J'ai dévoré ce livre magnifique en deux soirées,
alors que je l'avais dans un premier temps écarté à
cause de son sujet qui me semblait dérangeant.
Le Consentement n'est pas une énième histoire de
liaison dangereuse entre une Lolita et un Valmont des temps modernes,
ni un réquisitoire contre les scandales de la pédophilie,
c'est l'histoire d'un déconfinement, rédempteur et libérateur,
de l'emprise exercée sur l'auteure par G., écrivain reconnu,
mais connu surtout pour être un prédateur sexuel.
Dans un récit écrit à la première personne,
dans un style fluide, avec des phrases courtes, claires et surtout avec
beaucoup de franchise et de retenue (pas de descriptions graveleuses),
elle nous relate sa liaison dans les années 80, alors qu'elle n'avait
que 14 ans, avec un écrivain quinquagénaire à la
renommée sulfureuse. Elle y dépeint un processus de "manipulation
psychique implacable et lambiguïté effrayante dans laquelle
est placée la victime consentante, amoureuse".
Puis, à la lecture d'un livre de G., Les
Moins de seize ans, elle découvre son talent de
manipulateur dirigé uniquement vers la satisfaction de ses désirs
sexuels et leur transposition dans ses livres. Tout cela, couvert par
l'omerta des milieux littéraires, artistiques et même politiques
de l'époque.
Dans ce livre, Vanessa Springora nous parle aussi de sa longue reconstruction
psychologique nécessaire pour se sortir de cette relation toxique
avec un véritable pervers narcissique. Pendant trois décennies,
elle ressasse "des rêves peuplés de meurtres et de
vengeance" et enfin elle entrevoit la parade infaillible, évidente
: "prendre le chasseur à son propre piège, l'enfermer
dans un livre".
Livrer un combat à armes égales.
Estocade élégante, mais qui sera fatale au prédateur.
Et "Que la bête meure".
Pour en terminer avec Le Consentement, je perçois ce livre
comme un boomerang du destin : en écho à l'émission
d'Apostrophes, répond l'émission
de la Grande Librairie quelle satisfaction pour Vanessa
pringora.
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