Les impressions de Stéphanie (confinée à Paris) sur :

Avant que j'oublie d'Anne Pauly


 


J'aime beaucoup ce livre, que je finirai certainement un jour, en le lisant par petit bouts. En effet, en trois mois j'en ai lu que la moitié.

Car ce livre, je le déteste aussi et le cache parfois sous d'autres bouquins. Il me fatigue beaucoup et on est assez fatigués comme ça. C'est pour moi un livre douloureux qui me ramène de façon assez crue à mon expérience propre : un père malade d'Alzheimer depuis 10 ans, un deuil par petits bouts justement, en quelque sorte. Mais malgré l'ambivalence, ce livre me donne envie de le lire.

D'abord parce qu'il y a de l'humour et un sarcasme bien dosés.

Il y a aussi un rythme, le rythme cyclique, mélangé et parfois chaotique qui reflète bien les périodes de deuil.

Parce que le lire c'est aussi pénétrer dans un monde de classe moyenne, de banlieue, un monde qui est, me semble-t-il, moins visible en littérature – ou en tout cas que je connais moins.

Le lire aussi pour l'amour de ce père et son portrait contradictoire si fin entre violence et tendresse. J'ai l'impression que l'auteure a réussi à dépeindre ce père de façon juste, à travers les yeux de quelqu'un qui a fait un chemin pour accepter les contradictions d'un être aimé.

Enfin le lire parce que je trouve que ça raconte aussi ce dont les femmes lesbiennes refoulons un peu peut-être, parfois, à force de parler des femmes de nos vies : à savoir, le fait que nous avons aussi souvent eu un père avec qui nous nous sommes parfois identifiées, que nous avons parfois haï, parfois désiré, tantôt voulu le protéger de notre mère, tantôt voulu protéger notre mère de lui... Un père ambivalent qui nous a nourrie ou gavée, qui était notre complice et notre confident, dont nous nous sommes parfois érigée en figure protectrice, en Antigone dévouée. Bref, je ne parle peut-être que de moi-même – vous l'aurez compris, ce livre remue beaucoup de choses en moi.

Pour essayer de terminer cet avis plus objectivement, je dirais : j'aime la plasticité de la langue, le monde matériel dont on sent les textures et la date de péremption, l'originalité de certaines phrases...
Anne Pauly a réussi de dépeindre les petites surprises, bonnes ou mauvaises, de la vie et du chemin vers la mort.

 

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