Dans ce premier roman, semi-autobiographique, qui interroge sur la façon
de faire le deuil d'un être cher, Anne Pauly fait le récit
de son long et douloureux travail de deuil à la mort de son père,
qui passera par la réhabilitation de sa mémoire.
C'est en vidant la maison familiale, véritable capharnaüm
d'objets entassés au fil des années, qu'elle va découvrir
par le biais des objets fétiches et quotidiens de son père,
sa véritable personnalité, plus complexe que celle suggérée
par les apparences. Comme la première écriture d'un palimpseste
qu'on gratte pour retrouver le texte ancien, elle va dégager à
coups de scalpels délicats les scories de son alcoolisme et de
sa violence pour découvrir un amoureux des livres, de philosophie
orientale, un poète, un pudique.
Puis la lettre d'une certaine Juliette, amie d'adolescence de son père,
lui confirmera ce qu'elle pressentait déjà qu'il était
: un juste, un homme sensible, un père aimant fier de ses enfants.
Cette lettre émouvante, aux mots justes, va lui permettre d'exorciser
sa peine, ses regrets et va surtout lui permettre de savoir comment faire
pour lui dire adieu.
Et parce que "la vraie mort survient quand commence l'oubli",
elle décide d'écrire sur lui, pour révéler
à son entourage ce qu'il était vraiment, pour fixer sur
la plaque sensible de la mémoire sa vraie personnalité.
Cette réhabilitation est une manière pour elle de retrouver
l'apaisement nécessaire pour rejoindre les vivants et la route
de la vie.
Et le roman se referme sur la belle métaphore de la pie qui se
pose sur la tête de la narratrice et de son frère enfin réconciliés
et qui disparaît dans la pluie, signant le véritable départ
apaisé du père.
J'ai apprécié, malgré le sujet difficile et plombant,
ce roman émouvant écrit dans un langage simple de la vie
de tous les jours, avec des mots justes et percutants, sans oublier l'humour
décalé qui adoucit la tristesse de certaines situations
tristes.
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