Julien Gracq
Le rivage des Syrtes
Nous avons lu ce livre en mars 1993.
Nous lirons Un Beau ténébreux en
2008 et Un balcon en forêt en
2015.
Claire BC
J'avais beaucoup aimé il y a dix ans Un beau ténébreux.
Je m'étais servie d'Un balcon en forêt pour des ateliers,
avec une scène d'amour dans la forêt en chaussettes de laine...
Je n'ai pas réussi à lire Le rivage des Syrtes malgré
dix tentatives...
Henri-Jean
Pour moi, c'était un livre mythique. Un copain de jeunesse adorait
ce livre, mais je m'étais toujours senti rebuté par le volume
et... par le prix. Pour le groupe, j'ai lu trois livres Un beau ténébreux,
Le château d'Argol, et Le rivage des Syrtes. Mais
je n'en lirai plus. Je n'aime pas trop, je sens une irritation. J'ai aimé
par moments. Des chapitres sont incompréhensibles. Je n'ai pas
aimé ce livre car j'adore Le désert des Tartares. J'ai
aimé ce qui m'a fait penser au début de ce livre, cette
mer morte... Je n'ai pas aimé les mots en italiques. Bref, je suis
donc très mitigé...
Marie-Christine
Je n'ai pas lu jusqu'au bout, et j'ai dû m'y reprendre à
dix fois... Tout à coup, je me suis sentie prise à la lecture,
mais le temps m'a manqué. Je pense quand même aller jusqu'au
bout. J'ai aimé couper les pages, séduite peu à peu
par l'écriture.
Monique
J'adore ce livre, mais je ne peux pas le lire... J'ai commencé
deux ou trois fois. Le manque de temps ? J'ai lu 51 pages. J'adore ce
livre, un livre sur l'attente. Si on aime cette atmosphère, c'est
gagné ! J'aime beaucoup le style, les images ; l'apparition
de Vanessa, la description du jardin. Cela me fait penser au blues, une
musique dans laquelle on se sent bien, sans début ni fin, une présence
à côté de soi. Je me sens bien dans ce livre...
Dominique
J'avais un très bon souvenir de ce livre. Je me souvenais d'une
atmosphère étrange. Je suis retombée sous le même
charme... des métaphores, des descriptions saisissantes, par exemple,
la lettre de la Seigneurie. Il y a un démontage de systèmes,
une atmosphère prenante, des personnages vivants. Je suis absolument
séduite. C'est un livre merveilleux, un auteur essentiel. Quelle
maîtrise de la narration, avec cette interrogation : "qu'est-ce
que je suis dans l'histoire ?"
Danièle
J'avais adoré il y a dix ans. Pour le groupe, je me suis remise
à lire les nouvelles de La presqu'île, avec un doute
dans mon esprit, puis j'ai essayé vainement de lire. Gracq aime
les lieux que j'aime, j'aime sa géographie : une beauté
qui ne se donne pas. Chez Gracq, les lieux sont des confins, des frontières,
des passages. L'architecture humaine entre en osmose avec la végétation,
dans les lieux de mer, la mer est mélangée à la terre
dans la lagune ; ce sont des lieux d'attente, des lieux imaginaires,
métaphysiques. J'aime les ambiances, tactiles, épaisses,
par exemple la fête chez Vanessa ; on est pris dans une ambiance
comme dans une gelée.
J'ai été choquée par les personnages, inconsistants,
avec des rôles d'allégorie. Je trouve que Gracq est nul pour
choisir les prénoms de ses personnages, par exemple Vanessa qui
va pour un roman de gare... Il n'y a pas d'épaisseur de personnage.
Le vocabulaire rare est choisi, parfois forcé ; il y a des
bonheurs d'expression extraordinaires, mais une surcharge métaphorique
fait qu'on finit par se perdre dans des phrases très longues.
Des morceaux de phrases sont extraordinaires, puis ça tombe à
plat : un pas dans le ciel, un pas dans le caniveau.
Renée
C'est une des plus belles écritures que je connaisse. Je me roule
dans la métaphore, une sensualité de l'humide prodigieuse.
Je vais m'y replonger. C'est un livre qui se goûte pas à
pas, à savourer sans fin.
Claire B
Je l'avais lu et complètement oublié. Je me souviens juste
que je l'avais énormément aimé. Je me souviens aussi
d'un petit livre Les eaux étroites, une promenade sur une
rivière parasitée par des réminiscences artistiques,
littéraires. Je n'ai pas eu le temps de relire Le rivage des
Syrtes, j'ai lu des petits bouts. Mais on ne peut pas picorer ce livre.
J'ai une impression pénible de frustration...
(Claire lit p.109 :"Il y a dans notre vie des matins privilégiés
où l'avertissement nous parvient, où dès l'éveil
résonne pour nous, à travers une flânerie désuvrée
qui se prolonge, ne note plus grave, comme on s'attarde, le cur
brouillé...") J'ai aimé le choix des mots mis en
italiques, je trouve que ça crée une espèce de mystère.
Christine
Je me sens nulle car je ne suis pas rentrée dans ce livre. Certaines
choses m'émeuvent puis ça retombe. Je ne supporte pas. Je
suis mal l'histoire. C'est ennuyeusement beau. J'aurais préféré
qu'il n'y ait pas d'histoire. Ca fait très Donjons
et Dragons. Un seul personnage, Marino, m'a touchée. Aldo
est fantoche, sa relation à Vanessa n'est pas intéressante.
J'ai la même réaction au livre que le personnage à
la réception de la lettre administrative...
Brigitte
J'avais lu Le rivage des Syrtes et avait été contente
d'aimer ce livre... qu'il fallait aimer. Je n'ai pas eu le temps de le
lire en entier. Je n'avais plus à me demander si c'était
bien. J'ai pu prendre à n'importe quelle page, au milieu, dans
une lecture en toute liberté... J'ai trouvé extraordinaire
l'aspect psychanalytique. L'importance des mots est différente
selon les personnes. Le moment ou le Redoutable passe la limite entre
les Syrtes et le Farghestan est un moment où l'on franchit une
limite. Ce livre, une uvre d'art, ayant une énorme richesse,
a plusieurs entrées à plusieurs niveaux.
Elisabeth
J'ai adoré. C'est un livre sur l'interdit, la censure, la règle,
l'obéissance, l'importance de son désir propre ou manipulé
par le désir de la société. J'ai aimé le style,
les portraits, la relation entre Marion et Aldo, paternelle, conflictuelle.
Anne-Marie
J'ai eu du mal à démarrer, j'ai presque terminé cette
lecture difficile. J'aime bien les personnages, en particulier Aldo, sincère,
bien analysé. Je n'aime pas l'ambiance, je suis mal à l'aise
par rapport à cette ambiance de sorcellerie.
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