Patrick Modiano
Fleurs de ruine
Nous avons lu ce livre en juin 1991.
Le prix Nobel nous donnera plus tard envie de lire
Un
pedigree en 2015 (+ d'autres livres au choix). Le nouveau
groupe parisien lira
Rue des Boutiques obscures en avril 2018.
Henri-Jean
Je n'ai pas payé le livre et heureusement, car cela me serait resté
sur l'estomac ! Quel ras-le-bol ! Ça ne m'a pas
plu, pas plu (phrase répétée de nombreuses fois dans
la soirée, et de façon furieuse). J'avais pourtant aimé
Villa triste. N'importe qui pourrait écrire ce livre. L'auteur
a du savoir-faire (notez la contradiction). Je n'ai trouvé aucun
intérêt. Je n'ai rien à sauver. Ou alors il est très
savant et ça m'a échappé. Le livre est écrit
à la va-vite. Il est banal. Rien ne m'a intéressé.
Cet imbroglio n'est pas assez épais pour que ce soit un labyrinthe.
C'est un livre qu'un écrivain connu pond. Quelques détails
sont pas mal ; j'aurais pu accepter tout un livre en touches. Je
n'ai même pas détesté. RIEN !
Marie-Christine
Je n'ai lu qu'une cinquantaine de pages. Je suis venue pour vous voir.
Pourtant, c'est écrit gros
Je n'ai rien lu de Modiano. J'ai
commencé à m'intéresser à la rencontre de
Pacheco.
Danièle
Je l'ai lu deux fois. La première fois, sabre au clair, à
cause du mystère, je ne savais pas quoi penser de ce livre. Je
l'ai relu pour savoir comment il est fait. C'est un livre construit :
lieux, époques, personnages, frontière rive gauche/rive
droite, équilibre des chapitres (10 sur le couple, 5/6 sur Pacheco,
10 sur la vie personnelle de l'auteur), superposition/parallélisme.
L'écriture vient pallier la remémoration qui ne s'effectue
pas. L'auteur n'est pas dupe que ce travail est imaginaire. Des thèmes
reviennent : cinéma, photo ; mais la vacuité de l'écran
renvoie à la fuite du réel. Il y a des pistes vides. Je
ne sais toujours pas quoi penser. J'ai eu un plaisir d'entomologiste.
L'évanescence, j'aime bien. Il y a un enchevêtrement confus.
A travers une non-permanence des choses, on voit une quête de sa
propre identité. En cela, ce n'est pas un livre sur le passé.
Grande Nadine
Je l'ai lu il y a quelques semaines ; je suis un peu déçue.
Il y a des choses intéressantes, mais qui tournent court. Je me
dis il n'y a rien là-dedans. J'ai lu 4 ou 5 Modiano. Les déambulations
ne m'ont même pas fait plaisir. C'est un peu facile : un exercice,
un beau travail un peu facile. J'ai lu très vite pour connaître
la fin de l'histoire.
Dominique
La situation policière m'a émoustillée. C'est un
livre d'atmosphère et j'y suis très sensible, et en cela,
il est très réussi. Le départ donne bien le ton.
L'imbrication, la confusion entre tous les plans sont assez fortes. Dans
la foulée, j'en ai lu un autre. C'est séduisant, agréable.
Monique
J'avais essayé à deux reprises de lire Rue des boutiques
obscures. C'est un univers plus qu'une atmosphère. J'ai compris
pourquoi je n'aime pas : c'est une tentative désespérée
de reconstruire des liens. Ça me rend excessivement triste. Ça
m'angoisse. Ça ne me réussit pas. J'ai compris le titre
: les ruines plus que les fleurs. Il y a une impossibilité à
s'appuyer sur des événements qui durent, une dissolution
(les personnages disparaissent). On pense qu'il va se passer quelque chose,
on tient quelque chose, eh bien non. La première lecture m'a foutu
le cafard. A la deuxième, j'ai mieux marché. Il faut peut-être
connaître son univers. L'attitude du narrateur - paralysie
et sidération - me mettent mal à l'aise. Quand il y
a un peu d'énigme, l'écrivain démarre. Il y a une
dérive d'identification (Jacques intervient tout le temps). L'habitude
de lire les vieux journaux m'est sympathique.
Claire
J'ai d'abord fait une agréable promenade. J'ai senti la confusion,
mais j'ai trouvé intéressants le chevauchement des passés,
les glissements. A la fin, rien n'est résolu ; quelque chose
est défait, laissé en plan, comme une ruine - je trouve
cela audacieux. Le narrateur est inconnu, mystérieux, imprécis
(pourquoi est-il parti à Vienne ?) et toujours enquêtant.
Il est entre la reconstitution et l'imagination. Ce qui passe le plus
mal pour moi, c'est le désir de reconstituer qui le pousse à
consulter les vieux journaux. Comme le personnage n'est pas étoffé
psychologiquement, ça me paraît invraisemblable. Les superpositions
de temps, parfois dans une même page, sont vertigineuses. L'emploi
de phrases nominales, du "vous", etc., me semblent habiles.
Néanmoins, et tout compte fait, je suis partagée entre un
sentiment de vide, d'à quoi bon, voire d'arnaque et celui-ci :
il s'est passé quelque chose (=puissance souterraine de la lecture).
Élisabeth
J'ai lu à toute vitesse, je ne me souviens de rien. J'ai enchaîné
avec un deuxième dont je ne me rappelle même pas du titre.
Les personnages jouent avec des "ancrages". Je partage, je ferme,
c'est fini. Au présent, c'est agréable. Plaisir de l'instant.
Frustrant quand même.
Henri-Jean
Je trouve un peu gros de trouver positif qu'il ne reste rien !
Jacques
Modiano a écrit un vrai Modiano. Avec pour thèmes centraux
la recherche de son père, la bande de la rue Lauriston, Pagnon,
etc. C'est une quête éperdue et non une répétition.
J'ai adoré ce livre. J'ai lu et relu Modiano. Tout se bouscule,
se répercute. C'est un rêve. L'écriture est mélancolique,
tendue. C'est un roman d'ambiance, qui ne se raconte pas. Le héros
est fragile, attachant. Les choses ne sont jamais nettes, les personnages
ambigus. Un Modiano ressemble à un Modiano, disent les mauvaises
langues
Henri-Jean
Un livre n'est pas qu'un désarroi
Jacques
j'ai une fascination pour cette quête perpétuelle.
J'ai eu extrêmement plaisir à le lire. Il a du talent. Il
réussit à réunir les personnages épars.
Sabine
J'en ai lu chaque jour. Je regrette mes 72 F. Atmosphère ?
Il ne m'est rien resté. Un livre dans odeur, statique ; une atmosphère
sans sensation, surannée. Je n'ai rien ressenti. Et quelle antipoésie !
Une seule image m'a retenue, celle du poisson et des autos tamponneuses
qui donne un flash de couleur, c'est la seule. Sur Paris, ça m'a
emmerdée. Je ne trouve pas le plaisir des mots. AUCUN DE MES SENS
n'a été exalté.
Brigitte
J'ai été contente que Jacques apprécie ce livre,
car nous avons rarement des goûts communs. Je ne suis pas aussi
fan. J'en ai préféré d'autres. Je pense comme Henri-Jean
qu'il a dû rendre son manuscrit. Ca ne tient pas bien. J'aurais
aimé que ça aille plus loin (sur le couple de chimistes
par exemple). C'est une ambiance de l'indéfini, mais qui ne suscite
pas mon admiration.
Marie-José
72 F, c'est cher ! J'avais l'impression d'être dans une
loge de concierge et de voir les personnages défiler. Comme des
poupées russes, les personnages sont imbriqués. On apprend
des choses au passage (un frère, des filles du narrateur). Il faudrait
faire une deuxième lecture pour se détacher du flou. Les
personnages s'inscrivent tous dans le même silence.
Anne-Marie
J'ai lu très vite en deux, trois heures. Ça m'a plu, angoissée
au début, frustrée. Puis la narration m'a intéressée
; j'ai pensé à Perec (les listes). C'était comme
un parfum entêtant : il fallait que j'en finisse. Puis je me
suis retrouvée le bec dans l'eau.
Henri-Jean
Quand on aime un écrivain, son uvre entière, on peut
aimer un livre moins bon dans l'uvre entière.
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