L'avis de Sandra sur :

L'esprit de conversation de Chantal Thomas

   
 

Ce fut avec grand plaisir que j'ai retrouvé une auteure que j'apprécie beaucoup, Chantal Thomas. Dans cet ouvrage, une fois de plus, j'ai aimé son langage, son écriture plaisante à lire. Ainsi, sur "la forme" du livre, Chantal Thomas confirme (mais en a-t-elle-besoin) son talent d'écrivain, d'argumentaire, de démonstration.

Pour "le fond", voici les trois points phares de l'ouvrage :

1) Le Salon
Lieu de représentation, il est unique, possédant ses propres codes de représentation, ses rituels, son décor selon sa tenancière. Il est une sorte de "mini cours", qui permet l'éclosion de la conversation. C'est le lieu central où se réunissent les esprits prêts à converser, à échanger.
Si l'histoire des Salons fascine encore de nos jours, cela provient notamment de leurs hôtesses qui ont su créer ce lieu et l'animer. Les femmes ont donc fortement contribué à son émulation.

2) Les Femmes
A travers le portrait succinct de trois femmes et de trois styles différents, Chantal Thomas démontre que ces salonnières ont dépassé la représentation classique de la femme de leur époque respective (silencieuse, passive), en prouvant leur esprits vif, leur intelligence et leur force fédératrice.
Elles ont un rôle social et intellectuel indéniable. Leur Salon participe à l'éclosion d'autres esprits.

3) La Conversation
Les deux précédents points contribuent à la magnificence de celui-ci. Comme expliqué à plusieurs reprises par l'auteure, la conversation est "l'échange, la vivacité des propos, l'imprévu qu'elle suppose, l'émulation d'idées". Elle apporte le bonheur, l'intelligence et l'amour.
Cette éloquence serait vitale pour l'épanouissement social, intellectuel, amical et amoureux. Par ailleurs, pour certains, elle n'irait pas à l'encontre de l'écriture. Les deux se compléteraient. Ce que je pense en effet.

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Même si j'ai aimé ce livre, ses réflexions, la pertinence des arguments, il y a cependant deux bémols :

- l'auteure stipule à plusieurs reprises que l'enjeu de la conversation n'est pas "le sujet", "le thème". Je pense pourtant qu'il a son importance. Si la conversation est vive, recherchée ou spontanée, c'est que le propos intéresse ou fait réagir. Les participants s'en accaparent pour délivrer leurs opinions. Dans le cas contraire, cela entraînerait de fades échanges.
Les idées, les connaissances font parties de l'art de conversation, l'un n'allant pas sans l'autre.

- le livre est trop court. Certes l'objectif de l'auteure n'est pas de décrire les Salons ou de faire une biographie des salonnières, mais elle pourrait étayer davantage certains propos, apporter d'autres exemples, on ne s'en ennuierait pas.

Pour finir, ce livre m'a fait penser à celui de Dominique Dona sur Berthe Morisot, qui évoquait les Salons du XIXe siècle, où artistes, politiques et intellectuels se réunissaient plusieurs fois par semaine.

Je partage avec Chantal Thomas le regret que ce type de Salon n'existe plus (enfin vous en connaissez vous ?), de même que cet art de converser, qui se perd chaque jour davantage


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