Voici mes souvenirs de lecture d'un roman lu cet été, quasiment
d'un trait, au soleil
Quasiment d'un trait car j'ai dû m'y reprendre à deux fois
après un démarrage raté.
Raté car j'ai eu l'impression initiale de me trouver devant un
nouvel avatar d'Annie Ernaux et j'ai très vite abandonné
la lecture, agacée en particulier par le style, à l'opposé
de celui très travaillé d'Ernaux : il me semblait que la
jeune Pauly voulait ainsi volontairement se démarquer de son aînée.
Mais l'enterrement du père par Pauly était à des
lieues du petit chef-d'uvre signé Ernaux, d'un ennui mortel.
J'ai laissé tomber le bouquin, et me suis endormie au soleil.
Cependant il me restait la curiosité, quand même, de savoir
ce qu'elle allait bien pouvoir inventer dans les pages qui restaient,
la jeune Pauly.
Donc j'ai repris la lecture le lendemain, toujours au soleil. En lisant
très vite, en diagonale, au début, et puis, peu à
peu, le père a commencé à prendre chair, à
devenir un personnage ubuesque, à la fois tragique et drôle,
incroyablement attachant. Elle avait gagné, Pauly, j'ai lu jusqu'au
bout, sans sauter une ligne, enfin presque car Juliette m'a un peu agacée,
mais j'avais pris le rythme de ces phrases syncopées et je voyais
le père dans son fauteuil roulant, la maison et son bric-à-brac,
les journaux et les vieux bouquins, les pots de peinture aux trois-quarts
vides et les restes de papier peint, les boîtes pleines de vis,
de clous, de trucs rouillés mais conservés car on ne sait
jamais, et je revoyais la maison de mes parents que je n'ai jamais eue
à vider, dieu soit loué, car mon frère s'en est chargé
Et puis, après un passage à vide le temps d'évacuer
les nuages noirs, apothéose, la fin m'a enchantée : la pie
m'a semblé l'invention géniale qui justifiait que j'aie
été tenue en haleine jusque-là, la pie qui brusquement
s'envolait et disparaissait dans la pluie en laissant comme un vide ;
je n'avais plus envie de refermer le livre, mais je me disais que la pie
nous en promettait un autre
la nuit était presque tombée
de toute façon.
En relisant des passages sur la version numérique transmise, j'ai
encore plus aimé.
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