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Fatou Diome
Le Ventre de l'Atlantique
Nous avons lu ce livre en novembre 2005.
Le groupe breton dont les avis commencent l'a aimé
majoritairement et le groupe parisien dont les avis suivent majoritairement
l'assassine...
Lil
J'ai beaucoup aimé ce livre, à cause de l'originalité
de l'écriture et de la façon dont il restitue, à
chacun, son regard : "Tout
est dans le regard de celui qui regarde"
J'ai observé
avec beaucoup d'intérêt l'Afrique (le Sénégal)
et ses habitants, la France et ses indigènes, avec les yeux de
la narratrice, des yeux d'exilée nostalgique qui porte un regard
tendre mais sans complaisance sur ses concitoyens et... sur nous... Dans
ce livre, il a été, pour moi, moins question d'apprendre
des choses sur le Sénégal et la France, le poids des traditions
et de la religion, la misère et ses corollaires, le sort des immigrés,
etc., que de regarder tout cela "de l'intérieur", sous
un angle inhabituel, avec d'autres yeux... Dès lors, on mesure,
autrement, la tragédie que vit ce pays, entravé par les
traditions les plus archaïques, l'obscurantisme et le sous-développement.
Aucun espoir pour les rebelles, les différents : l'exclusion
du groupe ou l'exil semblent les seules solutions offertes. L'éducation
en est une autre si l'on est assez fort pour surmonter le conflit de loyauté
(cf. p.71 la narratrice et sa grand-mère). Ne restent que
la ruse, le déni ou le rêve pour survivre : ruse des
femmes (femmes réduites à leurs ovaires) dont la condition
nous est montrée, ici, dans toute son horreur. Gla-gla
Déni
du triste sort réservé aux immigrés sur notre territoire,
par ces mêmes immigrés... Rêves de ces ados que rien
ne pourrait ternir... Quant au regard sénégalais sur notre
RMI et nos allocs..., j'ai beaucoup ri, mais... jaune ! Regards de
pauvres sur nos droits sociaux, "privilèges" de riches ?!
Ce même regard, tout au long du chapitre 11, sur les touristes...
Là, je me suis sentie très mal...
Par bonheur, l'écriture est alerte, drôle, fleurie... J'ai
adoré les formules, les sentences, les métaphores. Quelques
exemples : "ma
grand-mère m'a appris à cueillir les étoiles, il
suffit de poser une bassine d'eau au milieu de la cour pour les avoir
à ses pieds", "le
secret est un lait sur le feu, il finit par se répandre si on n'y
prend garde", au sujet de la fertilité : "l'agriculteur
attend des récoltes de ses semailles", d'un vieux mari riche :
"la patine ne gâche
pas le bois de qualité"; TERRIBLE : "nourrir
des filles, c'est engraisser des vaches dont on n'aura jamais le lait !"...
etc.
Des passages désopilants (et sinistres...) : l'histoire de
Gnarelle et de son mari, le pauvre "monocouille" qui devient
rapidement, sans trop d'efforts, "tricouille", la performance
du marabout, l'homme de Barbès... Un beau portrait de femme :
la grand-mère... Une description touchante du statut d'exilé :
"l'orgueil identitaire
est la dopamine des exilés" et des pages très
émouvantes sur le départ, la séparation, la solitude :
prix de la liberté
La drôlerie de cette plume nous aide à encaisser le tragique
de ce qui est dit sur nous, les humains, que l'on soit de l'un ou de l'autre
côté de l'Atlantique... et ce n'est guère réjouissant.
Comment, à l'échelle des nations, retrouver la justesse
de rapports dévoyés par l'argent et le pouvoir qu'il donne,
depuis tant de générations ?... Merci à Fatou
Diome de nous inciter, une nouvelle fois, à y réfléchir.
Michèle
Style plein d'humour, à l'africaine, comme je l'aime. Et pourtant,
nous assistons à la triste réalité de l'Afrique et
de la virilité qui fait perdurer la misère en "polygamisant"
et enfantant au maximum. Il paraît que c'est leur signe de richesse !
Et la mort du cygne bien sûr ! Et pour parfaire l'état
de misère, j'en rajouterais une petite couche, à savoir
la place de la femme africaine dans cette société tribale
et virile ! Des proverbes intéressants en effet comme :
"nourrir des filles,
c'est engraisser des vaches dont on n'aura jamais de lait"
ou encore "berger sans
taureau finira sans troupeau". Le constat du rêve
de l'immigration est tout à fait désolant. Mais cette misère
qui engendre le rêve de la fuite vers l'eldorado, nous entraîne
avec humour francophone africain très décapant, à
trouver plaisant le rythme de vie des personnages. Les scènes de
télé-foot sont plutôt croquignolettes dans leur genre,
l'intervention du marabout "de ficelle" est à l'image
de ce qu'on peut imaginer ainsi que les rapports entre chacune des épouses
de l'époux versatile. Les personnages, un chouia caricaturaux,
qui survivent sur une île paradisiaque pour le touriste européen,
sont tous plutôt sympathiques. Et l'on constate avec le happy end
que le rabâchage pédagogique de Ndétaré a porté
ses fruits. Quant même, à partir de la page 196, on assiste
avec humour et hargne à un petit règlement de compte vis-à-vis
du modèle post-colonial français et du racisme, et c'est
très rafraîchissant.
Mon'
Je suis "entrée" complètement dans ce livre. J'ai
aimé la personnalité de l'auteure ; son humour et sa
lucidité, son style plein de trouvailles poétiques (p. 224),
son analyse de la "situation" d'émigration sans hargne,
sans rancune. J'ai aimé les personnages tellement vivants et vrais !
Madické, bien sûr ! Monsieur Ndetaré, le dérisoire
"homme de Barbès" et tous les autres : la grand-mère,
Moussa
J'ai vraiment eu l'impression de pénétrer dans
la vie de ce village, de connaître - un peu - ces habitudes
de vie "communautaire" si loin de nos habitudes à nous.
On conçoit mieux ce que peut être le dépaysement de
ces Africains, le Tragique, la dérision de leur espoir d'immigration.
Jean-Pierre
Fatou Diome, comme j'ai aimé entrer dans le ventre de ton Atlantique !
Comme j'ai été subjugué par ton écriture souple
et simple, par tes images rayonnantes, par tes dictions, par ta poésie !
Comme j'ai été séduit par ton féminisme chaleureux,
comme je me suis senti femme par tous les pores de ta peau d'ébène !
Fatou Diome, tu m'as entraîné dans ton île de soleil
et de misère, d'espoirs fous et de traditions écrasantes,
au son des tam-tams et au rythme de tes pas de danse. Tu m'as fait détester
sans haine tous ces machos d'un Islam mal digéré, mâtiné
de croyances préhistoriques et de magie noire. Tu m'as conforté
dans mon exécration des marabouts, tous les marabouts, de toutes
les mythologies. Tu m'as rendu proche de ton frère, de sa fuite
en avant, de sa quête d'une terre promise en forme de mirage, car
qu'aurais-je ressenti à sa place ? Tu m'as fait estimer ton
instituteur et son marxisme désespéré, que le libéralisme
triomphant range dans les ringardises. Tous tes personnages de chair et
de sang, des vrais gens, avec leurs passions, leurs histoires, leurs crimes,
leurs petitesses et leurs espérances m'ont touché au plus
profond de moi, et ne sont pas près de me quitter.
Fatou Diome, débordante de vie, d'amour, de nostalgie et d'humanité,
écartelée entre deux cultures, exclue de ton peuple par
la malédiction ancestrale des coutumes, la toute puissance de l'intolérance
et la gangue du qu'en dira-t-on, à peine tolérée
à la marge misérable d'une France riquiqui, ex-puissance
coloniale repue de suffisance, abrutie de football et abêtie par
la xénophobie, tu as fortifié ma vision du monde, d'un monde
sans frontières géographiques, sexuelles, sociales, culturelles
et religieuses.
Fatou Diome, je redirai ton nom comme un psaume, comme une invocation,
comme un repentir pour les exactions et les crimes que l'Occident a commis
envers le Peuple Noir, comme un regret de ne pas te connaître. Merci
Fatou Diome. J'ouvre ton livre à 150%.
Mary
Ce livre m'a embarrassée. J'ai eu la chance de naître dans
un pays européen, avec tous ses privilèges, et les soucis
que je pense avoir ne sont rien en comparaison des problèmes africains,
décrits par Fatou Diome. Comme je suis, moi aussi, une exilée
(écossaise en Angleterre d'abord, et en Bretagne aujourd'hui),
je sens, de temps en temps, une résonance avec ce qui est écrit :
par exemple, le fait d'être une étrangère partout,
de ressentir un manque d'Écosse lorsque je suis en France et, inversement,
lorsque je retourne dans mon pays
et je trouve les pages qui relatent
les problèmes spécifiques des exilés, très
justes. Mais, je suis blanche et je viens de Grande-Bretagne... Lorsque
mon mari, ma chienne, mon chat et moi sommes arrivés en France,
personne ne nous a demandé de papiers... mais, lorsque nous avons
voulu changer les plaques minéralogiques de notre voiture, nous
avons été contraints de passer dans cinq bureaux différents
pour obtenir le droit d'importer notre véhicule !! Je me suis
sentie, également, proche de Salie lorsqu'elle dit : "chaque
cahier rempli, chaque livre lu, chaque dictionnaire consulté, est
une brique supplémentaire sur le mur qui se dresse entre elles
et moi"... car, moi aussi, je viens d'une famille pauvre,
d'une région pauvre et, j'ai senti ce mur s'élever progressivement
entre ma mère, les enfants du voisinage et moi, au fur et à
mesure que j'avançais dans mes études.
Dans ce livre, Fatou Diome dit des choses très profondes, par exemple :
"n'est-il pas facile
de philosopher quand on a le ventre plein ?", "dans
ce coin de terre, sur chaque bouche de femme est posée une main
d'homme", "l'orgueil
identitaire est la dopamine des exilés ", avec la télévision"
règne maintenant une sorte de "colonisation mentale",
aux yeux des jeunes "tout
ce qui est enviable vient de France"... Mais aussi :
"il n'est pas nécessaire
d'habiter dans le tiers-monde pour succomber à la magie des médias",
concernant les garçons : "malgré leur jeune âge,
beaucoup sont déjà à la tête de familles nombreuses
et on attend d'eux ce que leur père n'ont pas réussi :
sortir les leurs de la pauvreté", concernant les filles :
"je veux faire maman...
mon père dit qu'en faisant maman, on peut gagner le paradis"...
(poids supplémentaire de la religion sur la condition féminine
déjà traditionnellement terrible), à l'opposé,
un regard idyllique sur le RMI : "alors,
plus ils procréent, plus ils ramassent. Chaque nuit d'amour est
un investissement". Le football est, ici, très
important, non seulement dans les rêves des ados, mais parce qu'il
est une langue internationale, surtout lorsqu'il s'agit de la Coupe du
monde !
Marie-Thé
Je l'ai beaucoup aimé, l'ai trouvé bien écrit. Les
pages où Fatou Diome "raconte" sa naissance sont magnifiques,
de même celles où elle parle de son instituteur, et tant
d'autres
Elle me fait penser à Camus évoquant avec
émotion et gratitude son maître d'école dans Le
Premier Homme. J'avais aussi aimé le premier livre de Fatou
Diome La Préférence nationale, où, comme dans
Le Ventre de l'Atlantique apparaît sa faculté de voir
juste, de n'épargner ni les siens ni les autres, son talent. Deux
livres à faire connaître...
Lona
Ce livre témoignage, autobiographique (en partie du moins ?),
qui traite aussi bien le problème de l'émigré que
de l'immigrant m'a emballée. C'est un roman fort, bien écrit,
juste, plein de sentiments, sans jamais tomber dans le misérable,
ni l'envieux. J'ai évolué dans ce livre aux sons des tamtams
et des danses ! J'ai particulièrement apprécié
la liberté du ton, la liberté des mots et l'humour permanents,
même pour des sujets difficiles (c'est là qu'on retrouve
toute la place des proverbes africains qui sont tellement riches en couleurs
et tellement réels !). J'ai apprécié la transcription
juste de la vie dans cette petite île isolée de pêcheurs,
Niodior, au Sénégal, où les rapports humains restent
forts malgré la pauvreté, la description de la vie quotidienne,
l'organisation familiale et sociale, les rapports entre les générations,
le statut de la femme et de l'enfant, la non-reconnaissance l'enfant bâtard,
l'obligation d'assistance des jeunes envers leurs aînés et
leur dette éternelle envers eux, le respect de l'autorité
familiale, l'influence des traditions et de la religion, le rôle
de l'école... : tout cela relaté simplement, sans agressivité,
avec des mots de tous les jours. Et toujours, bien appuyé, ce rêve
du Nord, l'intégration possible, l'Eldorado, le miroir aux alouettes,
le Paradis, la Terre promise qui enrichit et qui fait le bonheur de l'immigré
et de toute la famille élargie (à l'attention d'Onfray = le
Paradis serait-il en France ?). Car le migrant - objet de tant
de clichés et de tant de désirs - porte en lui le rêve
de tous les siens, il ne pourra revenir au pays qu'ayant "réussi",
ou alors finir comme Moussa !!
J'ai apprécié la réalité dans la description
de ces expatriés arrivés en France (constatations sans haine,
ni mépris), qui visitent Paris juchés sur leurs camions
à benne et se musclant aux nouilles, leur solitude d'exilés,
leur nostalgie et leur douleur de déracinés de là-bas
et non intégrés ici, qui combattent pour leur survie, mais
qui restent pourtant les meilleurs ambassadeurs de la France de retour
au pays.
J'ai retrouvé, dans certains passages de ce livre, le même
mode de fonctionnement familial et social qu'au Bénin, pays africain
que je connais un peu : vie dans les villages pauvres, entraide,
autorité des aînés, polygamie et famille élargie,
les femmes et leurs nombreuses progénitures, argent et réussite
sociale, importance de la scolarité (surtout pour les filles).
Fatou Diome a du talent et de l'avenir ! L'écriture est sa
"marmite de sorcière
dans laquelle elle mijote des rêves durs à cuire",
elle est cette "cire
chaude qu'elle coule entre les sillons creusés par les bâtisseurs
de cloisons des deux bords". Chaque bâtisseur de
ces sillons-là,- des deux bords -, devrait la lire !
Elle est l'ambassadrice, le lien entre là-bas et ici. Elle mérite
une place de choix dans le classement des écrivains contemporains
africains. Bravo Fatou ! Bien sûr, j'ouvre ce livre en entier !
Martine (nouvelle "recrue" en Bretagne)
Oui, pas mal, ce petit livre qui se lit en 3 fois. Y'a même un des
gars (le seul présent à la réunion de Plumelec) qu'était
tombé amoureux de la meuf, sans rire ! Pour moi, j'ai apprécié
la fiction en prise sur l'actualité brûlante de l'émigration,
la situation de Salie coupée entre deux univers, le lien par téléphone
entre frère et sur, l'évocation de quelques portraits-types
(un peu trop " type " d'ailleurs), comme celui de
la jeune Sankele ou de l'instit', etc. J'ai aimé aussi une aisance
dans l'écriture, qui va de l'avant, avec des images poétiques,
fraîches et " exotiques " pour moi, avec des
histoires à la fois complexes, riches tout en restant claires et
pas trop fatigantes à suivre...
Mais le thème des représentations imaginaires de la France
a fini par me barber ; et puis, faut pas saboter mes fantasmes positifs
sur la vie tribale dans un village pas gaulois ! Les fenêtres
éclairées comme celle de la grand-mère y sont bien
rares dans la nuit... Par ailleurs, le saupoudrage de petites phrases
de sagesse m'a plu, jusqu'au moment où ça relevait trop
du bon sens populaire pas vraiment africain, ou bien quand - comme un
cheveu sur la soupe - v'là que déboule l'Argan du Malade
imaginaire ! (Ça me ramène brutalement à mes
fourmis dans le fauteuil, et j'déteste !). Quant au football,
il y en a un peu trop, même si cela fait partie du paysage incontournable
de ce récit.
Au total, ça se lit facilement, sur une plage si on n'était
pas en novembre, mais quand même pas dans une gare ! En effet,
il y a là de quoi mettre en branle ma culpabilité de nantie...
et ça me redonne un peu bonne conscience, car au moins, en lectrice,
je m'informe sur ce continent qu'on dit à la dérive... même
si je ne fais rien pour l'aider ! (Bon, c'est promis, je participerai
à la prochaine semaine de solidarité internationale)...
Ouf ! À la fin, la petite boutique de Madické semble
une heureuse issue... encore que ? Horizon de vie ou espace de survie ?
De là à préférer vivre dans des fantasmes
ou des identifications mythiques, quitte à en crever ? Boaf !?
Bon, pour des jeunes lecteurs de 15 ans, et pour ceux de 50 qui auraient
besoin de se rafraîchir fort agréablement les idées,
c'est un livre à conseiller... Car il y a là une vraie opportunité
de réaliser concrètement, autour de destins particuliers,
quelles pressions peuvent mener à l'exil. On peut y palper aussi
la fragilité tragique de toute existence, le besoin d'aimer, la
beauté ou l'horreur des relations humaines, le coté dérisoire
de nos sacro-saintes identités, pourtant piégées
dans du géo- politico- social. On peut s'interroger, à la
fin, sur notre liberté autant que sur la leur, de l'autre coté
de la mer...
Je termine par un youpie ! Youpie, car c'est une femme qui écrit,
en plus une Africaine, et c'est un témoignage digne d'une militante
sans pour autant être agressive ! Je ne crois plus à
une littérature capable de changer le monde, mais quand même,
si elle peut interroger, au-delà des bons moments d'émouvante
évasion qu'elle propose - comme ici - c'est encore mieux !
J'ai beaucoup aimé.
Nicole(dernière
du groupe breton à s'exprimer)
Quand on est la dernière à donner son avis et que tous sont
unanimes, on a l'impression de redire ce qui vient d'être exprimé,
puisque je partage tout ce que vous avez dit sur la richesse du livre,
sur le style, sur les personnages, excepté sur les matchs de football
que j'ai zappés !
Ce que j'ajouterai c'est le malaise, le sentiment profond de responsabilité
(la tragique tranche de vie de Moussa) qui ne m'a pas quittée pendant
toute la lecture de ce livre, renforcé par l'expression même
de l'auteure qui, comme le dit Mon', écrit sans hargne, sans rancune
et pourtant...
Jacqueline
(Elle pousse un grand soupir). C'est un livre qui pourrait être
sympathique à cause du sujet mais je n'aime pas le football. Je
suis gênée par le style "lourd". Il y a trop de
métaphores et de comparaisons qui me gênent et me fatiguent.
Il y a plein de choses intéressantes sur l'Afrique mais je n'ai
pas accroché.
Monique
Je n'ai pas aimé... Oh là là le foot ! Je trouve
que ce livre est sincère, mais c'est plein de stéréotypes.
Il ne m'a rien appris. Je me suis dit que c'est un livre qui était
daté, qui aurait pu dater d'il y a vingt ou trente ans. Il y a
quelques petites choses comme les légendes racontées par
les gens qui les ont transmises... mais ce livre ne m'apporte rien. Avec
en plus son écriture de magazine...
Françoise O
Je dois être une sale bourgeoise car ce livre m'a beaucoup plu et
touchée et j'ai appris plein de choses. J'ai aimé l'écriture,
l'humour ravageur, la confrontation entre deux sociétés,
dont la nôtre, individualiste. Je trouve formidable ce regard d'Africaine
sur l'immigration. Les immigrés sont des seigneurs là-bas
tout en cachant la vérité : c'est terrible ! La
vie des femmes, sans amour, est terrible ! Cette banalité
de ces femmes qui ne doivent mettre que des garçons au monde !
Le foot est pénible. C'est une métaphore de ce que doivent
subir ces femmes.
Christine
Je n'ai pas du tout aimé et je suis comme Jacqueline : le
projet était intéressant mais le style m'insupporte et le
livre ne m'apprend rien. J'aurais pu être intéressée
par le foot mais avec une autre façon de raconter.
Liliane
Je l'ai lu très très rapidement en passant très très
vite sur les reportages sportifs. C'est un livre de bonne volonté...
Ce qui n'est pas un compliment. Il y a peu de narration et beaucoup de
commentaire, avec la morale faite par la grande sur. Il faudrait
une puissance narrative que l'auteur n'a pas. Elle a travaillé
du mieux qu'elle a pu.
Manu
Contrairement à vous, j'ai appris beaucoup de choses ! Ce livre
a renforcé ma conviction que la bêtise est la chose la mieux
partagée ! Ça m'a fait du bien de lire ce livre, qui
plus est d'une femme africaine, qui dénonce des coutumes atroces.
Je ne trouve pas du tout ce livre moralisateur. En fin de compte on ne
se porte pas si mal en France !
Mohamed
C'est un livre qui compte. Dommage que l'éditeur n'ait pas fait
son boulot.
Annabel
J'étais contente de lire ce livre car j'ai rarement lu des livres
sur l'Afrique ; mais les parties sur le foot, ça été
dur ! Au bout de 50 pages, je me suis dit "qu'est-ce
qu'il est long ce livre..." C'est un livre utile qui ne
doit pas être facile pour un Africain d'écrire. Mais je me
suis ennuyée car ce n'est pas du tout palpitant. Je suis restée
de marbre et je m'en suis voulu. Le livre aurait fait 100 pages, il aurait
été mieux ! Je ne le proposerai à personne :
je suis contente de l'avoir lu, mais sans avoir eu de plaisir à
le lire.
Brigitte
Je n'ai pas compris le titre : le livre ne parle pas du ventre de
l'Atlantique. Je n'aime pas le foot mais ça n'a pas été
un obstacle... Ce qui est intéressant, ce sont les différents
points de vue sur ce même évènement : la Coupe
du monde. C'est la mondialisation de l'émotion. C'est intéressant
la façon dont c'est décliné : elle toute seule
à Strasbourg devant sa télé et son demi-frère
avec le reste du village en plein air. Le passage sur les pauses de pub
m'a beaucoup fait rire. Il y a de profondes différences entre les
deux sociétés, mais on retrouve la même délation,
la même jalousie (avec par exemple l'histoire de l'instituteur),
le même qu'en dira-t-on. Le style ne m'a pas gênée
même s'il sacrifie à la mode actuelle. Il y a une coquille
page 234 : le 31 juin ! Ce qui prouve que l'éditeur n'a
pas fait son boulot mais il a quelques passages pas mal...
Claude(nouvelle
"recrue" à Paris)
Ce livre était une façon de m'évader. Le foot ne
m'a pas gênée même si je déteste ça.
Elle dit tellement de choses difficiles, elle y met toutes ses tripes.
Cette façon d'être entre deux mondes, c'est frustrant pour
elle. Elle vit une solitude et une nostalgie effroyables. L'histoire de
Moussa m'a frappée. Grâce à sa grand-mère,
elle a survécue à la mort causé par la tradition.
C'est intéressant qu'elle se soit ensuite lancée dans des
études supérieures !
Françoise D
Je l'ai lu il y a un moment et je l'avais beaucoup aimé. Ce qui
m'a intéressée c'est le fond du livre : la condition
des immigrés, son histoire à elle. J'ai eu du mal avec le
match de foot. Il y a des choses stupéfiantes : l'histoire
de l'instit, le marabout. Je pense que les métaphores sont une
façon de traduire sa langue à elle et du coup ça
devient plus intéressant et ça ne m'a pas choquée.
Ce qui m'a étonnée c'est qu'elle ne parle pas d'excision.
(S'ensuit un petit débat sur les aires géographiques de
l'excision.) L'écriture n'est pas grandiose, mais le livre se lit
facilement.
Florence
J'ai aimé ce livre mais éprouve comme une légère
culpabilité à l'avouer. Car, en fait, que nous dit Fatou
Diome ? Que les Africains candidats à l'émigration
feraient bien mieux de rester chez eux. "Regardez le foot et foutez-nous
la paix" pourrait être la morale sarkozienne de l'histoire !
Euh, pourquoi je dis ça ? Ce n'est pas du tout ce que j'avais
prévu de dire... Reprenons...
J'ai aimé le livre. L'histoire m'a touchée ; celle
de la narratrice, exilée, forcément traître... ;
celle de Moussa qui meurt de la honte d'avoir raté son exil...
Contrairement à ce que disent certains, je trouve cela d'une actualité
brûlante à l'heure ou le Maroc "déporte"
en masse des Subsahariens à qui il ne reste plus que de mourir
de soif ou de honte...
Même les matchs de foot m'ont plu, justement parce que ça
ne m'intéresse pas a priori, mais que ça prend tout à
coup un sens... Sénégal/Suède, je ne savais pas qu'un
tel match avait eu lieu à la Coupe du Monde... Quel symbole !
Quant au style, moi, il ne m'a pas gênée. Au contraire. J'ai
trouvé quelques formules saisissantes et un humour grinçant
qui m'ont bien fait rire (parfois jaune...)
Claire
Je trouve moi aussi que c'est un livre qui compte : le point de vue
de cette Africaine en France lui donne une sacrée légitimité.
Je m'étonne que vous disiez que vous n'ayez rien appris :
lit-on Proust pour apprendre des choses sur l'amour ?
Monique
Oui !...
Claire
On dirait que vous n'attribuez qu'un rôle de documentaire au livre ;
c'est un roman, et je trouve qu'elle a bien bâti son affaire. J'ai
rencontré un de ces gars rêvant de France quand j'ai traversé
le Sahara, un Togolais qui m'avait servi de protecteur, quel courage et
quelle folie. Mais la cata c'est l'écriture. Si l'auteur déroule
bien sa narration, si de temps en temps, elle a des formules heureuses
("Certains habitants
de l'île disposaient à peine d'un QI de crustacé",
QI qui nous rappelle quelque chose... ou encore "sa beauté
dressait les poils des insulaires"), on est méfiant quand
elle commence à personnifier les cocotiers (qui "presque
immobiles après chaque tornade, veillaient leurs branches qui jonchaient
le sol"), alerté quand elle se casse la figure
pour décrire les personnages ("Sankalé
avait grandi avec des ailes de pélican assoiffé d'azur.",
aïe !), désolée quand elle recourt à des
clichés éculés ("un
avion le vomit sur le tarmac de l'aéroport") et
totalement apitoyée par les métaphores constantes sur la
nature qu'on ne pardonnerait pas à un apprenti écrivain
(qu'a fait l'éditeur ?!) : "De
lourds nuages couvaient le chagrin d'un ciel qui ne voulait plus retenir
ses larmes.", "Le
soleil courait se saborder dans l'Atlantique", "Les
hommes, jaloux de voir le soleil faire patiemment l'amour à la
mer", "Strasbourg écoute le murmure du Rhin
tout en s'offrant à la caresse timide du jour". Le sable nous
offre le clou : "Le
sable mouillé offrait son dos ronds aux pas" et
attention à la perle : "Le
sable de la plage respirait la miséricorde... il laissait les vagues
venir timidement sucer son âme" (sucer l'âme
du sable !!!!).
Le titre est pour moi dans ce registre qui la dessert totalement.
Geneviève
Je l'ai lu il y un moment et il ne m'a pas laissé une trace inoubliable.
Il y avait plein de possibilités d'amorces, de sujets intéressants
mais ce n'étaient que des amorces. C'est dommage. L'auteur ne tient
pas le roman. Je me souviens que nous avions lu Sourire de loup
où l'expérience de l'immigration était plus intériorisée,
plus forte. C'est quand même important qu'elle en parle, car elle
est sincère, mais je pense aussi que l'éditeur n'a pas fait
son boulot. C'est un livre parlé mais pas écrit.
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