Quatrième de couverture :
« Dans ce roman-fresque, composé
dans les années 1950, à la façon de Guerre et
paix, Vassili Grossman (1905-1964) fait revivre l'URSS en guerre à
travers le destin d'une famille, dont les membres nous amènent
tour à tour dans Stalingrad assiégée, dans les laboratoires
de recherche scientifique, dans la vie ordinaire du peuple russe, et jusqu'à
Treblinka sur les pas de l'Armée rouge. Au-delà de ces destins
souvent tragiques, il s'interroge sur la terrifiante convergence des systèmes
nazi et communiste alors même qu'ils s'affrontent sans merci. Radicalement
iconoclaste en son temps - le manuscrit fut confisqué par le KGB,
tandis qu'une copie parvenait clandestinement en Occident -, ce livre
pose sur l'histoire du XXe siècle une question que philosophes
et historiens n'ont cessé d'explorer depuis lors. Il le fait sous
la forme d'une grande uvre littéraire, imprégnée
de vie et d'humanité, qui transcende le documentaire et la polémique
pour atteindre à une vision puissante, métaphysique, de
la lutte éternelle du bien contre le mal. »
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Vassili Grossman
Vie et Destin
Nous avons lu ce livre pour septembre
2001.
Livre de l'été, énorme livre de
l'été (812 pages !). Les amateurs de gros livres sont
ravis. D'autres se révoltent en disant que "le livre de l'été"
devient un boulet, qu'il faut changer de formule, etc.
Sabine a proposé ce livre depuis Nîmes en
disant qu'il était formidable. En vérité, elle ne
l'avait pas vraiment lu, et en plus n'a pas communiqué son avis,
d'ailleurs elle n'a pas retrouvé le livre
Françoise
J'ai trouvé le livre intéressant sur le plan historique :
il m'évoque 1942, mais aussi les purges de 1937, l'enterrement
de Lénine, les koulaks spoliés et affamés, la répression
de toutes les minorités. Il est frappant de constater que ce que
l'auteur nous dit de la vie quotidienne des Russes en 1942 - et avant -
semble toujours aussi actuel (promiscuité, appartements partagés,
queues dans les magasins
et la Tchétchènie...). On voit
aussi comment les hommes étaient cassés et comment ils finissaient
par "avouer" n'importe quoi, et la conviction des "vrais" communistes,
jusqu'à ce qu'ils deviennent eux même victimes. Je pense
au credo de Krymov (p. 496-497) - c'est l'histoire de Russes
parfaitement intégrés - et des passages qui l'ont intéressée :
le dialogue Liss-Mostovskoļ, le rapprochement communisme/national-socialisme,
les doutes qui s'insinuent chez Mostovskoļ (p. 371). En revanche,
je trouve le récit assez confus : à chaque fois qu'on
change de lieu, il faut se remémorer le contexte ; confus
aussi à cause des changements de noms, il faut du temps pour savoir
de qui il s'agit. C'est un peu long. Et l'intérêt est plus
historique que littéraire : ce livre permet de comprendre.
Cet auteur actuel est en tout cas aussi désespéré
que Pelevine.
Manuel
Je n'ai pas d'avis définitif. Comme beaucoup d'entre nous, les
changements de lieux et de personnages (et il faut vraiment s'y retrouver !)
n'ont pas permis à mon stade de lecture (p. 134) d'appréhender
l'ensemble du projet. Je me suis promis d'y revenir lors de vacances moins
mouvementées.
Liliane
J'ai retardé le moment de m'y mettre, étant donné
qu'il ne s'agissait pas vraiment d'une lecture de vacances... J'ai trouvé
difficile de s'y retrouver parmi les multiples personnages aux multiples
noms. De plus, c'est la suite d'un livre : on est censé connaître
déjà la vie des personnages. Cependant, dans la deuxième
partie, j'ai senti un autre rythme s'installer : on reconnaît
des personnages dans cette fresque. J'attends pour tirer une conclusion
d'avoir terminé le livre, pressentant qu'un surcroît de sens
éclaire tout le livre. J'apprécie la force des dialogues,
de la confrontation entre les personnages, la finesse, l'ambiguļté
de la pression d'un système politique sur la vie intime des gens.
L'alternance des textes théoriques et des récits est éclairante.
Par contre, les descriptions de paysages sont moins réussies. Bien
que la lecture de ce livre soit aride et pas adaptée à l'été,
mon avis est très positif.
Jacqueline 2
J'ai lu moins de 200 pages, ai trouvé des passages intéressants,
touchants. C'est russe, donc très ennuyeux
notamment les descriptions,
les noms : on s'y perd. On ne peut lire le livre longtemps, car c'est
compliqué, ça traîne. Je souligne quand même
de beaux passages : la femme qui va voir son fils mort, qui revient
transformée. Je n'ai pas aimé les passages sur la guerre.
Mais je continuerai ma lecture.
Jacqueline 1
J'ai été rebutée par le second chapitre qui se passe
dans un camp de concentration (qui est en fait un camp de prisonniers)
qui m'a semblé faux par rapport à mes autres lectures sur
les camps, telles Charlotte Delbo. Une fois cette gêne passée,
j'ai trouvé le livre intéressant et je souhaite le finir.
Dans cette fresque, je me suis aussi perdue parmi les personnages, mais
je trouve qu'au fur et à mesure cela s'organise, tout en restant
difficile. La lettre de la mère juive est très touchante.
Madeleine
Je me sens un peu seule face aux réticences des uns ou des autres.
Enfin un bon livre pour l'été ! Je signale que l'auteur
a emprunté la structure de Guerre et paix. Je n'ai pas grand
chose à dire sur le style ou l'écriture. Mais j'ai trouvé
le livre extraordinaire dès le départ. Perdue dans les noms
des personnages, j'ai aimé toutes les questions posées,
des questions fondamentales : sur l'engagement idéologique,
la nature humaine, le bien et le mal ; les réflexions théoriques
sont bien placées. Grossman a une sorte de prescience pour se mettre
à la place d'êtres très différents de lui.
Enfin, l'histoire de l'auteur lui-même est très intéressante :
je souligne sa lucidité après la guerre de 39-45, son courage
pour avoir écrit ce livre à cette époque. Mais je
nie que le livre soit une création littéraire.
Christine
J'ai eu du mal à se décider à lire ce livre. Puis
je me suis proposé de le lire sans effort, sans m'en faire, même
si je me perdais. Résultat : ça m'a beaucoup plu. Si
je n'ai pas aimé les discussions théoriques, j'ai apprécié
certains aspects humains : comment des gens peuvent vivre dans un tel
régime totalitaire, comment ceux qui ne sont pas envoyés
dans les camps pensent que ceux qui sont arrêtés ont fait
quelque chose..., tout ça est très bien fait. J'ai aimé
aussi le fait qu'il n'y ait pas de héros, de personnages positifs :
ils ont même plutôt antipathiques. Les relations sont décrites
de façon subtile. Génia, assez futile, a une belle histoire
d'amour. L'antisémitisme est bien montré. Les séquences
sur la guerre sont réussies. Ce qui paraît incroyable, c'est
que le manuscrit n'ait pas été détruit, voire que
l'auteur l'ait envoyé à une revue, vu son contenu explosif
Brigitte
J'avais proposé ce livre. Je l'ai beaucoup aimé. Je l'avais
déjà lu au début des années 80, peu de temps
après sa parution en France, sur les conseils de ma prof de russe.
J'avais lu aussi, au moins en partie, Pour une juste cause, dont
j'avais au à traduire des passages. J'ai été très
contente de relire à nouveau Vie et destin car j'avais
oublié beaucoup de choses. Cette fois-ci, je l'ai lu en faisant
attention à suivre les personnages (lecture longitudinale) : Mostovskoļ,
Sofia Levintone et le petit David, Ikonnikov-le-Morse, Erchov, Abartchouk,
Guetmanov, Novikov, Viktorov, Darenski, Krymov, Sokolov (qui n'est pas
lāche, même s'il en a l'apparence) et Macha, Anya et Victor Strum,
Lioudmila et Nadia, Tolia, Serioja, Génia, Vera, Stepan Fiodorovitch
Andreļev, Alexandra Vladimirovna, (tous plus ou moins des Chapochnikov),
Grekov et les gens du 6bis. Je crois avoir mieux compris qu'à la
première lecture. Ces personnages sont tous consistants et tout
à fait vraisemblables. Je retiens en particulier l'ambiance permanente
de suspicion : il faut se méfier tout le temps de tout le
monde (par exemple : Trotski avait dit des écrits de Krymov :
"C'est du marbre !" : nous voyons comment cette information parvient
aux juges d'instruction de la Loubianka, via Génia, Novikov et
Guetmanov). Je retiens aussi, évidemment, la ressemblance de l'état
soviétique avec le monde nazi, ainsi que les réflexions
sur la liberté, sur le sentiment national. J'ai été
frappée par la description de la chambre à gaz, par la lettre
d'Anya Strum à son fils, par l'interrogatoire de Krymov, par le
sort d'Erchov, qui malgré tout ce qu'il avait subi croyait en son
pays, et qui dans le camp est écarté du projet de soulèvement
militaire qu'il avait initié, car ses origines sont impures (fils
d'un soi-disant koulak !). Intéressante aussi la description
de la montée de l'antisémitisme ! Et, pour finir, la
destinée de Strum, qui après avoir repris son poste de chercheur,
signe une lettre indigne et reçoit immédiatement après
des marques de respect pour son attitude précédente extrêmement
courageuse. Comme quoi, dans un tel monde, personne n'est à l'abri
de la lācheté ! Bien sūr, le tout dernier chapitre est optimiste :
un couple se retrouve à la fin de la guerre dans le bonheur, mais
pour moi, ce n'est pas le reflet du livre. Je pense que dans toutes les
sociétés, et notamment dans la nôtre, toutes ces attitudes
de lācheté ne tarderaient pas à apparaître, si nous
nous trouvions dans un état totalitaire. J'admire Grossman d'avoir
écrit un tel livre, d'avoir eu l'intuition de toutes ces situations,
depuis sa position de journaliste soviétique. Je comprends qu'en
1960 le KGB ne l'ait pas apprécié et ait interdit sa publication !
Claire
J'ai commencé à le lire dans l'avion Paris-Hanoļ (200 pages
environ) et ai gardé la suite pour le retour. Hélas, je
l'ai oublié dans l'avion de l'aller. Vu la très mauvaise
impression du livre en poche (dégueulasse) et le volume terrifiant
d'épaisseur, je ne l'ai pas racheté. Immédiatement
perdue parmi les personnages, j'ai lu chaque chapitre comme un tout. L'écriture
est efficace, sans graisse, mais jamais sèche. Je proteste vis-à-vis
de ceux qui ne considèrent pas ce livre comme littéraire :
être romancier, écrivain, ne consiste pas qu'à être
poète et à ciseler les mots, mais aussi à emporter
le lecteur dans des récits, des reconstitutions, et à réaliser
une composition (ici magistrale)
Si j'avais lu tout le livre, je serais
sans doute enthousiaste (passionnément ou à la folie), mais
comme ce n'est pas le cas, je suis plus réservée (un peu
ou beaucoup). Dans une certaine confusion, je ressens une probable admiration
pour le projet, mais je n'ai pas envie de lire des livres comme ça
Florence B
J'ai lu avec attention vos remarques sur cette oeuvre. J'ai eu l'occasion
de le lire lors du programme de khâgne il y a deux ans et j'ai trouvé
ce témoignage tout à fait bouleversant. Je trouve dommage
qu'une de vos lectrices compare ce livre avec Charlotte Delbo : l'un
a été journaliste communiste à ses débuts,
l'autre poète. Difficile de juger deux genres littéraires
différents! Je suis également déçue qu'une
telle oeuvre ne trouve pas plus d'échos. Que demander de plus :
elle comporte un contour historique, des sentiments forts, du suspens,
du style... dommage.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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|
à
la folie
grand ouvert
|
beaucoup
¾ ouvert
|
moyennement
à moitié
|
un
peu
ouvert ¼
|
pas
du tout
fermé !
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