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Somerset Maugham
Le Fil du rasoir
Nous avons lu ce livre en février 2007.
Brigitte
Au début, ça me plaisait, ensuite ça devient un peu
long. C'est finalement assez daté. Un point me semble intéressant
à relever, c'est la présence de l'auteur narrateur à
l'intérieur de l'histoire.
Sinon, Eliott m'a énervée et Larry est bien gentil, mais
je n'arrive pas à m'intéresser suffisamment à lui.
Quand à Isabelle, responsable de la mort de Sophie, je l'avais
bien subodoré, mais ça ne marche pas pour moi. J'ai été
frappée par les descriptions qui suivent l'entrée en scène
de chaque personnage, ça aussi ça date. J'avais lu autrefois,
il y a bien longtemps, La Servitude humaine et j'en gardais le
souvenir d'un bon livre. Je me demande ce que ça donnerait si je
le relisais maintenant.
Manuel
Je remercie la personne qui a proposé ce livre. Le personnage d'Elliot
est croustillant de snobisme ridicule. On se demande bien pourquoi il
vit tout seul. L'histoire des sous-vêtements m'a beaucoup fait rire
! Le livre paraît daté avec ses tournures de phrases et ses
expressions mais il n'est pas ennuyeux. Le milieu arriviste américain
est croqué avec justesse, avec ces grandes fortunes et ces one
self made. J'aime beaucoup la construction du récit et ses retours
en arrière, les propos rapportés (avec mise en garde) inclus
dans le récit. Enfin personnellement c'est un plaisir de lecture.
Françoise D.
Je fais partie de ceux qui ont dit " oui oui, je l'ai lu quand
j'étais jeune et je l'avais aimé " il y a plus
de 40 ans, mais sans m'en souvenir du tout ; et en le relisant, je
me suis demandé ce qui avait bien pu me plaire à l'époque,
mais je ne dis pas que je ne l'ai pas aimé cette fois-ci. Oui c'est
daté, ce milieu...! La société hyper friquée
de maintenant est différente, mais n'a rien à lui envier
dans le genre odieux, j'en suis sûre. J'ai beaucoup aimé
le style, précieux, sophistiqué, tout à fait adapté
à l'ambiance compassée, snob et rigide. Aucun personnage
n'est attachant. L'auteur et le narrateur se confondent puisqu'il se nomme
dans le texte...
- Le chur
Mais non c'est un artifice, le narrateur joue à être l'auteur !
Françoise
C'est de toute façon un vieux con ! Quel conformisme, on dirait
Agatha Christie. Par ailleurs, la fin, le récit de Larry et ses
interrogations mystiques m'ont fait penser à Siddhârta
que j'avais détesté. Mais on pense aussi à Proust,
ça rachète. Jusqu'à la fin il nous tient, et il y
a de l'humour, de l'ironie, je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent
qu'il ne se passe rien. Mais, avec ces mêmes thèmes qui lui
sont chers, la religion, le mysticisme, la morale, la quête d'autre
chose, Graham Greene, lui, aurait fait un chef-d'uvre !
Françoise O.
Pourquoi ce livre qui avait tout pour m'agacer (milieu social, invraisemblances)
m'a-t-il charmée ? L'auteur étant lui-même acteur
s'adresse au lecteur et m'a fait entrer dans l'histoire en nous en faisant
part. J'ai lu ce livre sur une longue période en lisant de temps
en temps et en retrouvant les personnages comme de vieilles connaissances.
Elliott m'a touchée. La fin du livre ne se termine pas. Je pensais
que Larry était culpabilisé, que c'était lui qui
avait tué son camarade au combat. Par moment, c'est outrancier,
caricatural.
Monique
C'est tout comme toi. Ah la la ! Il y a longtemps que je n'avais
pas lu un roman sans pouvoir fermer la lumière le soir ; ça
m'a fait comme lorsque je lisais Dostoïevski à 17 ans,
je suis rentrée à fond car il nous laisse croire qu'un être
avait un secret. J'ai adoré, contente de retrouver le livre le
soir, un peu déçue par son voyage en Orient (trop didactique)
et de la fin, mais tant pis. Dans ce livre, dès les premiers chapitres,
on croit qu'on va trouver quelque chose. Pour le plaisir de la lecture,
je l'ouvre aux ¾ ; oui Elliott est agaçant mais c'est magnifique,
ça fait penser à Proust et Huysmans avec leur modèle,
Robert de Montesquiou. Je trouve ennuyeux quand on commence les premiers
chapitres avec Elliott, puis il disparaît, Larry aussi nous lâche
avant la fin, c'est un peu décevant. Je me demande pourquoi il
a écrit ce livre, il met beaucoup de lui, la recherche de Larry
est très moderne (les soixante-huitards qui vont en usine, dans
les ashrams). Je suis très contente de l'avoir lu.
Ève
Je ne partage pas tout ce que vous avez dit, le style est agréable,
suranné. J'ai eu du mal à m'intéresser à l'histoire,
aux personnages en dehors d'Elliott qui est plus travaillé, plus
intéressant. Larry m'a assommée avec sa quête mystico.
Il y a des invraisemblances en effet. La distance du narrateur ne m'a
pas convaincue. Je trouve ça très futile. Je suis arrivée
essoufflée. Je n'ai pas bien compris ce que ce livre raconte. Le
style par chance est agréable.
Jacqueline
J'ai trouvé ça rasoir (sans jeu de mots) !
J'y crois, je prends l'auteur très au sérieux, je ne lirai
pas d'autres Maugham, mais j'ai de la curiosité, ses autres livres
lui ressemblent-ils ? Ce que je trouve fatigant, c'est le côté
convenu. Il n'y a aucun suspense.
(Monique et Françoise D. protestent et poussent des cris...)
Je trouve ça ridicule l'histoire d'amour, j'ai fait l'erreur de
penser qu'il est américain, la guerre fait penser à Salinger,
autrement plus intéressant. Le personnage cherchant un sens à
la vie est intéressant, mais la lecture est ennuyeuse. Le monde
de Proust est artificiel. La philosophie de ce jeune homme influencé
par l'Orient à la mode est peu intéressante. Le point de
vue du narrateur : bof. Il y a un moment drôle avec la femme
modèle qui change de peintre pour devenir peintre. Je n'aime pas
la conclusion : chacun a eu ce qui devait avoir. C'est sans surprise.
Françoise D
Jacqueline, pourquoi tu l'ouvres ¼ ?????
Rozenn
Je n'en suis qu'à une petite moitié car je m'étais
trompée de livre. C'est bien pour le métro et le train.
J'en ai parlé et quelqu'un me l'a envoyé, j'ignore qui...
La bibliothèque décorée où on ne peut pas
mettre de livres m'a fait rire. Si je n'avais pas lu American darling,
j'aurais aimé, mais à côté, ça ne tient
pas. Je n'ai pas grand chose à dire. Vous ayant entendues, je ne
sais pas si je vais le finir, il y a une sorte de halo autour de ce livre,
il a le charme d'un champagne éventé. Le narrateur qui interpelle
le lecteur ça m'a paru procédé, c'est " understatement ",
léger, alors que c'est dramatique. C'est écrit à
la surface, alors que la violence de l'autre...
Claire
Je ne me souvenais de rien en venant ce soir, rien de rien, sauf que j'avais
eu beaucoup de plaisir il y a pourtant moins de 6 semaines. J'ai relu
la quatrième de couverture et le personnage est revenu. Une réserve :
les portraits sont catastrophiques, scolaires, tous faits sur le même
modèle. Ce que j'ai aimé : le côté conte
de fées hollywoodien. Ça se passe beaucoup à Paris,
dans un milieu protégé, les artistes d'alors ont une place
de choix, mais curieusement pas les écrivains. Y a pas d'intrigue ???
Mais c'est un suspense permanent ! Le personnage écrivain,
on y croit. J'ai été intéressée par les personnages,
Larry est fascinant, il se néglige, se fiche de son apparence,
mais fait un saut à Londres pour se faire faire un costume !
Non mais ! Je suis fascinée par les usages de ce monde. La
traduction avec ses subjonctifs, bof. Les rapports entre l'auteur et le
narrateur sont sûrement très intéressants : que
pense l'auteur du narrateur ? Ce livre ? Du plaisir, du plaisir...
Jean-Luc
Je l'ai lu d'un trait, donc apprécié. C'est bien écrit
et bien composé : il y a une progression intéressante
d'une petite dizaine de destins croisés, en interaction, de laquelle
émane une sorte de suspense.
Cest aussi un bon tableau des vices et vertus de l'âme humaine :
hypocrisie, jalousie, oisiveté, vengeance, faisant le pendant à
la solidarité, la bonté, voire une certaine sainteté.
Il y a là aussi le spectacle intéressant de la haute société
anglo-saxonne et française de l'entre-deux guerres, avec la période
particulière de la grande crise économique de 1929.
Nicole entre
et
J'ai également lu ce roman d'une traite et y ai trouvé une
histoire qui tient en haleine avec l'envie constante de voir plus loin
comment les personnages vont évoluer ; seulement, voilà,
leur évolution - et il ne pouvait vraiment pas en être
autrement - n'est que la continuation de leur vie étriquée,
mis à part leur portefeuille bien gonflé ! Seul Larry
sauve le tableau et encore ! Les portraits d'Isabel et Elliot qui,
je l'espère, a vu qu'au paradis il n'y avait pas de distinction
de classe, sont terrifiants ; la misogynie est présente tout
au long du livre. Seules Suzanne et surtout Sophie m'ont inspiré
de la sympathie.
L'écriture a également eu une grande importance dans mon
plaisir de lecture.
Pour tout cela j'ouvrirai le livre en entier.
Mais, pour toutes les idées conservatrices qu'il véhicule
et surtout parce que je n'ai pas réussi à comprendre si
l'auteur était partie prenante ou ne faisait que décrire
une société à un moment donné, je l'ouvrirai
à moitié.
Lil
Je l'avais lu « jeunette », en anglais, un classique
recommandé qui m'avait plu ! Je m'y suis donc replongée,
me pourléchant les babines à lavance. Catastrophe :
j'avais pris 40 ans et le livre aussi ! La mise en place des personnages
traîne, traîne... Je me suis moi-même traînée
jusqu'au krach ! « Chouette, voilà qui va changer
la donne, me suis-je dit, voilà qui va mettre du beurre dans « mes »
épinards » ! Eh bé, pas du tout, c'était
reparti, avec juste ce qu'il faut de sel pour tenir jusqu'à la
dernière page !
On ne sait trop où est l'auteur dans cette description sociale,
de la upper class américano-européenne de l'entre-deux guerres,
peu passionnante (je me répète !), Le racisme de classe
est insupportable, la misogynie à vomir ! Même ce « pauvre »
Larry (3 000 dollars de rente, tout de même, ce qui est une aide
substantielle à l'élévation de l'âme) et pour
lequel, j'aurais pu avoir quelque indulgence, se laisse aller à
des propos (et un comportement) d'une extrême et révoltante
misogynie (parlant de son amante espagnole : c'était un petit
animal, un joli petit animal, domestiqué, certes...). Vous qui
avez sabré André Gorz, serez-vous plus indulgentes pour
ce Larry mystique ???
Et cette quête, peut être à la mode, à cette
époque (on pense à Huxley, à Isherwood...) et réchauffée
dans les années 70, m'est arrivée totalement refroidie.
Le personnage d'Eliott est trop chargé, caricatural... Sophie est
une figure sympathique... Mais, bof !
Je l'ouvre cependant à moitié, pour l'écriture, rien
que pour l'écriture, Je suis totalement séduite par ce style...
A chacun ses faiblesses, que voulez-vous !
Jean-Pierre
Ô le bon gros joli roman photos auquel il ne manque que les photos !
Il faut s'accrocher, ou alors être fan de Nous Deux, pour
ingurgiter jusqu'au bout cette guimauve indigeste, où les personnages
dignes de la Comtesse de Ségur se débattent délicieusement
dans des affres tellement convenables.
L'argent, évidemment, est maître du jeu. Il hante le quotidien
si futile, ma chère, il gouverne les vies dérisoires, régente
les sentiments calibrés, habite les consciences et même les
inconsciences, pollue les pensées et écrase les amours.
Le bohème local est un globe-trotter philosophe ascétique
mais rentier (ce qui est bien pratique quand même), qui rejette
son monde pour se lancer dans la recherche du paradis absolu dans une
fuite en avant aussi ridicule qu'illusoire et que l'auteur cherche en
vain à rendre initiatique. Tout ça pour accoucher d'une
uvre testament misérable et rentrer dans le rang ! Même
sa quête ésotérique ne peut pas faire passer le brouet
de platitudes et de lieux communs chers à la bourgeoisie triomphante.
L'on côtoie des milliardaires soi-disant ruinés mais qui
passent leur temps au golf et dans les réceptions mondaines. L'"héroïne"
est parfaitement frivole et, eu égard à l'état du
monde, ses préoccupations vestimentaires sont on ne peut plus superficielles.
Les soucis des pauvres et gentils capitalistes ballottés dans la
tourmente de la grande crise de 1929 s'expriment dans des boudoirs où
l'on sert le thé et dans le ronron des convenances de la "bonne
société" dirigeante et si chrétienne, ce qui,
comme chacun sait, n'est pas forcément antinomique.
L'espèce d'amateur d'art, ectoplasme dédaigneux de la populace,
marquis poudré prospérant dans le vase clos d'un microcosme
scandaleusement riche, et qui sert d'alibi à l'auteur pour raconter
cette indigente histoire, tourne en rond autour de son nombril, en imaginant
qu'il est le centre de l'univers.
Entraîné par l'auteur qui joue aux confesseurs et prend de
la sorte une petite distance (mais que diable fait-il dans cette galère ?
Ah oui, il parle de son monde !), on contemple effaré une
galerie de parasites parfaitement incrustés dans la chair de ceux
qu'ils sucent mais qui sont totalement absents de l'uvre. Ces gens
superflus n'ont pas de couilles, ils n'ont que des comptes en banque.
Le summum est atteint et même dépassé par les guérisons
miraculeuses. Pour un peu, on apercevrait Bernadette Soubirous travestie
en indienne pour un peu plus d'exotisme. Il ne manquait que cette dimension
pour rendre l'uvre impérissable. Elle y est. Bravo. C'est
très réussi. On s'emmerde ferme. On n'est pas sur le fil
du rasoir. On est complètement dedans.
J'ai refermé le livre et ne le rouvrirai pas : ça évitera
les courants d'air.
Lona
Jai eu plaisir à relire ce livre. Jen avais complètement
oublié le contenu. Une saga dun monde embourgeoisé,
mondain, friqué et apparemment superficiel... Pourtant on aborde
des sujets sérieux comme le devoir, le patriotisme, la valeur du
travail, le sens que donne les uns ou les autres à la vie, à
la mort, à la valeur de largent, la recherche de lamour,
de la sécurité, de la vérité, de labsolu,
de Dieu. Chacun à sa manière est arrivé où
il le souhaitait : Elliot reconnu dans sa vie mondaine ; Isabel
bien ancrée dans une sécurité matérielle,
entourée dun homme qui ladore et de ses enfants si
bien élevées ; Suzanne mariée et reconnue ;
Sophie ayant trouvé son échappatoire ; et Larry, débarrassé
de tous soucis bassement matériels a-t-il trouvé son bonheur ?
Tous les personnages sont attachants, même cette chipie dIsabel !
Jessica
Au début, jai eu peur ; jai trouvé que cétait
dun classique effrayant (le sujet, lépoque, le lieu,
le contexte, même les personnages et que dire de lécriture...
bouh, on se serait cru dans les lectures imposées au lycée)
et puis, finalement, je suis restée accrochée au fil jusquau
bout sans trop me faire prier. Curieux non ?
Jai apprécié la forme de lécriture :
cette façon daborder le lecteur, de faire des rapprochements
dans les faits, les flash-back, les avances rapides, etc., le tout en fonction
de ce quarrive à glaner lauteur dans ses conversations.
Et je crois que cest grâce à ce procédé
que jai marché dans lhistoire car dans le fond, on sait
tout de suite quIsabel nest pas pour Larry, quil nest
pas pour elle, on devine rapidement les événements de 1929,
puis la fin est prévisible de toute façon. Mais bon, jai
marché jusquau bout : jai apprécié
surtout les personnages secondaires (Sophie et autres personnages féminins
très forts aux destins sinon pathétiques réellement
tragiques), la déchéance dElliott (passage comique de
la mort) et le changement de caractère dIsabel qui paraît
bien pâle et bien niaise au début et qui, ensuite, se révèle
être noire et mauvaise. Sans parler de lambivalence de lauteur/confident/témoin/acteur
bref, quel est son rôle à lui ?
En revanche, le personnage de Larry a fini par me lasser un peu ; le
seul intérêt de ce personnage évanescent est dû,
je pense, au procédé de Maugham de le faire vivre à
travers les récits des uns et des autres. Larry ma plu car
il est là sans être là, il est présent à
chaque page alors quil fait peu partie de lhistoire à
proprement parler : et là encore cest le procédé
qui est intéressant et non le personnage. Quant au milieu bourgeois,
suffisant, pédant, superficiel etc., il ma lassée très
vite aussi : mais où est donc lintérêt de mettre
en histoire des personnages dont le monde est si petit, et le nombril si
gros ???
Bref, impressions un peu mitigées, le roman ne me laissera pas un
grand souvenir.
Katell
Je me souviens très bien quand j'ai lu ce livre. C'était
l'été 1999, Dorine commençait à marcher (encore
des références de mère de famille !) et j'étais
en vacances dans un gîte à la ferme en Touraine. Je ne me
souviens pas du tout de l'histoire, mais d'un roman d'apprentissage, avec
un héros, et que cela m'avait énormément plu !
Je retrouve dans l'avis de Claire mes émois de midinette - j'adore
ce type de roman !- du Voici Victorien... Bref, je n'avais pas
boudé mon plaisir à l'époque mais je ne l'ai pas
relu.
Marie-Thé
Ce livre ne me paraissait pas attrayant, javais même pensé
quil devait être « rasoir ». Et puis,
jy suis entrée, et jai aimé, je ne peux même
pas dire pourquoi. Ce roman ma captivée. Ah ! Ces personnages !
Jai beaucoup aimé Larry même sil ma parfois
déçue. Jai détesté Elliot, insupportable
et irrécupérable, à mon avis. Ce livre ma un
peu fait penser à Proust, peut-être est-ce un peu pour cela
que je lai aimé...
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