|
|
Javier Cercas
Les soldats de Salamine
Loana
Le livre m'est tombé des mains. Je ne sais pas si ça tient
à lui ou à moi ou à l'époque. Je m'attaque
au prochain.
Nicole (de Bretagne)
Que dire ? J'ai trouvé que c'était un récit intéressant,
sans plus... C'est un commentaire succinct mais qui traduit bien mon sentiment.
Je suis curieuse des autres avis.
Monique S
J'ai essayé de lire Cercas. La première partie m'a paru
très tortueuse. Je ne comprenais pas grand chose. Qui était
cet homme ? Pourquoi le narrateur est-il fasciné par lui ?
Quand j'ai vu en commençant la deuxième partie qu'il fallait
tout reprendre à zéro à son sujet, le livre m'est
tombé des mains.
Françoise Del
Ce livre m'est aussi tombé des mains. L'image centrale est frappante
certes : cet homme rescapé du peloton, puis rescapé une
deuxième fois marque l'imagination. Mais peut-on faire de ceci
un livre ? C'est comme un vieux chewing-gum mâché collé
sous la table, puis remâché : ça n'a plus de goût.
Manuel
Je n'ai pas trouvé ça exaltant
le bouquin m'a ennuyé.
Sabine
Je suis tout à fait mitigée : d'une part c'est facile à
lire, d'autre part j'ai des réticences du fait du mode de narration.
La confusion entretenue entre narrateur et auteur est gênante (c'est
comme chez Houellebecq) : on se demande s'il n'est pas phalangiste. L'histoire
est intéressante, et les 20 dernières pages sont émouvantes.
Mais mon avis reste très mitigé.
Marie-Jo
Je l'ai lu en espagnol. Je n'ai pas aimé. Que de bavardages ! Pourtant
l'idée de départ est magnifique. Mais les digressions
Et c'est mal composé. Tout ce que je déteste : ce verbiage
; le début est inutile par exemple. La fin est effectivement émouvante,
mais bon. Il aurait fallu faire une nouvelle courte, dans la densité.
Christine
J'ai lu Les soldats de Salamine quand Fernando nous en avait parlé
en septembre et j'ai le souvenir d'une lecture difficile, mais globalement
intéressante. Contre : tous les épisodes sur le narrateur
avec la ravissante idiote. Cela m'a fait penser à certains romans
policiers dans lesquels l'auteur juge nécessaire d'affubler son
héros d'une gourdasse reposante. Complètement inutile. Pour
: le travail de mémoire sur la période trouble de la guerre
d'Espagne, longtemps étouffé dans le pays. Cela m'a rappelé
ce qui s'est passé en Grèce pour la résistance communiste
pendant la deuxième guerre mondiale, avec les cicatrices d'une
guerre civile longues à se refermer. Au début de ma lecture,
j'ai dû plusieurs fois revenir en arrière pour situer les
personnages mais, finalement, cela ne m'a pas trop gênée.
La situation à cette époque-là était elle-même
très complexe et je pense qu'il était souvent difficile
de savoir ce que pensaient réellement les gens, d'où ils
venaient, quelle était leur motivation.
Geneviève
Tout dans les éléments de ce roman m'a attirée :
le thème (la guerre d'Espagne et la déroute des républicains),
le récit dans le récit (l'enquête 60 ans après)
et surtout l'anecdote : les regards qui se croisent et un homme qui épargne
la vie d'un autre, sans que l'on sache pourquoi. Cette idée d'une
enquête a posteriori sur un incident à partir duquel tout
bascule est a priori passionnante. Et pourtant
d'où vient
l'impression d'une écriture pas complètement aboutie, par
moment à la limite de l'écriture d'un scénario ;
le côté un peu artificiel aussi du passage d'une partie à
l'autre : partie contemporaine, récit historique. J'aime bien en
revanche la fin qui laisse une part d'onirisme et de flou. Cela dit, ça
reste très intéressant sur la genèse de la guerre
d'Espagne et surtout la réflexion sur les notions de héros
et d'héroïsme.
Donc, une légère déception sur la réalisation
romanesque mais un intérêt indéniable du contenu de
ce livre qui a paraît-il donné lieu à de nombreux
débats en Espagne.
Brigitte
J'ai trouvé le projet intéressant, la réalisation
assez ennuyeuse. Après un début à peu près
réussi, je suis parvenue à la seconde partie, que j'ai eu
de plus en plus de mal à franchir. Quand je l'ai eu achevée,
j'ai jeté un coup d'il sur la troisième avec l'intention
de ne pas continuer. En fait, c'est la troisième partie qui est
la plus intéressante. Mes difficultés de lecture de ce livre
proviennent en grande partie de mon inculture sur la vie politique en
Espagne à cette époque. La plupart des personnages et des
sigles évoqués me sont à peine connus. Mais puisque
ce livre se présente comme un roman (ce n'est ni un essai, ni un
livre d'Histoire), je pense que, du point de vue littéraire, c'est
un échec. On n'arrive pas à s'attacher suffisamment aux
personnages pour pénétrer dans leur problématique.
Françoise Dub
Le sujet est intéressant, on le connaît mal. Mais je suis
restée sur ma faim, j'aurais aimé en savoir plus. J'aurais
aimé avoir le point de vue d'un républicain, comprendre
la différence entre phalange et fascisme. L'idée de départ
est super : c'est réel, il fait avec ce qu'il a. Mais pourquoi
ce changement de forme ? La troisième partie m'a moi aussi intéressée,
sauf la fin, un peu larmoyante : c'est trop beau pour être vrai.
Dans quelle mesure c'est pas enjolivé ?
Katell
J'ai lu le livre à moitié correctement, puis j'ai survolé.
C'est plutôt la ravissante idiote qui m'a plu. Mon inculture est
crasse. Je ne connaissais en effet que la chanson "Machado est mort
à Collioure"
Génial, me suis-je dit, je vais
apprendre quelque chose. Hélas. L'investigation m'a plu. Mazas,
je n'ai pas compris : est-ce le Céline espagnol ? Je trouve ça
hispano-hispanique et donc ça m'est passé au-dessus de la
tête. Je lis Un amour insensé de Tanizaki, c'est mieux
! Miralles à Dijon, ça ne m'a pas passionnée. Mais
ça m'a donné envie d'en savoir plus sur cette période.
Claire
Je n'ai pas compris grand-chose dès le départ, mais comme
je l'ai lu sur la plage
, j'ai persévéré pour
le groupe lecture, malgré l'ennui, ce jusqu'à Miralles.
Ce qui m'a le plus intéressée, ce n'est pas la guerre, ce
sont les rencontres, notamment avec la ravissante idiote. Donc, heureusement
que l'auteur n'a pas écouté Christine, car j'aurais lâché
le livre sans Conchi
Par contre, je décroche pendant les
rencontres quand on a le droit au menu détaillé de ce que
mangent les personnages. L'écriture n'est pas emballante, lourde
d'adjectifs ("invraisemblable cordialité", "fenêtres
léchées par la vélocité nocturne"), avec
des descriptions archi-plates ("A droite de la terrasse, dans une
rue pavée, se trouvait un petit marché ambulant, au-delà
duquel se dressait l'église Notre-Dame", pitié !),
des termes pédants qui viennent comme des cheveux sur la soupe
("ces deux événements terribles - presque un chiasme
de l'histoire") La traduction n'est pas très encourageante
: fautes ("voire même", "en contre-haut"), et
passés simples imbuvables ("nous traversâmes les vieux
quartiers, marchâmes le long de la Rambla, de la place de Catalogne,
de celle du marché. A la tombée de la nuit, nous prîmes"
).
Pour être honnête, il y a des moments drôles, avec Conchi
justement, et des scènes avec Miralles sont effectivement émouvantes.
Le livre qui est en train de s'écrire dans le récit est
un truc banal, mais ça passe bien. J'ai trouvé habile l'utilisation
des écrivains rencontrés. J'ai plutôt apprécié
la différence entre les trois parties, composées de façon
variée. Le nez "sémite" à trois reprises
d'un personnage m'a gênée.
Vu nos avis pas emballés, on a du mal à comprendre l'enthousiasme
des critiques. Précisons que dans Le Monde, l'auteur espagnol
(il a donc des repères) est dithyrambique (prouesse, magnifique,
grandiose
) ; dans Télérama et Lire si
on regarde de près, c'est un compte rendu et le critique peut avoir
détesté le livre et ne pas pouvoir/vouloir le dire (notamment
étant donné le succès de ce livre en Espagne
).
Fernando
Quand le livre est sorti il y a deux ans en Espagne, j'ai eu des échos
très positifs ; Vargas Llosa a dit que c'était le meilleur
livre qu'il avait lu depuis 20 ans. Pour ma part, j'ai été
d'emblée capté, y compris par la phrase en exergue. J'ai
été frappé par la qualité de la langue, précise,
sobre, comme un reportage de qualité. Ma première hypothèse
concernant cette unanimité en défaveur du livre, c'est la
traduction, et je ne peux en juger, car la langue est vraiment très
réussie. Pour le nez sémite : c'est un adjectif anodin en
Espagne qui est un pays judaïcisé. Deuxième hypothèse,
c'est que les auteurs équivalents en France - Céline,
Drieu la Rochelle - étaient du côté des perdants
de la guerre, contrairement à l'écrivain du livre. Ici,
il a gagné la guerre, est resté dans le prestige. Le sujet
que je trouve le plus intéressant est celui d'un écrivain
qui est un traître, un médiocre ; comment un génie
peut-il être un salaud ? Ce qui est fin, c'est la situation de cet
homme devenu ministre qui s'ennuie et entre en dissidence par paresse.
Vos problèmes de compréhension m'étonnent, car le
livre est clair, très schématique. Miralles est inventé.
L'écrivain Bolano a effectivement fait des tas de petits boulots.
Le syndrome de Bartleby (l'écrivain qui ne peut pas écrire)
est un sujet intéressant, très crédible dans ce livre.
L'excitante Conchi l'aide, lui permet d'écrire ; c'est un personnage
d'Almodovar. La structure tripartite est très intelligente.
La phrase en exergue parcourt le livre : chaque personnage est une énigme.
Le livre me transmet le sentiment de la destinée : est-ce que nous
décidons de notre vie ? Le livre pose cette question.
Je suis réservé sur les dernières pages, un peu gnan-gnan,
ça suffisait. Qui se souvient des soldats de Salamine ? Grâce
à cette bataille, les Grecs ont arrêté les Perses
et sauvé la République : c'est la plus grande bataille de
l'histoire.
Frédérique
J'ai entrepris le livre après avoir essayé de comprendre
le titre, ça a influencé ma lecture. Je suis rentrée
dans le roman sans réticence et l'ai suivi comme un jeu de piste
jusqu'à Miralles que j'ai vécu comme un ajout non indispensable.
L'extraordinaire événement du Collell, le destin finalement
décevant de Sanchez Mazas, cette guerre civile si lourde pour les
Espagnols, j'ai été captivée, je n'ai plus lâché
le récit. Du coup, je ne peux répondre à toutes vos
critiques : le style ? C'est une traduction ! Les "lourdeurs"
? Les termes pédants ? Mais non ! Conchi ? elle est une aide évidente
(pour l'auteur et pour nous) ! J'ai recommandé cette lecture
à mes proches, j'attends (avec souci) les retours après
avoir lu vos réactions (oh la la) et je me demande si la condition
nécessaire à l'entrée dans ce texte n'est pas le
vécu du climat créé par le traumatisme qu'a été
cette guerre et ses suites pour les Espagnols...
Avis des internautes :
Rudi
Des imperfections ? Et alors ! Bande de culs-bénis de
la littérature ! C'est un putain de bon bouquin sur la guerre
civile ! J'en ai lu des tas et je peux dire que celui-là c'est
un truc de fou ! Excellent ! Et allez donc lire Proust si vous
voulez de la branlette intellectuelle. 100% d'accord avec le lecteur nommé
Fernando. Et pour ceux qui n'y ont rien compris, c'est le moment d'aller
jeter un oeil sur d'autres livres qui tournent autour de la guerre d'Espagne.
Jean-Charles
En dehors de tous les avis que je viens de lire sur ce site, je voudrais
souligner la force des quelques pages où le républicain
espagnol réfugié en France que le narrateur cherche - j'ai
perdu son nom et je n'ai plus le bouquin sous la main - participe
à l'uvre de reconquête de la démocratie en Europe...
Présent sur tous les fronts, il symbolise à lui tout seul
l'idéal républicain dans la lutte contre tous les fascismes.
Personnage intense !
Nous écrire
Accueil | Membres
| Calendrier | Nos
avis | Rencontres | Sorties
| Liens
|