En
1860, une aristocratie décadente et appauvrie, sourde aux bouleversements
du monde, règne encore sur la Sicile. Mais le débarquement
des troupes de Garibaldi amorce le renversement d'un ordre social séculaire.
Conscient de la menace qui pèse sur les siens, le prince de Salina
se résigne à accepter l'union de son neveu Tancrède
avec la belle Angélique, fille d'un parvenu. Ultime concession qui
signe la défaite du Guépard, le blason des Salina... |
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Giuseppe Tomasi Di Lampedusa
Le Guépard
Nous avons lu ce livre en novembre 2007.
Christine
Je l'ai relu en allant à Palerme. Mais auparavant j'ai lu le roman
qui a inspiré Le Guépard à Lampedusa Les
Princes de Francalanza de Federico Roberto écrit au XIXème
siècle. En lisant Le Guépard je suis restée
sur ma faim. Les deux livres sont quand même très proches.
Dans Le Guépard, seul Fabrizio est un personnage fouillé
alors que les autres sont superficiels. Le livre me semble incomplet,
inabouti. J'ai apprécié le personnage de Fabrizio, notamment
la scène du bain et aussi le passage de sa mort. Ce n'est pas un
chef d'uvre mais ça se lit bien.
Brigitte
J'ai vu le film lorsqu'il est sorti en 1962. J'avais été
sidérée par la première scène avec la récitation
du rosaire par Fabrizio. Je suis très contente d'avoir lu le livre
maintenant. Le livre complète le film ; il dit plus de choses.
Le personnage de Fabrizio est très intéressant. J'ai aimé
l'écriture, particulièrement la conversation entre Don Fabrizio
et Don Perrone à propos de la couleuvre à avaler. J'ai aimé
la description de l'Italie rococo et décadente. L'auteur ne tombe
pas dans des défauts d'écriture tels l'emploi abusif d'adjectifs.
La fin est intéressante avec les trois surs tombées
en bigoterie mais ce n'est pas le plus intéressant. La féodalité
traditionnelle est bien décrite, féodalité qui exploite
encore à une époque pas si éloignée de la
nôtre. Don Fabrizio est entre deux époques. Féodalité
et modernité. Il sait que son monde est révolu. Trancrède
ne réussit pas aussi bien.
Françoise G
J'ai vu le film il y a trente cinq ans et j'ai lu le roman quelques années
plus tard en y retrouvant le même plaisir. L'écriture de
l'ancienne traduction collait au film. En relisant la nouvelle traduction,
le livre colle moins bien au film et du coup il était moins présent.
Ma lecture a été plus laborieuse. Le livre est une magnifique
fresque historique sur l'unité italienne que j'avais étudiée
en troisième... C'est une grande fresque sociale également
car on y fait allusion à Marx. La mort est présente en permanence :
c'est un livre sur la décadence. Les descriptions très longues
des palais ne sont pas ennuyeuses, ce sont des métaphores de la
mort. Il y a de l'érotisme dans le couple Tancrède/Angelica,
finissant avant d'avoir commencé. Le film s'arrête à
la fin du bal. La dernière partie ne m'a pas plu avec les différentes
histoires de la famille. J'ai été gênée par
le télescopage entre le temps du roman et le temps de l'écriture.
Geneviève
J'avais vu le film et n'avais pas lu le livre. Je viens donc de lire le
livre et le film a été présent pendant toute ma lecture.
Le livre ajoute le registre des odeurs : tout est magnifique et en
même temps tout pourrit. C'est en accord avec la double personnalité
de Fabrizio que l'on perçoit mieux dans le livre : décalage
entre le prince et son monde qui disparaît avec lui. Le dernier
chapitre est moins intéressant. Dans le roman, le personnage d'Angelica
est plus nuancé. L'histoire d'amour est déjà pourrie
avant d'avoir commencé.
Manu
J'ai peu lu le livre mais le film me semble très fidèle.
Les dialogues sont présents, mot pour mot. Dans le livre on ressent
la moiteur de la Sicile à travers la description du jardin et des
roses pourries. Le film est magique et magnifique. On retrouve l'ambiance
décadente de Palerme avec ses vieux palais délabrés
que côtoient les petites rues.
Jacqueline
Je n'ai jamais vu le film ou peut-être par petits bouts. Je suis
très contente qu'on ait choisi ce livre. J'ai eu un vrai plaisir
de lecture. J'ai eu du mal à commencer mais j'y ai trouvé
du plaisir. C'est un vrai roman à l'ancienne avec des subtilités
psychologiques. Maintenant je vais voir le film. J'aime le prénom
Fabrizio qui m'a rappelé Stendhal. J'ai beaucoup aimé les
descriptions, les scènes de chasse, le voyage pour aller à
la campagne sous la chaleur, les interventions de la gouvernante française.
J'ai eu l'impression de partir en vacances en Sicile. J'ai envie de m'informer
sur l'indépendance italienne. Il y a beaucoup de choses sur le
temps qui passe. J'ai beaucoup aimé la scène de la mort
du prince et Concetta qui, comme son père, est lucide : le
temps qui passe, l'absurdité des choses.
Concetta...
Je n'ai pas marché. J'ai eu du mal à lire après la
page 160. Je n'avais pas vu le film. J'ai essayé de le voir récemment
et je n'ai rien compris. J'ai fini par lire le livre en entier. Le personnage
de Don Fabrizio m'a intéressée mais j'ai l'impression que
le livre est inachevé. J'ai lu dans la foulée Éloge
des femmes mûres
et, par contraste, je me suis régalée...
Françoise D
Je ne suis pas d'accord avec toi. La fin est importante, on voit jusqu'où
va la décadence. C'est la dimension historique qui apparaît.
Le personnage principal, c'est Don Fabrizio. Les autres sont des personnages
secondaires, sauf le père Pirrone et la façon dont il intervient
dans sa famille. Dans cette continuité, l'intervention de l'Eglise
à la fin est très intéressante. Du film, je ne me
souvenais que du bal, le film n'a pas parasité ma lecture. J'ai
eu un réel plaisir de lecture. La fête dans le palais avec
les volets fermés, la chaleur de la Sicile, les odeurs, la sensualité...
Claire
Je me suis régalée à cette lecture. Je n'ai pas vu
le film, je n'ai pas senti les odeurs. Ce qui m'a énormément
plu, c'est l'écriture, j'en aurais voulu encore plus, avec l'histoire
des générations suivantes... C'est élégant,
en permanence. Le décalage apporté par le narrateur qui
sort du temps de l'écriture me plaît aussi, au contraire
de Françoise. (Claire, dans le ravissement, lit quelques passages,
que "Concetta" trouve moches...). Il y a beaucoup d'humour,
personne n'en a parlé. Un humour qui n'est pas racoleur. Elégance
et humour...
Florence
J'ai vu le film lorsque j'avais 6 ans. J'ai lu le livre en allant en Italie,
mais je viens ce soir et je ne l'ai pas encore fini. Il y a beaucoup d'humour
noir. J'ai été intéressée par la métaphore
animale : la description des animaux a une part importante dans le
livre. L'aspect politique du livre est également intéressant :
" il faut que tout bouge, pour que le monde ne bouge pas ".
Le prince est conscient de l'injustice, de la misère qui l'entoure.
Quand il refuse d'être sénateur, il donne une analyse intéressante
de la Sicile. Il y a un petit côté La recherche du temps
perdu : la fin d'une classe sociale, la classe déchue.
Il paraît que le palais du Guépard est devenu un "Bed
and Breakfast"...
Monique
Je n'ai pas vu le film mais le livre m'est très cher. J'ai beaucoup
aimé. Il y a de la narration, des descriptions, ce qui me plait
le plus c'est le personnage du prince Fabrizio qui est mélancolique.
Cette mélancolie, ce temps qui passe, peuvent être élargis
à une dimension universelle. J'ai surtout apprécié
le passage de la mort de Fabrizio, j'ai aimé sa lucidité
lors de ses derniers moment lorsqu'il compte les paillettes d'or de ses
meilleurs instants de vie.
AVIS DES BRETONS
Lil
Lorsque j'ai entamé cette lecture, connaissant le film, j'étais
préparée à l'ennui... "Erreur, erreur, dit le
hérisson, en descendant de la brosse à reluire !" :
j'ai dévoré le bouquin en deux soirées !
L'écriture est superbe, le personnage principal, passé au
scalpel, extrêmement présent, (sous les traits de Burt Lancaster,
c'est vrai !).
Un livre sur la fin d'un monde, sous le regard lucide, souvent drôle
et cynique (jai beaucoup ri !), de l'un de ses plus prestigieux
représentants. Ce prince a tous les défauts de sa classe :
il n'y a aucune surprise à le voir vivre, sauf qu'il sait accompagner
le changement pour le meilleur de ses intérêts seules
les filles resteront prisonnières des traditions. Quel destin tragique
pour les femmes de ce milieu. Livre très misogyne.
Inutile d'épiloguer sur le rôle de l'église et son
aptitude à se placer "du côté du manche",
eux aussi tristement connus. Une manipulation réciproque entre
le Prince et son Jésuite "à la loyale" !
J'ai jubilé !
L'ascension de la bourgeoisie, sur fond d'unité italienne, est
à peine caricaturale : un titre et une place au soleil contre
une bourse d'or... Nous avons tous des exemples de ce type de contrat
où il n'est pas question d'amour, mais d'alliance.
De très belles réflexions sur la mort, la vie, le sens et
l'absurdité de la vie. Dans la scène touchante et sublime
de la mort du Prince, nous est donné le bilan lucide et cruel d'une
vie.
Bref, j'ai beaucoup aimé et j'en aurais bien lu davantage !
Jean-Pierre
Quand j'ai ouvert le livre, je croyais entrer dans un roman. Les pages
se succédant, je me suis dit que, peut-être, c'était
un livre d'histoire, d'histoire sicilienne et italienne du 19ème
siècle, et mon ignorance à ce propos m'a fait craindre,
à juste titre, des difficultés à suivre le récit,
voire à le comprendre. Du plus, fainéant comme un pape,
je n'avais aucune envie de me documenter sur le sujet. Et puis, petit
à petit, mon opinion se précisa : il s'agit en fait
d'une étude d'ethnologie, et même de paléontologie.
Les affres si tragiques qu'ils en deviennent comiques d'une aristocratie
agonisante s'étalent à longueur de pages, complaisamment
décortiquées dans des descriptions de sentiments et de lieux
d'une futilité désespérante, et baignant dans cette
oisiveté si élégante d'une classe à bout de
souffle, empêtrée dans ses soucis de toilettes et de bienséance.
De même, sont disséquées les traditions séculaires
et dérisoires, les petitesses pitoyables et (n'ayons pas peur des
pléonasmes) minuscules qu'elle prend pour des signes ostentatoires
de grandeur, et sous le joug desquelles les intérêts d'une
bourgeoisie naissante et avide la ploie, sans parler du fond d'écran
d'un menu peuple qui souffre mille morts avec fatalisme et participation
active.
Voilà tout le résumé du livre : l'aristocratie
autopsiée au scalpel par le moribond lui-même, la nouvelle
classe dirigeante empressée de prendre toute sa place au soleil
des ors et du pouvoir, la plèbe superstitieuse et respectueuse,
oui not' bon maître. C'est bien une uvre de sociologue de
parti pris. Quant à la forme, même si par moment je fus pris
par une langue splendide, tarabiscotée, ampoulée et ornée
de fioritures, je trouve le livre trop long, encombré de considérations
et de détails superflus, de descriptions innombrables et fatigantes.
Mais il se détache quand même des pages magnifiques pleines
d'une philosophie désabusée et marquées par le renoncement
pathétique du Guépard.
Nicole entre
et
Je n'ai eu le temps de lire que la moitié du livre, mais peut-être
n'ai-je pas mis beaucoup d'ardeur pour continuer.
Pourtant en réfléchissant, je ne lui trouve pas beaucoup
de défauts : l'analyse de cette fin de société
aristocratique au travers de la vie du comte de Salina (quel macho !)
est finement menée.
Certaines scènes sont saisissantes, de vraies photos en mots, en
particulier la scène du bain après l'arrivée en villégiature.
J'ai vu le film il y a longtemps, je l'ai vite oublié à
part la scène du bal. J'ai bien peur de ne pas finir le livre,
mais je ne l'oublierai pas aussi vite.
Marie Thé
Quelques mots seulement. En effet, jai "survolé"
le livre, après avoir revu le film, m'attardant ici et là
sur la beauté d'une page, consciente en même temps de passer
à côté d'un grand livre, fascinée par le prince
Salina, émerveillée par des passages comme : "Les
Siciliens ne voudront jamais s'améliorer, pour la simple raison
qu'ils se croient parfaits : leur vanité est plus forte que
leur misère ; toute intromission de personnes étrangères
aux choses siciliennes, soit par leur origine, soit par leur pensée,
bouleverse notre rêve de perfection accomplie, dérange notre
complaisante attente du néant ; piétinés par
une dizaine de peuples différents, les Siciliens croient qu'un
passé impérial leur donne droit à de somptueuses
funérailles " ou
" Nous fûmes les Guépards, les Lions : ceux
qui nous succéderont, seront les Chacals, les Hyènes. Et
tous tant que nous sommes, Guépards, Chacals, Brebis, nous continuerons
à nous considérer comme le sel de la terre. "etc.
Quant au film, il m'en a rappelé un autre de Visconti que j'ai
aussi beaucoup aimé : Ludwig ou le crépuscule des
dieux : la splendeur, puis l'écroulement d'un monde...,
même si Louis II de Bavière est bien différent
du Prince Salina.
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