Maryline Desbiolles
La Seiche
Manger avec Piero
Nous avons lu ces livres en octobre 2004.

Geneviève
J'avais entendu parler de ce roman lors de sa sortie et je craignais un peu le côté "tour de force" : tout un roman basé sur une recette de cuisine, sujet, qui, je l'avoue, ne me passionne pas vraiment. J'ai donc beaucoup apprécié et dès le début la légèreté et le charme de ce jeu de digressions permanentes, sans qu'on n'ait jamais l'impression de perdre le fil directeur. Tout part et tout nous ramène à la nourriture mais aussi à la relation implicite entre la cuisinière et ses hôtes : la nourriture et la cuisine, métaphores de la mort et de l'amour. Ça pourrait être très prétentieux, c'est au contraire très naturel. Je me suis vraiment sentie dans cette cuisine, en train de rêvasser tout en m'activant, avec le compte à rebours en filigrane, dans l'attente à la fois espérée et crainte des invités. Donc, pour moi, une vraie réussite, toute en finesse.
Katell
Après avoir remué ciel et terre pour dénicher ce fameux bouquin - entre nous je pensais "s'il est épuisé et introuvable à la Fnac, c'est qu'il ne doit pas être bien génial" - je l'ai eu entre les mains hier et il m'est tombé des mains aussi sec. Aucun intérêt. Il faut dire que je sors de Daewoo de François Bon et un petit Le Clézio (relecture de Mondo et autres histoires) et j'ai été CATASTROPHÉE de voir qu'on pouvait perdre son temps à écrire de telles inepties. Je ne voulais pas perdre le mien à en lire et j'ai attaqué aussi sec L'Eléphant s'évapore, un recueil de nouvelles de Haruki Murakami (l'autre Murakami), parce que je vais voir The elephant vanishes demain soir à la MC 93 de Bobigny (pièce en japonais...). Bref, en quelques mots, je me contrefous de sa cuisine et de ses pseudos souvenirs enrobés de sauce pseudo littéraire. Ma vie n'est guère plus intéressante. Je pense que l'émission de Renée devait être plus audible que ce livre n'est lisible car la radio se prête mieux à ce genre de légèreté, entre les bruits de casseroles et les devoirs des enfants.

Béatrice
J'ai beaucoup aimé, surtout ces souvenirs qui émergent, moins les images poétiques. Je n'ai pas trouvé Manger avec Piero, la librairie ayant été dévalisée après l'émission.

Sabine
J'ai lu une trentaine de pages : le projet est sympathique, ambitieux, mais l'encre ne coule pas à flot comme je le souhaiterais…
Marie-Christine
À priori en l'ouvrant, j'ai pensé que cela n'allait pas m'intéresser, cette histoire culinaire. Et puis je suis tombée sous le charme. Ce passage, très fluide, d'un temps à l'autre, est très agréable, avec des effets de surprise. J'ai beaucoup aimé des images, cette réflexion sur la nourriture comme embellissement de la mort. Bref, une parenthèse de bonheur.
Liliane
Le début est tolérable dans la mesure où il y a une certaine distance avec le sujet, la narratrice ne se prend pas trop au sérieux, même s'il s'agit quelque peu d'humour de magazine : "L'invention est un mensonge gratuit en somme". Quelques fragments sont plus écrits : "Je tranche ses cheveux d'effroi et de lumière", mais de là à prétendre qu'elle (l'auteur) écrit des haïkus, il y a un gouffre abyssal. A partir des deux tiers, j'ai fait de la lecture rapide, saturée de toutes ces déclinaisons sur le ventre, le trou, la bouche et leurs périphrases... Je ne sais plus où, la narratrice reconnaît qu'elle s'emporte un peu trop dans le bavardage... Comme diraient élégamment les ados, ça me saoule. Je laisse le livre fermé, restons sobres.
Claire
Renée, suite à son émission, m'avait parlé de la Desbiolles, "très douée, et très rigolote (je déteste très douée, je dirai plutôt inventive frénétique et culottée)" : un avis motivant. Christine et Monique qui ont proposé le livre étaient très convaincantes. Quand j'ai lu l'avis de Katell, je m'en suis sentie proche. En dépit de mon a priori favorable, j'ai très vite perdu tout intérêt, en raison notamment du procédé systématique. Sur ces entrefaites, j'ai écouté l'émission de Renée, cette nana (Desbiolles) est très sympa et totalement inintéressante. Dans une interview, L'Humanité l'interroge sur son dernier roman et la qualifie de poète et de romancière en lui demandant ce que son roman doit à la poésie. La réponse donne une idée de l'inintérêt qu'elle est capable de susciter : "Je crois que ces deux activités ont de plus en plus tendance à converger. Je m'autorise cette symbiose pour essayer d'aller au point de tension extrême des choses, à l'endroit où elles sont au plus haut point de leur effervescence". Ce n'est pas pour vous captiver…
Françoise
À la page 121, j'ai jeté l'éponge ! trop long ! L'auteur aurait dû appliquer son conseil de la page 12, "taisons-nous de grâce". J'ai bien aimé quand elle parle de la cuisine et de la préparation des seiches farcies proprement dites, mais que de bavardage ! Ses digressions ne sont pas toujours bienvenues : barbichonnantes (p. 99, sur la peinture, je n'ai pas compris ce que ça venait faire là), voire déplaisantes : p. 47, couplet misogyne, après le préambule "j'aime les femmes, mais" (comme le bien connu "je ne suis pas raciste, mais..."), suivi d'une litanie contre Les Femmes et pas seulement celles de ses invités, qu'elle préfère évidemment ; p. 59, une phrase très obscure (pour moi) : "Désormais l'inconvenance qu'il y aurait eu à distinguer ainsi une élève s'était évanouie" ????? Ecriture trop alambiquée !
J'ai préféré Manger avec Piero, plus court, plus cohérent, avec pour fil conducteur la Toscane, la nourriture et Piero della Francesca, c'est moins "gavant" et ça suffit largement. Je n'ose imaginer ce que pourrait être un récit plus long (que La Seiche). Mais elle doit le savoir car tous ses livres sont assez courts, me semble-t-il. J'ouvre ¼ pour La Seiche, ¾ pour Manger avec Piero.
Jacqueline
Très agréable. J'aime les sensations, les odeurs. Mais qu'en reste-t-il ? La cuisine, ça m'affole. Je ne fais pas de seiche. Elle donne une impression de facilité, c'est intéressant. La brûlure, c'est extraordinaire, on ne sait pas si c'est une histoire vraie ou fantasmée. Les souvenirs qui échappent, intéressant. Je suis séduite, mais ce n'est pas un grand livre.
Monique
Je l'ai lu il y a trois ou quatre ans. J'avais beaucoup aimé. Je l'ai relu en partie, en prenant un chapitre au hasard : ça marche. J'aime aux ¾ car ce n'est pas un grand livre. Ce qu'elle fait est difficile. Tout ce qui peut passer par la tête quand on cuisine. C'est un tour de force, même si on peut penser que c'est un exercice. Elle rend l'esprit qui n'a pas de contrainte, comme quand on marche. C'est de la déambulation, ce coq-à-l'âne. Cette reconstitution est très difficile à faire. Moi ça ne me gave pas. Qu'on passe des rondelles à une histoire d'amour est formidable. C'est un condensé de la vie. J'ai été convaincue. Je n'ai pas vu d'artifice. Elle est libre, drôle. Tout ce qui est de la bouche et de la langue est intéressant. Je trouve formidable d'associer ce qu'on fait dans la cuisine et ce qu'on fait avec les mots.
Christine
J'ai aimé pour les mêmes raisons il y a 5 ans. Je l'ai relu entièrement avec le même plaisir. Je cuisine beaucoup et me suis retrouvée dans ce passage de l'enveloppe au farci. Quand on cuisine, le fil des pensées est interrompu par les actions. Je ne la trouve pas drôle, mais triste même. Elle dit des choses très profondes. J'aime l'avancement, les odeurs, les bruits, la façon d'écrire m'enchante. Et le toucher : j'aime bien mettre les doigts dans les lentilles. L'écriture est souple, beaucoup travaillée. J'aime bien que chaque chapitre commence par la seiche. Les réflexions sur les invités sont intéressantes, l'appréhension de rater, ça se passe comme ça, c'est dit de façon très belle. Je n'ai pas aimé la fin, les 5 dernières pages sont ratées, les 121 précédentes sont réussies.
Brigitte
Tout ça ça y est, mais ça n'a pas marché pour moi. La première page m'a plu. Je n'ai jamais réussi à entrer, ça ne m'atteint pas. J'ai fait l'effort de tout lire, mais ça m'a barbée. Le projet m'a-t-il gênée ? Ou l'écriture ? Je ne suis pas d'accord sur la vierge enceinte, car il y en a plusieurs au Portugal. J'ai lu Manger avec Piero, mais les images me manquaient. "Le risotto..." m'a barbée. Je comprends ce que vous dites, mais sans comprendre pourquoi ça ne me plaît pas. J'ouvre un quart parce qu'elle a travaillé.
Anabelle
Je suis venue par curiosité pour savoir qui pouvait aimer. Je suis dans le camp des non. L'écriture ne m'a pas retenue, ça me tombe des mains, les dernières pages, quelle bouillie ! Il y a de bons passages sur la panique de la cuisine. Je suis quand même contente de l'avoir lu.

Dawn
Je l’ai lu La Seiche dans un bar à vins. Cela m’a fait beaucoup rire. Je repense à Desbiolles en allant à la banque.


 

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Quatrième de couverture : Une femme seul chez elle suit, phrase à phrase, une recette pour préparer un plat de seiches farcies. La préparation d'un repas est une activité très absorbante mais qui n'empèche en rien -au contraire- que l'esprit se mette en roue libre sur quantité de registres. Ainsi des souvenirs d'enfance, des images sensuelles ou des spéculations amoureuses qui viennent à l'esprit de cette femme jusqu'à ce que le plat soit prêt, passe au four et que ses invités arrivent.

Contempler les fresques de Piero della Francesca donne faim à l’auteur. Acte qui déclenche une multitude de souvenirs. Celui par exemple d’une longue table dressée sous la tonnelle par la grand-mère pour les convives du mari. Puis ce désir d’un repas partagé en amoureux, peu importe l’endroit car elle sait que la chose se passe aussi sous la table, à l’insu des autres attablés. Des mots «mélangés à la mie de pain, langés à l’huile d’olive» se conjuguent ici avec les images de Piero dans un palais délicat.