"Ce roman parle de New York, d'amour, de mariages
mixtes, de terrassiers qui creusent des tunnels, de bâtisseurs de
gratte-ciel qui dansent sur des poutrelles à des centaines de mètres
au-dessus de la ville. C'est peut-être le premier vrai roman consacré
aux sans-abris, à ceux qui vivent au-dessous et à l'écart
de la cité prospère. On sent que Colum McCann a fréquenté
ces lieux-là : dans une langue qui procure un plaisir presque
physique, il évoque avec une rare puissance ce présent qui
empeste et ce passé qui oppresse." |
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Colum McCann
Les saisons de la nuit
Nous avons lu ce livre en janvier 2005.
Nous lirons ultérieurement Danseur en juin
2007.
Florence
Ça ne me disait rien, alors, prudente, je suis allée lemprunter
à la bibliothèque. Pour voir. Très vite jai
été rebutée par les dialogues du genre :
« Alors, mon pote ?
- Malade comme un chien. Une gueule de bois à tout casser.
- Moi aussi.
- Nom de dieu quil fait froid.
-Oui, pas vrai ?
- Attention, mon gars, on y va. »
Tous ces « mon gars » « mon pote »
« pas vrai », on dirait un mauvais doublage dune
mauvaise série TV, non ? Ensuite, je ne comprends rien à
lhistoire (il faut dire que comme ça ne mintéresse
pas, je ne fais pas beaucoup defforts). Et puis toutes ces histoires
dhommes (des vrais !), de cuites, de putes, de pisse
je crois que cest pas mon monde
Bref, je suis allée
jusquà la page 28 et jai abandonné. Pas envie
de me forcer. Trop de trucs à lire par ailleurs. Donc, mon jugement
très partiel et partial, na pas grand intérêt.
Katell
Je ne l'ai pas relu. D'abord, parce que je ne l'ai pas retrouvé
dans ma bibliothèque. J'ai dû le prêter (ce que je
fais systématiquement quand un livre me plaît, du coup, je
ne retrouve jamais un livre que j'ai adoré). Ensuite, parce que
je me suis fait kidnapper par un couple infernal de romanciers japonais :
Murakami et Ogawa. Les tentatives de séduction de Skarmeta, Le
Clézio, Kenzaburo Oé (pour citer les plus récentes)
se sont soldées par des échecs. Seul un petit Zola a réussi
à m'extraire de l'Hôtel du Dauphin et de l'Hôtel Iris...
Il n'empêche. J'ai le souvenir d'un livre magnifique, d'un livre
comme je les aime, qui raconte des histoires profondément humaines,
sans s'étendre sur le pourquoi du comment. Je me souviens tout
particulièrement de cette scène où les ouvriers sont
aspirés par le trou d'air sous l'East River. Des deux récits
qui se rejoignent, des tunnels et des poutrelles d'acier, de cette construction
du récit fine et élégante. Pour moi, c'est l'exemple
même des grands romans américains (je pense aussi à
Dos Passos, à Jeffrey Eugenides et son Middlesex). Les
Saisons de la nuit m'ont permis de découvrir le talent de Colum
McCann, avant la sortie de Danceur, que je recommande chaudement
à ceux et celles qui ont été séduit(e)s, notamment
et surtout par sa narration bondissante et suspendue comme un saut de
Noureev. J'ai aussi lu Le Chant du coyote, plus sombre et plus
âpre. C'est vraiment un grand écrivain.
Christine
Jai emprunté le livre à la bibliothèque. Jai
été agacée dès le début par des expressions
que je ne comprenais pas : « Treefrog se mit à
jouer, recomposant latmosphère, rendant aux tunnels leur
musique originelle » et ne suis pas rentrée dans lhistoire.
Il ny a jamais dimpression de vécu. On nous raconte
une histoire, mais le lecteur ny croit pas. Lidée de
parler dun tunnel aurait été bonne mais non
Laspiration des ouvriers est une anecdote impressionnante. Les personnages
sont caricaturaux et jai arrêté ma lecture lorsque
le personnage principal noir achète un gramophone pour écouter
du jazz !
Manu
Jaime beaucoup la couverture du livre qui annonce lambiance
du roman. Javais peur dun livre trop noir. La construction du
récit est intelligente et je ne my suis jamais perdu dans tous
les petits récits. Jai adoré les ruptures de ton avec
les passages à la première personne. Les retours en arrière
au milieu dun chapitre donnent une dynamique incroyable au récit
sur la fin. Le portrait de lAmérique sur une centaine dannées
nous donne une histoire qui a un souffle épique magnifique. LAmérique
que jaime pour ses contradictions mais aussi que je déteste
pour ça : les grandes idées pour les droits de lhomme
et le racisme et les inégalités toujours présentes.
Il me reste de ce livre des images très fortes : celle du métro,
des constructeurs de tunnels et de gratte-ciels, la déchéance
de Nathan Walker : une transcription de lambiance new-yorkaise
très réussie. Un livre magnifique !
Annick
Jai adoré, il y a un souffle épique permanent, une vie,
des images fortes. Ce nest pas mon monde et cest ce qui ma
plu. Lhiver, lambiance, les images sont magnifiques. Lhistoire
ne me concerne pas, mais jai aimé la capacité de lauteur
à créer ce monde, à lui donner vie, cest fort
et très photographique. Jai aimé les passages où
Treefrog dessine la géographie des lieux et des corps. Quand on est
parti, ça fonctionne jusquà la fin. Le livre conte lenvers
du décor de la société américaine, chaque personnage
a son histoire forte colorée. Jai beaucoup aimé lidée
de deux mondes qui ne se voient jamais, qui ne se rencontrent jamais, hormis
les forces de police. La métaphore de lascension a la fin ma
beaucoup plu. Je suis très contente que le groupe lecture mait
fait découvrir cet auteur. Je lai emprunté à
la bibliothèque, puis acheté, puis déjà offert
Claire
Jai lu ce livre avec une attente forte étant donné
les commentaires dithyrambiques de qui lavait proposé...
Au début jai été assez accrochée par
le tunnel, mais ma lecture est devenue rapidement laborieuse. Je ne comprenais
pas où le livre voulait en venir. L'ambiance forcée me semble
à limage de ce passage page 112 où Treeforg se réveille
avec un bout doreille mangée par un rat, puis comme si ça
ne suffisait pas, il le cherche dans sa caverne au milieu des crottes,
sérafle loreille blessée contre le mur, désinfecte
la plaie à coup de gin
pendant des jours il a tellement mal
quil se pince loreille avec un ongle à tel point quil
entre dans la chair, etc. rajouti-rajouta dans le destroy. Jétais
tellement déçue que jai fini par penser que ce nétait
pas un livre pour le groupe lecture. Je suis très étonnée
par vos avis. Quand jai entendu Katell qui ne se souvient plus vraiment,
je nai pas trop fait attention. Manuel : je me suis dit cest
un livre pour les garçons. Mais Annick par là-dessus, je
ne comprends plus
, cest peut-être finalement quand même
un livre pour le groupe lecture
Brigitte
Je lai lu il y a deux ans (et jai trouvé une redondance
avec Bone). Jai lu Les Saisons de la nuit parce que je voulais
lire Le Chant du coyote que javais prêté à
mon fils qui ne me le rendait pas. Comme indiqué sur la quatrième
de couverture, jai cherché « le plaisir presque
physique » mais je lattends toujours
Je suis un
peu ambivalente, je lai lu jusquau bout. Jai préféré
Le Chant du coyote. Ce nest pas assez bien pour le groupe
lecture : pas assez littéraire. Les personnages sont peu fouillés.
Monique
Jai un rejet de tout ce qui est américain et de la littérature
américaine. Jai donc commencé le livre avec un a priori
mais je lai beaucoup aimé : lhistoire, les personnages,
lécriture. Jai été intéressé
par le lien familial entre ceux qui ont construit le tunnel et le SDF,
la même ligne dhumains. Le couple noir et blanc est énervant
mais malgré ça, jai adoré ce livre : cest
le roman de la ville de New York. Le langage parlé ne ma
pas du tout gêné : cest le langage des gens de
la rue. Jai eu quelques contacts avec des SDF dans mon milieu professionnel
et lauteur nous dépeint avec exactitude le quotidien de cette
population, la manière dont ils sen sortent. Les passages
à propos des problèmes mentaux du personnage principal ne
mont pas plu. Ce roman américain est un des rares qui me
plaisent !
Jacqueline
Je lai également pris à la bibliothèque et
je ne lachèterai pas
Jai aimé le début,
les anecdotes à la Zola (les ouvriers lors de la construction du
tunnel). Le personnage de Walker est très attachant ainsi que ses
souvenirs denfance dans sa campagne dans le Sud américain
mais je nai pas été sensible à lécriture.
Jai eu beaucoup de mal à me figurer le souterrain de Treefrog
et je nai pas compris où était le train par exemple.
Les histoires de SDF sont un peu « trop ». Quand
jai compris qui était Treefrog, jai décroché
et je pense que le livre est trop long.
Françoise
J'ai aimé l'histoire à partir de 1916 mais non celle qui
commence en 1991 ! L'épopée de cette famille, la construction
de New York, le souterrain
c'est rajouti-rajouta ! Le
livre aurait gagné à être plus court et nous aurions
eu un récit plus percutant. Je n'ai pas compris l'accident du début,
c'est mal expliqué
(Intervention de Monique qui apporte des explications techniques sur
sa découverte passionnée du recours à la surpression
dans le tunnel qui entraîne l'aspiration des ouvriers vers l'extérieur
du tunnel.)
Je n'ai pas compris l'histoire du petit-fils et le livre est plein de
passages trop longs. En anglais, les personnages parlent un langage fautif
avec un dialogue populaire difficile à traduire, c'est mieux de
le lire en anglais. Cependant, je l'ai lu jusqu'au bout. Le couple, le
noir et la jeune fille blanche, c'est " too much ",
je n'y ai pas crû, ni à la résurrection finale, c'est
artificiel ! La construction est assez banale. L'accusation d'inceste
du personnage SDF ne le rend pas sympathique.
Jean-Pierre
« Seigneur, jsuis tellement au fond du trou, quand je
lève les yeux, je vois que le fond. » Je viens de refermer
les Saisons de la nuit, ce 1er janvier 2005 vers
les 17 heures. Ici, le jour commence de décliner lorsque le soleil
passe derrière la crête du Pierroux. Aujourdhui, ça
a été à 13 h 22. « Seigneur, jai
pas vu un coucher de soleil depuis que jsuis descendu là. »
Si : des couchers de soleil, sur les pointes jumelles des Fétoules,
jen ai vu de somptueux depuis septembre ; même en ces
moments-ci, car le temps est glacial mais très clair.
Que cest bizarre de lire à la va-vite (sans quoi je me serais
noyé comme Con OLeary) dans ce beau limon de
mots utiles et beaux, des mots qui ressemblent aussi à de bons
outils... de lire ces choses de la ville, de dessous la ville, alors quon
est déjà haut au milieu des montagnes. Des montagnes qui
ne cessent dailleurs de se démolir sous leur apparente éternité
(en ce moment, cest tout rocher et glace). Et une histoire qui se
passe à New York et à laquelle je ne sais quelle image
donner : un tunnel ou un pont ; et cela des années 16
à 91 ? Jai tout de même fait un petit schéma
pour my retrouver et maintenant les noms sont bien fixés.
Un peu comme Treefrog-Clarence Nathan, jai absolument besoin de
faire des cartes. Mon regret cest de nêtre pas capable
de lire Les Saisons en anglais ; mais peut-être lachèterai-je
tout de même. Une fois de plus, ce petit peu dassiduité
que jessaye dobserver aux lectures proposées me jette
dans des proses étranges et splendides que je naurais même
pas eu lidée daller chercher. Jignorais tout
de Colum McCann ! Mais ce superbe texte, avec ses grands bonds déchassier
dune lignée à lautre, jusquau vertige
et sans un faux pas, ma touché dune autre manière.
Je nirais sans doute à présent jamais là-bas.
Mais ils sont pourtant quelques centaines à porter le même
nom que moi (Guenser), qui sont allés là-bas, justement,
à peu près dans les mêmes dates que les OLeary
ou les Vannucci. Il nest que de pianoter son nom sur Internet. Ceux-là
venaient dAlsace-Lorraine. Et cela doit en faire, toutes leurs vies
des Saisons de la nuit, même si dun tout autre genre. Le roman
de toute une humanité ; et qui ne sera jamais écrit.
Fausse piste de lecture ?
Avec ses chapitres dabord puis ses paragraphes, tout à la
fin, un peu sens dessus dessous (en fait ils ne le sont quapparemment),
les Saisons de la nuit pourrait bien évoquer le décor
des logettes dans les tunnels. De fait, il ma bien plutôt
semblé rigoureux, économe et méthodique comme ces
charpentes dacier où Treefrog et Cricket jouent les funambules.
Jai vraiment jeté ces petits bouts de notes comme ça,
en rêvant présomptueux que je suis
de trouver au milieu de mes mots je ne sais quelles correspondances entre
mon ici et ce là-bas qui ma étrangement parlé,
je dois le dire. Jai beaucoup aimé ce texte : quel enrichissement,
ma foi ! moi qui hante plus volontiers les parages de Schwob et de
Roussel, de Des Forêts ou de Gracq... ces écrivains quon
appelle « rares » des fois... Et je me suis demandé,
une fois de plus, de quel pays était ma « vérité
décriture ». Je sais que je vais revenir aux pages
des Saisons, et pas quune fois. Une manière dexprimer
derechef ma gratitude au « Comité ».
Liliane
Voilà un livre dont je me souviendrai, l'univers m'a fasciné.
Malgré les lectures d'extraits faites au groupe, l'écriture
m'a paru innovante et souvent poétique, donnant un éclairage
inattendu sur des scènes banales comme les policiers penchés
sur leur talkies-walkies comme à l'écoute de secrets ou
au début la scène de l'oiseau pris dans les glaces... Heureusement
pour vous, je n'ai plus le livre qu'on m'a prêté pour faire
d'autres citations plus exactes. Mais c'était parfois un peu long,
donc je l'ouvre aux 3/4.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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à
la folie
grand ouvert
|
beaucoup
¾ ouvert
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moyennement
à moitié
|
un
peu
ouvert ¼
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pas
du tout
fermé !
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