En 1914, tout sourit à Adrien, Ingénieur officier.
Mais, au début de la guerre sur les bords de la Meuse, un éclat
d'obus le défigure. En un instant, il est devenu un monstre, une
"gueule cassée". Adrien ne connaîtra pas l'horreur de la guerre.
Transféré au Val-de-Grâce, il y passera cinq ans de sa vie.
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Marc Dugain
La chambre des officiers
Nous avons lu ce livre en octobre 2001.
Roman adapté au cinéma, La
chambre des officiers, par François Dupeyron, avec Sabine
Azéma, André Dussolier, Denis Podalydès.
Visite en rapport au musée du service de santé des armées
au Val-de-Grâce (voir le musée
virtuel consacré aux gueules cassées).
Christine
J'ai fait chambre (des officiers) à part… J'ai lu La chambre
des officiers, étant donné la brièveté
du récit, ce n'est pas un exploit. Je ne suis pas emballée.
L'auteur a trouvé un bon titre, un sujet original mais je reste
sur ma faim. Au début j'étais franchement agacée,
je trouvais les personnages stéréotypés (le juif,
le catho breton et le radsoc du terroir...), les situations mille fois
lues et relues (le départ pour la guerre, la nuit d'amour avant
le front). Cela m'a paru plus intéressant quand les gueules cassées
quittent l'hôpital pour retrouver le monde, mais tout va trop vite. J'aurais
préféré que l'auteur approfondisse quelque chose
plutôt que de tout effleurer. Ce que j'ai préféré
et qui me permettra d'entrouvrir le livre (à moitié)
: la soudaineté de l'attaque allemande, le pauvre type ne voit
rien venir, le trouble que le héros ressent quand il est enfin
en présence de l'ennemi à Versailles, l'aura des gueules
cassées auprès des Africains. Qui a eu le courage d'aller
voir le film ?
Claire
J'avais lu ce livre il y a quelques mois avec enthousiasme et l'avais
proposé au groupe d'autant qu'il sortait sur les écrans,
et c'est toujours passionnant de découvrir une adaptation au cinéma
d'un livre qu'on a lu. Je suis allée au musée des armées
qui vaut vraiment la visite, même si ce qui concerne les gueules cassées
est réduit. VOIR les gueules cassées dans un film et par
le biais des moulages qui sont présentés est saisissant,
car on a du mal à se représenter un visage avec un énorme
trou qui supprime le nez, une partie du menton, etc. (il paraît qu'il
y a 1200 masques inaccessibles au public et qu'il y a eu 500 000 gueules
cassées). J'ai eu le même enthousiasme pour le film, pour la distance,
la retenue, jamais de complaisance, et le film m'a énormément
plu. Je n'ai pas du tout été sensible aux stéréotypes
que dénonce Christine, peut-être parce que je n'ai pas déjà
lu ce qui lui donne une impression de déjà vu. Pour ma part,
ce livre est un petit chef-d'œuvre.
Jacqueline
J'ai trouvé ce livre passionnant. Il suscite plein d'émotions.
La fin est trop belle, on n'y croit pas trop. Mais ce livre m'a beaucoup
plu.
Liliane
J'ai été très impressionnée. Par le sujet,
certes attractif. Je me suis interrogée sur l'écriture,
et j'ai relu le livre, puisqu'il est court. J'ai observé ce qui
rend l'écriture efficace : des phrases courtes, nominales, très
nombreuses, des jeux sur les mots qui suscitent une complicité
avec le lecteur, beaucoup d'implicite, de l'humour noir, une dérision,
et jamais de commentaires psychologiques ou de réflexions. Le jeu
des temps compte aussi : au début un passé composé
assez léger , le passé simple pour le seul passage "Clémence"
et tout le reste au présent : une façon de s'anesthésier.
A partir de la lettre de Clemenceau, le personnage reprend vie et le récit
reprend lui aussi au passé. La visite du musée m'a fait
découvrir un univers, m'a permis de sortir du cliché. J'ai
été touchée par le paradoxe : l'armée, c'est
la guerre, c'est la mort et la médecine ramène à
la vie et progresse pendant la guerre à pas de géant. Je
suis un peu déçue par la fin, un peu rapide.
Manuel
J'ai adoré. J'ai vécu le début physiquement. C'est
efficace, pas complaisant. Il y a un optimisme extraordinaire. La fin
est agréable. Le récit à la première personne,
on y croit. Pour moi aussi, c'est un petit chef-d'œuvre.
Marie-Jo
J'ai été très touchée par ce livre que j'ai
beaucoup aimé. Le ton est juste, fluide, très réussi.
J'ai juste été gênée par le monologue intérieur
quand le narrateur apprend le diagnostic. J'ai apprécié
l'humour noir. En fait, on parle très peu de la douleur. Je suis
d'autant plus touchée par le thème que j'ai une collègue
qui a été brûlée, défigurée. Le noyau
de la personne est resté pourtant identique. Le narrateur dit "A
l'intérieur, je suis resté le même".
Françoise
Je suis restée sur ma faim. J'aurais aimé un texte plus
fouillé, un récit plus approfondi concernant les rapports
humains, dans les descriptions de la vie quotidienne ou même du contexte
politique et social. Le style reflète une sorte de distance, de
détachement par rapport aux souffrances décrites : est-ce
de la pudeur ? La pudeur pourrait s'expliquer s'il s'agissait d'un récit
autobiographique, mais là, est-ce lié au style de Dugain
en général, ou est-il choisi pour ce narrateur ? En tout
cas, c'est un sujet intéressant et rarement abordé : les
gueules cassées (je me souviens des billets de loterie pour les
gueules cassées).
Brigitte
Ce livre est intéressant, mais est davantage un documentaire.
Une polémique s'enclenche sur la distinction livre littéraire/livre
documentaire. Ce livre est sous-titré "roman". Pourquoi serait-il
moins littéraire que Vie et destin de Grossman, lu récemment
dans le groupe ? Eh bien justement, Vie et Destin est-il littéraire ?
Et Si c'est un homme de Primo Levi, personne ne va nier que c'est
un chef d'œuvre ! Bref, et finalement, le littéraire des uns ne
serait-il pas le documentaire des autres, de même que l'érotisme
pour les uns est la pornographie des autres ?…
J'ai relevé des phrases très "concentrées" (par exemple,
la mère qui a " un esprit en forme de garde-manger "), des réflexions
fines sur l'identité, le vieillissement. Le fait que le livre est
court évite justement le mélo, permet de ne pas appuyer.
Il caresse comme on fait sur des cicatrices.
Monique
J'ai bien aimé. Je ne connaissais pas le sujet. Ce qui m'a vraiment
plu, c'est l'amitié entre ces hommes. Il y a quelque chose de l'ordre
du miracle. Ce livre est très optimiste. Le coup dur n'entame pas
le soutien entre les êtres. J'ai aimé ce livre simple, qu'on peut
partager avec tout le monde. Il me rappelle Effroyables jardins.
J'aime la distance, la pudeur de ce livre. Pour en revenir à la
critique sur l'aspect stéréotypé, par exemple, la
présence de cette femme au bout du couloir n'est pas stéréotypée.
J'ai aimé aussi la fin, savoir ce qu'ils vont devenir…
Sandrine
J'ai eu du mal avec ce thème, difficile en raison de l'actualité.
Mais je l'ai dévoré jusqu'à la fin.
Loana
J'ai commencé le livre à la clinique, ce qui n'était
sans doute pas une bonne idée, je l'ai aussitôt refermé
et je ne l'ai pas rouvert, et quand je suis enfin allée au cinéma
j'ai vu Chaos de Coline Serreau que j'ai vraiment beaucoup aimé,
et toute la salle riait beaucoup…
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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à
la folie
grand ouvert
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beaucoup
¾ ouvert
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moyennement
à moitié
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un
peu
ouvert ¼
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pas
du tout
fermé !
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