L'avis de Joëlle L
sur
Les
vies de papier de Rabih ALAMEDDINE
J'AI APPRÉCIÉ la découverte de la vie à
Beyrouth, les relations avec la famille, les voisins, les relations de
travail, les Palestiniens, le camp de réfugiés
C'est une vie à un certain moment, avant l'explosion du port. Donc
je pense que maintenant ça doit être bien pire.
En ce moment on parle pas mal de l'installation de capteurs solaires,
parce que sinon, ils n'ont plus d'électricité lu
et entendu dans les médias ces jours-ci. Et la galère politique
dont on n'entend pas trop parler mais qu'on peut deviner vu d'ici.
Le travail de l'auteur, un homme qui parle au nom d'une femme et ce n'est
pas ridicule, ça ne sonne pas faux.
Iil incarne une personne marginale, rebelle et inclassable, pas une femme
conforme ni conformiste. Donc de ce point de vue c'est sans doute un peu
moins difficile de l'incarner
MAIS
L'énorme cuistrerie qui s'étale tout au long du livre, depuis
les épigraphes jusqu'au choix des auteurs supposés traduits
et/ou cités par la narratrice m'interroge.
Est-ce à prendre au premier degré ou bien est-ce une façon
de nous signifier le côté autodidacte de la narratrice, qui
étale de la culture comme tous les gens qui n'en ont pas tant que
ça ? On nous parle d'une femme forcée de quitter l'école
à 14 ans.
Autrement dit, est-ce l'auteur qui s'étale ou veut-il nous montrer
quelqu'un qui se la ramène ?
Il y a les auteurs, il y a aussi des termes rares, tel "luddite".
Qu'est-ce que ça vient faire là ??
Quand je trouve ce mot chez un auteur britannique ça sonne beaucoup
plus naturel (exemple FranKISSstein
de Jeanette Winterson).
Pendant les 3/4 du livre, j'ai eu affaire à une rebelle qui fait
tout de traviole, avec obstination. Ça me plaisait bien.
Puis elle va voir sa mère et elle devient gnian-gnian.
À partir de là, j'ai moins aimé.
Son retournement vis-à-vis de ses voisines, son illumination sur
les possibilités de la traduction, le changement total d'ambiance,
m'ont semblé une facilité narrative, un truc bâclé.
BREF, le début était super, mais la fin m'a déçue.
Et j'ai une réserve sur la cuistrerie.
P.S. Côté traduction, j'ai relevé "c'est là
qu'elle s'asseya".
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