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Yasunari Kawabata
Pays de neige
Nous avons lu ce livre en octobre 2004.
Nous avions lu auparavant Les Belles endormies en
1987.
Brigitte
Voici mon avis sur le livre. Je regrette de ne pouvoir entendre celui
des autres, qui m'aurait peut-être ouvert des clés que je
n'ai pas su trouver seule. J'ai énormément aimé le
début. Le voyage en train avec la vision du paysage par la fenêtre
sur laquelle se superpose l'image de Yoko, c'est une grande réussite.
Dans l'ensemble du texte, toutes les descriptions sont absolument magnifiques.
J'ai aussi beaucoup aimé la fin. Le mort de Yoko, la voie lactée,
l'incendie. C'est vraiment un grand écrivain. En fermant le livre,
il me reste beaucoup d'interrogations. C'est peut-être une qualité
pour un livre de ne pas livrer les clés des relations entre les
protagonistes. Je suis cependant restée sur ma faim. Je n'ai pas
suffisamment compris ou dénoué ce qu'il se passe entre Shimamura,
Komako et Yoko. Quel est le mystère qui relie les deux femmes ?
J'aimerais aussi entendre ce que vous direz sur l'aspect érotique
du livre. Bonne discussion.
Jacqueline
J'ai lu ce livre en 1973, mais j'ai dû en rester à la scène
du train. Je n'en avais aucun souvenir. C'est un livre merveilleux :
l'ambiance, les descriptions extrêmement proches, j'ai retrouvé
l'atmosphère du ski et de la montagne. Mais c'est aussi un univers
lointain : l'opacité des personnages, les relations entre
les deux femmes, le malade. Qui est l'héroïne ? Yoko,
présentée au début ? Ou Komako, celle qui est
au devant de la scène tout au long du roman ? Cela produit
un effet d'étrangeté, une ignorance par rapport aux personnages.
On attend. Quand Komako parle de son journal, on se dit cela va éclairer
les choses, il existe une vérité écrite. Mais cela
n'arrive pas. Restent des impressions très fortes. En ce moment,
il y a l'exposition sur les
estampes japonaises, le monde des geishas, qui produit la même
étrangeté. Ces femmes n'étaient pas des prostituées.
Je l'ouvre aux trois-quarts, pas en entier parce que cette part de mystère
m'empêche d'y adhérer complètement.
Béatrice
Il y a deux fils : l'étrangeté et la beauté.
C'est le mystère de la vie, même les personnages s'en rendent
compte. Mais, je suis restée sur le seuil, il me manque des clés.
La beauté des paysages, des descriptions, les visages des femmes,
les insectes. Je l'ouvre aux trois-quarts, car il est difficile de le
mettre entre toutes les mains.
Loana
Malgré les " japoniaiseries ", tout est vrai
dans ces rapports hommes/femmes. Ce mec est le symbole de la goujaterie
masculine, comme tous ceux que j'ai rencontrés. Je l'ai lu en une
nuit et j'étais dans une colère monstre à cause des
rapports entre ce mec et cette nana : elle a 16 ans quand elle devient
geisha, elle est rachetée par un vieux qui meurt avant de l'installer
et elle est obligée de retourner dans son village natal. On voit
comment elle vit : lui est dans le poétique, elle calcule
qu'elle a 4 ans pour rembourser, à raison de 90 engagements par
mois, elle se saoule, elle est malade. Elle est entraîneuse :
visiblement, elle a beaucoup de talent. Et le mec la regarde : comme
c'est beau, comme c'est inutile
Jamais il ne s'implique, ne s'engage,
il ne voit rien, ne fait rien pour sa réputation. Il est là,
bourré de fric, use et abuse de tout. Enfin, je l'ouvre en grand
car il y une finesse pour suggérer tout cela, un mystère
face aux personnes. Je me suis mise dans sa peau à lui, émerveillée
par les paysages. La dureté, il n'en parle pas. De cet accoutrement
de geishas qui déforme les corps. De toute cette histoire pour
se laver les cheveux. J'ai ressenti un grand malaise à la première
lecture. A la seconde, j'ai été saisie par la dureté,
la couche d'hypocrisie et des rapports sociaux ritualisés, c'est
monstrueux.
Manu
Cette lecture a été une épreuve avec de nombreuses
coquilles, des phrases incompréhensibles. Je suis resté
très extérieur à leur histoire. Les paysages sont
très beaux mais au bout de 50 pages, je me suis lassé. Je
voulais voir où il voulait en venir. Il tourne autour du pot et
toute cette longue description sur le tissage du chanvre, ça m'a
rasé : on ne comprend pas le lien avec l'histoire. Je pense
que la traduction est mauvaise : il y a des " que "
partout, des tournures de phrases orales qui ne sont pas crédibles.
Dans la scène de l'incendie, ils conversent tout en courant :
on n'y croit pas. Je suis déçu. Je m'attendais à
un truc vraiment fort. La traduction date des années soixante,
il y a une déperdition de l'essence du livre. Au début,
on est surpris par l'atmosphère. Mais les descriptions sont trop
longues, les choses pas crédibles. Je n'aime pas les non-dits.
Je n'ai pas compris leur relation à trois. J'ouvre ¼ parce
que c'est le premier Nobel japonais
Katell
Je partage l'avis de Rozenn, c'est également ce que j'ai vu :
une fille qui bosse et un mec qui la trouve jolie. " Je t'ai
quittée parce que tu étais intéressante
"
(sic !). Peut-être parce que c'est par rapport à mon expérience
personnelle
C'est très cruel pour cette fille. J'ai trouvé
les descriptions très justes, on s'y croit vraiment.
Liliane
Je ne l'ai pas encore fini. Je n'étais pas contente, je n'avais
pas envie de lire Kawabata. J'essaye de le lire, mais ça me résiste.
Les Belles endormies, ce fantasme érotique, je n'ai pas
réussi, même avec plus de maturité. Je reste au seuil.
Il y a un fossé culturel et c'est très difficile pour moi
de l'appréhender, de saisir la visée de Kawabata. On pourrait
adhérer à ce que dit Rozenn, cela en ferait une histoire
humaine universelle, qui passerait à travers la culture, l'écriture,
les symboles
Mais je reste hermétique à cette étrangeté
culturelle. Si on n'est pas imprégné de ces signes culturels,
on passe à côté. C'est incroyable que dans ce trou
perdu, il y ait des geishas. J'ai été sensible à
la préciosité de la traduction : cette imagerie picturale
qui est développée, surlignée. Je pense que ça
n'a rien à voir avec la culture japonaise. Je passe à côté.
Cela donne une image mièvre de la condition des femmes, de la solitude
des hommes. L'auteur s'est suicidé, il y a quelque chose de lui
dans ce personnage de Shimamura. On se raccroche à des clichés
de culture : les nuques graciles, les mouvements des kimonos. Si
c'était mieux traduit
L'attente, la retenue, on attend une
déflagration à la fin ? Elle ne vient pas, c'est énigmatique.
C'est une petite porte sur une autre culture, mais je n'ai pas réussi
à entrer.
Christine
Moi, ce qui me plaît, c'est que je n'y comprends rien. J'y ai pris
beaucoup de plaisir. Je suis complètement étrangère
à ces rapports entre hommes et femmes, je ne comprends rien à
leur relation : elle lui court après, mais y met une certaine
distance, cela m'intrigue beaucoup. L'homme est le personnage le plus
antipathique. Les femmes sont plus généreuses. J'aime beaucoup
le début, la scène du train où tout se met en place
et au fur et à mesure, avec ce jeu de miroirs : observer sans
être vu. Dans l'exposition sur les estampes japonaises, il y a toujours
une personne qui se cache et qui observe. Et ces contrastes entre le rouge
et le noir, l'incendie/la glace. J'ai bien aimé les personnages
comme la maîtresse de musique, mais moins les paysages, et même
pas du tout en fait. Il y a beaucoup d'allusions à son don pour
la musique, elle a du talent, elle s'entraîne mais c'est vain. Ce
livre me permet d'approcher un peu la culture japonaise. Le personnage
féminin est incompréhensible, à la fois impudique
et réservée. Il y a des tas de symboles : sur sa bouche,
sa peau que l'on devine, la voix de Yoko, je trouve cela merveilleux,
j'ai été séduite mais pas par l'aventure.
Françoise
J'ai un avis mitigé. Je l'avais dans ma bibliothèque, je
l'avais lu. J'ai retrouvé cette espèce d'atmosphère
en vase clos, la neige, la chaleur des bains, mais effectivement l'histoire
et les personnages sont ratés. Je trouve très bien ces descriptions
de paysages, l'atmosphère du lieu, les rapports entre les gens,
les personnages, les caractères. On ne comprend rien, qu'est-ce
que Yoko vient faire ? Komako est une geisha, mais elle ne veut pas
qu'on les voie ensemble et pourtant le tenancier tient le compte de ses
heures. Peut-être que je passe à côté, il y
a des choses qui m'échappent. Si la traduction avait été
plus directe
, mais dans le fond, cela n'aurait pas changé
mon avis. Le clair-obscur, la neige qui nettoie et purifie les tissus,
ffft. Il y a un incendie, Yoko se suicide, et je n'ai rien compris à
la dernière phrase. Mais j'ai été intéressée
par l'atmosphère du village, de la montagne et de la neige, plus
intéressée par les personnages secondaires que des principaux.
C'est tout cela qui m'a retenue, le reste est trop elliptique. Je veux
bien qu'on m'explique. C'est un monde tellement différent du nôtre.
Personne n'a parlé de l'érotisme, je pense qu'il y en a.
Claire
J'avais lu Les Belles endormies et j'avais adoré. J'étais
donc pleine d'impatience. J'ai été extrêmement gênée
par la traduction, avec une pléthore d'adjectifs, un embrouillamini
exaspérant, notamment dans les descriptions. Je renvoie au site
http://www.plathey.net/livres/japon/kawabata.html
qui donne des exemples de bonne et de mauvaise traduction, et nous on
a bien sûr la moche. Un exemple : la mauvaise : " Et
quand le train se mit à rouler, l'espace d'un bref instant, un
reflet vint tomber sur la fenêtre de la salle d'attente : le
visage de Komako y apparut comme une lueur, pour disparaître aussitôt.
Et le vermeil de ses joues, tout irréel déjà, avait
eu le même éclat que celui qui s'était piqué
au coeur de la neige éblouissante dans le miroir matinal. De nouveau,
pour Shimura, ce fut la couleur annonçant un adieu au monde du
réel. " Et la bonne : " Le train s'ébranla,
aussitôt les vitres de la salle d'attente brillèrent, et
à peine le visage de Komako s'enflamma-t-il dans cette lumière
qu'il disparut ; ses joues étaient écarlates comme
elles l'étaient dans le miroir, l'autre matin sous la neige. Et
c'était là à nouveau pour Shimamura la couleur de
la séparation d'avec la réalité. " :
spectaculaire, non ?
Ce qui m'a tenue suffisamment, c'est la visite touristique. J'ai sorti
mon guide sur le Japon pour mettre un peu couleur et voir les costumes
J'aimais bien l'exotisme des évocations (obi, hakama, samisen),
mais je ne suis pas arrivée à voir quel était le
projet de l'auteur. Le narrateur ? Je ne crois pas qu'il dénonce
les rapports sociaux. Loana et Katell, votre lecture ne tient pas le coup
Vous y lisez votre propre vie
. Je pense plutôt comme Christine,
qu'il y a un projet d'esthète, sur l'art, la vie, gnagna. Mais
c'est plaqué, comme son histoire de ballets occidentaux ou sa traduction
de Valéry et d'Alain qui arrive comme les cheveux sur la soupe.
Ça me paraît toc. Dans l'art japonais, on retrouve cet aspect
là : les jardins zen merveilleux, les estampes j'adore, et
puis y a des temples kitch avec des petits dieux en tablier, un côté
pacotille. Bref je trouve que ce projet tombe à plat.
Michelle
Un livre très japonais. La libido du mâle japonais ne me
touche pas, la poésie non plus. Je n'ai pas compris la fin, pas
plus que les relations entre les personnages.
Nicole
L'histoire ne m'a pas passionnée, très lente. Le personnage
masculin est égocentrique, insupportable. Les personnages féminins
ne sont que des servantes. J'ai eu constamment envie de pousser Komako
à la révolte. Il y a des passages sublimes, surtout au début.
Sublimes d'horreur aussi : par exemple le restaurant offert à
la Geisha et repris par la femme légitime de son protecteur.
Marie-Charlotte
J'ai eu du mal à entrer dans le texte. Il y a de très belles
descriptions d'ambiance, une osmose de l'extérieur vers l'intérieur
des gens, mais pas de repères temporels. Le mâle dans toute
sa splendeur veut réaliser des fantasmes mais ne va jamais concrètement
au bout de ceux-ci.
Lona
Les descriptions sont agréables et souvent belles. Mais je n'ai
pas bien compris l'histoire. Le personnage principal est très égocentrique.
Il n'y a pas d'action.
Mon
J'ai beaucoup aimé. J'ai été très sensible
aux descriptions, superbes. La scène du train est particulièrement
réussie. J'ai aimé l'image des deux mondes séparés
par un tunnel. La mentalité très différente de la
nôtre nous surprend. J'ai eu envie d'en savoir plus sur le rôle
de la geisha. Yoko participe à l'atmosphère d'irréalité
qui enveloppe tout le livre. Elle finit brûlée comme une
espèce de fantôme. Elle n'existe que par sa voix. Elle est
sublimée par son amour pour Yokio. Ces rapports hommes-femmes sont
très typiquement japonais. La recherche de pureté se manifeste
par la blancheur de la neige, le blanchiment du chanvre. Tout est hors
du temps. Le village est à peine réel, le pays étrange.
J'ai été très sensible à ce glissement vers
un royaume hors du temps.
Jean-Pierre
Maso, je l'ai lu deux fois (à cause du Prix Nobel...). C'est un
roman sans histoire, sans logique. Peut-être à cause des
différentes époques d'écriture, ce qui entraîne
un ensemble non cohérent. Il y a de belles descriptions de la nature,
mais ce sont de brefs éclairs dans l'ombre. Quel est le rôle
de la Geisha ? Prostituée/proxénète ? Yoko est-elle
morte ? Les parties documentaires, genre fabrication de boîtes
de sardines en Ardèche sont très ennuyeuses. Les fautes
de syntaxe et d'orthographe sont-elles dues à la traduction ?
Jessica
Je n'ai pas été sensible aux descriptions. J'ai cherché
des réponses à mes questions tout au long du livre, ne les
ai pas trouvées. Je n'ai pas compris les relations entre les personnages,
la fin.
Maryvonne
J'ai lu le livre deux fois, mais je ne suis pas rentrée dans l'histoire.
Je n'ai pas été sensible aux paysages. Le rôle des
Geishas ? Dame de compagnie qui peut... Je m'interroge sur la difficulté
à entrer dans une autre culture que la sienne. Je n'ai pas compris
les relations entre les personnages, ni la fin.
Lil
J'ai beaucoup aimé l'écriture : classique, belle, poétique,
très esthétique, toute en suggestions, en demi-teintes,
enveloppant paysages et personnages d'irréalité, de mystère...
Je suis, également, très sensible à l'amour fusionnel
des orientaux pour la nature : la nature est reine : ils s'y
ressourcent, ils y puisent sérénité, paix et bonheur.
Les descriptions sont sublimes : lumières, transparences,
couleurs, blancheur, ombres. La beauté de la nature est souvent
associée aux visages, aux yeux des femmes. La scène du train
est magnifique. Le rythme du récit est lent, irritant... comme
dans les films japonais où un raclement de gorge toutes les 10
minutes ponctue une action qui se traîne... Le personnage de Shimamura,
oisif, machiste, insupportable d'égocentrisme, finalement pathétique
(on se dit : le pôvre) serait une cible idéale pour
les féministes ! Il se complaît à rêver
sa vie, intéressé par l'esthétique pure, les méditations
contemplatives et l'effort gratuit. Le discours est très machiste.
La scène rapportant la vie de la geisha Kikuyu dont le restaurant
est repris par la femme légitime de son protecteur laisse rêveur...
Yoko, n'existe que par sa voix et ses yeux. Qui est-elle ? Quelles
sont ses relations avec Komako, avec Yukio ? Se suicide-t-elle en
fin de livre ? Tout semble toujours baigné dans le mystère.
Parmi toutes les curiosités japonaises découvertes au cours
de ce livre, j'ai beaucoup aimé l'histoire de la toile de chijini,
ce chanvre blanchi sur les prés couverts de neige, qui m'a fait
penser à la façon dont les Bretons nettoyaient leurs costumes,
en les offrant à la rosée matinale... Et puis, surtout,
j'ai adoré le kotastu : si j'en avais eu un à ma disposition,
lors de la lecture de ce livre, je me serais sûrement endormie,
avant le troisième séjour de Shimamura, en rêvant
aux paysages sublimes du pays des neiges...
Jeanine
Lenteur et incompréhension = culture japonaise. J'ai cru à
une rivalité entre deux femmes. J'ai attendu la passion et ai été
déçue. J'ai apprécié les descriptions.
Désirée
Bien aimé le début, mais l'histoire ne démarre qu'au
dernier chapitre. Ce livre laisse beaucoup de place à l'imaginaire.
Je n'ai pas bien compris les personnages. Les descriptions sont jolies.
Je n'ai pas trouvé l'histoire. Question culturelle ?
Dawn
Jai beaucoup aimé. Le narrateur est inutile, il observe cette
femme comme si elle était dans un film ou un insecte.
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