Quatrième de couverture :
Un après-midi de bonheur fraternel va se terminer
en drame. Pietro et son frère Carlo vont se battre contre les flots
pour sauver deux femmes de la noyade au péril de leur vie. Arrivés
sur la plage sains et saufs avec les nageuses imprudentes, ils seront
ignorés par la foule. Ce qui fera dire, avec un sourire, à
Carlo : « Nous avons sauvé deux connes, au milieu
de tas de cons qui, étant cons, ne sen sont même pas
aperçus.
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Sandro Veronesi
Chaos calme
Nous avons lu ce livre en mai 2009.
Christine
Je ne suis pas emballée, mais les premières pages sont alléchantes :
j'aime bien la façon dont on rentre brutalement dans cette histoire
de sauvetage suivi de la mort de l'épouse du narrateur. Je marche
aussi dans les débuts du veuvage et cette idée de chaos
calme, cet homme qui dénie toute douleur ou qui n'en ressent réellement
aucune. Mais ensuite je m'ennuie dans la galerie de portraits : les
collègues (je les confonds tous), la famille (frère, belle-sur),
les mères des copines de la fille, les voisins, etc. Franchement,
on aurait pu attendre que ce livre sorte en poche, il n'y avait pas urgence !
Manuel
Jai mis du temps à le lire. Jai beaucoup aimé
le début : il perd sa femme, sa rébellion passive,
ces tranches de vie, ces scènes répétitives (lenfant
trisomique), le déjeuner avec les pâtes à la sauce
tomate... Tout cela, jai aimé. Le moment où ça
se gâte, où lon ny croit plus, cest le
moment où il se fait courtiser pour être le numéro
deux de la super entreprise; c'est quand même énorme... Ça
ma déplu, ces gens très puissants qui viennent le
voir, cest long, cest du remplissage, je me serais passé
de cette partie-là.
Dans son écriture, il utilise des termes très recherchés,
des termes psy, jai dû même aller chercher dans le dictionnaire.
Cest un vocabulaire très emprunté. Jai trouvé
que cétait un livre pour bobos : on a un type riche,
qui nest pas dans le besoin et il lui arrive une histoire banale.
Les personnes déversent leur mal-être, des platitudes. Et
ce cadre mal dans sa peau, ça ne ma pas touché.
Si le début est bien, 500 pages, cest trop long. Jai
trouvé également quil y avait une grande absente :
Lara, qui est peut-être le personnage le plus intéressant.
Ce frère qui se drogue... cest très artificiel. Ces
références de bobos : Radiohead (que j'adore!), la
scène de shoot... Comme il l'avoue à la fin du livre, ce
sont des gens inintéressants, qui ne mont pas passionné.
Jai trouvé cela fabriqué, avec de grosses ficelles.
En plus, je vois Nanni Moretti à toutes les pages...
Jacqueline
Je lai lu il y a assez longtemps et assez vite oublié. Je
navais pas envie de le reprendre. Ça ma bien plu, cest
une belle histoire de deuil. Jai aimé la distance quil
prend, latmosphère du bouquin, tous ces gens qui nont
pas grand chose à faire. On laisse couler, on laisse le monde venir,
ça nest pas si mal que ça. Jai bien aimé
le côté « sautillant », cest-à-dire
plein de points de vue sur plein de gens. Je nai pas aimé
ses histoires de travail, je narrivais pas à mimaginer,
je ne suis pas rentrée dans ces problématiques. Les personnages
sont quand même bien décrits, le copain, je le vois bien
dans un bureau même si je ne comprends rien aux histoires de chefs.
Jai trouvé la fin superbe : il se rend compte quil
emmerde sa fille. Je lai lu avec plaisir, je me souviens dune
atmosphère. Ce nest pas un livre qui memballe mais
je crois que cest un bon livre. Je nai quand même pas
éprouvé une grande émotion.
Françoise D
Quand jai commencé à le lire, je me suis dis :
oulala ! Mais où on va ? En fait, jai accroché
petit à petit et je lai lu jusquau bout avec plaisir
malgré quelques longueurs. Jai été étonnée
quil fasse toute une montagne de cette première scène,
celle du sauvetage (les coups de queue...) ! Le parti pris de départ
(je ne bouge pas et les gens viennent à lui), ce projet, est intéressant.
Le héros sert dexutoire. Il y a des personnages plus ou moins
intéressants, touchants, comme le petit mongolien, dautres
moins. Tout ce qui tourne autour de son boulot, de ce milieu pété
de fric, ce nest pas manichéen. Son collègue qui part
en Afrique, cest un personnage bien portraituré. Je nai
pas compris le personnage du grand magnat qui vient pour le rencontrer.
La fin est très bien. Cest bien trouvé sa fille qui
le ramène à la réalité. On ne le devine pas,
je me suis laissé surprendre.
Il y a aussi beaucoup dhumour : en partant dune histoire
dramatique, il ne fait pas du politiquement correct. Il na pas de
chagrin, ce qui interpelle. Il y a beaucoup de scènes avec des
commentaires très marrants.
Claire
La quatrième de couverture est criminelle comme souvent :
on raconte toute lintrigue. Jai été passionnée
jusquau bout mais déçue. Jai été
tenue par la situation mais jai ressenti une forme de plaisir légèrement
honteuse. Jai été impressionnée par la culpabilité
attachée à certaine pratique sexuelle, jai trouvé
ça complètement décalé avec le personnage
et le milieu. Jai sauté certains passages : le mél,
trop long. Ce qui me déçoit, cest linvraisemblance.
Il y a plein de qualité : lhumour, lamour pour
sa fille. Mais ça ne tient pas la route. Javais envie de
savoir mais cette impression dinvraisemblance nuit au livre :
plus ramassé, comme une nouvelle, caurait donné plus
de poids. La situation ma rappelé celle de Jean-Claude Roman
et LAdversaire dEmmanuel Carrère, avec ce type
qui tous les matins fait semblant daller au bureau et reste dans
sa voiture. Jai été passionnée et déçue.
Katell
Je lai lu il y a quelques mois. Je devais traverser un désert
de lecture parce quil ma fait limpression dune
oasis... Je lai dévoré, ça se lit très
bien. Mais à lécoute des avis, je suis moins enthousiaste.
Je partage quand même le point de vue de Manu... Avec le recul,
ça fait un peu bobo... Cependant, jai beaucoup aimé
ce roman qui parle de gens de nos jours (Lara a mon âge, sa fille
a lâge de ma fille aînée), avec des situations
quotidiennes (les parents délèves !), beaucoup
dhumour et cest quand même de la littérature.
Je ne suis pas daccord sur le fait que les scènes « dentreprise »
ne soient pas réalistes. Je pense, que de notre « petit »
niveau, on nimagine pas comment certaines décisions en haut
lieu peuvent être prises, sur des motifs pas du tout objectifs ni
stratégiques... y compris avec des histoires de cul ou de copinage...
Jai passé un très bon moment de lecture. Et jai
réussi à faire abstraction de Nanni Moretti !
Lil
Là encore, des longueurs, des longueurs... À certains moments,
une espèce de logorrhée mentale du narrateur dont je me
suis demandée si elle faisait partie de ses stratégies de
contrôle anti-douleur, auquel cas, d'une efficacité certaine
pour lui, mais d'un ennui mortel pour la lectrice que je suis ! Autre
difficulté rencontrée avec ce livre, les invraisemblances :
la situation en elle-même, la visite des deux pontes de l'entreprise,
le temps que prend le narrateur pour philosopher lors du sauvetage en
mer... Les références permanentes aux chansons, au cinéma,
à Radiohead m'ont gênée (probablement à cause
de mon ignorance dans ces domaines). Voilà pour le négatif !
En revanche, j'ai aimé cette galerie de portraits, souvent drôles,
parfois émouvants : l'enfant trisomique, Enoch : son
juron et sa Sainte-Trinité, Francesca et ses phrases assassines,
le vieux monsieur qui balaie sa maison comme un fou, pendant un an, après
le décès de sa femme, le fils de Piquet qui « compte »,
Piquet et son ordinateur équipé d'un porte-canette , la
pseudo tétraplégique dans l'avion, le père de Pietro,
etc.
J'ai également beaucoup apprécié :
- la réflexion sur la perte, l'absence, la vie, les accidents
de la vie et nos diverses manières de réagir. Pietro, lui,
fait tout pour empêcher sa douleur de s'exprimer et lorsqu'il prétend
s'occuper de sa fille, il soccupe, en fait, de lui : tout son
être se doit d'être mobilisé afin de ne laisser aucune
place pour la douleur. Même stratégie lorsqu'il établit
des listes et, lorsque la douleur survient à son insu (lors de
la conférence à Gorgonzola) il s'évanouit !
- la question récurrente de la « normalité » :
qui est fou, qui ne l'est pas ?
- les relations enfants-adultes, les interprétations hâtives
des adultes sur le comportement enfantin.
- la tendresse entre les frères, entre l'oncle et la nièce.
- Claudia, la seule vraie adulte, qui, elle, se soucie vraiment de
la douleur de son père.
Ce qui m'a semblé le plus intéressant dans ce livre, c'est
le traitement du malheur comme outil de connaissance de soi (la fin du
livre est très forte).
Lona
Cest bien écrit, facile à lire et javoue y avoir
pris du plaisir (peut-être parce que ça changeait des précédents
livres ?). Ça commence très fort et cest tout
de suite attachant ! Comment faire le deuil dune personne aimée,
alors que visiblement on ne souffre pas ? Beaucoup de choses se passent
dans la voiture du veuf ou sur le banc du parc devant lécole
de sa fille. Cest le mur des lamentations, lieu de souffrance pour
chacun qui vient dans ce bureau improvisé, chacun avec sa propre
histoire douloureuse ! Ce côté « flottement »,
en attendant que la douleur vienne est bien restitué !!! Cest
plein dhumour aussi ! Jai aimé la rencontre quasi
quotidienne du petit trisomique, les séances de gymnastique de
Claudia, la relation à linstitutrice et à la jeune
fille au chien, le repas de spaghettis et le déménagement.
Lamour et la complicité des deux frères : cest
bien écrit. Martha est attachante, mais jaurai aimé
connaître davantage Lara et Claudia !
Quelques longueurs pourtant, ce qui fait que lhistoire semble quelquefois
complètement irréelle ! Je nai pas compris lhistoire
du chien noir et de la comédienne (p.132), ni larrivée
dIssac Steiner dans sa limousine parlant de lor spolié
des juifs pendant la dernière guerre. Les retrouvailles de deux
quasi noyées me semblnt cousues de fil blanc et très édulcorées...
On aurait pu supprimer ces histoires !
Cest une bonne analyse de lentreprise : ont-elles une
âme ? Comment se fait le recrutement ou le licenciement des
patrons ? On découvre les relations de travail les uns avec
les autres et le monde de largent : business, trahisons, intérêts,
finalités financières, valeurs humaines...
On peut voir Nanni
Moretti dans le rôle (bande annonce du film)
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