L'Épopée de Gilgame :
le grand homme qui ne voulait pas mourir, trad. de l'akkadien
Jean Bottéro,
Gallimard, coll. L'aube des peuples, 1992
Quatrième de
couverture :
La légende héroïque de Gilgamesh qui, avec ami Enkidu,
sauvage non civilisé, a d'abord recherché et conquis la
gloire. Mais, devant le cadavre d'Enkidu, Gilgamesh comprend tout à
coup que rien n'a de valeur si la mort doit tout nous arracher un jour.
Alors il repart et au prix d'efforts surhumains, il recherche l'immortalité,
mais, près du but, il échoue.
|
|
L'épopée de Gilgame : le grand
homme qui ne voulait pas mourir
Nous avons lu ce livre en mai 2003,
proposé par Monique pendant de nombreuses années en vain...,
enfin choisi...
Jacqueline
J'ai lu à mon petit-fils des passages de la version traduite par
Abed Azrie de l'arabe. Elle avait été établie il
y a longtemps par un savant irakien, Taha Baker, qui l'avait traduite
de l'akkadien et il ne m'est pas différent que la Mésopotamie
d'autrefois soit l'Irak d'aujourd'hui. Ce que j'ai lu à mon petit
fils se présente comme un poème que l'on lit sans rupture
dans un bel album illustré par un contemporain. Cela lui a plu
et m'a peut-être facilité la lecture.
Mais la traduction de Bottéro avec ses parenthèses, ses
tours, sa fidélité scrupuleuse rend merveilleusement sensible
ce travail extraordinaire qui me paraît titanesque pour retrouver,
sur un support qui a traversé les millénaires, un texte
écrit dans une langue aussi lointaine. C'est pour moi une énigme
: je voudrais en savoir plus sur le déchiffrage, sur la manière
dont s'est établie la connaissance de ces langues, l'akkadien,
le sumérien
que l'on peut traduire en arable, en français
De plus, je rends hommage à l'honnêteté du travail
de Bottéro qui permet à chacun de se créer sa propre
traduction. Quant au récit lui-même, il m'émerveille.
Les sentiments qui évoquent les personnages sont si proches :
- les abus de pouvoir du héros tout puissant, qui se conduit en
Don Juan et rend nécessaire de lui trouver un rival frère
- le rôle civilisateur de la belle fille "de joie"
- l'alternance de crainte et de courage chez le héros
- le chagrin terrible de Gilgamesh à la perte de son ami qu'il
ne surmonte qu'en entreprenant une quête impossible
- les limites qu'il lui faudra bien admettre y compris en se faisant voler
la jeunesse éternelle
- à travers les émotions qui les traverse, qui sont les
nôtres et que le texte évoque avec sobriété,
c'est un monde aussi inconnu et inaccessible qui apparaît dans le
détail du récit ou dans ses péripéties, ce
qui renouvelle l'intérêt en maintenant une constante curiosité.
Autre intérêt : découvrir cette mythologie sumérienne
notamment ce déluge dont je pensai que lorsqu'on le rencontre dans
la mythologie grecque c'était des influences de la mythologie biblique.
Merci au groupe de m'avoir permis de connaître ce livre.
Martine
Je n'ai pas eu le courage de rentrer dans le texte à trous. J'ai
lu la presse mais je n'avais jamais entendu parler de ce livre. Je vais
me plonger dans ce monument.
Sandrine
L'Épopée de Gilgamesh m'a beaucoup émue car cet écrit,
profondément humaniste, concentre LA question existentielle de
l'homme: Quel est le sens de la vie? Pourquoi la mort? Si l'humanité
a indubitablement évolué en quelques milliers d'années,
notre intelligence et notre connaissance pour tenter de résoudre
ces deux questions n'ont pas bougé d'un iota, belle leçon
d'humilité! Si la retranscription "gruyère" du
texte (la globalité des tablettes retraçant cette épopée
n'ont pas été toutes retrouvées) est d'emblée
un frein pour rentrer dans l'histoire, sans parler des références
culturelles liées à la civilisation mésopotamienne,
je crois néanmoins que le jeu en vaut la chandelle (les notes explicatives
sont très bien faites dans cette édition).
C'est un vrai bonheur que de retrouver Gilgamesh et Enkidu, nos deux héros
au grand cur, qui ne sont pas seuls puisque les femmes sont aussi
présentes. A noter que l'image de la gent féminine est nettement
moins héroïque: entre la courtisane (dont le seul mérite
est d'avoir provoqué la rencontre des deux amis), la déesse
Ishtar (ou la femme source de problèmes pour l'homme) ou la tavernière
...
Avis aux lecteurs de la Torah ou de l'Ancien Testament : le déluge
comme l'idée des 7 années de famine ne sont pas sortis de
la boîte de Pandore !
Liliane (qui a apporté une magnifique édition épuisée
de la traduction de Abed Azrie)
En voyant le texte de l'édition conseillée (farci de signes
et d'annotations), j'ai cherché une autre édition plus limpide
qui ne ferait pas barrage à mon plaisir de lire. J'ai conservé
l'édition savante pour les précieuses informations documentaires
que je pouvais lire librement. Il m'a fallu deux lectures pour m'introduire
dans cet univers. J'ai été passionnée par l'apport
culturel que cette lecture a déclenché. Quant à la
légende elle-même, seule la fin m'a touchée, à
partir de la mort d' Enkidu et le désespoir de Gilgamesh qui ne
peut supporter l'idée de mourir à son tour. Cette partie
est plus lyrique, l'écrivain de cette période plus proche
de notre sensibilité peut-être. Le début n'a pas le
même souffle et n'a pas pour moi la force d'un mythe.
Une édition disait que le narrateur est placide, cela me paraît
juste et déroutant à la fois. Peut-être est-ce pour
cela que j'avais du mal à mémoriser l'ensemble des péripéties.
La traduction y est aussi pour quelque chose, je préfère
"doubles heures" à kilomètres par exemple. Les
résultats des recherches archéologiques (les photos de l'édition
Berg International) accompagnent admirablement bien le voyage que cette
lecture nous incite à faire. C'était captivant.
Christine
Je n'ai pas encore fini, j'en suis à la mort d'Enkidu. Il m'a fallu
un gros effort pour entrer dans le texte et me laisser porter par la légende.
L'introduction est très intéressante et nous place à
son niveau ; dommage que toute l'histoire y soit narrée, c'est
gênant. J'ai du mal à juger de cette première uvre
littéraire : il faut que j'aille jusqu'au bout, puis je me plongerai
à nouveau dedans. Les répétitions m'entraînent
; mais ce serait plus agréable d'entendre le texte.
Katell
Je n'ai pas fini non plus. Je ne connaissais pas du tout. Je trouve ça
passionnant. C'est un tel monument. En même temps, c'est hyperchiant,
à cause des parenthèses, des crochets, des notes, etc. Cela
fait trop de niveaux de lecture. Ce n'est pas un livre pour le métro.
J'ai lu les notes surtout, car je ne comprenais pas forcément le
texte. 5000 ans que ça a été écrit. Je n'ai
pas trouvé que les histoires était passionnantes (Katell
rougit en disant cela). Je peux dire ce que je veux dans ce groupe
: je suis tiraillée entre mon éducation et mes études
et ce que je ressens
Claire
Je l'ai lu il y a 3 mois : je ne me souviens de rien. Heureusement que
j'ai pris des embryons de notes. Je n'avais heureusement pas lu la préface
qui comme beaucoup de quatrièmes de couverture tue le récit.
Mais autant l'effort pour restituer les blancs, les manques est honorable,
autant les termes qu'emploie le traducteur pour s'exprimer à l'intention
du lecteur profane - dit à répétition ingénu -
sont imbuvables : la dilacération des lambeaux, équiparer
les documents, le pourchas de cette glorieuse, les débuts
lacuneux, etc. Si les péripéties constituent un polar
sumérien, je n'ai ressenti aucune émotion, je n'ai pas perçu
des grands thèmes type la vie-l'amour-la mort ou une dimension
de mythe. J'ai été contente de visiter un monument, comme
le Panthéon.
Françoise
Les tablettes, leur histoire, leur origine, leur traduction, cette mémoire
de 35 siècles ressuscitée, je trouve tout cela passionnant,
exaltant, fascinant et je suis très admirative du travail de Jean
Bottéro et de ses confrères ; nous leur devons beaucoup.
Je suis donc ravie d'avoir fait la connaissance de Gilgamesh, je trouve
qu'après ça on se sent moins idiot
Cependant, je dois avouer n'avoir pas eu un très grand plaisir
de lecture. La forme n'y aide pas. Tous les renvois en bas de page interrompent
sans arrêt la lecture (par exemple, pourquoi avoir converti à
chaque fois les " bêru " en kms, au lieu de les laisser
et nous indiquer une seule fois pour toutes l'équivalence), sans
compter les commentaires en marge (à mon avis inutiles), et le
texte lui-même en italique, truffé de crochets, parenthèses,
etc. sûrement indispensables aux connaisseurs, mais totalement inutiles
pour les -humbles- ignares comme moi. Tout ceci rend la lecture pénible.
Puisque de toute façon il s'agit d'une traduction qu'on ne peut
juger, pourquoi n'avoir pas livré une narration fluide (comme pour
la Bible ?). De plus, à chaque fois que le traducteur mentionne
un "mot à mot", je trouve qu'il aurait mieux fait de
le garder, car plus poétique (ex. p. 123 "Offre-moi ta
volupté" est moins bien que "Offre-moi en cadeau ton
fruit").
J'ai trouvé surprenant et intéressant de retrouver un récit
du déluge et de l'arche de Noé, déjà !
Loana
J'avais très envie de le lire et j'ai encore envie de le lire.
Je suis partie dans l'enthousiasme, j'étais persuadée de
continuer, mais je n'ai pas continué. Je me pose la question de
la traduction si l'on compare les deux livres que nous avons, celle de
Bottéro et celle de Abed Azrie. Quel est le texte, le vrai texte
? L'un rebutant, l'autre séduisant.
Brigitte
Je l'ai lu il y a 4 ans. J'ai été furieuse vis-à-vis
de mes études pendant lesquelles je n'en ai jamais entendu parler.
Merci Monique. Maintenant on en entend davantage parler. Je viens de le
relire. Ce n'est pas un genre littéraire auquel on est habitué.
On ne fonctionne pas dans ce type de littérature : il faut
une certaine familiarité, une aisance pour y entrer. Il y a aussi
une culture (où on coupe des cèdres). Je le lisais en attendant
à l'hôpital Curie. Les gens y sont dans l'angoisse -est-ce
que je vais mourir, pas mourir-, c'était intéressant de
le lire dans ce contexte. Dans le livre, on retrouve cette angoisse constitutive
de la personne humaine. Je suis frappée à la fois par la
distance du livre et sa proximité.
Monique
Si j'avais 5 livres à emporter sur une île déserte,
il y aurait Gilgames. J'ai un ami conteur qui lit énormément
de contes qui me l'a fait connaître. Gilgames est un condensé
de l'histoire humaine. Je venais de lire la Bible et le Coran quand je
l'ai lu. En dehors du livre de Bottéro, les versions et les éditions
que je connaissais étaient moches. Je n'avais pas envisagé
les difficultés que Bottéro qui fait autorité créerait.
J'ai été touchée par ce qui vous a gênée
: les parenthèses, les trous. A la première lecture, je
n'aurais pas aimé que l'on me bouche les trous ! Les premières
phrases m'ont transportée, le titre aussi. J'ai été
vraiment accrochée à partir de la mort d'Enkidu. J'aime
les répétitions, je les trouve poétiques ; j'ai ressenti
pour la première fois ce qu'on dit de la littérature orale
et de ses répétitions. Retrouver l'histoire du déluge
de la Bible est émouvant, et la recherche de l'immortalité,
le serpent au fond du puits qui prend l'herbe de la longévité.
Je l'ai lu une deuxième fois et j'ai encore plus apprécié
que la première
Nous écrire
Accueil | Membres
| Calendrier | Nos
avis | Rencontres | Sorties
| Liens
|