Sa
vie est d'un romanesque ! En voici le début :
- 1893
: quatrième enfant de Jacob Henry Rothschild, riche tailleur
juif, et dElizabeth, protestante dorigine écossaise.
Dorothy grandira à New York, dans le très chic Upper West
Side.
- 1897 : Décès de sa mère
- 1900 : Son père se remarie
- 1903 : Décès de sa belle-mère
- 1908 : Inscrite dans une école privée pour y poursuivre
ses études, elle les arrête rapidement sans avoir obtenu
le moindre diplôme.
- 1912 : Décès de son oncle,
Martin Rothschild, dans le naufrage du Titanic.
- 1913 : Décès de son père,
presque ruiné. Dorothy Parker doit subvenir seule à ses
besoins. Elle devient pianiste pour une école de danse et commence
à écrire.
Lisez la suite détaillée ici
jusqu'à sa mort en 1967 : pourquoi lègue-t-elle
lensemble de ses droits dauteur à Martin Luther King ?...
Et
la toute fin :
- 2020 : L'urne funéraire contenant ses cendres qui avait passé
plusieurs décennies, oubliée, au crématorium, puis
dans un cabinet d'avocats, a rejoint enfin New York qu'elle considérait
comme sa ville natale.
Trois
articles la présentent sous un angle particulier
- "Dorothy Parker retrouvée
à Manhattan", Nathalie Crom, Télérama,
8 juillet 2011 : elle appartenait au"Cercle vicieux", réuni
à l'hôtel Algonquin, qui régnait dans les années
1920 sur la vie intellectuelle et mondaine new-yorkaise.
- "Dorothy Parker, la mort en sursis",
François Forestier, Nouvel Obs, 23 octobre 2014 : un portrait
savoureux et sans pitié de notre héroïne alcoolique,
suicidaire et langue de vipère...
-
"Style Parker", par Claire Devarrieux,
Libération, 6 mai 1999.
Voici
deux biographies
- L'extravagante
Dorothy Parker de Dominique de Saint-Pern, Grasset, 1994
- Les
traversées de Dorothy Parker de Camille Mancy, éd.
Prisma, 2020, qui nous montrent sa binette entre deux âges :
Et
un site
Dorothy Parker
Society, le site officiel de Dorothy Parker depuis 1998, présente
par exemple :
- des interviews, par exemple "L'art
de la fiction", interview par Marion Capon, The Paris Review,
n°13, été 1956
- ses maisons : homes
- les lieux qu'elle fréquenta : haunts
- des tatouages inspirés de Dorothy (!) : tattoos
En vidéo ou audio
- Sur les traces de Dorothy en anglais : Remembering the Legacy of
Dorothy Parker, vidéos : part
I; 6 min et part
II, 4 min.
- Bette Davies
fit une lecture incroyable de Dorothy Parker, The Hollywood Palace :
Dramatic Reader, 5 février 1966, vidéo, 7 min.
- La voix de Dorothy Parker dit ici "Afternoon"
et là "Perfect
rose".
Le
club dont elle fit partie...
Dorothy Parker fit partie de "L'Algonquin Round Table", un
groupe d'écrivains et acteurs américains qui se réunissait
dans les années 1920 à l'Hôtel Algonquin à
Manhattan :
- un documentaire américain retrace l'histoire de ce groupe :
The Ten-Year Lunch d'Aviva Slesin, récompensé par
un Oscar en 1987 (en
ligne ici).
- Mrs Parker et le Cercle vicieux, film de Alan Rudolph, sorti
en 1994, en sélection officielle au festival de Cannes, présente
la vie de Dorothy Parker dans le New York des années 1920 dans
le cercle littéraire de la table ronde de l'Algonquin : bande
annonce ici.
- Il a aussi inspiré Le
cercle des plumes assassines : une enquête de Dorothy Parker
de J. J. Murphy, éd.
Bakerstreet 2015, puis Folio
policier 2016.
Dorothy
Parker scénariste |
Quelques
repères sur sa carrière
- 1934 : Dorothy Parker épouse Alan Campbell, acteur et écrivain
; ils emménagent à Hollywood et travaillent ensemble à
des scénarios pour de grandes sociétés de production,
notamment la Paramount. Elle participe à la création du
premier syndicat de scénaristes, la Screen Writers Guild. Elle
travaillle essentiellement pour des films très commerciaux, pour
lesquels elle est très bien payée.
- 1937 : On lui confie un scénario qui a déjà été
ravaudé par 16 auteurs différents, qu'elle reprend avec
son mari : c'est A
star is born, avec Janet Gaynor et Fredric March (en
ligne ici en vo) Le film sera nommé pour sept oscars. Il
en obtiendra deux : "Meilleure histoire" et "Images Technicolor".
C'est le triomphe pour le couple Parker.
- 1938 : Elle co-écrit le scénario de Sweetbearts
de W. S. Van Dyke et de deux autres films grand public : The
Cowboy and The Lady de H. C. Potter, et Trade
Winds de Tay Garnett.
- 1941 : Elle travaille sur le scénario de Week-end
for Three, de Irving Reis, et sur les dialogues de The
Little Foxes de William Wyler.
- 1947 : Nouvelle nomination aux Oscars, dans la catégorie du
meilleur scénario, avec le film Smash
Up : The Story of a Woman de Stuart Heisler.
- 1949 : Écriture de son dernier scénario, pour un film
d'Otto Preminger, The Fan, adaptation de la pièce d'Oscar
Wilde L'Éventail de Lady Windermere. Dorothy Parker est
mise sur la liste noire de la Motion Picture Association of America,
qui depuis 1947 refuse d'employer des membres du Parti communiste ou
des activistes de gauche...
Dorothy
Parker inspire en France les gens de théâtre - et cette
liste n'est pas exhaustive... :
-
1982 : Quelle
belle vie ! Quelle belle mort !, Théâtre 14, mise
en scène Andréas Voutsinas
- 1999 : La
Vie à deux, mise en scène Dominique Lardenois
- 2000 :
Journal d'une new-yorkaise, mise en scène Hélène
Darche, Théâtre de l'Opprimé
- 2004 : Assez
de corde pour se pendre, mise en scène Hélène
Dedryvère, Toulouse
- 2006
: Hôtel
Dorothy Parker, Théâtre de Déchargeurs,
puis théâtre La Bruyère, mise en scène Rachel
Salik
- 2008 : Mauvaise
journée demain, mise en scène Alain Prioul
- 2010 : DesAmours,
mise en scène Cassandre Vittu de Kerraoul
-
2013 : Dorothy
Parker, mise en scène Arnaud Selignac, avec Natalia Dontcheva,
Théâtre du Lucernaire.
Extrait et interview ici.
- 2017 : Night
and Day, mise en scène Gaëlle Lebert. Détails
ici.
- 2021 : La
valse, Marie Strehaiano, Théâtre du Passeur au
Mans (trois nouvelles)
- 2021 : Dorothy,
écrit, mis en scène et interprété par Zabou
Breitman, au Théâtre du Chêne noir à Avignon
et au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Beaucoup de presse
sur ce spectacle : voir par exemple dans 28
minutes. Le dossier
de la pièce. Interview dans La
Terrasse. Extrait ici.
Avec Léa Salamé sur France Inter ici.
Jean-Luc
Seigle publié Excusez-moi
pour la poussière : le testament joyeux de Dorothy Parker,
pièce en huit tableaux, Flammarion, 2016. Pièce jouée
en 2013
et 2017.
Autre
scène que celle du théâtre, celle de la chanson
: en 1987, Prince chante la "Ballad of Dorothy Parker" dans
son album Sign O The Times : lhistoire dun
flirt avec Dorothy Parker, serveuse rencontrée sur un boulevard...
(à écouter en
studio ou live).
UVRES
EN ANGLAIS
Nouvelles
- Complete
Stories, Londres, Penguin Books, 1995.
Poésie
- Complete Poems,
Londres, Penguin Books, 1999.
- Not Much Fun
: the Lost Poems of Dorothy Parker, New York, Scribner,
2001.
Recueils d'articles
- Complete
Broadway, 1918-1923, Bloomington, iUniverse, 2014.
- Constant
Reader, New York, Viking Press, 1970 (recueil d'articles
de critique littéraire parus dans le New Yorker
entre 1927 et 1933)
Pièces
de théâtre
- Close Harmony,
avec Elmer Rice), New York, S. French, 1929.
- The Ladies
of the Corridor, avec Arnaud d'Usseau, New York, S. French,
1954.
- The Coast
of Illyria, avec Ross Evans, Iowa City, University of
Iowa Press, 1990.
|
UVRES
TRADUITES (7 livres,
6 traducteurs : Benoîte Groult, Michèle
Valencia, Martial Doré, Patrick Reumaux, Hélène
Fillières) |
La
vie à deux, préface et traduction
par Benoîte Groult, publié
d'abord sous le titre Comme ils sont (Here We Are), Denoël,
1960
; réédition sous le titre La Vie à deux,
Union générale d'éditions, 1983
; réédition
10/18, 2011, 256 p. (16 nouvelles) |
|
-
Quel dommage ! (publié dans un autre livre)
- Le coup de téléphone
- La grande blonde
- Quelle soirée formidable !
- Le merveilleux Vieux Monsieur
- Monsieur Durant (publié
dans un autre livre)
- Le calme avant la tempête
- Le petit Curtis
- La vie à deux
- Vêtir ceux qui sont nus
- New York - Detroit
- Les sexes
- La jument
- Sentimentalité
- Arrangement en noir et blanc
- Les bonnes amies
|
Comme
une valse, trad. Michèle Valencia, 10/18, 1992,
288 p.
(19 nouvelles et 4 articles) |
|
- Une question de standing
- Encore un tout petit
- Mrs Hofstadter, qui habite Joséphine
- Street
- La valse
- Soldats de la République
- Le dernier thé
- Journal d'une New-Yorkaise
- Cousin Larry
- Haute couture
- Lolita
- La jolie permission
- La gloire en plein jour
- Le cur qui fond
- Je ne vis que par tes visites
- La foudre narguée
- L'héritage de Whistler
- La jeune femme en dentelle verte
- Dialogue à trois heures du matin
|
Mauvaise
journée demain,
trad. Hélène Fillières*, éd. Christian
Bourgois, 2010, 192 p. (16 nouvelles)
|
|
-
Quel joli petit tableau (publié
dans un autre livre)
- La jarretière
- La chape de compliments
- Une journée horrible, demain
- Récit de voyage
- Retour à la maison
- Oh ! Il est charmant
- Miss Carrington et Miss Crane
- Une femme particulière
- Une jeune femme en dentelle verte
- Conversation à trois heures du matin
- Le berceau de la civilisation
- Mais celui à ma droite
- Conseils à la petite Peyron
- Le dîner de corbeau
- Le jeu |
Monsieur
Durant et autres histoires de couple, trad. Martial
Doré, éd. Sillage, 2021, 80 p. (3 nouvelles
précédées de repères bio puis bibliographiques)
|
|
-
Monsieur Durant (publié
aussi dans le recueil La vie à deux)
- Quel dommage ! (publié aussi dans le recueil
La vie à deux)
- Un si joli petit tableau (publié
aussi dans le recueil Mauvaise journée demain)
|
Par
ailleurs, sont aussi publiés :
Des poèmes : Hymnes
à la haine, préface de Benoîte Groult, trad.
Patrick Reumaux, Phébus, coll. Libretto, 2010, 112 p.
Des articles : Articles
et critiques, trad. Hélène Fillières*,
éd. Christian Bourgois, 2002, 294 p.
*L'actrice
Hélène Fillières évoque ses traductions
de deux livres de Dorothy Parker dans une 'interview : "L'attrape-curs",
par Olivier Nicklaus, Les Inrocks, 27 février 2001.
"Monsieur
Durant" étant une nouvelle présente dans deux recueils,
traduite à 60 ans de distance, voyons le premier paragrahe et
comparons les grandes différences entre les deux traductions.
Reportons-nous donc au paragraphe anglais :
Traduction
par Benoîte Groult, Denoël,
1960, puis 10/18
Il y avait bien dix jours que M. Durant ne s'était pas senti
aussi heureux. Il se complut dans ce bien-être avec la sensation
de s'allonger entre des draps frais et lisses. Dieu, avec qui M. Durant
entretenait des rapports de bon voisinage, régnait de nouveau
dans son paradis et chaque chose avait repris sa place dans l'univers.
Traduction
Martial Doré, éd.
Sillage, 2021
Cela faisait bien dix jours que M. Durant ne s'était pas senti
l'esprit aussi léger. Il s'abandonna à la douce chaleur
du calme retrouvé, comme il se serait voluptueusement emmitouflé
dans un luxueux manteau neuf. Dieu pour Qui M. Durant éprouvait
une bienveillante affection, était en Son paradis, et tout allait
de nouveau pour le mieux dans le monde de M. Durant.
Not for some ten days had Mr. Durant
known any such ease of mind. He gave himself up to it, wrapped himself,
warm and soft, as in a new and an expensive cloak. God, for Whom Mr.
Durant entertained a good-humored affection, was in His heaven, and
all was again well with Mr. Durant's world.
Il se trouve que tout le début
de la nouvelle est analysé par Xavier Lachazette, maître
de conférences, dans le cadre de la préparation
à lagrégation danglais, qui fait une série
de critiques à la traduction de Benoîte Groult et conclut
que le jury d'agrégation lui attribuerait une sale note...
Sont appréciés :
- "Il y avait bien dix jours"
- "régnait de nouveau dans son paradis et chaque chose avait
repris sa place" (mais il manque la fin de la phrase)
Sont jugés désolants
:
- "heureux" pour ease of mind
- "s'allonger entre des draps frais et lisses" (transposition
lointaine où warm devient "frais" et cloak
"draps")
- "rapports de bon voisinage" pour good-humored affection
- les majuscules attribuées à l'initiale du pronom et
du déterminant possessif se référant à Dieu
ne sont pas conservées.
Il est vrai que la littérature et l'agrégation
relèvent de plaisirs différents, mais Benoîte exagère
quand même...