Mario Rigoni Stern
Le sergent dans la neige

10/18

Christine
J'ai lu ce livre à la montagne sous la neige. Je connaissais déjà l'auteur. J'ai été frappée par l'humanité du personnage. Le style est simple, poétique et nous rend proches les paysages et les gens. Il rend bien l'universalité de la guerre (peur, faim, souffrance, isolement) les échanges stéréotypés entre les soldats (le retour à la maison, la fiancée).
En peu de pages, il raconte énormément de choses. Au début c'est très dangereux, mais il y a des repères. Quand ils sont encerclés, les repères disparaissent et le héros se retrouve très seul pour la longue marche du retour. Comparaison réciproque avec les villageois chez qui ils logent pendant ce retour. Il n'y a aucun contact entre ce groupe d'Italiens et les Allemands avec qui ils combattent. Malgré l'horreur des situations, on reste assez léger après cette lecture.

Brigitte
Je ne connaissais pas Rigoni Stern. C'est le même paradigme de situation que chez Primo Levi, avec une autre approche. C'est un anti-héros. Les petites choses de la vie mettent en relief ce qu'il ne dit pas et qui doivent être de grandes choses. C'est une approche en pointillé, par exemple à la fin quand il marche des jours et des jours, on réalise qu'il porte une mitrailleuse depuis le début.
Je suis étonnée par la quatrième de couverture qui dit qu'il a été fait prisonnier par les Allemands. J'ai bien aimé ce livre.

Marie-Christine
Je l'ai lu à moitié, les 70 premières pages et les 2 dernières. Je suis frappée par l'humanité des hommes et le côté positif de l'humain - à peine crédible - , plaisant. J'ai l'intention de terminer ma lecture.

Monique
L'univers de Rigoni Stern est très masculin: la guerre, les activités entre hommes. Il est déconcertant car in n'y a pas d'idées, pas d'abstraction : c'est la force du livre et son intérêt. Il ne raconte que des choses quotidiennes. Il y a quelques épisodes étranges auxquels on peut croire. L'horreur de la guerre est très présente avec, par exemple, le cadavre de la jeune femme russe dénudée.
Jusqu'à quand peut-on rester humain ? Quel est le bout de l'horreur et de l'épuisement physique ? Ce livre dit des choses essentielles sur l'humanité. Le héros est un homme fort, réfléchi, un meneur d'hommes, mais à un moment il chute complètement, il ne peut plus penser aux autres, il marche seul. Je suis étonnée de la résistance humaine face à des conditions extrêmes.
Je conseille la lecture d'un autre livre de Rigoni : Histoire de Tone.
Rigoni Stern vit dans la même région que Morandi à qui on a fait ces mêmes reproches : ne pas avoir pris parti, vivre toujours vécu au même endroit en faisant les mêmes tableaux.
Rigoni a aussi écrit sur les arbres : chaque essence est présentée d'abord de manière scientifique, puis il passe à la connaissance particulière que lui en a. Il en a fait un autre sur les animaux.
On peut parler de l'humanité en partant du ponctuel.

Jacqueline
J'ai découvert Rigoni Stern. J'ai eu du mal à le lire car je n'avais pas envie de lire une histoire de guerre. Les horreurs sont très présentes, les détails concrets. J'ai aimé la façon de raconter, avec beaucoup d'humanité. Les soldats sont perdus dans une guerre où ils n'ont pas le sentiment de défendre quelque chose. Ce sont des gens très simples qui se battent avec énormément de courage. On éprouve de la compassion. C'est un point de vue très intéressant.
Il y a un passage mystérieux sur un jeune homme seul, isolé, on ne comprend pas comment il meurt ; personne ensuite ne peut raconter à son père ce qu'il s'est passé. L'écriture est resserrée.

Françoise
Le récit est agréable, mais un peu monotone, ronronnant. J'ai eu un sentiment de " manque ", sans pouvoir définir exactement lequel : rebondissement ? dimension historique ? recul de l'auteur par rapport à la situation du narrateur ? J'aurais souhaité avoir un contexte historique et/ou une réflexion plus générale ajoutés à cette narration purement factuelle. Sur 191 pages, nous avons une petite vingtaine de lignes de pensée sur la guerre et le respect des hommes entre eux (p.163). Par ailleurs, on a l'impression que hormis quelques partisans, les Russes sont du côté des envahisseurs, ce que j'ai du mal à croire (voir p.127) " …on plume les poules, aux cris de joie de la maîtresse de maison " ??? Le narrateur/ auteur n'exprime aucun recul aucune réflexion par rapport à sa position, son rôle dans cette histoire. Tout juste les Allemands sont-ils plus méchants que les Italiens. C'est un peu court.
Quant à la dimension historique, il mentionne UNE date p.155 " le 26 janvier, ce jour dont on a déjà tant parlé " ( ?) qu'il reprend p.172 " Voilà ce qu'a été le 26 janvier 1943 ". Point. (Je ne sais toujours pas ce qui s'est passé ce jour, désolée pour mon ignorance crasse). Rigoni Stern fait preuve d'une sorte d'optimisme " envers et contre tout", il a besoin de croire en l'homme. Je reste sur ma faim.

Claire
Je l'ai lu il y a quelques mois, sous les cocotiers, sans prendre de notes, en entier, avec un certain ennui. Le narrateur paraît sympathique, mais on ne voit pas d'autre projet que de témoigner de ce qu'il a vécu. Je reste aussi sur ma faim.

Liliane
Je n'avais pas non plus envie de lire un récit sur la guerre. C'est une lecture facile, une écriture minimale qui provoque un soulagement, une sensation d'évitement agréable. J'aime beaucoup les écritures minimales, chargées d'implicites. Dans la première partie, l'écriture poétique va bien avec le fait qu'il n'est pas complètement entré dans la guerre, il n'y a pas d'affrontement brutal. Le héros est entre ce qu'il vit et les souvenirs de son passé. Il y a beaucoup d'observations sur l'homme de la terre. J'attendais au fur et à mesure de la lecture une montée en puissance qui n'arrive pas ; la deuxième partie est décevante, la guerre reste abstraite, il y a un manque de puissance. Je ne garde en souvenir que le début. L'auteur avait un projet d'écriture, mais n'a pas pris assez de risque.

Marilyne
Je n'ai pas du tout accroché. J'ai dû me forcer. Aucune émotion. Bien sûr l'humain etc. Mais surtout l'ennui. Il redit toujours les mêmes mots, utilise toujours les mêmes termes.

Manuel
La raison pour laquelle j'ai proposé ce livre est que j'ai entendu sur France Inter une critique dithyrambique de Michel Pollac lors de l'émission Résonance sur France Inter. J'en avais parlé au groupe lecture qui a accepté de partager avec moi cette découverte.
J'ai été surpris du sujet : la retraite de l'armée italienne du front russe aux côté des Allemands. Je crois qu'il est rare de lire le témoignage d'un survivant des tranchés de 39-45 du point de vu des vaincus. L'absurdité de la guerre est plus que présente. J'ai ressenti une grande humanité dans le personnage principal. Les envolés nostalgiques sont émouvantes et tranchent avec la chute des soldats adversaires, le froid, la faim, la mort. Mais j'ai ressenti de l'ennui. Il y a beaucoup de répétitions, des images qui reviennent souvent : les étoiles, la lune, les ombres, les isbas, les descriptions des villages et des steppes. C'est ce que devait sûrement ressentir l'auteur en se trouvant là au milieu du chaos pendant cette longue marche. Je suis heureux d'avoir découvert cet auteur avec vous.

Katell
Ça ne m'a ni plût, ni déplût, j'ai trouvé cela ennuyeux. D'ailleurs, j'avais commencé et il m'était tombé des mains : j'avais été plus captivée par Murakatami Ryu...
Même si j'ai été sensible au témoignage, j'ai trouvé cela assez descriptif, et sans relief. Rien de plus...

 

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La retraite de Russie - celle de la grande armée "européenne" lancée par Hitler contre l'URSS.