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Nicolas Bouvier (1929-1998)
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4 avril
1997 : à cette époque,
nous n'avions pas encore ce site, ni de cote d'amour attribuée
à notre lecture sous forme d'un "livre plus ou moins
ouvert" ; nous prenions juste quelques notes sur un cahier
conservé - notes que voici.
De plus, sur les 7 participants cette soirée-là, une seule lectrice l'a lu en entier : la motivation pour Bouvier n'était pas très intense... |
Sabine qui n'a pas lu le livre prend les notes.
Monique
C'est très frais. Voilà un livre qui change les idées.
La sagesse des Japonais, l'histoire des bateaux... : ces sortes de légendes
sont très agréables à lire.
C'est un livre qui ne se prend pas très au sérieux.
Claire
Mais érudit...
Brigitte
Je suis allée au Japon il y a
17 ans. Je regrette de ne pas
avoir eu ce livre entre les mains à l'époque, car c'est
un livre idéal pour une introduction au voyage.
Ce livre comporte deux temps :
- le cahier gris, avec la propre histoire de l'auteur au Japon
- les deux autres cahiers expliquent les traditions, la culture très
différente de la nôtre et qu'il nous présente bien.
C'est un livre facile à lire, très érudit, montrant
qu'il a su pénétrer l'esprit japonais.
Françoise D
J'ai beaucoup aimé. Le narrateur est très sympathique.
Le livre m'a confortée dans l'idée de ne pas aller au Japon,
pays beaucoup trop codifié pour moi qui suis si directe
Claire
J'ai trouvé ce livre extrêmement
CHIANT !
Bien sûr, cela doit être bien de l'avoir en voyage, mais ici,
quelle déambulation lente
, ennuyeuse
, le livre m'est
tombé des mains.
J'ai entendu une émission avec Nicolas Bouvier, homme de bonne
compagnie, mais l'émission était elle aussi ennuyeuse.
Le livre a été promu "meilleur livre de l'année"
par Bernard Pivot, ce qui me laisse perplexe.
Henri-Jean
À deux reprises, je n'ai pas pu l'acheter
Liliane
J'ai regretté de ne pas avoir de références japonaises
autour de moi (même pas un vieil amant
).
C'est un livre qu'il ne faut pas lire trop rapidement.
Le premier chapitre est rebutant.
Mais par la suite, j'ai adoré plusieurs choses. Le narrateur est
mystérieux, le pays lui colle très bien. Il y a de l'humour.
Ce narrateur est photographe (précisions dans l'image). L'écriture
est efficace. Il décrit sans être partie prenante. Il laisse
ainsi beaucoup de liberté au lecteur (Liliane lit quelques pages
: très convaincante !) Je n'ai pas trop aimé le cahier
gris. On ressent l'âme du Japon.
Le 10 décembre
2021
8 lecteurs du nouveau groupe parisien se sont réunis autour des Chroniques japonaises |
Françoise H
J'ai lu ce livre il y a 15 jours, un samedi, alors que j'étais
fatiguée. Je suis une grande fan de Nicolas Bouvier, il a eu une
grande importance dans ma vie. J'ai beaucoup aimé ce mélange
d'histoire et de mythes, et son attitude envers les gens. Il fait preuve
d'une telle disponibilité, d'une telle ouverture d'esprit qu'il
parvient à s'intéresser à des choses en soi inintéressantes
(par exemple la fête de village). Il cherche à tout comprendre,
il utilise des astuces, notamment l'utilisation de proverbes japonais
pour entrer en contact avec les gens. Il y met toute son énergie,
on sent tous ses sens en éveil, bien qu'il demeure très
conscient de sa place et de son rôle dans cette société
hiérarchisée. J'ouvre en très grand.
Jean-Paul
Je ne connaissais pas cet auteur, mais l'ai lu avec plaisir. Je m'attendais
à un récit de voyage, mais j'ai beaucoup appris sur l'histoire
japonaise et notamment sur l'influence des catholiques. Or, après
cette première partie plus historique, on sent le voyageur qui
s'imprègne et rencontre un peuple poli et respectueux, mais méfiant
des étrangers. Aujourd'hui, beaucoup de gens voient le Japon à
travers le prisme de la modernité : or, Nicolas Bouvier a véritablement
voyagé, a pris le temps de voir et connaître le Japon dans
tous ses aspects et sa profondeur. Par de petits moments et événements,
il nous fait pénétrer au cur de la culture japonaise.
J'ai beaucoup apprécié son style fluide, agréable,
dépouillé. J'ouvre en grand.
Anne
Si Ulysse avait été aussi attentionné que Nicolas
Bouvier à ce qui l'entourait pendant son périple d'une vingtaine
d'années, j'aurais été très émue par
son aventure, mais il m'a fallu lire Chronique japonaise pour entrer
pleinement dans le voyage qui m'était raconté, sans aucun
agacement et avec un plaisir profond. Voilà un écrivain,
un journaliste, un poète, qui n'est pas dépassé par
son "grand" idéal pour s'en aller de l'autre côté
du monde : il voit, il écoute, il sent, il apprend, il nous apprend.
L'Odyssée et Chronique japonaise sont des récits
dans des registres si différents qu'on ne peut pas les comparer.
Certes, l'un a traversé les siècles et a enseigné
l'art du roman, et l'autre
? Eh bien l'autre, il a tout pour transmettre
aux hommes : l'art de voyager. L'art de rencontrer, car c'est un livre
sur l'émerveillement de la rencontre. Si nos contemporains n'ont
pas pris cet exemple pour créer de nombreuses joies de la rencontre,
s'ils montent des agences de voyage sur mesure pour faire fructifier l'économie
sans créer de vrais étonnements, s'ils ravagent avec avidité
ce qu'ils découvrent sans beaucoup de goût et de respect,
alors tant pis, ils ont à portée de main un magnifique écrivain
qui leur a dit comment on prend les grands chemins, avec un peu de risque
et d'imagination, alors tant pis, au moins celui-là a existé.
J'ai adoré ce livre, cette sensibilité à étudier
l'ailleurs, à transmettre le lointain, l'étranger, à
raconter les aléas de l'histoire, à dire avec des mots simples
et beaux ce qui ne nous ressemble pas, à décrire des lieux,
des atmosphères, d'une façon exceptionnelle. Depuis son
érudition dont il nous fait part, depuis son humour, depuis son
regard sur les humains, depuis sa merveilleuse écriture pleine
d'esprit, Nicolas Bouvier m'a enchantée. Je le mets en livre de
chevet et je le ré-ouvrirai souvent, à n'importe quelle
page quand j'ai le sentiment que la vie grouille d'émotions, d'images,
et alors même que je ne suis que confortable chez moi
Ce livre
porte sans doute ce que je n'ai pas su vivre moi-même avec les "autres",
ceux d'ailleurs, et je remercie profondément l'auteur d'avoir travaillé
à en parler si bien.
Monique M
Nous venons de lire plusieurs livres qui remontent le fil des siècles,
il en est encore ainsi de celui-ci. Après l'Europe et la Grèce,
nous voici en Asie, au Japon dont le livre explore la culture et les mythes
et c'est encore un enchantement, car Nicolas Bouvier, grand humaniste,
conte de façon ludique, humoristique et très documentée,
la genèse et l'histoire de ce peuple, ses rites, sa culture si
riche et mystérieuse à notre regard occidental.
Je n'ai eu le temps pour l'instant de lire que la première partie,
où on apprend beaucoup, de façon amusante, ce qui est à
la fois instructif et réjouissant. J'ai aimé particulièrement
:
- La description du panthéon shinto, ses innombrables dieux et
déesses (les Kami), dont la déesse Amaterasu O-mi Kami,
déesse de la lumière et figure la plus vénérée,
est l'ancêtre du clan impérial. Avec ses rites, ses superstitions
innombrables qui font sourire "Dans
les temples bouddhiques et les sanctuaires shintoïstes, la récitation
quotidienne des incantations, des exorcismes et des charmes remplit les
caisses du clergé." ; et dans les sanctuaires,
ses chants, ses danses au son du tambour, de la flûte et du koto.
"Une musique bizarre
et lente nous dit Nicolas Bouvier, qui paraît tirée de la
terre, du noir des racines, des troncs, et à côté
de laquelle n'importe quel Requiem occidental, polyphoniquement bien supérieur,
prend un air fabriqué et mondain" et il ajoute
: "Pas très variée
ni harmonieuse peut-être pour nos oreilles faites à des sauces
plus riches, mais d'un pouvoir si évident qu'au bout d'un moment
on se retourne tout de même pour s'assurer que les arbres sous lesquels
on était assis ne sont pas en train de prendre à la file
indienne le chemin du Grand Temple d'Amaterasu en Isé."
Le lecteur en a le frisson.
- Les grandes dates de l'Histoire ; celles de la propagation du bouddhisme
de l'Inde vers l'Asie centrale, la Chine, la Corée puis le Japon
; mais aussi celles du commerce occidental et des grands conflits. Dans
ce livre, on apprend avec légèreté, de façon
ludique, car Nicolas Bouvier truffe son récit de toutes sortes
d'anecdotes réjouissantes. J'ai adoré les passages sur Marco
Polo et son Livre des merveilles évoquant un Japon regorgeant d'or
qu'il appelle Zipangri, contant les attaques de l'empereur chinois Koubilaï
contre le Japon, et le typhon salvateur Vent-Dieu (Kami kase) qui anéantit
sa flotte ; le fait que Christophe Colomb ait eu un exemplaire de ce livre
des merveilles, et que rêvant d'atteindre Zipangri et son or, il
décide de partir à sa conquête, lettre d'Isabelle
la catholique en poche pour l'empereur de Chine. Il part vers l'ouest,
la Terre est ronde, il pense atteindre le Japon et découvre l'Amérique
!
Formidables, les tracasseries japonaises (fouilles, interrogatoires, isolement)
à l'égard des marchands hollandais de l'Oost Indische Companie
au 17e siècle, décrites par Kaempfer dans son histoire du
Japon et l'analyse qu'en fait Nicolas Bouvier ; la flotte du commodore
Perry qui force le Japon à s'ouvrir au commerce extérieur
faute de canons et la grande réforme de modernisation qui s'en
suit ; le récit savoureux de la délégation japonaise
aux US en 1860 où au premier banquet officiel, "la
présence de larbins derrière leur siège leur paraît
si insultante (dans l'étiquette des samouraïs, placer un homme
dans le dos d'un invité est une offense mortelle) qu'ils se consultent
en japonais pour savoir s'ils ne vont pas chercher leurs sabres au vestiaire
et pourfendre ces grandes volailles en livrées vert et or".
Formidables aussi les descriptions des personnages : les touristes américaines
qui ne comprennent rien et les Françaises qui se plaignent qu'on
ne leur ait pas livré l'âme du Japon ; les deux Coréennes
qui tiennent un bar, la fille et la mère : "des
visages de sioux, des peaux mates et parfaites tendues sur de fortes pommettes,
des yeux d'obsidienne impertinents et gais, des dents superbes. Toutes
deux l'allure de magiciennes ou de renardes réincarnées"
et les tournures de phrase au style poétique et imagé qui
sonne juste :
"Le poids du froid :
Il entre du grelottement dans la musique japonaise"
"Les arbres aux branchures tordues, anguleuses, comme s'ils avaient
des crampes"
"Le ciel est comme une éponge lumineuse qu'une grande main
presse et relâche"
"Le théâtre No : On progresse dans une sorte de Tibet
mental"
Ce Tibet mental s'accorde d'ailleurs merveilleusement à la passion
des japonais pour la contemplation de la nature et des astres : La lune
est souveraine : La regarder monter au-dessus d'un décor bien choisi
est un des passe-temps favori de septembre. On célèbre les
fleurs : Au festival des fleurs de prunier succède celui des passe-roses,
des iris, des azalées ; la fête du Tanabata célèbre
la conjonction de l'étoile du Bouvier et de Véga la Fileuse
; on admire le rougeoiement des feuilles d'érables. "Toute
l'année tourne autour des fleurs, des feuilles, des pousses et
des épis de riz, des constellations". Il y a dans
ce regard japonais un esthétisme, un aspect épuré
que l'on retrouve dans la peinture japonaise. Une extrême simplicité,
une appétence pour la lenteur que l'on retrouve dans l'exemple
de thème de no : "Un
voyageur fatigué s'endort près d'un puits ; l'ombre d'une
femme qui s'y était autrefois jetée en sort et danse l'amour
malheureux qui l'a conduite à cette fin. Le voyageur se réveille,
inexplicablement remué par ce rêve qui, on le sent, va le
faire cheminer vers son éveil spirituel. Avec cela dit Nicolas
Bouvier on vous tient facilement 2 heures en haleine. Et il ajoute, J'aime
beaucoup cette économie et, après tout, une vie humaine
contient-elle vraiment plus que cette trajectoire-là ? Le reste
n'est que péripéties qu'on a bien raison de ne pas porter
à la scène" Merveilleuse analyse d'humanisme
et de simplicité.
J'ai adoré cette première partie et vais poursuivre ma lecture
avec grand plaisir. Merci à Katherine qui a proposé ce livre,
un cadeau superbe. J'ouvre en grand.
Anne-Marie
Vous avez tout dit. J'ai beaucoup apprécié les passages
sur le Zen et les questions pour ouvrir l'esprit. J'ai bien aimé
son attention aux préoccupations des petites gens, à la
vie quotidienne (notamment ces femmes qui prennent le bus avec des boîtes
remplies de déchets de poisson). L'Occident sort amoindri de sa
comparaison avec le Japon. Nicolas Bouvier observe bien les Japonais et
comprend l'importance équivalente de la forme et du fond, qui favorise
l'harmonie dans cette société. J'ouvre en grand.
Margot
Je l'ai lu il y a 15 ans. Des amis m'ont dit que les Japonais étaient
impénétrables, invivables, qu'il était très
difficile de travailler avec eux. Cela contraste énormément
avec l'expérience de Nicolas Bouvier, entre cet archipel surpeuplé
et l'espace qu'on trouve dans ses pages. Nicolas Bouvier fait preuve d'une
grande érudition, mais son contact est simple et évident,
il lie les petites choses et le cosmos. J'ouvre en très grand.
Olivier
J'ai beaucoup aimé entendre vos interventions pour voir certains
moments du livre sous une autre lumière. Je l'ai lu en suspension,
comme on écoute une musique : en l'accompagnant, en portant attention
ou non, mais toujours avec cette musique et ce plaisir. Il y a une grande
humilité et une vérité dans son approche de cette
culture intérieure et complètement différente de
la nôtre. Je regrette toutefois qu'il n'ait pas parlé de
la femme ni du sexe : aussi à cet égard, le Japon est un
monde qui n'a rien à voir avec le nôtre. On ferme ce livre
en ayant une image toujours aussi opaque du Japonais, même si on
a beaucoup appris sur son histoire et sa culture. J'ouvre en grand.
Katherine
Je savais avant même d'ouvrir ce livre que j'allais adorer sa lecture.
Nicolas Bouvier est un grand voyageur et tout dans son uvre démontre
son intérêt sincère pour les pays qu'il traverse et
les gens qu'il y rencontre. Ici, cet intérêt est multi-facettes
et va du récit de la grande Histoire du Japon (principalement en
première partie) jusqu'aux interactions avec ses voisins et petits
moments de la vie quotidienne japonaise. J'ai trouvé l'équilibre
est parfait entre ce côté historique et intellectuel, et
le récit des événements tout simples qui ont émaillé
sa route. Sa plume est tout à la fois poétique, drôle,
légère et précise : je relirais avec bonheur ses
pages simplement pour la beauté de son écriture ! J'ouvre
en immense.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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à moitié |
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