Antonio Skármeta
T'es pas mort !

Nous avons lu ce livre en mars 2005.

Lona
Salvador Allende, homme politique chilien (1908-1973), médecin, est l'un des fondateurs du parti socialiste chilien (1933). Il en devient le secrétaire général en 1943. Sénateur en 1945, puis président du Sénat, il est élu président de la République en septembre 1970. Il met aussitôt en œuvre le programme élaboré par l'Unité populaire, qui regroupe les forces de la gauche. Mais la montée des oppositions et l'attitude hostile des États-Unis gênent son action, avant d'aboutir à la formation d'une junte militaire, qui provoque la chute et la mort d'Allende et établit un régime dictatorial en 1973 dirigé par Augusto Pinochet. Ce dernier instaure une impitoyable répression contre les partisans d'Allende et les forces de la gauche.
T'es pas mort raconte une toute petite partie de l'histoire d'une famille chilienne, résistante et actuellement réfugiée en France. Les deux parents étaient professeurs à Santiago ; ils ont deux fils, dont l'aîné Lucas, a 14 ans à son arrivée à Paris. Cette arrivée en France scelle la fin de son enfance et de ses rêves (il voulait être guitariste, ensuite écrivain) : sans le sou, aucune maîtrise de la langue française, le froid, la faim, le manque de soleil, l'angoisse, l'insécurité... cette situation est bien soulignée. Le gamin se fait quelques copains grecs, Homère et Socrate (leurs vrais noms ?), qui comme eux, sont des réfugiés politiques ayant fui la Grèce des colonels. Il y a également Edith, " Boucle d'or ", jolie, gentille, dont il tombe amoureux. Mais il y a aussi Sophie, vendeuse dans un magasin de disques, qui lui fait découvrir la musique et l'initie (peut-être !) à l'amour. Mais cette Sophie va le trahir. Solitude en face de ses premières souffrances, plus de pays.
Sandrine
T'es pas mort… peut-on me préciser l'intérêt de cette lecture ???? Je n'ai pas compris pourquoi ce livre avait été choisi : aucune poésie, aucune imagination, qualité d'écriture très moyenne, l'histoire elle-même n'a pas grand intérêt (un gamin qui se fait casser la gueule à cause d'une fille ! quel sujet foudroyant !). Peut-être y avait-il un sens philosophique caché… mais si bien caché que je le cherche encore ! Finalement le seul véritable intérêt de ce livre est de répondre aux préoccupations politiques actuelles en parlant d'intégration. Donc, à conseiller au professeur de français de collège désespéré et en mal de référence, cherchant à tout prix à clore sa liste de textes traitant cette thématique. En bibliothèque, cette œuvre est classée en section enfantine (et on s'étonne que les enfants ne veuillent plus lire !)
Manuel
J'aurais souhaité vous dire que j'aime ce livre à la folie, mais il me laisse un goût de trop peu. Le sujet malgré son sérieux est traité de manière très légère : c'est agréable. C'est un livre qui m'a laissé indifférent, malgré quelques pointes d'humour.

Geneviève
Désolée, je ne serai pas avec vous cette fois encore. J'avais commandé le bouquin pour le relire mais je n'ai même pas eu le temps d'aller le chercher. J'ai le souvenir d'une très jolie histoire et surtout j'ai toujours été frappée au lycée par la manière dont les élèves, surtout fraîchement arrivés en France, s'identifiaient à ce petit Chilien pourtant bien éloigné de leur contexte.

Jean-Pierre (des Alpes)
Je sais bien qu'au groupe, il n'est pas vraiment de mise de proposer analyse et critique vis-à-vis des ouvrages "au programme", mais de se contenter de dire - ce qui n'est pas si facile d'ailleurs parce que cela suscite des tas de questions au dedans - si l'on a aimé ou pas et, à la rigueur en plus, pourquoi... T'es pas mort m'a étonné par son mince volume ; je me suis mis à lire, cependant. Vieille et excellente habitude - que je dois au groupe - d'aller toujours au-delà de la première idée, de l'impression de départ. C'est vrai que je ne goûte guère ce style (je ne mets pas de guillemets impertinents, on le remarquera...) mais la qualité d'un texte - heureusement du reste - n'est pas qu'affaire de style... Donc... Eh bien : non. Je n'y arrive pas. Allez savoir pourquoi ! Ça ne passe pas. On me dira que c'est poignant, le sort de ce môme et que sa vie, ça n'est pas pour faire joli... il faut se battre : se défendre, aimer... Petit Chilien... petit Chili exil. Je suis plein de respect, vraiment, pour ce monologue du courage et de la réalité (en italique dans le texte)... Je ne suis pas un lecteur à la hauteur des petits textes nécessaires (toujours en italique) : le texte d'Antonio Skármeta m'a laissé de glace... et je suis vite retourné au Pont du Roi Saint-Louis... ce chemin-là, je peux l'emprunter - et tant pis s'il s'écroule - il me mène de l'autre côté.
Liliane
J'ai emprunté le livre à Françoise, je l'ai lu très vite, en une heure. Je me suis dit que j'allais l'ajouter à la liste de lecture des élèves de troisième. Peut-être que je l'ai lu un peu vite, je vais le relire après vos commentaires. Ce livre a été publié dans les années 80 dans ce contexte politique de l'Amérique latine, avec les réfugiés qui s'activaient : le livre a sa place dans ce contexte militant. Il permet d'informer, de vulgariser, en étant facile d'accès. Aujourd'hui, on reparle de l'Amérique latine : il y a trois présidents socialistes, Vasquez a décidé de faire la lumière sur les disparitions, d'indemniser les familles. Est-ce un livre daté ? Datant du militantisme sud-américain à Paris, sans être péjoratif. Si je mets cette lecture au programme de troisième, c'est pour ouvrir les jeunes à ce qui se passe dans le monde, qui pour eux reste lointain et marginal. Je pense que ce livre a le mérite d'être une introduction à l'histoire du Chili, à la difficulté d'intégration des immigrés. Je m'interroge sur l'apparente facilité, l'imitation du langage adolescent.
Jacqueline
Je ne connaissais pas Skármeta. J'ai vu le film Le Facteur et aussi une pièce de théâtre émouvante. J'avais donc un préjugé très favorable avant de l'ouvrir. Je l'ai emprunté à la bibliothèque aujourd'hui. Je l'ai lu vite, je me suis ennuyée. J'ai trouvé cette histoire du Chili sympathique. Mais ce langage adolescent, je ne peux pas lire ! Pourtant, je pense à un livre Fantasia chez les ploucs, j'avais adoré…

Françoise 
Oui, mais tu l'avais lu il y a longtemps.

Jacqueline 
C'est vrai.

Claire (recadrant le débat…) 
Et alors, T'es pas mort ?

Jacqueline 
C'est la traduction...

Florence 
Elle est très bien, c'est une des meilleures traductrices !

Jacqueline 
Si ce n'est pas la faute de la traduction… Je suis déchirée, j'aurais bien aimé aimer. Mais on n'apprend pas grand chose sur le Chili. Cet enfant immigré parle d'horreurs, mais un ado qui lit ça n'apprend rien du tout. On n'apprend rien du tout sur la France. Je l'ai lu jusqu'au bout.
Christine
J'ai pris le livre chez Brigitte. J'ai le code et sa boîte aux lettres ne ferme pas. Je l'ai lu chez le coiffeur.

Une littéraire du groupe ?
Et tu t'es fait faire une couleur ?

Christine
Oui. Tout ça pour dire que je n'en ai fait qu'une bouchée et je ne suis pas rassasiée. Ce langage adolescent m'a paru artificiel, trop gentil, un peu une atmosphère " à la Pennac ". J'ai été agacée. C'est un thème sérieux traité de façon superficielle. Rien ne m'a accrochée. J'ai un sentiment de sympathie mais ce n'est pas suffisant. Je suis en manque : vite lu, vite oublié.
Loana
Je l'ai commandé chez Virgin. C'est si petit, cela m'a fait le trajet Levallois-le CNAM avec un café et un croissant. C'est un livre " déceptif ", frustrant. J'ai bien aimé le passage sur les moustaches, mais je ne marche pas. Cet exil vu par cet enfant… Le Français a appris au travers des chansons de variétés idiotes… Ce faux discours d'enfant… J'éprouve une grande frustration et une petite culpabilité. Est-ce vraiment un livre pour les gamins ?
Monique
Je suis d'accord avec vous. J'ai vu Le Facteur et j'avais adoré ce film avec Noiret. Je trouvais ça beau cette distance culturelle. Skàrmeta, ça ne pouvait être que bien. Je l'ai pris à la médiathèque d'Issy-les-Moulineaux, je l'ai trouvé au rayon jeunesse. J'ai détesté la couverture, elle est horrible. Je l'ai lu un soir où j'étais fatiguée. Ce n'est pas parce que ça parle du Chili, de l'exil, que c'est une excuse. Le langage ne m'a pas gênée, mais ce n'est pas une langue d'ado transcrite. Il manque tout : on ne s'attache pas aux personnages qui n'ont pas suffisamment d'épaisseur pour m'intéresser. L'histoire des filles n'est pas intéressante. Le jeune motard, c'est ambigu. Il est méchant et devient gentil. On pense qu'il veut plus créer une relation que le détruire. Je n'ai pas du tout aimé le côté motard, bagarre. La manière dont cette dernière est traitée ressemble plus à un rapport sexuel : la perte de conscience, le réveil côte à côte, le côté trouble. Ça m'a agacée… Si c'est pour raconter cela, ce n'est pas la peine. On n'apprend rien sur sa vie d'exil. Je ne mets pas sur une liste d'élèves un livre que je n'ai pas aimé.
Katell
Je n'ai pas grand chose à en dire de plus. C'est anecdotique. Je m'étais trompée de Skàrmeta, j'ai donc lu aussi La Noce du poète. Même si l'écriture ne ressemble en rien à T'es pas mort, elle est beaucoup plus baroque. Le livre m'est aussi tombé des mains. Je n'ai pas accroché à cette histoire dans cette île de l'Adriatique, tous ces personnages de La Noce du poète, je n'y comprenais rien.

Florence 
C'est l'histoire de son exil…

Katell 
Mais non, ça se passe sur une île dans l'Adriatique. Enfin, Skàrmeta n'est pas un auteur que je recommanderai.
Claire
Je l'ai acheté d'occasion chez Gibert… La brièveté est une qualité pour moi, mais j'ai été gênée par le langage puéril qui crée une invraisemblance. Et j'ai tout le temps eu cette impression. J'ai beaucoup aimé les passages dans la famille. L'histoire avec le jeune et la bagarre m'ont paru invraisemblables. J'ai eu un plaisir de lecture et j'ai totalement oublié. Une lecture volatile, comme dit Marie-Charlotte. J'ai lu également Une Ardente Patience qui m'a bien plu, avec Pablo Neruda. J'ai très envie de voir le film. Et j'ai été impressionnée par la grande différence entre les deux livres et l'énergie qui se dégage de la lecture. Mais dans les deux cas, j'ai le sentiment d'une littérature "facile". Quand Christine évoque un univers "à la Pennac", je suis d'accord. Je suis contente d'avoir découvert cet auteur, mais je suis entre-deux. C'est la différence entre une passe et l'amour.
Françoise
Je suis partagée et je vous trouve trop sévères. On sait que c'est un livre pour les jeunes. Facile à lire, c'est une bouffée de fraîcheur. C'est aussi un bouquin sérieux qui nous ramène à une certaine époque. J'ai marché. Le style est vraisemblable par rapport à l'époque. Je m'imaginais bien ce garçon, les rapports entre le père et le fils, un peu distants et en même temps très tendres. Mais c'est effleuré, je suis restée sur ma faim. Le rappel historique n'est pas le propos du livre. C'est un petit garçon exilé qui se débrouille, avec les difficultés de tous ordres, les parents pauvres. On n'a pas toujours l'occasion de lire des choses à ce sujet. C'est court, superficiel, mais je l'ai pris pour tel et je n'ai pas boudé mon plaisir. Ce n'est pas un chef d'œuvre, mais un plaisir de lecture.
Florence
J'ai pour Skármeta une grande tendresse car, à travers ses histoires et ses personnages, il met toujours en avant sa foi dans l'être humain et son goût pour le bonheur. Ce n'est pas si fréquent chez un écrivain, et ça fait plaisir à lire ! J'ai découvert T'es pas mort grâce à une amie qui venait de perdre son fils et avait été accrochée par le titre… J'ai été surprise qu'elle puisse apprécier quelque chose d'aussi simple et léger en de telles circonstances. Mais finalement, je crois que c'est précisément pour ça que j'aime ce petit livre : parce qu'il parle de choses graves (la dictature, l'exil) sans jamais s'apitoyer sur son propre sort. Au contraire : le ton est badin et le point de vue adolescent sur les exilés chiliens permet de se moquer gentiment de soi-même. Or, il ne faut pas oublier que le livre est écrit peu de temps après le coup d'État de Pinochet à un moment où Skármeta a lui-même été obligé de s'exiler à Berlin avec sa famille. D'ailleurs, c'est à Berlin que se déroule l'histoire en espagnol (No pasó nada) et la traductrice française a transposé à Paris (avec l'accord de l'auteur). Du coup, en le relisant en V.O. pour le Groupe Lecture, je n'ai pas eu l'impression de lire tout à fait le même livre. Et bizarrement, je crois que je préfère T'es pas mort à No pasó nada. Mais parfois, le goût qu'on a pour un livre tient plus des circonstances dans lesquelles on le lit que du livre lui-même. Néanmoins, et malgré toutes les méchancetés que j'ai entendues ce soir, je persiste à ouvrir grand ce petit livre.

Jessica(du groupe breton dont les avis suivent)
Livre léger, sympathique, un style un peu confus, mais c'est comme si on se trouvait dans la tête de Lucas. On devient un jeune ado expatrié. Le personnage est sympa, touchant, très naturel, avec ce passage entre l'enfance et l'adolescence d'un petit homme qui essaie de grandir. Les découvertes de l'amitié et de l'amour sont riches en sentiments (type roman d'apprentissage). Ce sont les moments les plus forts du livre : l'amitié avec Homère et Socrate qui commence par quelques mots prononcés en espagnol et qui se concrétise par un voyage prévu en Grèce ; l'amitié ensuite avec Michel : le défi, la peur, le duel dans un terrain vague, la réconciliation autour d'une pizza ; l'amour de Sophie, celle qui connaît toutes les paroles de chansons par cœur mais qui le trahit, puis Edith, boucle d'or presque insaisissable, les baisers volés, l'Amour. Tous ces sentiments sont décrits avec exactitude, avec simplicité.
Jean-Pierre
T'es pas mort ? Ben non ! J'ai même revécu à travers les yeux d'un gamin bien sympathique, des événements tragiques. J'ai fait un petit pèlerinage au pays de la solidarité, façon époque primaire, où les espoirs de progrès d'une petite nation faisaient à ce point trembler l'impérialisme qu'il n'hésitait pas à faire assassiner un président démocratiquement élu, à écraser sous sa botte des dizaines de milliers de Chiliens, et où ces crimes faisaient réagir les hommes de cœur de par le monde. J'ai revécu le 11 septembre, le premier du genre, autrement plus meurtrier, mais y a-t-il un classement dans l'horreur, ce 11 septembre 1973 où un dictateur au nom évoquant un accessoire érotique, fantoche aux mains de la CIA, conduisait un coup d'état qui allait mettre tout un peuple aux fers. J'ai réentendu les Quilapayun scander : "El pueblo unido, jamas sera vincido", slogan que les défilés, meetings et spectacles reprenaient en chœur, ventres serrés, gorges nouées et poings levés. Voilà donc un tout petit livre qui ravive bien des souvenirs ! Et qui raconte l'Histoire comme une histoire, par le petit bout, certes, mais qui grandit et fait grandir. Chili, Grèce, grands noms dans l'horrible liste de ces dictatures qui torturaient et exterminaient, et qui jetaient les réfugiés aux quatre coins du monde, où des gens solidaires les accueillaient et leur donnaient asile. Liste non close, hélas, de nos jours. Alors, bien sûr, le style est enfantin, les mots simples, les phrases minimales, et on n'est pas en présence d'une œuvre magistrale. Eh bien, justement ça change un peu des tortueux du bulbe, qui pensent accoucher d'œuvres impérissables parce qu'ils possèdent la technique des écrivains de salon. Un peu d'air dans le confinement de la culture poussiéreuse, ça ne fait jamais de mal. Voilà, j'ai lâché ma gourme. Promis, je ne le ferai plus. T'es pas mort ? Ben non ! La preuve : j'ai la force d'ouvrir entièrement ce livre.
Gwen
J'aime qu'un livre me tienne à "distance respectueuse", par l'écriture ou les thèmes abordés, si possible par les deux, ou qu'il sache susciter ma complicité par l'humour, la cocasserie, la tendresse… que sais-je ! Le roman de Skármeta m'a semblé dépourvu de ces deux qualités qui font que je m'attache, que je trouve à me nourrir de ce que je lis. L'oralité, sans poésie, d'une écriture qui tend à se rapprocher du langage d'un adolescent… Les aventures, événements quotidiens vécus par ce jeune garçon… Les vagues allusions à la situation politique chilienne, que l'on aurait aimé qualifier de pudiques tant elles sont évasives… Rien ne fait écho en moi malgré le "vous" censé m'interpeller. Ce livre n'était pas fait pour moi ; je ne suis pas faite pour lui.
Michèle
J'ai beaucoup aimé et beaucoup ri. Pourtant, il est presque grave sur l'intégration de l'enfant étranger, sur la découverte d'un monde, sur la recherche de l'amour de l'adolescent, de l'amitié, du courage, de la peur, de la violence, bref un roman picaresque de l'adolescence plus difficile puisque déracinée et douloureuse parce que située au moment des événements de la mort d'Allende. Petit mais dense, c'est un beau livre.
Lil
J'ai beaucoup aimé ce petit livre pour plusieurs raisons :
- d'abord, le parti pris de voir ces événements dramatiques à travers les yeux et la sensibilité d'un ado et de les exprimer avec la gouaille ado de l'époque (à ce propos, c'est sans doute une bonne chose que le livre soit court - il aurait été difficile de tenir plus longtemps en restant dans la justesse de ton), ce qui permet, grâce à la force de vie qui caractérise les enfants, d'appréhender l'horreur moins brutalement (par exemple le stade : lieu de la coupe du monde de foot et lieu de torture de milliers de Chiliens en 73 - l'oncle Rafael est mort là !). La vie reprend ses droits... 
- la description si juste de la vie d'exilé : difficultés d'adaptation, de communication (les enfants servent d'interprètes aux parents), la précarité, la faim (les trucs pour survivre : le buffet campagnard gratuit des Galeries Barbes), le racisme ... la nostalgie du pays, l'angoisse pour ceux qui sont restés, la culpabilité d'être parti, de les avoir laissés derrière..., la solidarité entre immigrés (avec les Koumides)...
- la tendresse des relations entre le père et le fils : ils sont très touchants 
- l'humour, tout au long du récit, qui aide à avaler la pilule... (j'ai particulièrement aimé les deux petits grecs, Homère et Socrate, toute la scène de la bagarre avec Michel et son issue, et enfin le personnage du père) 
- le rappel de toute une époque : Allende, Pablo Neruda, les Quilapayuns et l'affreux Pinochet et ses sbires 
- le militantisme de ce petit récit qui rappelle l’horreur des dictatures et c'est très bien puisque Pinochet n'a toujours pas répondu de ses crimes...
Et puis, ça m'a rappelé le coq de mes amis, dénommé Pinochet et passé, un beau matin, à la casserole pour sa cruauté, sans pitié, envers les poules de la basse-cour !
Maryvonne
Ce récit initiatique à la fois fictionnel et qui se voudrait autobiographique (?) fait pénétrer en peu de mots dans le milieu isolé des immigrés qui ont le devoir de s'intégrer "sans faire de bruit". Aussi "la sale histoire" qui arrive à Lucas apparemment fragile et son inévitable confrontation avec Michel "grand avec des muscles d'acier" revêt pour le lecteur l'annonce d'un cataclysme. Le récit a essentiellement eu l'avantage de m'amener à épouser cette terrible angoisse. Je me suis dit "il va se faire tuer, toute la famille va devoir repartir au Chili … où le régime de Pinochet continue à sévir avec toute l'horreur qu'on connaît". J'ai poussé un OUF de soulagement quand la bagarre a tourné à l'avantage de Lucas. Le style qui emprunte à l'argot parisien décrit en traits incisifs la difficile condition des immigrés, et tout ce qui peut se passer dans la tête d'un enfant chilien à Paris dans les années 70. Mais cela peut être aussi le parcours de tout adolescent au-delà des frontières (apprentissages, amitiés, expériences amoureuses) qui doit s'affronter à la vie et faire ses preuves. Il y réussit d'ailleurs pas mal. Livre tonique et d'espoir, T'es pas mort ne me laissera pas un souvenir impérissable, mais que j'ai aimé.
Nicole
J'ai lu ce livre d'une traite, avec beaucoup de plaisir, appréciant particulièrement le choix du registre de langage ado qui permet à l'auteur de parler de choses très graves sur un ton anodin. Ce n'est pas un chef d'œuvre littéraire et mon appréciation "livre totalement ouvert" tient certainement au fait que ce récit me rappelle l'époque où je militais pour le Chili, Pablo Neruda et les Quilapayuns en tête... Qu'en aurait-il été si ce livre avait traité de cette façon, brève et si particulière dans sa forme, une cause inconnue de moi ?
Marie-Charlotte
Un petit livre facile à lire, frais, mais qui ne va pas me laisser un souvenir inoubliable. Le langage plus que familier et adolescent utilisé me plonge dans mon quotidien … J'ai aimé les contrastes du soleil chilien, soleil du cœur de Lucas et la grisaille de la banlieue parisienne, le rythme soutenu et vif de l'histoire, l'engagement des parents, la difficulté à s'adapter ou oublier Santiago et la chute d'Allende. J'ai énormément aimé le Chili, son peuple hyper accueillant, et le côté paisible, pacifique mais fier que j'ai découvert dans la personnalité de Lucas. J'ai lu le livre il y trois semaines et me sens bien incapable de retracer aujourd'hui les émotions qu'il m'a procurées, preuve sans doute de son côté volatile…
Yvonne
Dès qu'on évoque le Chili, je suis d'ordinaire très attentive et sensible au sujet, tant le pays m'importe. Je m'attendais donc à éprouver une certaine émotion. Elle n'a été qu'effleurée. L'écriture est celle d'un adulte faisant parler un adolescent. En adoptant ce langage " pseudo-adolescent ", l'auteur ne donne pas beaucoup de crédit aux situations évoquées, même lorsqu'il s'agit de rappeler les événements politiques et tragiques des années soixante-dix. Il n'y a pas de description des parents hormis à travers des clichés : la maman pleure son pays, le papa vit pour son engagement, mais de la relation familiale on ignore pratiquement tout. Lucas parle beaucoup plus volontiers des parents de ses amis grecs. Le narrateur se sert, au début du récit, de l'écriture comme d'un exutoire dont nous sommes témoins. Il lui faudra être confronté à la violence, à travers une histoire assez sordide, pour s'affranchir du regard du lecteur et oser le dialogue. Heureusement qu'il y a quelques notes d'humour et que Lucas sait " prendre " le soleil pour échapper à sa condition, sinon quel ennui.
Mon'
J'ai bien aimé ce petit récit d'adolescence. Je trouve que sont bien vus et décrits les problèmes liés à cet âge et à ce moment : les filles, les camarades, la bagarre. Tout ceci sous-tendu par la condition d'exilé qui, avec beaucoup de pudeur, sans dramatiser, est vécue au quotidien.



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L'exil c'est la tasse... Lucas, Chilien, 14 ans, réfugié, famille en fuite de Santiago... stop.