J'ai lu sans difficulté ce livre, sur un sujet qui m'aurait fait
hésiter s'il n'avait pas été dans le programme du
groupe. Je l'ai lu d'abord par souci de me conformer au choix de Lirelles...,
mais finalement j'ai été bien accrochée.
Contrairement à ce qu'on pourrait attendre, je n'ai pas ressenti
de réelle émotion, car je l'ai surtout lu et pris comme
un témoignage. Je n'ai pas été emmenée comme
dans un roman, où l'on peut percevoir un suspens, par la construction,
avec des signes avant-coureurs par exemple, et qui peut d'ailleurs nous
faire dire ensuite "ah oui à ce moment j'ai bien senti
que quelque chose allait arriver, c'était attendu". Je
l'ai considéré avec objectivité : j'écoute,
je "prends acte", sans mettre en cause la crédibilité
de l'histoire ce qui se passe aussi justement dans les romans
où on peut dire à l'inverse "alors là je
n'y ai pas du tout cru". Je l'ai lu donc sans a priori, et sans
rien remettre en cause, mais j'ai été captivée.
J'y ai vu beaucoup de rigueur, de sincérité, le souci de
raconter les choses au plus près. Il n'y a pas d'étalage,
de détails sordides, mais c'est très clair. L'auteure ne
se pose pas en victime, elle explique le contexte, son cadre familial,
c'est très factuel et cela donne beaucoup de force au récit.
Sur le plan littéraire, sans parler réellement de style,
j'ai bien aimé sa manière de dérouler les choses
qui lui sont arrivées comme dans la vie, avec le rythme des années
qui passent.
Ce qui m'a fait également beaucoup réfléchir, c'est...
la résonance du titre : Le consentement.
Il donne toute la légitimité au livre, car il rappelle l'ambiguïté
du sujet.
J'ai pensé à la lourde question qui peut donner lieu à
tant d'interprétations, lors de procès pour viols par exemple
: la victime n'était-elle pas consentante ?
À quel moment y a-t-il eu compromis, accord partagé ?
J'ai pensé à l'expression "séparation par
consentement mutuel" lors de divorces.
Dans son histoire, Vanessa S. consent, mais de manière pas volontaire.
Enfin j'ai pensé à la résonance de ce mot et son
contexte selon l'époque : quelle avait été ma
réaction quand j'ai peut-être vu l'émission
d'Apostrophes ? Ai-je été révoltée
comme Denise Bombardier ? Je ne m'en souviens pas, mais j'étais
probablement à cette période bien moins nourrie par la culture
et la critique féministe qui m'amènent à me révolter
aujourd'hui. Quel courage a eu cette femme ! Bravo ! Avec le
recul, cela m'a particulièrement émue.
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