Victor
Segalen écrit
ce
roman à Pékin en 1913-1914. Il paraît en 1922, trois
ans après la mort de l'auteur.
Portrait de Victor Segalen
par Louis Talbot
en 1904 (à 26 ans).
Couverture de l'édition de 1922 de René Leys, illustrée
par Georges-Daniel
de Monfreid.
La quatrième de couverture :
"René Leys vous donne le ton exact de certains Moments
chinois, qui durèrent parfois des mois entiers ; ces journées
qui s'ouvraient dans le lever de la paupière de l'aube... de bons
chevaux attendant dans la cour où crevaient tous les matins les
fleurs de Lotus de la grande vasque... Retour vers dix heures, après
la conquête toujours nouvelle de la plaine impériale. Puis
l'après-midi studieuse sur les caractères et les textes ;
le crépuscule sur la Muraille qui possède la ville. Je me
souviens d'un Certain Ciel qui entra tout entier dans mon cur. Et
l'arrière-soir, une partie de la nuit, se passait bien véridiquement
à Ts'ien-men-waï, dans le tohu-bohu des couleurs de lumière,
le turbulent mystérieux des cours compliquées, des théâtres,
de la scène et de ce qui se passe derrière toute la scène
du monde...
Le lendemain était pur, renouvelé ; un goût de jour
neuf dans la bouche."
(Lettre de Segalen à Hélène Hilpert, avril 1919.)
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Victor Segalen
René Leys
Nous avons lu ce livre en décembre
1999.
Nous avons pu :
- visiter une exposition à la BNF "Victor
Segalen, voyageur et visionnaire"
- voir un film : Segalen. Regard
sur la Chine", documentaire de Maria Zinfert, diffusé
le 29 janvier 2011 sur Arte : ICI
(52 min)
- écouter François
Mitterrand présenter en 1972 ce livre qu'il a lu et aimé :
ICI sur
le site de l'INA (3 min).
Claire
J'ai tout lu, étonnée de ne pas m'être arrêtée,
car je trouve le livre inintéressant. Avec l'expo, le livre prend
chair. C'est un personnage réel qui a inspiré le personnage,
il y a une lettre de lui. Mais le texte lui-même... La structure
avec des dates m'exaspère, les personnages sont intéressants,
mais rien ne se passe, c'est trop long, trop emberlificoté.
(Claire parle de l'exposition.)
Monique
J'ai beaucoup aimé ce livre. Dès la première page,
ça commence par une négation. J'ai aimé la forme
de journal, c'est léger.
J'aime beaucoup ce papillonnement par rapport à R. Leys. On
se pose des questions, on soupçonne le narrateur. Peut-être
qu'il bluffe, peut-être pas. J'ai trouvé cela extraordinaire,
par moment on y croit, parfois non. Il y a une légèreté
entre fiction et réalité, comme un haïku entre l'éphémère
et ce qui dure. On ne sent pas l'effort. La surprise à la fin,
après l'avoir lu, c'est de découvrir que ce R. Leys
a vraiment existé et que Segalen n'a jamais su s'il fabulait ou
pas.
Christine
Moi aussi j'ai beaucoup aimé. Je l'avais lu il y a deux ans et
l'ai relu avec autant de plaisir.
J'ai aimé que le narrateur et l'auteur soient confondus. J'ai beaucoup
aimé les descriptions, les formes géométriques, quand
il se promène à cheval autour de la ville ; j'aime
la sortie de la maison, l'approche du palais, le goût du danger.
Plus qu'une amitié, c'est une séduction. Segalen a besoin
d'être séduit. Segalen souffle toutes ses histoires à
René Leys.
J'aime les passages dans les quartiers de restaurants et de courtisanes.
Et la fin qui surprend même quand on la connaît déjà.
J'aime le style, l'économie de moyens, l'agitation, la rébellion.
C'est une grande réussite, tout ce travail entre le réel
et l'imaginaire. C'est un livre original et un écrivain singulier.
Liliane
J'adore. J'aime les rendez-vous avec ce livre le soir. La promesse tenue.
C'est difficile d'analyser ce qui me plaît autant. Pas la Chine.
Il parle de la Chine avec une certaine distanciation. Une ironie. Une
lucidité terrible.
Quand il aime une femme, il a une manière de la décrire
qui montre qu'il est déjà revenu de tout cela. Il exprime
une philosophie de la vie. Segalen sait transmettre quelque chose de fugace
du réel.
J'aime la manière dont René Leys est introduit. On apprend
son nom tardivement. Notre curiosité est attisée. Il s'amuse
d e son personnage. "Et je dis :
il a tout écouté
sans m'interrompre" : cette ellipse est savoureuse.
Victor Segalen a beaucoup d'humour par rapport à lui-même.
Il y a un jeu de manipulation. "René Leys n'a rien dit
encore. Quel à-propos !" Il y a un mélange de regards
poétiques, de séduction mutuelle, de dérision, de
passion pour un univers mystérieux.
Jacqueline
J'aurais décroché peut-être si je n'avais pas vu l'expo
avant. J'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver Peiking. On compare
Segalen à Proust, il jouait un personnage, n'avait pas besoin d'un
professeur. Je n'arrive pas à faire coïncider le narrateur
avec Segalen.
(Jacqueline parle de l'exposition, des reliures de sa femme.)
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