Traduit de l’allemand par Bruno Dumont

Quatrième de couverture : Dans ce roman, qui fit scandale à sa parution en 1908, Arthur Schnitzler prête aux deux principaux personnages ses propres aventures sentimentales à peine transposées. Deux personnages d’exception : l’écrivain Henri Bermann, esprit inquiet, torturé dans son art et dans sa vie intime, et le baron von Wergenthin, aristocrate, musicien talentueux, séduisant, aux nombreuses conquêtes, cultivant un égotisme qui lui permettra de garder toujours ouvert, ainsi que le fit son auteur, le chemin de la liberté. Mais que se passera-t-il lorsqu’une de ses amantes, la jeune cantatrice Anna Rosner tombera enceinte de lui ?

Dans ce fabuleux roman à clés, Arthur Schnitzler compare avec finesse la responsabilité individuelle et collective et signe le saisissant portrait d’une société viennoise juive face aux enjeux majeurs du futur monde moderne.


Trad. Dominique Auclères

Quatrième de couverture
 
: Else doit trouver cinquante mille florins pour sauver sa famille de la ruine. Un vieux monsieur se propose de les lui fournir en échange de quoi il veut "voir" la jeune fille. Else commence par se révolter mais, traversée de désirs obscurs, troublée par des images qu'elle enfermait en elle, elle finit par s'y résoudre. Cela se fera publiquement, le soir, dans la salle de musique de l'hôtel...

Arthur Schnitzler est né à Vienne en 1862. Après avoir commencé des études de médecine, il se tourne vers le théâtre et connaît la gloire en 1895 avec Liebelei. Parallèlement à son œuvre d'auteur dramatique, il écrit de nombreux romans et recueils de nouvelles dont Berthe Garlan, Madame Béate et son fils, La Pénombre des âmes, Mourir et Vienne au crépuscule sont, sans doute, les plus connus. Sa pièce la plus célèbre reste La Ronde qui fit scandale à sa création en 1921 car - selon un critique de l'époque - "la scène s'y obscurcissait dix fois pour indiquer l'instant du corps à corps"...

L'amour, la folie et la mort révélant la nature et la destinée de l'homme est un thème que l'on trouve à plusieurs reprises dans l'œuvre d'Arthur Schnitzler.
Mademoiselle Else apparaît en ce sens comme son roman le plus accompli.

Arthur Schnitzler
Vienne au crépuscule
Mademoiselle Else

Nous avons lu ces deux livres en mars 2001. Nous lirons La Ronde en 2023.

Marie-Jo
L'analyse psychologique est fine. J'ai trouvé cela un peu ennuyeux. Quant à l'antisémitisme, l'analyse est décevante.

Dervila
J'ai été déçue par Mademoiselle Else. Le jeu d'identification de la narratrice est intéressant. C'est ambigu. Elle a trop vite basculé dans la folie.

Liliane
Mademoiselle Else, c'est intéressant. Schnitzler est le roi de la tergiversation, du dilemme. On voit l'influence de l'entourage, l'impossibilité de faire le choix. J'ai ressenti une certaine impatience. Quant à Vienne au crépuscule, c'est une lecture de vacances, linéaire, c'est bien écrit, comme un feuilleton. L'incapacité de faire des choix, à mener sa vie, avec des personnages faibles, c'est très bien décrit. Il rend bien l'atmosphère de l'époque et le problème de l'assimilation des Juifs. C'est un peu "conversation de salon". Il y a un glissement lent la fatalité. C'est une lecture intéressante dont il ne me reste pas grand-chose.

Jacqueline
J'ai d'abord lu Vienne au crépuscule dont la lecture est facile, linéaire qui me paraît plus intéressant avec le recul qu'au moment de la lecture. Le personnage d'Anna est attachant.
J'ai été surprise par la lecture de Mademoiselle Else, complètement différent dans le style. Très court, mais une lecture qui accroche moins. Le style du monologue intérieur est un peu fatiguant. C'est le même genre d'histoire que Barrage contre le pacifique.

Françoise
J'ai commencé par Mademoiselle Else : on la met bien vite du côté des fous. Il y a une tension dramatique qui monte doucement dans ce monologue intérieur. Elle est complètement déchirée, le dilemme est insoluble. La solution est d'aller au-delà du choix qu'on lui impose.
Le ton est très moderne. Est-ce dû à la traduction ? "Je m'exprime comme une vache espagnole" est une allusion au hashish. Else est très lucide. A-t-elle été un cas étudié par Freud ? Non. Schnitzler le dit dans une lettre. Elle n'a jamais existé.
Avec Vienne au crépuscule, j'ai d'abord pensé que c'était un livre sur l'antisémitisme : il y a une opposition entre le sionisme et les autres ; c'est intéressant mais pas assez approfondi. Golowski serait une représentation de Theodor Herzl.
Les personnages de femmes sont très émancipés, ce sont des figures très modernes de femmes. Thérèse est très engagée. Georges est séducteur.
Il y a beaucoup de référence à la mort et à la sexualité. On parle des juifs à toutes les pages et les personnages principaux ont des noms juifs. J'ai bien aimé les deux livres : Mademoiselle Else pour moi, est plus captivant, plus ramassé, plus dramatique.

Manuel
J'ai lu Vienne au crépuscule jusqu'au voyage en Italie. J'ai été passionné par le début. Je trouve qu'on voit bien la Vienne de cette époque avec une ambiance bouillonnante, l'antisémitisme et l'annonce de ce qu'il va se passer par la suite. Je fais un lien avec Thomas Bernard. Tout le bouillonnement culturel vient des Juifs. Les politiciens juifs se font descendre par les autres ; on voit les jalousies, les envies vis-à-vis des Juifs. C'est un livre écrit en 1908, ce qui a dû choquer. La lecture est facile, l'histoire d'amour de style Harlequin ; les personnages sont assez superficiels. On se perd entre toutes les personnes croisées dans le livre.

Christine
J'ai commencé par Vienne au crépuscule et j'étais très contente d'avoir lu les deux livres dans cet ordre. Au début je n'ai pas accroché, cela m'a rappelé Le Temps de l'innocence où les gens croient vivre dans le secret et tout le monde sait tout. Cela m'a aussi rappelé Stefan Zweig. Puis au bout d'un certain temps je me suis attaché à Georges et Anna. Anna est un mystère, quand elle est enceinte elle devient une sainte, mais à la fin elle devient très dure (en réaction aux souffrances qu'elle a vécues). J'ai beaucoup aimé les promenades errante de Georges dans Vienne et ai été surprise par la liberté sexuelle des femmes à cette époque où, en même temps, il faut respecter tout un code. Les sentiments de Georges vis-à-vis de son enfant sont très bien décrits. Quand ils se séparent, l'analyse est très fine. Personne n'est vraiment sympathique, c'est étonnant : pas de héros positif. Ils sont dans un entre-deux de leurs dialogues, durs entre eux dans leur dialogue. Il y a une réflexion sur les Juifs qui sont créatifs dans cette société et ensuite éliminés.
Dans Mademoiselle Else, le monologue est génial. J'ai été frappée en particulier par le télégramme qu'elle reçoit de sa mère et la rengaine "adresse inchangée" dans son délire. La description de ce milieu bourgeois montre que c'est très dur quand on est ruiné de tenir son rang. Ça m'a beaucoup plu. Une lecture très agréable.

Brigitte
J'ai d'abord lu Mademoiselle Else et j'ai pensé aux Belles endormies de Kawabata où des vieillards veulent contempler la beauté des jeunes filles. Il y a une force dans le monologue.
Avec Vienne au crépuscule, j'ai rencontré des difficultés de lecture au début à cause de la multiplicité des personnages. Puis la lecture a été plus continue grâce à cinq heures de train..., ce qui permet d'entrer vraiment dans le livre : on y découvre les différents parcours, les maisons où ont vécu ces gens en 1908 à Vienne. Je suis étonnée par la liberté des femmes et par ce qu'on pouvait écrire en 1908 sur les Juifs. J'ai coché de nombreux passages. Les personnages sont décrits avec beaucoup de finesse et de profondeur, comme la détresse des parents devant ce qui arrive à leurs filles, le respect des parents par rapport à Georges, le baron. Georges qui reste un grand adolescent change à la naissance de son nouveau-né. Les femmes sont bien plus fortes que les hommes ; une femme libre est souvent séduite et abandonnée.

Monique
J'ai lu les 100 premières pages de Vienne au crépuscule. Il y a des changements successifs d'état d'esprit chez Georges qui sont très bien décrits. Quand Georges et Anne se quittent, Georges pense à tout à fait autre chose. Anna continue à vivre dans cet amour, dans sa chambre obscure. J'ai pensé à Stefan Zweig. J'ai été gênée par le nombre important de personnages masculins. J'ai été intéressée par ce qui se dit sur les Juifs et l'antisémitisme. Tous les partis-pris sont déjà posés. L'irresponsabilité de Georges est à mettre en parallèle avec l'irresponsabilité de cette société autrichienne face aux dangers qui montent alors.

Marie-Christine
Je ne partage pas l'enthousiasme général sur Mademoiselle Else. La lecture a été très énervante pour moi. Du coup j'ai acheté Vienne au crépuscule que je terminerai peut-être. Après avoir sauté 200 pages, j'ai repris cette lecture que je préfère donc à la gesticulation mentale de Mademoiselle Else

Claire
J'ai adoré, adoré.
J'ai commencé par Mademoiselle Else et me suis sentie très concernée par cet univers : Mademoiselle Else c'est moi ! J'ai été comblée par la gesticulation mentale et ne suis pas d'accord avec l'interprétation de Françoise sur Mademoiselle Else : elle ne trouve pas de solution ; elle est complètement coincée et s'accule elle-même au suicide. Coincée socialement et psychologiquement. J'ai trouvé le monologue très efficace. Est-ce ou n'est-ce pas le premier monologue verbal écrit ainsi sur tout d'un livre ?
Quant à Vienne au crépuscule, dont la traduction du titre est complètement infidèle (Der Weg ins Freie), c'est passionnant tout du long, et c'est long. Georges, lâche, dilettante, c'est tout moi ! On confond certains des personnages, comme dans une soirée où il y a trop de monde… Les gens ne travaillent pas, tout le monde est artiste… tiens l'année prochaine je serai chef d'orchestre, se dit Georges : fastoche, il devient chef d'orchestre…
L'antisémitisme est accablant, il paraît qu'il y a des traces aujourd'hui en Autriche, c'est pas jojo, c'est peu de le dire… Le contraste est impressionnant entre les audaces des mœurs et le conformisme pour certains états de la femme (Anna est affranchie, mais quand elle tombe enceinte, pas question de se montrer)… Voir simultanément à la lecture de Schnitzler l'exposition "La Vérité nue : Gerstl - Kokoschka - Schiele - Boeckl" au musée Maillol avec notamment les tableaux de Schiele rend bien l'ambiance… L'aventure avec Anna est passionnante pour une midinette comme moi, et je n'incrimine pas Georges qui reste à mes yeux très séduisant… C'est pas drôle pour les femmes, mais pour les mecs tout n'est pas si simple à cause des duels…
J'ai lu ces livres en Afrique et malgré ce décor exotique, j'ai adoré.

Rozenn
J'ai adoré. J'ai lu d'abord Thérèse, trop long, et n'ai pas eu le souffle pour le roman. J'ai adoré Mademoiselle Else. Et aussi La ronde. Et des nouvelles saisissantes (par exemple "La fortune") et différentes.
Mademoiselle Else, je l'ai lu plusieurs fois. À chaque fois j'ai été embarquée. J'aime autant que Zweig. La société est très découpée en classes sociales. À chaque fois, il y a un aspect social et un aspect psychologique bien imbriqués.
Schnitzler s'était fabriqué un diagramme de "types" et les fait se rencontrer dans ses nouvelles. Ma proposition est de garder cet auteur pour l'été.

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Pour l'été, on évoque Rabelais, Schnitzler donc, Gracq, Vassili Grossman, Pouchkine, Nabokov. Ce sera finalement Vie et destin de Vassili Grossman...

 

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