L'Immortalité, trad. Eva Bloch, Gallimard, 1990
Quatrième de couverture :
Première partie : Le visage
Deuxième partie : L'immortalité
Troisième partie : La lutte
Les surs.
Les lunettes noires. Le corps.
L'addition et la soustraction. La femme plus âgée, l'homme
plus jeune. Le onzième commandement.
L'imagologie. Le brillant allié de ses fossoyeurs.
L'âne intégral. La chatte. Le geste de protestation contre
les atteintes aux droits de l'homme. Être absolument moderne.
Être victime de sa gloire. La lutte. Le professeur Avenarius.
Le corps. Le geste du désir d'immortalité. L'ambiguïté.
La voyante. Le suicide. Les lunettes noires.
Quatrième partie : Homo sentimentalis
Cinquième partie : Le hasard
Sixième partie : Le cadran
Septième partie : La célébration
|
|
Milan Kundera (1929-1923)
L'immortalité (1990)
Nous avons lu ce livre en 1990.
Nous avions lu en 1986 La Valse
aux adieux et nous lirons L'insoutenable
légèreté de l'être
en 2024.
En 1990, nous n'avions pas encore de site et avions à
peine pris l'habitude de noter l'avis de chacun. Le "scribe",
ce 9 mars 1990, a noté à la
troisième personne ce que chacun a dit.
Voici les notes, prises ce jour-là par Odile de Dijon, saisies
en 2024 :
Un courrier de Freddy (voir ci-dessous)
: roman froid, cynique, donc moderne
un déconstructiviste
des émotions.
Fernando a aimé le ton, l'intrigue,
les personnages.
Brigitte n'a pas aimé que l'histoire
ne continue pas.
Jacques a aimé le personnage d'Agnès,
le genre essai-roman : un roman avec des digressions. Mais n'a lu
que 100 pages.
Henri-Jean ne l'a pas lu, pas acheté, un titre prétentieux,
trop cher et il n'aime pas Kundera.
Pour Sabine, Kundera est son maître
en écriture et elle estime que c'est loin d'être son meilleur
livre. Ça devient dogmatique : un névropathe hanté
par ce que les critiques peuvent dire de lui, avec des obsessions qui
le travaillent : immortalité, critique, corps maternel, il
annonce la mort de l'héroïne (comme Tereza, dans L'insoutenable
légèreté de l'être) - est-ce terminé
?
Danièle est passée par tous
les états. Les effets de structure tiennent du procédé,
le style est lourd. Il a une façon d'épingler la bêtise
qui l'a ravie, mais ça réduit sa vision du monde qui devient
mécanique : il n'y a aucune issue.
Claire-Lise aime tout. Il peut faire tout ce qu'il veut. C'est
quelqu'un qui l'aide à vivre. Elle trouve extraordinaire que tout
le monde se ramène à une métaphore
, la langue,
comme clé du monde
quand il dit "que l'amour éloigne
les gens" (applaudie par Jacques ). Kundera au milieu de ces pisse-petits
et de ces constipés, c'est un géant.
Dominique a bien aimé, est de plain-pied
avec lui, par moments c'est bête. La deuxième partie l'a
ennuyée. Mais que ces personnages transparents sont attachants.
Elle trouve le lien faible entre les personnages. Pas de traits de génie.
Claire l'a lu avec intérêt,
a aimé le genre, roman-essai, les petits chapitres, les jeux avec
la fiction, la création des personnages, elle trouve le livre bien
construit, qui veut montrer que c'est bien construit : vous allez voir
ce que vous allez voir. Elle admire la complexité, mais ça
se voit trop. C'est pesant. Il n'y a pas d'écriture : c'est raplapla
lourdingue. Avec un esprit de sérieux, par moment c'est puéril
: Hemingway, Goethe au paradis. Les aspirations morales des personnages
: bof
Elle a l'impression que l'auteur ne se désolidarise
pas des thèmes qu'il décrit. Les dialogues sont ratés
: du discours. Les personnages n'ont pas d'existence. Elle trouve des
ressemblances avec Woody Allen.
Freddy en voyage a transmis un courrier
dactylographié :
Here
The Voice of America Speaking !!!
L'Immortalité est un livre brillant mais froid. On dirait
un roman expérimental où les émotions ne sont que
sujet d'analyse. C'est un livre fait surtout avec la tête. D'où
sa lucidité, son détachement. C'est un roman sceptique,
presque cynique même, et par là : très moderne à
tous les sens de ce mot. Est-ce un hasard l'admiration de Sollers, Finkielkraut
et alii...?
On dira de Kundera : le romancier de notre époque, espèce
d'anti-Proust germanique, doctoral, ironique, très nietzschéen,
bien sûr, mais sans emphase ni pathos. Kundera, bizarre mélange
de Jaroslav Hasek, Hermann Broch, Robert Musil et Nietzsche. Bref, extraordinaire
mais inquiétant.
Comment ne pas succomber à son incroyable capacité à
bouger légèrement, tranquillement parmi les choses "graves"
de la vie ? Comment ne pas admirer, en tant qu'intellectuel et écrivain,
sa "facilité" à faire des livres légers
et profonds à la fois ?
Bravo, chapeau, comme dit Sollers !
Mais, mais... mais quel sacré bonhomme, ce Kundera, à cacher
ses sentiments, à les transmuer en cerveau, à disparaître
derrière l'écriture en tant qu'être humain. Kundera
: un nouveau Valéry ? un Monsieur Teste ? un (dé)constructiviste
des émotions ?
C'est bizarre que L'Immortalité soit apparu en même
temps que La pluie d'été de Duras. Quel contraste
n'est-ce pas ?
Et après on dit que le roman est en crise en France.
Chapeau la France pour ces deux-là ou des équilibres savants
de la vie (romanesque) elle-même ou l'éternel contraste homme-femme
?
(Entre parenthèses : une seule chose m'agace : que les amants de
Duras détestent Kundera - et vice versa. C'est injuste, enfin).
Petite note technique : L'Immortalité me semble se situer
en peu plus loin et un peu plus avant que L'insupportable légèreté
de l'être. Plus complexe et ambitieuse, mais plus lourde : la
sixième partie (le cadran), elle n'est pas en peu en trop ? Un
peu trop indépendante ?
Freddy
Nous écrire
Accueil | Membres
| Calendrier | Nos
avis | Rencontres | Sorties
| Liens
|