Jeannette Haien
La pêche au saumon

Nous avons lu ce livre en novembre 2003.

Lil de Plum'
J'ai lu le livre il y a déjà un certain temps et ne me souviens plus des détails de l'histoire, juste de l'émotion qu'elle avait suscitée. Je me rappelle avoir ouvert le livre et ne l'avoir fermé qu'une fois sa lecture achevée, emportée par ce récit, écrit si "justement" et touchée par cette réflexion profonde sur la solitude de l'homme et la notion de faute. Me reste en mémoire l'extraordinaire mise en scène de la partie de pêche du père Declan, luttant contre la pluie irlandaise, le vent, les insectes, le poisson et ... contre lui-même. Que dire que la joyeuse poésie des noms de mouches ! Bref un bonheur de lecture.

Nicole de Wicklow
Je l'ai lu il y a quelque temps déjà. Un vrai plaisir de lecture et une réflexion profonde sur la solitude et sur les pressions de la morale religieuse.

Christine
Le titre en anglais est The All of it. Je préfère le titre en français. Je me demande s’il existe des auteurs irlandais rigolos. Ce titre traite encore d’alcoolisme, d’enfants battus, etc. Je n’ai pas été emballée du tout par l’histoire des deux enfants à laquelle je n’ai d'ailleurs pas cru. Cette partie m’apparaissait comme une espèce de conte avec une maison en pain d’épices. Cela ne m’a pas du tout touchée, jamais remuée et j’ai eu le sentiment que c’était fabriqué. J'ai préféré les passages à propos de la pêche au saumon, l’agonie du frère au début. Le livre se lit très rapidement mais ne me laisse pas de souvenirs durables. Tout en voyant ce qui peut-être séduisant (l’histoire du désir du prêtre, l’isolement reproduit, l’inceste). On n’entre pas dans l’intimité des gens. Nous avions lu The Butcher Boy qui me laisse, lui, un souvenir fort.

Katell
Un livre gentillet. Les passages de la pêche me rappellent Et au milieu coule une rivière. L’ensemble du livre fait « Petite maison dans la prairie » avec quelques scènes où le papa est méchant. Le livre m’a fait penser à un livre que nous avions lu de Gaëtan Soucy La petite fille qui aimait trop les allumettes , en bien plus soft. Oui on les enferme, mais on s’en remet ! C’est la vieille dame (l’auteur a 63 ans) qui écrit sa bluette. Ils partent sur les chemins et tout se passe bien… J’aurais aimé que le frère et la sœur couchent ensemble, que le prêtre et la fille couchent ensemble…

Liliane, faisant une fine allusion à la pêche à la mouche si importante dans le livre : qu'il y ait de l'enculage de mouches !

Liliane
C'est un livre que j'ouvre assez largement, sans faire jouer les a priori sur les écritures féminines. En tout cas cette écriture-là n'est pas délétère, mises à part quelques faiblesses de style dont je parlerai plus tard.
J'ai surtout apprécié la composition du récit, avec ces deux histoires d'amour atypiques : celle entre le frère et la soeur, Kevin et Enda, et celle du prêtre et de la veuve. La superposition du récit de l'amour défunt et de l'amour naissant est surprenante et riche en échos psychologiques. La lecture se fait donc à deux niveaux : la découverte par le lecteur du passé d'Enda, premier retour en arrière, et la résonance de cette évocation chez le prêtre, deuxième retour en arrière, puisque lui-même revit cette confidence qui l'obsède au cours de la difficile pêche au saumon. Les mots d'Enda ont réveillé ses propres souvenirs d'enfance : nuages, crécerelles, mouettes, foulques, cormorans, mer, falaise... Le désir de vie de la femme réveille le désir chez le prêtre . Le roman commence par la partie de pêche, son issue crée d'emblée un enjeu de lecture. La pêche au saumon se lit dans ce contexte de « ravages du désir », désir de la dernière chance : « Oui vraiment, tout s'était ligué pour venir à bout de son désir ». Enda séduit le prêtre pendant la confession qu'elle lui fait de son passé, confession qui ne demande ni pardon ni absolution. Désarmé par la conviction d'Enda, il veut la traîner au confessionnal comme pour se protéger lui-même, mais la détermination d'Enda l'a emporté, la confession devient confidence. A partir de là, nous assistons aux efforts désespérés du prêtre pour sauver quelques principes religieux, mais la ténacité d'Enda anéantit tous les dogmatismes religieux et sociaux irlandais. Quand le prêtre laisse parfois éclater sa désapprobation à propos du mensonge social que représente cette union incestueuse, on réalise qu'il traduit ainsi sa peur de se laisser aller à aimer Enda. J'ai aimé cet aspect anticonformiste dans le contexte traditionnel catholique, le roman se terminant par les aveux, Enda comme « le couronnement de sa journée ».
Belle composition de roman, mais ce qui m'a paru plus faibles sont les divers registres d'expression d'Enda, moins convaincants dans son expression littéraire, même si on peut dire qu'elle est inspirée par la Bible (« chaque chose dans sa vérité qui serait un jour la sienne ») ou dans un parler régional qui fait un peu factice.

Jacqueline
Je l’ai lu très vite et je n’ai pas eu envie de le relire. Le livre m’a laissé l’impression d’un conte (Hansel et Gretel). Et puis j’ai regretté de l’avoir lu trop vite. C’est l’histoire du prêtre qui m’a intéressée plus que celle des deux enfants : la façon dont il tombe amoureux est intéressante et émouvante.

Monique
Je ne dois pas être normale car j’ai beaucoup aimé ce livre. J'ai été malade et l'ai lu encore patraque, c'est peut-être pour cela... J’ai été complètement captivée. Je ne me suis pas posé de question sur la construction. J’ai également pensé à Gaëtan Soucy. Je n’ai pas cru à l’histoire des deux enfants et à l’alcoolisme du père. L’histoire d’inceste n’en n’est pas vraiment une, et l'expression pour la décrire est nulle (« nous nous sommes appartenus »). Le prêtre est choqué non pas par l’inceste mais qu’ils aient caché leur relation. Le prêtre est plus travaillé par le mensonge et ce qu’on donne à voir au monde. Le nœud du livre est dans l’éveil du prêtre. L’écriture efface l’âge d’Enda. Pour les mordus de la pêche, le livre doit être intéressant. Je n’ai pas aimé la façon dont le prêtre est amoureux mais le personnage est intéressant.

Françoise
Cette pêche était prometteuse, mais tourne court. En effet, on commence avec la pêche, et on termine avec la pêche, deux parties très courtes, et entre les deux, on a droit à l’histoire pathétique de la « parfaite Enda » et de Kevin, son non moins « parfait » frérot ; ça fait un peu « Les 2 orphelines » (à part l’inceste, évidemment, mais c’est pas le sujet, dommage...). Le sujet, c’est l’attirance du prêtre, le père Declan, pour Enda, et ç’aurait pu être palpitant si la métaphore de la lutte contre le saumon et les éléments mis en parallèle avec son combat intérieur avait été mieux exploitée : le récit aurait dû être rythmé par des aller/retour pêche/histoire d’Enda. Au lieu de cela on a introduction-pêche, développement-Enda, conclusion-pêche. Et c’est la partie « pêche » la plus intense et intéressante. Le reste se traîne. Je n’ai pas reconnu l’émotion dont parlent certains. C’est dommage, parce que c’était une bonne idée (au début j’ai pensé à Breaking the waves) et certains passages sont réussis, mais le tout ne tient pas la distance.

Claire
Je n'ai pas été malade, je suis en très bonne santé et normale : j'ai beaucoup aimé ce livre… Mais bizarrement, je ne sais pas pourquoi. J'attendais de pêcher les arguments des uns et des autres, mais vu l'effet pain d'épices, je manque de soutien… Les états d'âme du prêtre ne m'ont pas beaucoup intéressée, ce qui m'a captivée c'est l'héroïne et sa force, l'histoire d'amour -inceste ou pas- avec son frère, la façon de traiter le mort. Je n'ai pas pris leur histoire pour un conte : j'y croyais ! J'ai remarqué aussi le talent dans la narration, par exemple pour amener le dialogue dans la remémoration, mais je conviens qu'une partie du récit est longuette. La pêche qui pour moi est une activité absolument incompréhensible m'a tenue en haleine, surtout avec le personnage du benêt, le gillie.

Manuel
J’ai peu aimé le livre car contrairement à Liliane, je n’ai pas aimé sa construction et surtout la proportion que prend la confession d’Enda sur la relation exclusive qu’elle a avec son frère. Le livre aurait gagné à être plus ramassé sur cette partie centrale. Cette partie prend la moitié du livre qui compte 150 pages. J’ai beaucoup aimé les passages de la pêche qui sont malheureusement trop courts et se trouvent en début et fin de livre. Pourquoi l’auteur n’a-t-il pas plus développé le personnage du prêtre ? Le livre, d’un auteur irlandais, aurait gagné en profondeur si le sujet avait été l’amour du prêtre pour une femme dans le péché et ses doutes sacerdotaux. Au lieu d’un parfum gentillet, nous aurions eu un grand livre sulfureux. Dommage.

Sandrine
J’ai beaucoup aimé cette "romance" aquatique, beaucoup moins convenue et parfumée à l’eau de rose que le lecteur aurait pu s’y attendre. J’ai respiré cette œuvre "minimaliste", perdue dans les brumes irlandaises avec un prêtre, sa canne à pêche, une paroissienne et le récit de sa vie. Qui est qui ? qui fait quoi ? qui pense quoi ?… très vite le lecteur se laisse envelopper par un halo de brume ou il se perd lui aussi avec délectation, car peu à peu lui non plus n’est plus sûr de ce qu’il pense des personnages, de leurs actions, de leur récit ou même de leurs sentiments. Un récit à humer de toute urgence !

 

Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !

 

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Au dernier jour de la saison de la pêche, le père Daclan s'acharne à ramener un saumon.


La couverture de l'édition anglaise :