la détestation... Sophie, dans son avis écrit, a rempli la balance des pour et des contre, la première sur la longue liste des dites mitigées...

  • Mais Marie-Yasmine a vite ouvert le bal des enthousiastes : allait-elle être suivie ? Joëlle M eut une seule phrase, mais prometteuse, Muriel a accroché, Laetitia a aimé, Nelly itou. Donc un petit tiers d'élogieuses.
  • Il y eut maintes mitigées, donc. Des mitigées douces : Anne, Claire Bo, Felina, Flora, Nathalie, Patricia, Sophie, Véronique.
  • Et des mitigées bien moins douces : Agnès, Brigitte, Sandra.
  • Nous eûmes un cas : Joëlle L, assaillie de questions dues à un Japon bien trop étrange à son goût - alors que plus d'une se sent attirée vers cet Orient ou s'est déjà rendue au Japon (Anne, Muriel, Claire, Félina tout récememment et Sophie lors d'une résidence d'artiste).

La succession des avis

Sophie (par écrit, depuis Nice)
J'ai un avis partagé sur cette lecture avec des moments de plaisirs, de curiosité et d'autres, d'ennuis ou agacement.
Ce que j'ai aimé :
- Le style d'écriture simple avec dialogues.
- La rencontre du début, le suicide sauvé avec la main de l'enfant puis le rendez-vous dans l'appartement sale et sens dessus dessous. Les descriptions sont à la limite du ragoûtant avec le nettoyage des toilettes notamment. L'hôte qui s'endort pendant que l'autre nettoie. C'est assez surprenant comme première rencontre et j'ai beaucoup apprécié.
- L'image du Machu Picchu japonais qui m'a fait rêver. D'autant que j'ai d'abord cru que les deux amoureuses étaient parties au Pérou. Cela me semblait étrange. Après recherche sur le net, j'ai découvert qu'il existait un Machu Picchu japonais, avec la photographie d'une magnifique montagne baignant dans le brouillard. J'ai été transportée par la magie du lieu.
- Le quotidien japonais avec les onsens (bains d'eaux chaudes volcaniques) remplacés ici par le tonneau fait maison sous les étoiles. Les onsens sont mes plus beaux souvenirs du Japon. Présents dans pratiquement toutes les villes japonaises et véritables rituels quotidiens de fin de journée. Ils me manquent en France.
- Le quotidien japonais avec la nourriture japonaise, sa place importante ainsi que le plaisir de faire plaisir à travers la préparation de mets raffinés et surprenants parfois pour des Français. La scène de l'omelette de la rencontre à la fois "infecte" pour ses caractères culinaires mais "délicieuse" pour l'amour de l'offrir.
- La générosité des villageois.
- La sonorité des prénoms et de la langue en général.
- La fin dramatique cancer et accident. Qui dénotent par rapport à l'histoire heureuse générale.
- Ma curiosité pour la suite de l'histoire de cette famille.
- L'histoire qui colle à la situation des LGBTQ+ au Japon, seul pays du G7 à ne pas accorder mariage et PMA au couple de même sexe.
- La recherche de Claire sur la situation LGBTQ+ au Japon et savoir que quelques villes ou quartiers proposaient une union civile. Merci Claire.
Ce que je n'ai pas aimé :
- La mièvrerie des situations qui peut faire penser à un livre pour très jeunes adolescents. Tout se passe bien, la rencontre amoureuse, le jeune fils qui accepte en quelques minutes que sa mère aime une femme et qui s'entend à merveille avec elle. Les personnages sont caricaturés. La petite Tamara si pétillante qui transmet inconditionnellement la joie autours d'elle. Sa crise d'adolescence et la surprise que ses mères ne puissent enfanter. Le fils toujours soucieux des autres dont de ses propres mères. Le "Boss" jetant des casseroles qui se révèle adorable après une simple rencontre. L'amour des deux femmes et la simplicité de leur choix. La femme divorcée qui part du jour au lendemain. La jeune qui entraine cette femme. Tout est facile et s'arrange toujours. Tout est simple excepté la fin du roman, cancer et accident handicapant. Malgré tout la fin de vie est aussi assez guimauve dans les paroles transmises. Cependant j'ai été émue. Peut-être que ce livre est finalement une simple parodie de la mièvrerie ?
- La facilité des travaux et de la transformation en maison d'hôtes, le sauvetage de l'hôte désespéré à deux doigts d'un suicide, même si le fond permet d'aborder l'obligation du mariage et d'avoir des enfants.
- Le voyage à Hawaï qui m'a profondément agacée et que j'ai survolé en diagonale.
Je suis donc partagée sur cette lecture que je ne regrette pas et qui m'a donné envie de culture et voyage japonais. Merci à celle qui l'a proposée.
En ce moment sur Arte : un documentaire sur Ozu et une rétrospective de ses films avec notamment Bonjour et Voyage à Tokyo que j'adore.

Joëlle M (imprudente, en voiture)
Comme d'habitude je n'ai pas écrit mon avis, mais pour faire court, j'ai bien aimé l'histoire. Hâte de lire ce que les autres en ont pensé.

Patricia (par écrit)
Je suis plutôt mitigée sur ce livre.
J'ai trouvé l'écriture très scolaire, voire simpliste. Le fait que le narrateur de chaque chapitre soit à chaque fois une personne différente parmi les quatre personnages principaux, est une idée intéressante, sauf que le style reste toujours le même, il aurait pu évoluer en fonction des personnages. C'est dommage.
Au départ, ça ressemble à un conte pour enfant, très fleur bleue, où tout va bien dans le meilleur des mondes. Genre un livre d'apprentissage pour ado.
L'histoire est plutôt sympathique car c'est la vie d'un couple de femme avec ses enfants. Un sentiment de bonheur semble exister dans cette famille. Mais, ça reste très basique, sans vraiment de profondeur.
Et tout à coup leur vie bascule, la fin est assez surprenante et tranche avec la sérénité apparente tout du long du livre.
Je me pose la question : quel message l'auteure a voulu faire passer en écrivant ce livre ?...

Nathalie (par écrit depuis la Normandie)
J'ai lu le livre assez rapidement. J'ai apprécié :
- la simplicité de l'écriture
- la bienveillance, la tolérance défendues par l'autrice
- les thèmes abordés (la mère célibataire, l'homosexualité, l'homoparentalité, les transgenres...)
- l'idée de prendre pour narrateurs, à tour de rôle, les membres de la famille Takashina
- la singularité des personnages même si ma préférence va à Sosûke et Takara.
L'histoire est plutôt bien ficelée, mais j'ai par moments déploré une certaine lenteur. J'ai une impression mitigée car le récit un doucereux, bien gentillet, un peu trop peut-être...
Ito Ogawa ne critique pas la société japonaise, il me semble difficile de militer avec pour seule revendication la bienveillance...
Pour résumer j'ai bien envie de plagier Michel Fugain : "c'est un beau roman, c'est une belle histoire, c'est une romance d'aujourd'hui".

Marie-Yasmine (en direct)
J'ai trouvé le style très maîtrisé avec une jolie traduction qui rend
très bien les niveaux de langue entre les narrateurs. Ce choix de changement de narrateur est vraiment intéressant et sert très bien l'histoire. Les métaphores imagées et poétiques et l'ambiance douce-amère ne trompent pas, même en français, on est au Japon.
Le traitement LGBT m'a semblé maladroit par moments, mais c'est aussi une question d'état d'esprit. Si je replonge dans l'ambiance de ma province il y a 20 ans, soudainement le traitement de la question me semble forcément plus pertinent et leur cheminement est celui je pense de beaucoup de personnes qui n'ont pas le luxe de vivre dans une métropole accueillant les différences.
Si l'on écarte le malaise de la différence d'âge avec une des femmes qui est mineure, puis du mélange des genres à la fin, avec la relation familiale mêlée à la relation amoureuse - ambiguïté malheureusement très présente dans la fiction japonaise avec des amours entre frère et sœur, dont finalement l'un s'avère non biologique - l'histoire d'amour est très belle et très bien racontée. La scène de la rencontre est très belle et la méthode de drague m'a fait rire.
Les actes d'amour du quotidien entre elles, qui remplacent souvent les mots, sont vraiment touchants. Et ces deux naufragées qui s'accrochent l'une à l'autre et se sauvent ensemble est une magnifique histoire d'amour. La scène intime est aussi très jolie et réaliste.
J'y ai vu des airs de conte philosophique mal dégrossi parfois, mais qui suscite quand même une belle inspiration. Notamment la définition du mariage et le passage sur l'utilité sociale de chacun qui sont très beaux. La réflexion sur la notion de famille est magnifique et cette fin ou deux femmes se retrouvent sans lien de sang mais forment ensemble une famille est très belle.
Le voyage à Hawaii m'a replongée dans mon voyage de noce, ce lieu est en effet magique.
Les personnages sont agaçants, mais qu'ils sont humains ! Je les ai trouvés très authentiques. J'ai quand même souvent eu envie de leur crier de faire une thérapie ou de respecter leur constitution et de se parler de leurs sentiments à l'occasion quand même.
Beaucoup d'émotions fortes, encore une fois très authentiques.
En revanche je m'insurge contre qui présente ce roman comme "feel good" : j'ai pleuré à chaudes larmes à la fin, quel massacre ! Encore une fois un roman d'amour lesbien qui finit en deuil c'est lassant.
D'accord, les dernières pages sont le traité de consolation que nous attendions le mois dernier, mais tout de même, ça file le bourdon.

Joëlle L (en direct)
J'avais déjà lu quelques livres japonais, toujours un peu étranges, mais celui- ci m'a laissée particulièrement perplexe. À la fois il est charmant, comme un conte, mais très déroutant et j'ai été un peu perdue.
L'histoire que j'ai cru comprendre

Une mère de famille dépressive rencontre une jeune fille suicidaire. Elles s'aiment et décident (bien précipitamment, selon moi) de faire leur vie ensemble. Et elles vont le faire, réellement, sans crise entre elles, sans remise en cause. C'est une histoire complètement lisse. Elles s'installent dans une région rurale assez enclavée et y développent une forme de paranoïa.
Leur relation n'est pas terriblement sexuelle. On apprend au détour de leur voyage à Tokyo qu'elles n'ont pas fait l'amour depuis 5 ans et ça va continuer, puisqu'elles s'endorment le soir où, pour une fois, elles n'ont pas les enfants.
Il y a des données contradictoires dans l'histoire : à la fois elles veulent cacher leur relation (qui est bien innocente et secret de Polichinelle) et en même temps elles installent un rainbow flag. Elles sont dans une région mal desservie mais décident de créer des chambres d'hôte. Et en plus ça va marcher.
Beaucoup de choses m'échappent

- Des données très factuelles : le système scolaire japonais, la cuisine japonaise, le baseball et le softball...
- Mais surtout des données psychologiques ou culturelles. D'une manière générale, les interactions entre les personnages me semblent obscures. Je vois qu'on passe son temps soit à cuisiner, et surtout manger, soit à pleurer pour un oui pour un non. Les larmes aux yeux, ça n'arrête pas !
- Le retournement du "boss" qui passe d'hostile à amical voire complice, parce qu'elle les a vues récurer les casseroles...
- L'histoire des casseroles dans son ensemble. Est-ce une coutume locale ? Est-ce leur parano qui leur fait interpréter le jeté de casserole comme une marque d'hostilité ? Qui peut posséder autant de casseroles ?
- Pourquoi Chiyoko est-elle lycéenne, et non, par exemple, étudiante ? On garderait une différence d'âge et de maturité, mais on éviterait la pédophilie.
- Qu'est-ce que l'accident de Sosuke apporte au récit ? C'est déplaisant et illogique au regard de la narration.
Je m'interroge sur les intentions de l'autrice, ou sur sa capacité à construire son histoire parce que ça part un peu dans tous le sens. À moins que ce ne soit typiquement japonais…
La construction du livre, la traduction
Évidemment, je n'ai pas d'avis sur la traduction dans son ensemble, mais j'ai été agacée de croiser souvent l'expression "du coup" que je considère comme une facilité de langage, voire un tic.
Quant à la construction du livre, avec ses parties donnant chacune la parole à un/une protagoniste, j'ai trouvé que ça n'était pas très bien exploité. Il n'y a pas vraiment de changement de ton (peut-être un problème lié à la traduction ?) et chaque protagoniste prend en charge une fraction d'une histoire unique, sans apporter de complexité au récit, qui reste linéaire. On se passe le relais mais tout le monde semble avoir vécu la même histoire.
Pour conclure
C'était sympa mais tout de même lunaire et ça ne m'a pas donné envie de lire l'autre livre de la même autrice. Je me sens trop loin de ce monde et de cette culture, qui ne m'offre pas d'accès.
Pour moi, le Japon est bien le pays étranger le plus étranger du monde.

Felina
(à l'écran, rentrée récemment du Japon)
Ce que redoute Joëlle me passionne. Beaucoup de choses me fascinent. Le livre m'a replongée dans mon voyage : les paysages évoqués, cette maison isolée, m'ont rappelé Hakone. La référence à la gastronomie m'a renvoyé aussi à mon voyage. Et aussi à l'écrivaine Banana Yoshimoto qui lui donne toujours une grande place dans ses romans. Cuisiner représente des gestes d'amour pour l'autre.
Pour en venir plus précisément au livre, je l'ai lu très rapidement. L'écriture en est très facile, donnant envie de voir comment l'histoire va continuer.
Mais je suis mitigée. Des choses m'ont dérangée : la bienveillance qui apparaît, parallèlement à un optimisme, une légèreté en dépit du suicide, va de pair avec des passages invraisemblables.
L'homosexualité m'a interrogée sur l'auteure : est-elle homo ? J'ai plutôt l'impression qu'elle a trouvé un sujet qu'elle traite de son mieux, mais sans se sentir vraiment concernée.
J'ai apprécié la construction du récit, avec ces points de vue différents.
Il manque une juste mesure : on passe d'enfants très adaptables, avec ce fils gentil, cette fille toujours de bonne humeur, à des catastrophes. Mais c'est vrai que cela permet un rééquilibrage par rapport à la trop grande bienveillance.
Bref, ce livre m'a donné envie de revenir à mes souvenirs de voyage, mais je reste mitigée.

Anne
(en direct)
Ayant lu récemment un livre japonais qui m'avait beaucoup plu, Les mémoires d'un chat de Hiro Arikawa, j'étais contente d'emblée de découvrir une autre autrice japonaise.
J'ai bien aimé le style d'écriture de Ito Ogawa, Le Jardin Arc-en-Ciel est facile à lire, on dirait un conte, c'est très agréable.
L'organisation du récit en quatre parties, donnant la parole aux quatre personnages principaux chacun son tour, m'a bien plu également : cela permet, je trouve, de connaître encore mieux les personnages, en ayant l'impression d'entrer un peu dans leur tête lorsqu'on leur donne la parole.
J'ai apprécié l'originalité de l'histoire, les descriptions de cuisine, de la maison, des paysages et de la culture japonaise.
Par contre, j'ai moins aimé le passage brutal d'une vie heureuse comme dans un conte à un double drame tragique. La fin du livre m'a frustrée, j'aurais préféré que ça finisse moins mal.
En conclusion, j'ai aimé les deux tiers du livre et ai moins aimé le dernier tiers. Pour autant, je suis très contente de l'avoir lu.

Nelly (en direct)
J'ai apprécié de lire un livre assez facile, lisse, où il n'y a pas à prendre des notes : c'est un livre qui se laisse lire.
J'y trouve de la douceur, de la tendresse, un esthétisme, une sensualité dans la vie quotidienne, sans trop de rebondissements, sans conflits, un roman au fil des jours qui s'écoulent dans une tranquillité de romance qui n'est pas la vie : il n'y a pas de complication, on accepte l'autre avec ses faiblesses et ses défauts, sans besoin d'explication. Et c'est assez poétique.
C'est un peu un roman à l'eau de rose : mais dans le bon sens du terme, car c'est apaisant.
Malgré tout, à un moment ça se déglingue. Il faut trouver une issue à cette vie : c'est la maladie, les enfants qui se posent des questions ; on sombre d'ailleurs dans quelque chose de plus invraisemblable que ce qui était amené avec douceur et romantisme au début du roman.
J'ai été choquée comme Anne par des scènes un peu "trop", dont la scène funéraire, limite impudique.
Les plaisir du palais et de la cuisine sont aussi très présents. J'ai retrouvé cet aspect dans La papeterie Tsubaki que j'ai commencé : il y a de très beaux passages, une sérénité qui transparaît dans la vie organisée d'une personne solitaire, une ambiance, de belles pages sur l'expression écrite et le graphisme. Ce n'est pas le même genre d'histoire, c'est le lieu qui compte plus que la personnalité des personnages.
Ce sont des livres plutôt équilibrants.

Laetitia (en direct)
J'ai lu quelques japonais - Kawabata, Inoué, Mishima -, j'avais étudié l'histoire du Japon, j'ai vu des films, mais je rejoins Joëlle : c'est un univers qui nous semble éloigné et il nous faut fournir un effort pour y entrer.
C'est la construction du roman qui m'a le plus intéressée. Dès la première page, je me suis demandé qui parle ; j'ai noté un changement de narrateur dès le premier chapitre. Dans les deux premières grandes parties, j'étais partagée entre d'une part un optimisme romantique à la limite de la mièvrerie et d'autre part l'impression un peu étrange de ne pas savoir où j'allais.
Dans la troisième partie, page 226, la maladie apparaît ; elle fait basculer le roman : il ne faut pas se fier aux apparences, les contes peuvent aussi être cruels. Et même l'écriture se fait plus nuancée.
Cela devient plus intéressant au fur et à mesure. Le fils, Sosuke, n'est peut-être pas celui qu'on pensait : il prend des tranquillisants, il est peut-être amoureux de sa mère adoptive (l'amour caché pour la mère, je ne l'ai pas vu arriver, et je l'ai pris uniquement comme le point de vue de sa sœur). Finalement, on voit bien les équilibres qui se renversent totalement au fur à mesure : le fils dans le coma, la dépendance progressive de Chiyoko, Izumi qui reprend le dessus, etc.
À travers les quatre parties correspondant aux quatre points de vue, alors même que les focalisations sont différentes, on suit la chronologie : c'est une forme de marathon relais intelligent qui nous fait avancer, sans redites.
J'ai par ailleurs apprécié la traduction, notamment la façon dont est rendu le langage ado. Takara, la fille, je la trouve assez drôle avec sa préférence pour le rouge. Les couleurs sont d'ailleurs très présentes, comme dans le titre, avec cet "arc-en-ciel" symbole de la communauté LGBT. C'est un livre kaléidoscopique, avec des touches différentes, un peu comme un jardin japonais !
Parmi les thématiques, figurent bien sûr l'homosexualité (avec sa place difficile au Japon qui nous rappelle, comme tu dis Marie-Yasmine, notre chance ici), la famille recomposée (c'est un peu facile, ces enfants qui s'entendent si bien, mais c'est touchant). Le "Machu Picchu" avec son drapeau arc-en-ciel m'a rappelé les Chroniques de San Francisco d'Armistead Maupin, où il y a aussi une maison accueillante, une galerie de personnages, comme "le grand boss".
La cuisine donne une couleur locale ; c'est apparemment un thème qui revient dans l'œuvre de cette auteure ; j'ai pensé au Gourmet solitaire de Taniguchi.
Enfin, j'ai apprécié la nature, très présente dans ce livre. Quand les deux femmes vont à la ville, ça ne leur réussit pas : c'est la nature qui les structure ; le jardin, la montagne, les saisons contribuent à leur équilibre.
En résumé, c'est une lecture que j'ai aimée. J'ai apprécié que ce soit un livre facile d'accès, alors même qu'il s'agit d'une culture très différente. Ce qui me donne plutôt envie de lire d'autres livres de cette auteure.

Sandra (à l'écran)
Je ne connaissais pas l'auteure. Et le Japon est un pays qui attire. J'étais donc dans l'enthousiasme de la découverte.
Mais je n'ai PAS CRU à cette histoire. Et ce n'est pas la différence d'âge qui en est la raison.
On voit une succession de thèmes d'un roman pour adolescents, comme le dit Sophie : le thème du rejet par la famille, avoir un enfant, les épreuves d'un couple lesbien, le mariage. Mais ces thèmes m'ont paru balayés sans profondeur. J'étais agacée. Stop, ai-je eu envie de dire à l'auteure : à creuser ! Par exemple pour le suicide, dont on sait qu'il est un fléau au Japon : à approfondir ! Le grand boss a une rancune tenance : à approfondir ! L'auteure n'analyse pas.
Avec l'ouverture de la maison d'hôtes, j'ai pensé qu'on en apprendrait plus par les dialogues : c'est balayé. Plein de thèmes donc, mais dans un petit fouillis.
J'ai en revanche apprécié que les quatre personnages prennent tour à tour la parole.
Mais les années défilent, superficiellement. Quant à ce final, avec le décès, le drame de fils, pourquoi autant de drames ?!
Bref, mon avis est mitigé en raison de mon ennui car je n'y croyais pas. L'auteure a soulevé des thèmes très intéressants, mais trop en surcouche.

Flora (en direct)
Je suis plutôt mitigée.
Le livre crée rapidement une attente particulière, du fait de l'homophobie au Japon.
J'ai eu d'abord l'impression d'une lecture linéaire superficielle qui m'a fait penser : tu ne vas rien apprendre. Et plus je me suis laissé porter, c'était une lecture facile, parce que linéaire justement.
Le couple m'a mise mal à l'aise, je trouvais malsaine cette soumission. La plus âgée marche sur des œufs. Leur relation ne m'a pas fait rêver. J'aurais aimé qu'elle soit plus approfondie.
La fin c'est un choc. Pourquoi ?!
Qu'est-ce qu'elle nous fait là ! Tu as raison Laetitia, cela crée un rééquilibrage du livre. Mais c'est trop.
Je suis contente d'avoir lu ce livre que je trouve plaisant mais qui manque de profondeur.

Muriel (en direct)
Je l'ai lu il y a un moment déjà, mais je me souviens que le livre m'a plu.
Pourquoi vous attachez-vous tant à cette différence d'âge ?

Le chœur des révoltées
Parce qu'elle est mineure !

Muriel
Je n'avais pas tilté car à cet âge on est majeure chez nous.
J'ai donc bien accroché. J'ai apprécié cette histoire.
Cependant j'ai trouvé assez bête cette remarque de la jeune, une fois enceinte : je voulais savoir si j'étais homo...

Les plus psychologues du groupe
Quand on est jeune, oui, on se cherche...

Muriel
J'ai trouvé moi aussi parfois que c'était peu vraisemblable.
Mais c'est facile à lire.
Le personnage du fils est mystérieux.
J'ai bien aimé, une fois la mort arrivée, les préparatifs mortuaires ; j'ai trouvé ces moments très intéressants.
Quant à La papeterie Tsubaki, j'ai bien aimé.

Véronique (en direct)
Je l'ai lu il y a très longtemps : alors que je cherchais un livre d'Ogawa et suis tombée sur ce livre alors que c'était une autre Ogawa que j'attendais, Yôko et non Ito
- je m'étais donc trompée.
Et je l'ai donc lu : ça se lit facilement. J'ai apprécié les beaux paysages.
Mais j'ai trouvé le livre trop "conte de fées" : il y a des invraisemblances, tout arrive comme ça, à la Disney, la toiture est à refaire, et hop elles la refont…
La fin, c'est très beau : très bien, car enfin quelque chose d'un peu noir.
Car je suis allée jusqu'au bout du livre… l'accroche était toujours là.
Mais il manque quelque chose : un peu de profondeur. Et je n'aurais pas envie de lire un autre livre de cette auteure.

Brigitte (en direct)
J'ai lu très vite ce roman, que j'ai trouvé très facile à lire.
J'ai apprécié la structure en quatre parties, et tout particulièrement, dans la première, la manière dont l'auteure distille des petits rebondissements qui font avancer la narration. Cependant, j'ai trouvé la narration moins convaincante à partir de la deuxième partie, et surtout un rien ennuyeuse. La description de la maladie fait plonger le récit dans un réalisme qui donne un ton totalement différent.
C'est un livre promu comme "feel good", selon une tendance qui me laisse dubitative. Le deuxième roman de l'auteure que j'ai lu, par curiosité, La Papeterie Tsubaki, m'a carrément semblé un pensum à lire.

Claire Bo (en direct)
J'avais lu La papeterie Tsubaki dans mon autre groupe, et qui avait eu majoritairement un franc succès, avec pour commentaire rare pour un livre : "il fait du bien" ; et avec également quelques détracteurs, ce qui permet d'avoir la diversité agréable propre à un club de lecture.
J'étais partante pour lire ce livre écrit par une autrice et dont l'héroïne est une femme, deux critères suffisants pour Lirelles quand Brigitte a proposé plutôt Le jardin Arc-en-ciel (ayant lu les deux livres de cette autrice), ayant en plus pour thème une relation entre femmes, voilà un critère de plus...
J'avais une
curiosité liée à mon ignorance de la situation lgbt au Japon. Mais finalement, on retrouve des situations "universelles" : par exemple, quand le père réagit violemment au lesbianisme de sa fille ; j'ai apprécié que la narratrice, avec cette relation soudaine, exprime son incertitude sur son orientation sexuelle, ou quand elle compare psychologiquement ses premiers pas autonomes par rapport à son habitude de dépendance par rapport à son mari, j'ai apprécié la vraisemblance (qui est justement un problème) et une certaine délicatesse. Car comme Sophie, j'ai trouvé que bien des obstacles sont levés rapidement dans la narration, ça semble trop beau pour être vrai. L'attention à la vie quotidienne, aux choses, à la nourriture, au jardin, renvoie à une forme de sophistication de la culture matérielle japonaise et dans La papeterie Tsubaki, c'est centré sur les outils pour écrire, le papier, etc.
Trop, c
'est la réaction qui m'est venue plusieurs fois, par exemple le fils qui éponge la femme enceinte, qui reste et activement pendant l'accouchement. Mais quand il change les couches j'ai trouvé ça pas mal. Bon, l'enfant est né, "elle a fait de nous une famille pour l'éternité", il faut l'encaisser, de même, le bonheur d'être femme à la maison : "Pour moi qui aime rester à la maison, attendre le retour des membres de la famille en faisant le ménage est un bonheur sans pareil." Hum. Un trop que j'ai apprécié, contrairement à Anne ou Nelly, c'est l'épisode des seins de la morte... j'ai bien aimé cette forme de crudité audacieuse l'air de rien (que je retrouve dans La papeterie Tsubaki, où par exemple la narratrice, enfant, utilisait un pinceau fabriqué avec ses propres mèches de bébé, gloups). Tu as, Marie-Yasmine, employé le mot philosophique : il y a une allusion à la différence entre vérité et réalité p. 215, bon, c'est pas "trop"...
J'ai apprécié l'aspect militant soft et simplement formulé : "si on ne dit pas qu'il existe des gens comme nous, rien ne changera jamais. On est noyées dans la majorité. Pour se faire entendre, il faut parler fort." Et les éléments que j'ai trouvés sur la situation lgbt au Japon après la lecture du livre vont dans ce sens.
Quant à la construction du livre avec ce changement de narrateur pour donner la parole aux quatre personnages pour faire avancer le récit en variant le point de vue, c'est une bonne idée qui fonctionne très bien, mais les voix ne sont guère différentes - pour moi c'est un défaut. J'ai trouvé la construction de La papeterie Tsubaki plus originale, avec deux volets : d'une part le passé de la narratrice et les liens avec son initiatrice qui se reconstituent peu à peu tout au long du récit, et d'autre part, parallèlement, le rôle d'écrivain public de la narratrice permet des portraits et des histoires de ses clients et des liens qu'elle tisse avec eux, avec en plus une variété d'écritures de lettres liées à leur contexte.
J'ai mieux compris le côté "feel good" (tendance qui ne me semble pas a priori un défaut) des deux livres : il s'agit de mettre en scène des personnages qui font le bien, qui apportent du soin à autrui : dans Le jardin Arc-en-ciel la vocation du fils, l'attention voire la bonté vis-à-vis des gens qui viennent dans la maison d'hôte. De même l'écrivain public - et cela fait partie de sa compétence professionnelle - choisit dans les lettres qu'elle doit écrire, parfois empreintes de tragique, les mots qui vont faire le moins de mal, le plus de bien, avec un art consommé de l'euphémisme. Mais pour finir avec Le jardin et cet aspect feel good, le problème est de ne pas verser dans la mièvrerie, la cuculterie, et c'est parfois limite : "Comme nous vivons en marge de la société, nous comprenons mieux ce que ressentent les minorités. Ce qui nous rend plus attentionnées. Parce que nous comprenons ceux qui se trouvent en position de faiblesse."

Agnès (à l'écran depuis La Baule)
Ce livre me laisse une impression mitigée. Je n'ai pas apprécié la première partie, ni la dernière, mais les deux parties centrales m'ont plu. Disons que j'ai aimé cette histoire de l'installation du couple au Machu Picchu au voyage en famille à Hawaï.
Je reconnais que l'ensemble est assez prenant, le livre ne m'est pas du tout tombé des mains, mais des éléments m'ont mise mal à l'aise.
Ceci dès le début. Comment une femme de 35 ans peut s'engager dans une relation amoureuse avec une toute jeune fille mineure (au Japon), lycéenne, et qui vient de faire deux tentatives de suicide, sans se poser de question ? À part deux légers questionnements sur son âge, qui sont vite balayés par un " elle est mûre pour son âge ", alors que la page suivante la jeune fille nous est décrite grimpant aux arbres avec le jeune Sôsuke, comme une enfant (je cite) qui n'a pas peur de montrer sa culotte...
Ensuite, les deux femmes ayant pris de l'âge, la question ne se pose plus.
Par ailleurs, je doute que les parents conservateurs de Chiyoko la laissent sans trop de difficultés partir dans une autre région du Japon avec une femme de 16 ans son aînée, divorcée et mère d'un petit garçon. Cela ne me semble pas très réaliste. Ni le fait dans la dernière partie du livre que Takara, mineure, puisse rester sous l'autorité parentale de sa mère non-biologique étant donné les lois en vigueur au Japon, qui ne reconnaissent pas les couples lesbiens.
La dernière partie est "too much" pour moi, trop sombre, le décès d'un cancer de Chiyoko, sa toilette mortuaire détaillée, l'accident de Sôsuke qui tombe dans le coma et la révélation de son secret, il était amoureux de sa mère (non-biologique), ce que je trouve assez ridicule...J'ai eu l'impression que l'autrice sacrifiait ce personnage parce qu'elle ne savait pas trop quoi en faire.
Entre ce début et cette fin, j'ai aimé le livre :-) Leur installation au Machu Picchu, le personnage attachant du grand boss que j'aurais toutefois apprécié voir plus développé, la création de leur maison d'hôtes arc-en-ciel fort sympathique, l'absence de réactions haineuses de la part de leur entourage villageois, l'évolution des deux enfants. Tout ceci m'a plu.
J'ai également été intéressée par les évocations de la culture japonaise. J'ai beaucoup aimé le voyage mental au Japon (et à Hawaï), mes sens de lectrice ont particulièrement été éveillés par les descriptions de la nature et de la nourriture. Ces images et sensations sont très bien rendues.
Conclusion :


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