Il y a déjà quelques années,
j'avais lu Une autobiographie,
livre que j'avais trouvé bien intéressant, notamment son
tour du monde et l'épisode du surf à Hawaï. À
part ça, on sait bien que les autobiographies ne racontent que
ce qu'elles veulent bien nous dire. Et quand en prime on met "Une"
dans le titre, on peut douter de tout ou presque
J'avais lu aussi
le magnifique bouquin de François Rivière (scénariste
habituel de Floc'h) Agatha
Christie : la romance du crime, éd. La Martinière,
2012 (ma recommandation !).
Pour la séance d'aujourd'hui, je n'ai pas
relu ces livres, mais quelques ouvrages de fiction. Je dois dire que je
n'en avais pas lu jusqu'ici. Comme à peu près tout le monde,
je pense, j'avais vu quelques adaptations cinéma, notamment Le
Crime de l'Orient Express avec Peter Ustinov en Hercule Poirot. J'en
avais gardé une impression très "Orient Express"
: cossue et datée. Je m'attendais donc à des histoires qui
ne m'auraient pas trop concernée, que j'aurais lues poliment, comme
elles avaient été écrites.
J'ai donc lu, successivement :
- La
Mystérieuse affaire de styles
- La
Plume empoisonnée
- Le
miroir se brisa.
La Mystérieuse affaire de styles
Pour respecter la chronologie j'ai commencé par le tout premier
roman (avec Hercule Poirot). Je me suis pas mal ennuyée. J'ai trouvé
ça compliqué à plaisir et assez poussiéreux,
avec un dispositif qu'on a beaucoup vu depuis, même s'il était
probablement novateur au moment où le livre a paru (convocation
des protagonistes pour la révélation finale). Je n'y ai
rien compris et je ne me souviens même pas de l'énigme, encore
moins de sa solution.
Mais je savais que le programme était orienté Miss Marple,
et donc je ne me suis pas laissé aller au découragement
et j'ai attaqué :
La Plume empoisonnée
Beaucoup mieux ! Bourré de notations spirituelles autant que
pertinentes, notamment dans les relations homme/femme (pour autant que
je sois qualifiée pour en juger
). L'empathie avec les personnages
fonctionne très vite, on se repère bien dans la galerie
d'individus qui est mise en scène, les personnalités sont
finement caractérisées. Mais le temps passe, l'histoire
se déroule, on ne voit pas venir Miss Marple. Elle est vraiment
anecdotique dans ce livre et l'histoire ne repose pas du tout sur elle.
Donc, de ce point de vue j'étais déçue. En prime,
je m'en fichais pas mal de savoir qui était l'assassin et j'ai
trouvé la fin assez tarte, roman à l'eau de rose.
Toujours pas découragée, j'ai conclu par un roman plus récent
:
Le miroir se brisa
Cette fois, le "dispositif Marple" est beaucoup plus mis
en valeur. La vieille demoiselle est centrale, son personnage est très
présent, l'histoire est vue de son point de vue et on suit son
raisonnement, ce qui n'était pas du tout le cas avec La Plume
empoisonnée.
On retrouve l'humour, les dialogues tout en finesse, les notations clairvoyantes
et le talent de décrire et rendre accessibles les situations (relations
d'une vieille dame avec son aide à domicile trop bien attentionnée
: c'est du vécu !)
Mais bizarrement, encore une fois je ne suis pas curieuse de connaître
le fin mot de l'histoire. Qui a fait ça ? Pourquoi ? Ce n'est pas
ça qui m'intéresse. Je suis devant une histoire distrayante,
agréablement racontée, mais je ne ressens aucun suspense,
je ne suis pas embarquée. En fait l'histoire est secondaire et
je pourrais presque regretter qu'Agatha Christie se soit cantonnée
à cette littérature "de genre", en dessous de
son talent.
Ma conclusion : je reste inconditionnelle de Patricia
Highsmith !
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