Stig Dagerman (1923-1954)
Ennuis de noce (1949, traduction en 1982)
Nous avons lu ce livre en janvier 1994.
Nous lirons 30 ans plus tard L'enfant
brûlé.
13 lecteurs étaient présents
: Brigitte, Chantal, Claire B, Claire BC, Dominique, Elisabeth, Henri-Jean,
Jacques, Marie-Christine, Marie-Claire, Marie-Pierre, Renée, Rozenn.
Jacques
On a beau être Stig Dagerman et être appelé le plus
grand écrivain suédois, j'ai trouvé le bouquin nul
à chier. J'ai transpiré sur les 10 premières pages,
puis 10 pages au milieu, puis 10 pages à la fin, 30 pages m'ont
suffi pour juger. Livre lourd, inerte, sans odeur, sans saveur.
Rozenn
J'ai beaucoup aimé, mais je n'ai rien compris. Tous les personnages
sont pareils, désastreux. Il ne faut pas lire les 10 dernières
pages. J'ai aimé la façon dont c'est écrit. J'aime
l'atmosphère. J'ai une sensation de cauchemar.
Claire BC
Je viens d'acheter le livre il y a une heure. Mon libraire est tombé
en extase quand j'ai demandé ce livre. J'ai commencé à
le lire dans le métro 45 pages et je me demande si ça va
durer toujours comme ça. Dans La
vie devant soi, il y a une part poétique, pas dans ce livre.
Dominique
J'ai lu le livre presque en entier. J'ai été saisie de sinistrose
dès le début. Mais j'ai envie de défendre ce livre.
J'ai eu une difficulté à me retrouver dans les personnages.
J'ai été dépaysée du début jusqu'à
la fin. D'abord le temps, la nuit, le jour
, puis le rapport à
la nature, les habitudes de vie, la dimension affective. Les personnages
ont des relations qui peuvent paraître nouvelles, mais éternelles
aussi.
Le "il" au début de chaque paragraphe ne correspond pas
aux personnages dont on parlait juste avant. C'est ralenti et éclaté,
découpé, raboté, ce qui entraîne une impression
cinématographique. C'est une métaphore de ce que vivent
ces personnages, entre petites choses de la vie ordinaire et grands sentiments.
Il y a une conception de la nature étrange, un animisme.
Mais ce fut difficile de se remettre à la lecture à chaque
fois.
Renée, cherchant à dire quelque chose
Je donne 17 à Dominique.
Marie-Claire
J'ai lu dans l'avion qui m'emmenait sous les tropiques ce livre scandinave
jusqu'à l'os. Je l'ai dévoré d'un trait jusqu'à
15 pages avant la fin. C'est truculent, paillard, cru. Ce sont des tableaux
de Bosch et Brueghel en Scandinavie. Les paysages sont comme filmés
par Bergman, ou comme dans un film de Jean Renoir. Il y a une gaîté,
une cristallisation sur une fête de famille avec ces drames cachés.
Le style est renversant. Avec une interpellation du lecteur. L'animisme
est digne des Vikings. On se croit dans une saga, avec une multitude de
personnage, comme dans les romans russes. Il y a deux clés : le
premier refrain "on fait avec ce qu'on a" et la conclusion
avec cette lettre au journal d'un lecteur. "Pourquoi aimons-nous
souffrir ?". Plus le livre avance, plus les personnages s'isolent.
Le tableau final ou chacun dort est saisissant. "Où est
l'ami que je cherche ?". C'est un livre fascinant (nuit, jour,
nuit).
Claire B prétendant faire la leçon à Jacques alors
que
Comment peut-on ainsi rejeter qu'on n'a pas lu ? On ne juge pas, on reste
modeste !
J'ai lu les 10 premières pages, je n'ai rien compris, j'ai repris
10 pages au milieu. J'ai été saisie par l'audace du style,
l'irrespect par rapport aux lecteurs. Je n'ai pas dépassé
l'obstacle de l'incompréhension. Je ressens une colère d'avoir
à payer pour apprécier ce livre, d'avoir à en ch
.
J'ai l'impression que la traduction a été très bien
faite.
Marie-Pierre
J'avais plusieurs choses à dire que Marie-Claire a déjà
dites. J'ai beaucoup aimé, je suis heureuse de l'avoir découvert
cet auteur, je lirai d'autres livres. J'ai été touchée
par la violence. J'ai trouvé difficile les premières pages
sur l'escargot. Il y a de grands thèmes : la solitude, la mort,
l'irrémissibilité des faits, la faute qui pèse sur
le monde entier. Il y a trois personnages qui ont fait des fautes épouvantables
qu'ils n'ont pas pu payer. J'ai pensé à Dreyer au cinéma.
Je suis émerveillée par l'utilisation du temps, à
associer avec un texte de Kierkegaard. La mort est incontournable ; la
seule façon d'accepter la mort est de dire que la vie est la mort
elle-même. Ce livre m'a rappelé des impressions que j'avais
eu en vivant quelques mois en Suède. On ne peut pas parler. Rien
n'est dicible.
Brigitte
Le début est difficile. C'est un livre difficile. Une fois que
j'ai compris qu'Hilma et Hilder étaient deux personnes différentes,
le reste s'est enchaîné. J'ai beaucoup aimé les titres
des chapitres :
- Qui frappe aux carreaux de la mariée ?
- Qui sait où se loge ma souffrance ?
- On fait avec ce qu'on a.
- Où est l'ami que partout je cherche ?
Une aussi belle utilisation des titres est très rare. Il y a des
passages poétiques : la baignade de Rudolph et Svören, la
présence des deux personnes de la ville qui sont toujours en plastique.
Dagerman utilise les mots d'une manière réaliste pour donner
une certaine tonalité. J'ai aimé le personnage du chanteur,
les trois vagabonds accueillis dans la ferme, le vagabond poète,
Siri dont la mère est morte, l'épisode du tableau décroché
par son père qui va se remarier, la relation des deux bouchers,
Westlund qui essaie d'être gentil avec les gens, sa relation avec
Simon - il passe sa journée à boire avec Simon et celui-ci
passe la nuit de noces avec Hildur -, la relation entre les surs
qui se détestent cinq minutes plus tard. C'est un livre sur le
non-sens.
Chantal
J'ai aimé le ton décapant, le regard décapant sur
les gens. J'ai pensé aux nouvelles de Pirandello. Je l'ai lu en
plusieurs fois et je me suis perdue. J'ai trouvé beaucoup d'humour,
un humour ricanant sans aucune complicité. Je pense à Queneau.
Il y a un mélange de poésie et d'humour dans une même
phrase. Il peut y avoir quelque chose de très poétique et
quelque chose de cru. J'ai trouvé pesants le climat de désespoir
total, l'incommunicabilité entre les gens, la violence sous-jacente.
Elisabeth
Je n'ai pas du tout aimé ce livre, mais quand j'entends ceux qui
ont aimé q en parler, je me dis que je m'en fous comme quand je
lisais le livre. J'ai lu le livre en entier. Il faut beaucoup d'énergie,
beaucoup de courage pour le lire : je n'ai pas aimé parce que je
ne lis pas pour me faire souffrir, moi ! J'ai envie de pleurer en lisant.
J'avais beaucoup aimé L'enfant brûlé.
Marie-Christine
Je n'ai pas aimé, mais je l'ai lu jusqu'au bout. C'est très
pesant. L'ambiance est consternante. Je l'ai lu pour me faire plaisir,
pour m'aérer. Je me suis perdue dans les personnages. Quand on
parle de Kula, je me suis aperçue des 10 pages après qu'il
s'agissait d'une vache... Il y a une solitude des êtres, insupportable,
et un non-dit.
Henri-Jean
Il m'est arrivé une chose rare : un état de rage et de fureur.
Et pourtant je voulais lire cet auteur qui s'était suicidé
et donc devait être intéressant. Je n'ai pas senti l'ombre
de Dreyer ou de Bergman. Il m'a manqué la lumière. J'ai
été irrité par l'emploi des pronoms personnels au
début du paragraphe. J'ai noté certains passages que j'avais
aimés, mais ça ne me fait pas aimer un livre. J'ai besoin
d'une fiction. Et pourtant j'aime plutôt les livres désespérés.
J'adore la dernière page, une image théâtrale. Je
préfère Mademoiselle Julie de Strindberg au théâtre.
Tout ce qu'ont dit ceux qui ont aimé est davantage montré
au théâtre qui lui pourtant ne montre rien. Je ne comprends
pas l'intérêt de l'utilisation des pronoms personnels, sans
qu'on sache immédiatement de qui il s'agit.
Marie-Pierre
Ce problème existe peut-être quand on lit ce livre par petits
bouts, et non pas de manière continue : dans ce cas, les personnages
viennent à l'esprit naturellement.
Renée
Ennuis de noce, ça ne se lit pas, ça se vit
Je ne l'ai pas lu, j'ai très envie de le lire. C'est intriguant.
J'ai eu l'impression que ce n'était pas le même livre que
plusieurs lecteurs ont lu.
Claire B
Pour certains dont Renée fait partie peut-être, le désir
est plus important que le plaisir...
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