Dans
une petite ville d'Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus
Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. |
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Harper Lee
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur
Nous avons lu ce livre en décembre 2006.
Mon
J'ai lu ce livre avec beaucoup d'intérêt et de plaisir. Je
trouve que le ton de ce récit est juste : c'est le monde vu
par une enfant à la fois naïve et futée. On y devine
l'atmosphère d'une petite ville de l'Alabama - son racisme
" ordinaire " tellement évident que, même
Scout ne le remet pas en question - ses relations de voisinage (les
thés "charitables") - la participation de tous aux
événements - la vie familiale avec le personnage d'Atticus,
attachant mais presque trop beau pour être vrai - le personnage
caricatural de la tante Alexandra et de ses "bonnes manières" -
les relations entre le frère et la sur.
Et, surtout, cet inique procès illustre vraiment l'horreur de ce
racisme fondamental. J'ai aimé la façon dont vivent, devant
nous, tous ces personnages tellement divers... dont le mystérieux
Boo Radley "deus ex machina"...
Lil
Au premier abord, j'ai soupiré : encore la petite maison dans
la prairie, avec toute la bonne conscience et la panoplie des bons sentiments
américains ! Et puis, les notes au bas des pages me ramenant
très vite à une réalité plus concrète,
resituant le livre dans le contexte social de l'époque (36 à
39 - la grande dépression ), c'est-à-dire une vingtaine
d'années avant les droits civils (ce livre est d'ailleurs publié
3 ans avant le vote de ces droits , ce qui explique peut-être son
accueil), j'y ai trouvé une description alarmante du statut des
Noirs, aux USA, tant d'années après l'abolition de l'esclavage.
Je viens de relire Beloved de Toni Morrison qui traite de l'avant-abolition :
elle y relate la condition des Noirs, avant 1863, une horreur à
peine pensable !
J'en viens donc à me demander si la compréhension très
intellectuelle que nous avons de ce moment majeur de l'histoire américaine
nous permet véritablement d'appréhender ce qu'il peut signifier
pour chaque citoyen américain, blanc ou de couleur, au plus intime
de lui-même. Ce racisme omniprésent, même chez ceux
qui s'en défendent, imprègne tout : vie, murs,
comportement, règles sociales, modes de pensée, et... et,
le plus dramatique, comme le disait T. Lainé : "Le
pire racisme est l'intériorisation par la victime d'une image dévalorisante
de soi-même", ce qui est très bien montré
dans ces deux ouvrages.
Croit-on véritablement au discours de cette gamine de 6 ans, certes
surdouée et élevée par un éducateur parfait ?
C'est sans doute là que le bât blesse (d'où mon avis
aux 3/4 !)... Mais, finalement, je me suis attachée à
tout ce qui était dit en filigrane sur l'enseignement, la religion,
les murs sociales dans une petite ville du sud, la condition des
femmes, la justice (la condamnation des Noirs semble toujours plus facile,
encore de nos jours !), etc... et j'ai marché.
Jean-Pierre
Je parlerai dabord de ce qui ne ma pas trop plu. Le livre
souffre de longueurs. Quel besoin de tout décrire par le menu,
jusquau plus petit geste, à la plus anodine parole, sans
aucune importance pour lintrigue ? Cette lenteur est perceptible
surtout au début, où les pérégrinations des
enfants lassent. Ces enfants qui sexpriment comme des bac + 12
sont dailleurs pour cela peu crédibles. Et puis, il y a cette
manière très américaine de dire subitement des choses
qui arrivent comme des pets sur une toile cirée, et qui demande
au lecteur un effort souvent impossible pour simplement suivre le cheminement
de la pensée de lauteur. Cest aussi souvent le cas
dans les films doutre-atlantique. Peut-être est-ce une question
de culture, et que les Français et les Latins en général
(ou est-ce moi en particulier ?) sont trop cartésiens, et
que labsence de points sur les i les gêne... Et puis, des
choses restent inexpliquées dans ce roman. Par exemple, quid de
la mère, pourquoi le voisin reste-t-il cloîtré ?
Enfin, le dénouement est cousu de fil blanc. Il était sûr
que le meurtrier était ce fantôme inconsistant dArthur
Radley : pas de suspense.
En dépit de ces quelques remarques négatives, jai
aimé ce livre. Nous voici donc entraînés dans le Deep
South des années trente. On ne peut pas dire que cest un
voyage dagrément. La société américaine
y est décrite sous des dehors peu avenants, engoncée une
ordre moral bien peu moral, où les apparences tiennent lieu de
règle de vie, où les ténèbres des sectes chrétiennes
plus exécrables les unes que les autres aveuglent les esprits,
où le racisme est omniprésent, où la respectabilité
importe mille fois plus que lamour du prochain. Toute une galerie
de personnages de rétrogrades indécrottables, de salauds
intégraux, de doux naïfs qui sappuient en toute bonne
conscience sur le socle de lois faites par et pour les riches, ou de simples
desprits quasiment invisibles, sagite dans cette uvre
qui ne masque rien des tares de cette société, qui se lit
facilement, et qui met en scène la misère des hommes. Misère
matérielle des pauvres avec son corollaire de richesses pour les
privilégiés, mais surtout misère morale pour tous,
et difficulté, voire impossibilité de saccepter les
uns les autres, avec nos particularités et nos différences.
De cette histoire se déroulant dans un pays précis et à
une époque donnée, lauteur, pardon, lauteresse
ou lautrice ou lauteuse, au choix (jai horreur du monstre
"auteure"), de cette histoire particulière donc, elle
a su faire une oeuvre de portée universelle. Et cest cela
qui ma touché.
Manuel
Dommage que le livre décolle seulement à la page 143. Tout
le début est mal ficelé, long, sans grand intérêt.
Les histoires d'enfants sont saoûlantes ! Puis vient l'enjeu
véritable du livre : la photographie de la société
du Sud des Etats-Unis avec ses côtés les plus méprisables.
Le récit du procès est bien mené, l'image du père
est bien campée. Dommage que tout l'intérêt du livre
se trouve dans les dernières pages.
Jacqueline
C'est un livre "de Noël", j'ai rêvé un peu
dessus. Au début, je n'avais pas trop accroché et après
la première journée d'école, même s'il se passe
des choses un peu invraisemblables, j'ai marché tout le temps.
Ça m'a rappelé des lectures d'enfance : Huck Finn,
Tom Sawyer. Noël, c'est ça : retrouver d'anciennes
lectures, des impressions d'enfants. Mais je ne marche qu'à moitié.
Quand Faulkner parle du Sud, c'est mieux. Mais là, c'est un climat
de Noël.
Annick
C'est un livre merveilleux. Cela faisait longtemps que je n'avais pas
été emmenée dans un livre. Il a un charme exceptionnel
qui tient au regard de cette petite fille. L'auteur retrouve un regard
d'enfant magnifique, dans ses relations familiales avec son père
et son frère, sur la société traditionnelle engoncée
dans les stéréotypes. C'est une histoire grave, et même
dans les moments tragiques, elle garde humour et grâce. Ce doit
être encore plus savoureux en anglais car elle a un langage peu
châtié.
La relation avec le père tient le livre : il pose des mots
sur leurs interrogations et on sent que ces mots suffisent à les
rassurer. C'est une figure de père exceptionnelle.
J'ai été aussi passionnée par le sujet : le
réveil du Sud des États-Unis dans les années 30.
Ce n'est pas du tout un livre pensum, c'est un regard de petite fille
et des paroles du père qui construisent ce monde. Ce n'est jamais
niais. Il y a un art du récit exceptionnel, par exemple, la scène
devant la prison, l'apparition du voisin, le drame final. Le récit
est construit, drôle, enlevé. Je vais le conseiller autour
de moi.
Claire
Mis à part le personnage du père qui est attachant, ce livre
m'a procuré un très très grand ennui. Cette histoire
de Club des Cinq et ces mioches m'ont paru sans intérêt.
J'ai lu la postface que j'ai trouvée très intéressante.
La quatrième de couverture annonce : "Un roman grave
avec une histoire de racisme". J'ai attendu les 100 premières
pages, ça se traîne... C'est sans intérêt, raplapla
et platichon. J'ai eu un léger souffle d'intérêt quand
ils vont chez Miss Maudie. Quel dommage que nous n'ayons pas plutôt
lu les contes de Perrault.
Ève
Je me suis demandé si ce n'était pas un livre pour enfants...
Tout est édulcoré et je ne l'ai pas trouvé très
bien traduit. C'est assez manichéen : il y a les bons, les
méchants et les moyens bons et les moyens méchants. J'ai
été surprise par les us et coutumes : on offre des
armes à des enfants pour Noël...
Et puis ça m'agace que l'on parle de sujets graves de manière
un peu charmante. Le Klu Klux Klan n'est mentionné qu'une fois...
Ça commence par le bras cassé et ça se termine par
le bras cassé... Or, le sujet grave et qui n'est pas traité,
c'est la ségrégation, racontée du point de vue de
l'enfant. Parfois, c'est bien relaté, factuel, mais je n'ai pas
du tout été sensible au charme et à la poésie
de ce livre. Je ne suis pas sensible à ce genre de roman. On annonce
qu'il fait parti des plus grands romans du siècle (XXe) :
moi je ne trouve pas. Ils ont juste des prénoms amusants :
Atticus, Calpurnia
Brigitte entre
et
Après les abeilles de Sue Hubbel et Verre cassé,
ce livre qui se suffit à lui-même se lit tout seul. L'auteur
nous tient dans sa main, on se repose. On entre de plain-pied dans l'enfance,
c'est rare et c'est très réussi. Pour elle, c'est aussi
important de jouer avec des cailloux que le procès. Ça ne
me choque pas plus que ça qu'elle ne parle pas réellement
de racisme. Pour elle, tout est sur le même plan : le jeu avec
une canne à pêche et ce qui préoccupe son père.
La réussite du livre tient à cela. À la fin, nous
savons nous aussi nous repérer dans le village : on connait
le chemin pour aller à l'école, au tribunal et chez Miss
Maudie. C'est ça, la vie des enfants. Et leur voisin Arthur qui
les connaît par cur, qui est toujours au fait de ce qu'ils
font, qui les suit minute par minute ; cette proximité est
magnifiquement décrite. On entre totalement dans la conscience
de cette petite fille qui grandit. Il y a quelques invraisemblances :
le pantalon recousu en quelques minutes, le costume en forme de jambon,
le retour après leur agression : c'est moins spontané
et fait un peu artificiel. Bon, j'ai été étonnée
qu'elle arrive à convaincre le gros dur à cuire de Cumingham
devant la prison : jusqu'où peut-on aller dans l'écriture
pour faire avancer l'histoire ? C'est vraiment rare qu'un enfant
prenne la parole devant un groupe d'adultes agressifs... Mais je suis
contente d'avoir découvert ce livre qui m'a beaucoup intéressée.
Françoise D
J'ai passé un bon moment, je l'ai lu en anglais et c'est très
facile à lire. Il y a un ton, une façon de parler très
"Amérique profonde des années 30". Mais on peut
aisément penser que ça se passe de nos jours. C'est bien
amené, on attend ce procès qui arrive. En effet, ce n'est
pas possible d'acquitter un noir ; j'ai vu un documentaire sur le
procès d'un jeune noir qui a eu la chance de tomber sur un avocat
d'office qui s'est démené pour le blanchir...
C'est un sujet d'actualité. Je me suis demandé si elle n'était
pas un peu mûre pour ses neuf ans. La figure du père est
très intéressante, il a beaucoup d'humour ; et l'institutrice
qui ne comprend rien... : les caractères sont bien décrits,
bien définis et le ton très juste, avec beaucoup de tendresse
et en même temps sérieux et ironique. Ma copine américaine
m'a dit que c'était un classique que tous les adolescents américains
doivent lire.
Françoise 0
Comme Annick, j'ai été sensible à l'atmosphère,
ce pays de racisme, avec les blancs et les petits-blancs. Cela m'a rappelé
la Rhodésie de Doris Lessing. J'ai été en Afrique
du Sud en 1975 et j'ai été profondément marquée
par l'apartheid. C'est un livre qui offre un petit racisme ordinaire.
L'homme en tant que père-citoyen est la figure du juste. Merci
de me l'avoir fait découvrir.
Annabelle
Je suis très contente de ce livre car comme je ne rate jamais la
séance de Noël je suis obligée de lire des contes et
je déteste ça ! Même si je l'ai trouvé
un peu longuet au départ, j'ai trouvé le ton juste et j'ai
été prise par le livre. Cela m'a rappelé des choses
lorsque je vivais dans un village : il y avait la famille X qui buvait
et dont les enfants avaient des poux... La relation avec le père
est très réaliste, par exemple, lorsqu'elle se dit que son
père n'est pas si bien que ça, pas si fort, qu'il ne sait
pas tirer à la carabine. Il y a une ambiance très américaine
avec le "tireur de l'Ouest". Pour tous ces aspects - et
le procès, le racisme -, j'ai bien aimé. Mais comme
ce livre a été écrit dans les années 60, ça
devait à l'époque être encore plus fort peut-être.
Liliane
J'en suis à la page 129 et je ne continuerai pas. Le côté
chaotique des enfants, leur compréhension du monde, tout cela aurait
dû me plaire. Mais je me suis ennuyée. Je me suis posé
la question du retentissement incroyable de ce livre aux États-Unis.
Il ya quelques petites choses qui me charment mais ça ne va pas
plus loin.
Élisabeth
On ressent très fort le côté version française
de ce livre. Je ne trouve pas que cela ressemble à Truman Capote.
Ce roman n'a pas eu beaucoup d'impact en France et en Europe. Il n'y a
pas la saveur de la langue, ses expressions idiomatiques. J'ai trouvé
intéressant ce regard d'enfant sur l'opacité du monde. Dans
quelle mesure cet " apartheid " a-t-il pu influencer
les écrivains du Sud, notamment sur le fait qu'ils deviennent écrivains ?
La figure du père est très américaine, protestante,
c'est la figure du juste local.
Nicole
J'ai lu ce roman comme un conte et me suis laissée emporter dans
l'histoire. C'est pour cela que je l'ouvre en entier.
Mais à la réflexion, je me demande comment la sauce a pu
si bien prendre. L'histoire est très « américaine »
avec les bons sentiments, les méchants et les enfants qui découvrent
le monde. Scout est vraiment très mature pour son âge !
Atticus trop parfait, Calpurnia idéale dans son rôle de gouvernante,
les tantes bien comme il faut dans le moule. Seule Miss Maudie m'a semblé
échapper à la caricature. Sans doute faut-il se remettre
dans le contexte politico-social de l'époque. Ce roman m'a également
rappelé étrangement Le Petit Copain de Donna Tartt
que j'ai lu en trois jours.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
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à
la folie
grand ouvert
|
beaucoup
¾ ouvert
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moyennement
à moitié
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un
peu
ouvert ¼
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pas
du tout
fermé !
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