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Jim Harrison
Dalva
Nous avons lu ce livre en janvier 2002.
Loana
Je n’ai pas grand chose à dire de ce livre : je ne sais pas ce
que j’en pense, à part que j’ai ressenti un ennui profond. J’ai
l’impression de l’avoir lu trente mille douze fois. En dépit de
bons ingrédients, je ne comprends pourquoi ça ne marche
pas. J’ai ressenti quelques affinités avec Michael, alcoolique,
mais Dalva est trop pénible. Les personnages n’ont aucune consistance,
on n’a aucune idée de l’âge des femmes, bien qu’il soit précisé :
la mère, les filles, n’ont pas leur âge. J’aime bien l’idée
de l’insertion du journal du secret, mais c’est un fiasco complet. Je
ne sais même pas où se trouve le Nebraska.
Jacqueline
Ce livre se lit très vite. Je suis contente de l’avoir lu. J’aime
l’idée du journal - c’est ce que j’ai préféré -
et les personnages que j’avais du mal à imaginer comme des presque
contemporains. Objectivement, l’histoire est dramatique, mais on ne ressent
pas ce drame à la lecture, pourquoi ? Je suis un peu déçue
par la révélation du secret.
Christine
J’ai trouvé que ce livre se lit très facilement, même
dans le bruit, même dans un fourgon à bagages, avec des enfants
qui grouillent. La lecture est analogue à celle d’un polar, sans
voir l’auteur ou l’écrivain : est-ce un défaut ou une
qualité ? Rien ne m’amène à réfléchir.
Dalva est trop parfaite, Michael est plus attachant. Cela m’a donné
envie de relire des livres de ce type (des grandes sagas). J’ai trouvé
que l’auteur abuse du mélange de la chronologie, par exemple dans
le journal, c’est agaçant. La correspondance Dalva-Michael ne me
semble pas utile. La relation avec les Indiens paraît idyllique.
Tout est trop beau. La fin avec les retrouvailles de Dalva avec son fils
est fffftttt.
Claire
J’aimerais voir Dalva au cinéma, roman hollywoodien : les
grandes maisons, les grands espaces, les histoires à l’échelle
d’un continent, les personnages qui sont des héros (Dalva, superwoman,
j’adore), etc. J’ai aimé, alors que je déteste ça,
que le livre soit gros, j’aurais bien continué. Bien que dès
qu’il y a une once de manque de linéarité, de rupture d’espace
et de temps, je sois en général perdue, je me suis très
bien repérée. J’ai aimé la présence de la
nature : les serpents à sonnette, les nuits à la belle étoile,
les rivières traversées. Il faut faire un effort pour se
persuader que c’est contemporain. Tout ce qui a trait aux Indiens est
passionnant. Il y a des détails du quotidien, du genre j’ai ouvert
le frigidaire et je me suis fait deux œufs sur le plat ; j’ai trouvé
ça étonnant que ce ne soit nullement ennuyeux. J’ai été
très surprise par la liberté de mœurs : on se rencontre,
on fait l’amour, jamais un couac ; je me demande si l’auteur se met bien
dans la peau des femmes, qui ne tirent pas si aisément "leur
coup" me semble-t-il... Grosse faiblesse dans la difficulté
à changer de "voix" ; le chapitre à la première
personne du point de vue de Michael a une voix identique à celle
de Dalva, ça ne va pas ; le journal du vieux est d’une langue trop
moderne, c’est invraisemblable. Les références culturelles
sont un peu chiquettes : tiens, je vais me changer les idées et
regarder Hokusaï et Le Caravage. Quant à la phrase "faire
plaisir à un chien m’a toujours calmé", bien qu’amie
des bêtes, je trouve qu’elle fait flop. Mais bon, je ne renie pas du tout
un immense plaisir de la narration que je retrouve aussi dans Légendes
d’automne.
Sandrine
Je suis très partagée, car j’ai adoré et détesté.
J’ai adoré l’image de l’Amérique, différente de ce
que je connais. J’ai ressenti un grand intérêt ethnologique,
avec l’impression de lire une étude, un long article de journaliste.
Mais je n’ai pas été prise par l’histoire, je n’ai pas lu
ce livre comme une œuvre littéraire.
Françoise D
Je l’ai lu en VO il y a un an environ et j’avais décidé
de le survoler brièvement, en français cette fois, histoire
de me le remettre à l’esprit. Et puis je suis tombée dedans
et me voilà repartie pour une lecture complète, avec autant
d’enthousiasme que la première fois. Pourquoi ? Je trouve toujours
plus difficile d’expliquer pourquoi on aime que pourquoi on n’aime pas.
Pour moi, il y a une magie (un mystère ?) dans les livres de Jim
Harrison. Il arrive à nous faire vivre aussi intensément
la petite (les petites) histoire(s) et la grande, les hommes, les bêtes,
les paysages, les plantes, les Indiens - auxquels il est l’un des
rares écrivains às’intéresser et à nous intéresser -,
avec beaucoup d’émotion et sans pathos. Il y a de très belles
pages et tous ses personnages sont intéressants. De plus, la construction
du livre, sa façon d’imbriquer toutes les strates de son récit
qui n’est pas linéaire ni chronologique, maintient notre intérêt.
A ceux qui ont aimé Dalva, je recommande chaudement la suite
La route du retour qui boucle la boucle et est encore plus beau.
C’est bouleversant et jouissif. C’est puissant. Jim Harrison est un écrivain
rare. Pas seulement parce qu’il rend hommage aux Indiens, pas seulement
parce qu’il est un poète de la nature et des grands espaces, il
sait aussi avoir de l’humour (Michael tient beaucoup de lui à mon
avis) et il n’est pas non plus passéiste, il trouve le ton juste
pour chacun de ses personnages. Hasard de l’ordre alphabétique,
dans ma bibliothèque Harrison et Houellebecq se côtoient…
Quel télescopage ! et j’aime les deux, évidemment. C’est
ça le miracle de la littérature.
Catherine
Je suis passée complètement à côté. Les 100
premières pages, ça a été, puis ça
s’est effondré, je n’ai plus rien compris, j’ai perdu pied. Pénible
et laborieuse lecture. Malgréune lutte acharnée, je n’ai
vu aucun Sioux. Les grandes chevauchées, bof. Je n’ai pas supporté
Michael. Dalva, ce n’est pas de chance ce qui lui arrive, mais on oublie
son désarroi : quand on la voit chevaucher, on se dit que tout
va bien pour elle. Grosse déception.
Brigitte
Je l’ai lu sans difficulté, mais je suis assez déçue.
J’ai aimé retrouver les grands espaces, la présence de la
nature, les animaux, que j’ai découverts l’été dernier
aux USA ; j’ai aimé l’aspect documentaire. Cette partie de l’histoire
des Indiens m’était inconnue, quand ils passent de la liberté
aux réserves. Par contre, le roman lui-même me paraît
raté. L’auteur ne sait pas se mettre à la place d’une femme.
Il décrit mieux Michael, mais qui est repoussant. Je ne trouve
pas qu’il s’agit d’un grand écrivain, comme Faulkner, London, Mc
Cullers, Steinbeck. Les personnages n’ont pas assez de vie en eux. Le
projet est intéressant, mais inabouti.
Liliane
J’ai oublié au fur et à mesure de ma lecture ce que j’avais
lu : comme une dilution. Le désir de faire une composition
symphonique tourne au procédé. Je n’ai vu aucun sens psychologique
; les personnages féminins sont sans épaisseur ; j’ai préféré
le personnage de Michael, qui renvoie à l’auteur, que je vois comme
un intello américain de gauche, politiquement correct, bon vivant,
plein d’humour, qui réunit beaucoup de clichés de la gauche
américaine. La deuxième partie du livre a plus de vigueur,
avec les histoires sexuelles de Michael, son projet d’écriture.
J’ai aussi été intéressée par l’aspect documentaire,
mais agacée par le procédé de découpage dans
le récit qui est toujours cousu de la même manière,
cousu de fil blanc. J’ai aimé le journal, en regrettant sa brièveté.
Jim Harrison essaie d’être dans le coup, littérairement parlant.
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