Je n'aime pas trop ce genre de livre.
Pour moi c'est un peu comme être prise à partie par une
vague copine un peu bourrée qui va se lancer à me raconter
son histoire alors que je ne lui ai rien demandé.
Je me sens, moi, lectrice, obligée d'accompagner une forme de
psychanalyse sauvage, qui ne me concerne pas vraiment. C'est un témoignage,
mais qui n'atteint pas à l'universel. Elle a raconté sa
petite histoire, elle va mieux et je suis contente pour elle, mais je
n'avais pas franchement besoin de son livre dans ma vie.
Mais comme j'ai essayé de voir aussi le bon côté
des choses, j'ai fait 2 listes : ce que j'aime et ce que je n'aime pas
dans ce livre.
Ce que j'aime (plus ou moins)
L'écriture directe, le style que j'ai trouvé élégant
et sobre
Le début, qui plante bien le décor, l'ambiance,
les enjeux, les protagonistes.
Il y a une bonne circulation des temps du récit, entre
le présent (mort du père, cérémonie, rangements
)
et les souvenirs.
Pas mal d'humour. Par exemple les moments avec le curé
sénile, le choix du cantique "mélodieusement périlleux"
(c'est bien vrai !) , drôlerie de la cérémonie,
avec le curé qui s'endort, la chorale qui déraille
La fin (séquence de la pie), mais à un détail
près : il y a une phrase en trop qui affaiblit le propos et ne
me laisse pas ma chance, à moi, lectrice. "C'est devenu
clair pour tout le monde que l'oiseau n'était pas venu par hasard".
Là, j'ai l'impression qu'on me prend pour une buse à me
souligner ça, que j'avais très bien compris toute seule.
Ce que je n'aime pas
Le titre : il est vraiment trop proche de Juste
avant l'oubli d'Alice Zeniter (un très bon roman, pour
celles qui ne l'auraient pas lu !).
Le père. Je n'ai aucune sympathie pour ce raté
violent, qui a pourri la vie de sa femme et de ses enfants. Du coup
je ne comprends pas la soumission et la dévotion de la narratrice.
Pour moi c'est un cas typique de syndrome de Stockholm. Je suis beaucoup
plus en phase avec le frère, qui prend ses distances et ne veut
rien garder de la maison.
Le rôle de "l'amoureuse". Elle existe à
peine. On dirait qu'elle est là parce que les lesbiennes sont
tendance et Anne Pauly ne veut pas qu'on passe à côté
de l'information pour ce qui la concerne. Mais si elle avait eu un mec
à la place, ça n'aurait pas changé son récit
L'artifice de la lettre pour raconter une partie du passé
du père. (C'était ça ou un journal intime découvert
dans un tiroir de commode - mais comme il s'agit d'un homme, il ne tient
pas de journal intime et il faut donc cette autre grosse ficelle). Juliette
fait semblant d'écrire au père, qui est mort et enterré,
pour s'adresser à la narratrice, qui peut donc ainsi nous raconter
ce morceau de la vie du héros qu'elle n'était pas supposée
connaître. Et que raconte Juliette dans sa lettre ? Rien que des
faits déjà connus du défunt destinataire. Si encore
elle avait carrément écrit à la narratrice, ça
passait. Mais là
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