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Michel Onfray
Le Traité d'athéologie
Grasset
Sabine
J'ai relu le livre de Michel Onfray, avec toujours autant d'intérêt.
Ce livre, qui est à la fois un ouvrage sur l'histoire des religions,
une réflexion sur le besoin de croire, un traité (peut-être ?)
prosélyte, partisan en tous cas, m'a emballée.
Évidemment, mon parcours n'y est pas pour rien : mes parents
sont profondément athées (après avoir été
profondément meurtris par l'antisémitisme et la germanophobie
d'après-guerre) et il m'est impossible de "mentir" à
mes enfants sur un au-delà, ou un ciel qui les accueillera quand
ils seront morts. Je passe sur le chapitre familial. Pour le chapitre
professionnel, je suis comme beaucoup d'autres enseignants confrontée
à des élèves fortement croyants et/ou pratiquants,
de confession musulmane, et qui interrompent les cours par des propos
religieux : " Mais Dieu a dit... ". Si vous n'avez
pas lu le livre d'une prof de philo de Saint-Ouen (École, terrain
miné) qui explique les difficultés grandissantes qu'elle
rencontre pour enseigner sa matière (les élèves parlent
de " créationnisme ", nient les théories
de Darwin, etc.), sautez dessus, vous comprendrez mieux le public auquel
nous devons faire face (sans parler de problèmes de foulard, de
nourriture Hallal, de ramadan, qui empêche... ). Ainsi donc, la
réflexion de Michel Onfray est née de ce sursaut spirituel,
qui loin de se faire dans la sphère privée (ce que permet
notre système démocratique et laïque), vient parasiter
la sphère publique. Oui, comme Onfray, cette religiosité
m'exaspère, me fait même hurler.
En ce qui concerne le livre en lui-même, j'ai apprécié
son aspect documenté et pédagogique. J'ai appris plein de
choses sur les pratiques cultuelles. Comme Onfray, je suis sidérée
de voir que plus de 4 milliards d'habitants croient ! Les récits
saints sont de l'ordre du " mythique " ou du " mythologique ".
Que l'Homme ressente " l'horreur du vide ", donc de
la mort, je le conçois, mais qu'il soit prêt à gober
autant d'invraisemblances me laisse perplexe. En 1986, lorsque la rumeur
a couru qu'Isabelle Adjani avait le sida, un sociologue, Jean-Michel Käpferer
a publié un ouvrage sur les rumeurs. Bernard Pivot demande au sociologue :
" Pour vous, quelle est la plus ancienne rumeur ? "
Et il a répondu : " Dieu, probablement "...
Voilà, Dieu, c'est ça, une " névrose obsessionnelle "
(p.123) comme dit Freud, qui nous bouffe la vie, et surtout celles des
athées.
Maintenant, quel " combat " mener pour faire barrage
à cette intrusion de la sphère privée spirituelle
dans la sphère publique ?
J'attends vivement de vous lire les uns et les autres, en espérant
n'avoir heurté personne !
Lona
Lecture assez difficile, et j'ai plusieurs fois utilisé mon " Robert ".
Trop de références, trop d'ouvrages cités. Les a-t-il
tous lus ? A-t-il pris le temps de " méditer sur
l'ensemble de cette littérature " (p.195) ? Il démonte
mais ne propose rien d'autre ! C'est assez frustrant pour un ouvrage
se voulant être un " Traité de
"
Alors, que retenir ? Que la religion évite de regarder le
monde en face (p.23), donc oublie le réel et que l'athéisme
va réconcilier l'individu avec la Terre ? Toutes les religions
seraient donc de l'infantilisme mental, de l'aliénation, de la
misère spirituelle, une forme d'hystérie, une épidémie
mentale, ou simplement des histoires pour enfants (p.27-29) ?
Certes, quand la religion représente uniquement un troupeau de
chrétiens obéissants, animés d'une névrose
communautaire (p.176-177) ou l'image d'un vieux barbu chevelu, à
cheval sur un nuage, et qui prétend vouloir nous gérer et
nous contrôler ici-bas, assisté d'un élevage de volailles
béates, créatures ailées androgynes (p.129), ce vieux
sénile qui voudrait nous faire croire que l'Éden serait
un anti-monde pour imbéciles heureux (p.98), où tout serait
enfin permis de ce qui était défendu sur terre, avec des
biens à foison, des rivières de miel et de bonnes choses...
Rêvons ! Espérons !
J'ai trouvé l'ouvrage assez ronflant, voire méprisant !
Plutôt agressif, alors que dans ses interviews médiatiques
il est plus posé ! Dans son interview du 23 septembre sur
France Inter, au Bazar-Café, il souligne " qu'un philosophe
est autre chose qu'un cloporte ", et dans son livre, à
propos de ce Paul qu'il semble particulièrement détester,
que " l'inculte ne parle pas aux philosophes, mais à
ses semblables " (p.124). Je devrais donc conclure, qu'en tant
que philosophe, il détient " la " vérité,
qu'il baigne dans cette " santé mentale " mais
qu'il n'y aurait aucun salut en dehors des philosophes ? donc de
gens bien pensants, comme lui ? Religions et sciences n'ont pas toujours
fait bon ménage. Religions et politiques non plus ! Les erreurs
du christianisme-terrain ont été les mêmes que les
erreurs, terrain d'un islamisme pur et dur de nos jours : on a toujours
converti ou tué pour un dieu, et qu'importe son nom !
Je n'ai rien ni personne à défendre, et je n'ai pas suffisamment
d'arguments pour démonter les thèses d'Onfray : il
me faudrait relire les textes de la Bible, mais j'avoue que je ne m'en
sens ni le courage, ni l'envie ! On pourrait tout au plus lire le
livre de Matthieu Baumier, jeune essayiste, qui répond à
Michel Onfray dans son bouquin L'Anti-traité d'athéologie.
Le système Onfray mis à nu, aux Presses de la Renaissance.
Alors pour ceux et celles qui se sentent (encore) concernés, à
vos lectures !
Marie-Thé
Que dire d'un livre où il est tant dit et avec lequel je suis d'accord... ?
Le monothéisme créateur d'arrière-mondes, de fables,
de fictions, de mythes, et tout ce qui va avec... Et puis la vie, le réel
en face, le seul monde qui soit. D'un côté la pensée
magique, mais aussi " l'invitation à obéir plutôt
qu'à réfléchir ", codifiée dans
les livres saints ; de l'autre, la philosophie, la raison, la réflexion,
la mobilisation de son intelligence...
Les deux derniers paragraphes (p.90) nous parlent d'un athéisme
qui déconstruirait les monothéismes... mais aussi toutes
ces présomptions de culpabilité (plaisir = péché,
volupté = damnation, etc.) : " A quoi
pourrait s'ajouter une politique moins fascinée par la pulsion
de mort que par la pulsion de vie. "
Pour revenir à la philosophie, qui " remplacerait "
la religion, la philosophie pour moi c'est collectif. Quand la religion
a fait trop de dégâts (ce qui est souvent le cas), la psychanalyse
peut être la " méthode qui soigne ".
La psychanalyse, c'est individuel. (voir p.123-124 aussi).
Je terminerai tout de même en me reportant aux dernières
lignes du livre : " Il n'existe qu'un monde, toute promotion
d'un arrière-monde nous fait perdre l'usage et le bénéfice
du seul qui soit. Péché réellement mortel
".
Et puis je change de livre, juste ceci, extrait d'un beau livre plus ancien
de Michel Onfray (Journal hédoniste : le désir d'être
un volcan). Dans une nouvelle il évoque son père, beaucoup
d'émotion, et puis ces quelques lignes : " Ce sont
les patrons de mon père qui m'ont fait rebelle autant que les prêtres
de mon enfance chez les Salésiens m'ont converti à l'anticléricalisme.
Je leur dois au moins ça. "
Françoise O
Au bout de 50 pages, je suis allée reprendre la définition
d'un traité et d'un essai. Je suis déçue par le livre
ou alors c'est moi qui me suis trompée de sujet. J'ai été
très vite agacée par l'auteur. Il fait part d'une affirmation,
un postulat : " Dieu n'existe pas ". Donc pour
moi, il saute le problème, c'est un traité et non un essai.
p.39 : " Dieu est fabriqué par les mortels, Dieu
disparaîtra avec le derniers des hommes. Dieu durera autant que
les raisons qui le font exister, ses négateurs aussi. "
Mais ce qui m'intéresse moi, c'est " Est-ce que Dieu
existe ? ".
Dans la structure du livre, il affirme que :
- tous les croyants sont des malades à guérir par la philo ;
- tous ceux qui prêchent sont des coupables ;
- toutes les églises sont des " monstres ".
Il propose un projet déconstructeur qui lui permet d'ignorer tous
les questionnements et tous les cheminements. Ensuite, il fait une étude
du christianisme et des religions monothéiste : c'est une
longue suite de tous les maux, toutes les mauvaises actions, les dérives
et les conséquences de ces religions. Et là je trouve qu'il
y a des répétitions, il prend les mêmes exemples dans
chacun de ses chapitres (ou bien je n'ai rien compris à son plan).
Cela devient un catalogue. Il y a pour lui une cause et des conséquences
et comme il montre des conséquences épouvantables, il retourne
le problème. Les conséquences sont tellement mauvaises que
cela prouve, selon lui, que la cause est mauvaise. Mais il y a une différence
entre la foi d'un croyant et les " églises ".
Une seule fois il l'admet très vite (p.99).
Ce livre n'est pas pour moi une étude de l'athéisme mais
une étude des conséquences des dérives des églises.
Est-ce qu'il veut montrer que Dieu n'existe pas parce que ceux qui y croient
se sont mal comportés ? Sa conclusion : les croyants
ont tort de croire. Ma conclusion : les croyants ont tort d'agir
ainsi. C'est de la malhonnêteté intellectuelle.
Manuel
Michel Onfray aurait du être plus culotté car il tire sur
une ambulance.
Marie-Madeleine
C'est aussi l'avis de ma mère...
Manuel
J'ai abordé le livre de Michel Onfray sans a priori. Je ne savais
pas tout le battage médiatique. Mon avis est très mitigé.
Le projet qui paraissait ambitieux se révèle être
un pamphlet sans grande qualité d'argumentation. La première
partie " Athéologie " est laborieuse et ennuyeuse
et ne m'a pas du tout convaincu. Vous proposez quoi au juste M. Onfray
comme alternative ? Notre système judiciaire, même s'il
procède, selon vous, du principe judéo-chrétien et
non d'une laïcité, ne s'en porte pas plus mal non ?
J'ai beaucoup appris sur l'Islam, même si certains arguments sont
à vérifier je pense, dans la partie appelée " Monothéisme ".
Malheureusement, nous savons tous que tous les problèmes d'aujourd'hui
sont liés à de vieilles fables, au racisme, à l'antisémitisme,
à la misogynie. Je suis d'accord à 200% avec vous M. Onfray,
l'Eglise ne nous a pas aidé à avancer, au contraire
Mais nous apprenez-nous vraiment quelque chose ?
Les curés ont dû vous martyriser ! La troisième
partie " Christianisme " vous discrédite M.
Onfray. Votre plume se fait plus alerte pour évoquer la soi-disant
collaboration des évangélistes avec les Romains pour éliminer
les juifs (p.161). Vous oubliez M. Onfray que l'appellation "peuple
déicide" est apparue avec Paul et je rejoins votre idée
sur ce personnage
La description de Ponce Pilate est navrante. Quand
à savoir pourquoi Jésus ne défèque pas, on
s'en fout un peu. Vous auriez pu être plus incisif non et moins
démagogique dans vos arguments et vos " vannes ".
Enfin grâce à " Théocratie " vous
démontrez brillamment que l'histoire est un recommencement et qu'il
faut être vigilant quant à l'instrumentalisation de la religion.
Je rejoins Françoise O le titre est mal choisi, je m'attendais
à une ouverture vers un " post-christianisme "
et non ces presque 300 pages très (très) répétitives
pour constater ce que je savais déjà. Se moquer des Lumières
est un peu facile. De la Genèse aussi ! Merci au groupe lecture
pour cette lecture.
Maryvonne
Quand on a déjà lu Michel Onfray, on n'est pas surpris de
la parution du Traité d'athéologie. On sentait monter
cette charge contre les religions dans ses précédents essais
où il prône un art de vivre basé sur une philosophie
hédoniste, qu'à travers les siècles les propagandistes
religieux ont ignoré, déformé, voire caricaturé.
Dans ce nouvel essai, il démontre méthodiquement et parfois
avec virulence, les incohérences, contradictions, inventions qui
ont procédé à la construction des mythes religieux
et aux errements des différentes églises.
C'est une analyse brillante, décapante, difficilement contestable,
compte tenu de l'abondance et du sérieux de la bibliographie qui
étaye son argumentaire.
Je comprends que des croyants aient ressenti une douloureuse amertume
à la lecture de ce livre qui ébranle les convictions profondes,
mais le but essentiel vise à donner à l'athéisme
un " contenu positif " et à promouvoir une
laïcité véritablement athée, c'est-à-dire
débarrassée de sa gangue judéo-chrétienne.
Lil de Plum'
Je n'ouvre ce livre qu'à moitié car je suis en colère
contre Michel Onfray. Je me réjouissais de le lire et j'ai été
déçue, vraiment déçue. Que ce philosophe,
que j'admire, qui dit ce qu'il pense et fait ce qu'il dit (enseignement
en lycée professionnel, création de l'université
populaire de Caen
) se soit laissé aller, au point d'écrire
un pamphlet (ce qu'il réfute sur les ondes !) aussi mal ficelé
et violent, pour ne pas dire insultant à l'égard de tous
les croyants, sans distinction, me fâche vraiment !
La forme de ce livre réduit considérablement l'impact qu'il
aurait pu avoir. On a l'impression que l'auteur se laisse emporter par
sa plume, dans une logorrhée fielleuse qui, à mon avis,
dessert totalement son sujet. C'est long (beaucoup trop, pour un pamphlet !),
lourd, répétitif, caricatural et que dire de la violence
et du mépris sous-jacent : " les chambres à
gaz peuvent s'allumer au feu de Saint-Jean ", " l'ontologie
boulangère ", etc. Je crains que cette prose ne braque
davantage les croyants sur leurs certitudes plutôt que de les inciter
au dialogue (ce qui se vérifie à Voix Au Chapitre puisque
certains membres du groupe ont refusé de participer aux échanges
autour de ce livre). Or le rôle d'un philosophe n'est-il pas d'ouvrir
des espaces de réflexion et de dialogue ?... Non content de
sombrer dans ce flux verbal revanchard de déconstruction des monothéismes,
ledit philosophe me laisse sur ma faim là où j'attendais
un exposé, en bonne et due forme, sur l'athéisme. Pourquoi
ne pas avoir équilibré l'ouvrage entre déconstruction
et construction ? Personnellement, j'aurais trouvé cela plus
logique, plus utile et plus efficace pour tout le monde ! (Et pour
moi, en particulier !).
En ce qui concerne la matière de cet ouvrage, n'étant pas
exégète, je ne puis vérifier ce qu'affirme Michel
Onfray. Il ne me convainc pas plus que Dieu n'existe pas que les croyants
ne me convainquent qu'Il existe... On ne peut, bien sûr, qu'être
d'accord avec lui sur toutes les exactions dénoncées, la
collusion des Institutions avec le pouvoir, etc. Mais je regrette que
le philosophe se laisse aller à des généralisations
indignes et qu'il n'exempte, de ces méfaits, tous les individus,
qui, mettant en uvre des " valeurs chrétiennes ",
ont rendu de fiers services à l'humanité. (Nombre de ces
valeurs sont d'ailleurs communes avec celles exprimées dans la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme... Doivent-elles
être récusées ?).
Heureusement pour lui, Michel Onfray, sur les ondes, se montre beaucoup
plus modéré : il maîtrise mieux sa langue que
sa plume : tout n'est donc pas perdu ! Qu'il continue de nous
enseigner la philosophie comme il sait si bien le faire et qu'il nous
montre que l'athéisme peut être source de paix intérieure...
Katell
Ce Traité d'athéologie n'est pas du tout convaincant.
A première vue, cela avait tout pour me plaire : Michel Onfray,
le philosophe du plaisir de vivre, l'université de tous les savoirs...
L'athéisme... C'est bien de défendre l'athéisme aujourd'hui
où l'on est sans cesse rattrapé par une sorte de mysticisme
ambiant, ces guerres de religions, ces querelles de chapelles. Las !
Il passe complètement à côté de son projet
et en plus le dessert. Un traité ? Un pamphlet, oui !
Il n'y a pas une once de réflexion, de recherche, de philosophie...
C'est un chapelet d'arguments plats et mille fois rebattus contre les
religions : le paradis, la haine des femmes, l'inintelligence, etc.
Mais on sait déjà tout cela ! Cela m'a évoqué
mes réflexions lorsque j'avais une douzaine d'années et
j'ai compris que j'étais profondément athéee. Mais
je suis vraiment déçue qu'un philosophe aligne ces poncifs
dans un ouvrage où il prétend faire une démonstration
(chaque chapitre se ressemble, on n'avance pas). J'avais envie d'un manuel
(dans le sens des Exercices spirituels d'Ignace de Loyola) sur
le comment penser athée aujourd'hui, chaque jour, dans notre société
encore très judéo-chrétienne. A un moment, il entrebâille
le début d'une réflexion, lorsqu'il évoque par exemple
nos principes de justice ou les prises de positions sur la bioéthique,
le mariage gay ou les enfants d'homosexuels. Mais il ne va pas plus loin.
Il n'élabore pas une vraie réflexion. On le sent juste remplit
de colère et il vomit ces monothéismes. Mais la colère
est loin d'être une démonstration. Finalement, il utilise
les mêmes armes que ces religieux fondamentalistes qui combattent
mais ne démontrent pas. Et puis, il aligne toutes ces formules,
telles que " Le musulman qui boit du beaujolais et mange du
rôti de porc ! " C'est pauvre, c'est bête et
ce n'est pas de la philosophie. C'est du niveau de la presse de bas-étage.
Quand à la fin (la dernière page), il déclare qu'il
est temps d'élaborer une réflexion sur l'athéisme,
on a envie d'écrire dans la marge de sa pseudo dissertation :
" C'était justement le sujet du devoir ! "
Si on veut entrer dans une vision athée du monde, je vous conseille
plutôt et chaudement de lire Lire Lolita à Téhéran,
de Azar Nafisi, où s'organisent la vie - et la résistance ! -
d'une professeure et de ses étudiantes sous les ayatollahs grâce
à la littérature anglo-saxonne (Nabokov, Henry James ou
Jane Austen)... Bouleversant !
Françoise D
Ce n'est pas un livre de philosophie, mais fort heureusement ! C'est
un pamphlet. Il y a des répétitions, mais les répétitions,
c'est pédagogique. Je ne suis pas d'accord avec ceux qui pensent
que c'est facile à faire. On peut trouver cela barbant, inintéressant
mais il reprend les textes (Coran, Bible) et les démonte. Ce n'est
pas évident. Ce sont des livres fondamentaux.
Je suis d'accord avec lui de A à Z, c'est un anticléricalisme
fondamental mais on est en plein retour du religieux. Chose rare, j'ai
été interpellée deux fois dans le métro pendant
que je lisais ce livre. Cela ne m'arrive jamais avec un autre bouquin.
Cela prouve que ça interpelle et que c'est nécessaire. C'est
un livre militant, il a une réaction épidermique mais intéressante.
Il a des comptes à régler avec le christianisme, c'est excessif,
mais comme Houellebecq, qui dit que l'Islam est la religion la plus con.
J'ai adhéré à tout ce qu'il dit. C'est important
qu'un bouquin comme celui-ci ait du succès. A noter aussi, je suis
en train de livre Tristes Tropiques, et c'est un réquisitoire
à charge contre l'islam en
1955 ! (p. 489)
Mary
Je me suis franchement ennuyée en lisant ce livre. Il a répété,
répété, répété le thème
et ses conclusions. A mon avis, c'est plus simple de dire comme Karl Marx
" La religion est l'opium du peuple ". Pendant ma
vie, j'ai déjà beaucoup lu sur les religions car au cur
des guerres, il y a souvent une question de religion. Il n'ajoute rien.
J'ai des amies qui suivent une religion et j'ai voulu mieux comprendre
leurs convictions. Pour moi, je n'arrive pas à suivre des règlements
qui sont imposés par les autres. Mais je sais qu'il existe des
gens qui ont besoin d'organiser leur vie autour d'une religion et j'ai
trouvé que l'auteur ne s'occupe pas assez profondément de
ce problème. Ma critique est brève, car j'ai passé
trop de temps à lire ce livre.
Michèle
Ce que j'aime chez Onfray c'est son anarchisme épicurien, il me
réconforte. Je suis complètement en accord avec lui sur
les accusations qu'il porte sur les trois monothéismes, religions
totalitaires, qui ont empêché l'évolution de la société,
et fait régresser l'homme. Et je rajoute même : bravo
pour son culot de vulgarisation, c'est plutôt courageux dans cette
période de pensée unique.
Onfray ne dit pas comme Nietzche " Dieu est mort ",
il dit : dieu n'existe pas, les religions sont des concepts basés
sur la pulsion de mort et leur simple énonciation a créé
la Vérité. Très forts ces concepteurs ! dont
l'hystérique Paul de Tarse !
Mais la vraie question reste en suspens, pourquoi l'homme ressent-il comme
une nécessité le besoin de transcendance ? Il attaque
essentiellement les croyants sans tenir compte de leur désarroi
d'humain face à leur finitude. J'aurais préféré
une argumentation plutôt qu'une attaque, mais je lui pardonne car
il y a de quoi s'énerver contre tous ces hauts clergés et
ulémas qui nous dament le pion depuis tant de siècles, n'oublions
pas que l'Index a été pratiqué jusqu'à Jean
XXIII (1960), que l'excommunication et/ou la mort ont frappé scientifiques
et philosophes encore récemment (Rushdie).
Onfray nous donne peu d'explications sur son athéisme, sinon, j'ai
relevé : " Ni Dieu ni la science (p86)
mais
la Philo, la Raison, l'Utilité, le Pragmatisme, l'Hédonisme
individuel et social autant d'invitations à évoluer sur
le terrain de l'immanence pure (merci !) dans le souci des hommes,
par eux, pour eux et non pas dieu. " Comme si l'athéisme
était une évidence pour chacun, Lil a raison, il ne développe
pas son athéisme, on sort un peu frustré. Tout de même,
un point positif, il souhaite que l'histoire des religions soit enseignée
à l'école, en voilà une bonne idée que nos
politiques devraient suivre !
Claire
C'est déjà dans les programmes !
Michèle
J'attends son prochain ouvrage sur l'athéisme. L'athéologie
comme son nom ne l'indique pas c'est : l'absence de la " science
des religions révélées des choses divines qui peut
être apogélitique ou irénique " (Larousse
du XXe siècle) : est-ce une explication du titre et du contenu ?
That's the question !
Claire
J'étais très contente qu'on lise enfin un livre à
la mode... J'ai vu l'auteur à la télé, mais dans
le genre, je préfère BHL... Son itinéraire est intéressant,
bien que je trouve tout à fait bêtes ses allusions aux inspecteurs.
Il s'exprime très bien, c'est un orateur, ses attaques font mouche.
Sur France Cucul, j'ai écouté une émission retransmettant
une conférence dans le cadre de son université populaire :
c'était sur Spinoza. Il a du talent, mais ça ne m'a pas
intéressée. On ne sent pas la rigueur démonstrative.
J'ai été déçue.
Au début du livre, j'ai aimé la carte postale mystique,
le panorama d'une image à l'autre, puis très vite j'ai trouvé
son écriture mal foutue, lourdingue. Concernant l'athéisme,
j'ai été très vite embobinée : " Bon
sang, mais comment peut-on croire à toutes ces fariboles ?
Ce sont tous des débiles ! " Mais le discours est
répétitif, c'est longuet, ça m'est tombé des
mains, lassée que j'ai été par la haine et le mépris
latents : je suis déçue.
Claude
Commençons par les restrictions : il " enfonce le
clou " avec des formules sans ménagements, d'où
un côté sectaire qui est justement reproché aux religions.
Mais ce côté militant m'est assez sympathique. J'aime bien
les gens qui défendent leurs idées avec conviction, quitte
à faire preuve de temps à autre de " mauvaise
foi ".
Le style est clair. L'argumentation est précise avec des mots simples.
Sans toutes les références, je n'ai pas toujours été
à même de juger de son bien-fondé, mais je l'adopte
avec bienveillance puisqu'il vient en support de mes propres vérités.
Renée
Mon fiancé (Renée est mariée depuis très
longtemps avec un professeur de philo qu'elle appelle son fiancé...)
et moi, lorsque nous avons vu le livre, nous nous sommes dit : " enfin ! "
Nous sommes partis en Grèce et mon fiancé le lisait toute
la journée. Il était pour/contre/ s'énervait, et
une nuit je l'ai entendu articuler très distinctement dans son
sommeil : " Ne m'obligez pas à écouter des
chants religieux ! " Je me suis rendue compte que ça
agitait des tas de choses. J'adhère complètement à
ce projet parce qu'on commençait à vivre dans un étau.
Athée, cela semble être presque un gros mot.
(Renée n'a pas lu le livre, mais cela n'empêche pas d'avoir
un avis...)
Marie-Madeleine
Enfin, mais c'est une merde ! C'est une pirouette, il ne démontre
rien, n'analyse rien, c'est du pipi de chat, des ronds-de-jambe pas du
tout convaincants. Le grand problème aussi, ce n'est pas le catholicisme,
c'est l'Islam. Dis à un musulman que tu es athée, ce n'est
pas possible. L'éducation musulmane est de plus en plus grave.
Ils ne discutent de rien. Ce bouquin est dépassé et c'est
peut-être parce que je n'ai pas reçu une éducation
religieuse. Je pense qu'il est plus intéressant de lire l'Anthologie
de l'athéisme. Ce n'est pas solide, pas efficace.
Liliane
Je rejoins Françoise. J'ai lu l'an dernier Théorie du
corps amoureux. Ce livre me parlait une langue nouvelle, comment bien
vivre. Ce n'est pas un essai, c'est une tentative, simplement une critique
des dérives et j'ai trouvé que c'était essentiel
et pas facile. J'ai été élevée dans un carcan
religieux et cette lecture m'a donné une respiration, cela m'a
aérée. Je ne m'attendais pas à une démarche
rigoureuse. C'est un livre d'humeur, de bonheur, il ne fait pas dans le
rationnel. Cela m'a soulagée de tout ce carcan, ce malaise terrible,
ces principes stéréotypés. Ca m'a fait du bien. J'ai
lu La Bible dévoilée, je m'interroge. J'enseigne
dans une école multiconfessionnelle. Je dois éduquer, comment
est-ce que je me positionne ? Ce n'est pas facile de passer d'un
état de non-religion, je ne sais pas si je crois ou non...
Claire
... t'es agnostique... Comme moi !
Liliane
Il pointe tout ce qui pollue la pensée. Je le suis ! La démarche
est très saine. J'aime bien les provocateurs, il met les pieds
dans le plat. Mais la légèreté de ton se transforme
et après c'est un pensum jusqu'au bout, avec de la vulgarité.
Nicole
J'ai été déçue par la forme et le contenu.
J'ai par habitude, avant de commencer à lire un livre, de le feuilleter
pour une première prise de contact. Là, j'ai eu l'impression
de faire du sur place.
Cette impression a été confirmée par la lecture :
trop répétitif, trop brouillon et beaucoup trop d'énumérations.
S'agissant d'un pamphlet, la violence ne m'aurait pas gênée,
mais un pamphlet c'est court
Outre la forme, le titre m'a paru mal choisi, j'aurai préféré :
Critique de la perfidie des religions.
Oui, je suis d'accord avec vous, ce livre était nécessaire,
mais il enfonce beaucoup de portes ouvertes, et je regrette de ne pas
y avoir trouvé, après ce travail de déconstruction
en règle, un exposé sur le rôle de la philosophie
et la possible réalisation d'une société basée
sur des valeurs athées. Et cela je le regrette vraiment.
Par contre, j'ai été très intéressée
par le chapitre " une catalyse du merveilleux " page
153.
J'attends maintenant un vrai traité sur l'athéisme.
Jacqueline
J'avais un préjugé très favorable. J'avais entendu,
un été où je bricolais, ses conférences sur
France Culture. Je m'étais délectée avec ces choses
nouvelles pour moi. Les philosophes grecs et le christianisme. Un an après,
toujours sur France Culture, je réentends Michel Onfray. C'était
décevant. Je l'ai lu à moitié : je n'ai pas
eu le temps. C'est un essai ou je ne sais quoi. Le titre m'a intriguée :
il parle d'athéologie mais pas de l'athéisme. Il annonce
bien qu'il veut parler contre la théologie. D'une certaine manière,
il me semble bien qu'il traite le sujet mais je n'ai pas été
complètement emballée. Je m'attendais à autre chose.
C'est plat. J'ai retrouvé plein de choses qui semblent aller de
soi. Ce sont des contes mais derrière les contes, il y a quelque
chose de symbolique. Je pense qu'il y a une autre dimension que les choses
purement matérielles.
Jean-Pierre
Toute référence gardée, moi qui ne suis philosophe
qu'entre la poire et le fromage, et avant de dire comment j'ouvre Le
Traité d'athéologie de Michel Onfray, je tiens à
dire ceci :
1. Michel Onfray devrait éviter les gros mots du genre parerga
ou paralipomena ou herméneutique ou plein d'autres que j'ai déjà
oubliés (avant même de les avoir compris, faute de les avoir
trouvés dans mon " petit " Robert), ce qui
est dommage pour moi, mais aussi pour un philosophe qui se veut populaire.
2. Ce livre me paraît un peu trop long. Tout pourrait être
dit en quelques paragraphes : l'inconsistance des textes soi-disant
divins ; les incohérences, les inepties, les contrevérités,
les mensonges, les stupidités, les déraisons du Livre, dans
ses trois versions hébraïque, chrétienne et musulmane ;
la collusion entre les églises et les pouvoirs politico-économiques ;
les croisades, la colonisation, les conversions forcées, la traite
des Noirs, l'inquisition, les guerres de religion, les massacres, les
tortures, les génocides, etc. Toutes horreurs que Michel Onfray
n'a pas découvertes. Il les rappelle, très bien. A quoi
bon les répéter à l'envi ?
3. Moi qui en suis toujours à espérer que le clergé
catholique (pour ne parler que de ce que je connais le mieux) va enfin
admettre que les histoires magiques, fabuleuses et abracadabrantesques
des Pères Noël et des mères vierges, des miracles et
des apparitions divines, du corps et du sang du Christ dans le pain et
le vin de l'eucharistie, des réincarnations, des anges et demi-dieux,
etc. ne sont au mieux que des symboles ou au pire des visions d'illuminés
du bitos ou des partisans du bourrage de crâne, je reste sur ma
faim.
Mais cette attente ne me détourne pas des croyants d'en-bas. Certes
Onfray le dit aussi, mais je suis un peu gêné de la vigueur,
pour ne pas dire de l'outrance de ses dénonciations, qui mélangent
un peu trop, à mon goût, les maîtres séculiers
et les princes de l'Église (parmi lesquels je ne range pas le bas-clergé,
malgré sa collusion idéologique avec la hiérarchie
papale) avec le petit peuple, exploité, massacré, trompé,
aveuglé, entraîné, fanatisé. Tuez-les tous,
dit Onfray, la philosophie reconnaîtra les siens, en quelque sorte.
4. Ce traité dit d'athéologie est surtout une charge (héroïque
parce que millénaire, maintes fois répétée
et cependant toujours nécessaire) contre les religions (et notamment
les monothéismes), et non pas un déni de Dieu. Car où
sont ses arguments en faveur de l'athéisme ? Par quoi remplit-il
le vide béant que libèrent ses coups de boutoir ? Par
un mot sans contenu explicite : l'athéisme. Pourquoi n'explique-t-il
pas le progrès que constitue l'athéisme ? En quoi l'affirmation
non étayée est-elle plus recevable que la foi du charbonnier ?
Il nous renvoie à des auteurs comme l'abbé Meslier dont
il dit lui-même qu'il végète dans les oubliettes de
l'histoire. Que ne s'explique-t-il davantage ! On en attendait un
peu plus, car démolir des fariboles ne suffit pas pour les remplacer.
5. Si les religions (toutes les religions) franchissaient le simple pas
de la raison, si tout ce fatras de croyances préhistoriques et
de pratiques incantatoires était enfin remis à sa place
de légendes et de témoignages d'époques et de civilisations
révolues, qu'est-ce qui empêcherait les croyants en Dieu
de se poser, aux côtés des athées et des agnostiques,
les questions existentielles : qui, d'où, où ?... Je
dirais même que ces questionnements, débarrassés de
leur gangue de superstitions, n'en deviendraient que plus authentiques,
que cette quête éternelle recouvrerait sa pleine légitimité
et son entière signification. Peu importerait que certains répondent
" le hasard " d'autres " la nécessité ",
d'autres " un grand principe cosmologique vital ",
d'autres encore " je ne sais pas ", d'autres enfin
" Dieu ". Ces aspects ne sont nullement abordés
dans Le Traité d'athéologie. C'est dommage. Bien
sûr, il resterait à définir ce qu'on entend par Dieu,
mais en tout cas pas ce grand Barbu assis sur son nuage, pas ce cadavre
de pré-révolutionnaire accroché à une croix
romaine, pas ces idoles assoiffées de sacrifices et repues d'offrandes,
pas ces totems, ces esprits des ancêtres, des montagnes, du vent
ou des arbres, pas toute cette imagerie infantile imaginée par
les hommes d'un temps reculé, psalmodiée à l'infini
et utilisée sans vergogne par les religions.
Après tous ces reproches, peut-être en conclurez-vous que
je n'ai pas aimé ce livre. Et bien, vous vous trompez. Je le trouve
malgré tout utile et salutaire. Il appelle un chat un chat, remet
beaucoup de choses à leur place, et pas mal de neurones à
l'endroit.
J'ouvre donc Le Traité d'athéologie aux trois quarts.
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