François Bégaudeau
Entre les murs

Nous avons lu ce livre en octobre 2008, à l'occasion de la sortie de l'adaptation au cinéma.
En option et en regard du livre de Begaudeau, nous avons choisi : Présent ? de Jeanne Benameur.

Renée
En explorant Google, j'ai vu que le livre et le film faisaient causer. Ce livre m'a énervée et aussi plu d'une certaine manière. Mais je l'ai trouvé saucissonné : la classe, le conseil de classe, la classe, la salle des profs. Je n'ai pas aimé l'écriture, en fait il n'y en a pas.
J'enseignais en projetant des films télévisés éducatifs à des 6èmes, 5èmes et 3èmes. Des problèmes de langue, j'en ai rencontré. Ce que fait Bégaudeau, il le fait avec la distance de quelqu'un qui sait qu'il va s'en aller. Il ne peut pas continuer.
J'ai été happée par le film, une angoisse même. S'ils montrent ça à des profs d'IUFM, il n'y aura plus de vocation.
La langue est centrale, il y a beaucoup de joutes verbales, c'est préoccupant. Ce prof est tout le temps dans sa propre façon de répondre aux élèves. Il y a des mots d'auteurs dans ceux des élèves. Mais si vous ne maîtrisez pas une langue, comment pouvez-vous porter un jugement sur cette dernière ? D'un point de vue formel, quand on est prof face à une classe entière, on sent sa couleur, sa personnalité, sa vibration. Dans le film, on ne sent pas cette vibration car il a multiplié les gros plans sur certains élèves. On n'a jamais conscience de cet affrontement, d'être seul contre tous. Le film, je le regarde yeux ouverts aux ¾.
Jacqueline 
Je l'ai lu quand il est sorti. J'ai été rééducatrice dans le XIXe, j'étais curieuse. Il parle d'un collège que je connais un peu.
J'ai aimé ce livre, il se lit facilement, j'ai été prise par les dialogues. La langue est extrêmement simple. Ce n'est pas une transcription des dialogues. Il y a un travail sur les formes du discours qui diffèrent selon que c'est dans la classe, un conseil de classe, dans la salle des profs. Une impression de réalité est produite par le langage. Quand le livre est sorti, Monique a dit que c'était un roman. Mais beaucoup de gens vont le prendre au pied de la lettre. Je l'ai relu avant de venir et j'ai ressenti le même intérêt, j'ai été prise dedans. Mais j'avais plus de recul, je faisais plus attention : il crée cet effet de reportage. Même sans dialogue, l'effet est le même. Il y a des moments très envoûtants : les vœux des enseignants, la mère qui ne veut pas que son fils soit renvoyé, l'autre qui pense que son fils est tellement intelligent... Dans les autoportraits des élèves, il y a une grande humanité. J'ai bien aimé ce livre, j'ai bien marché. Je suis contente de sa médiatisation et que le film ait eu un prix à Cannes. C'est devenu réellement une œuvre de fiction. C'est une œuvre de fiction qui traduit la réalité. Le film est fidèle à l'esprit du roman. J'ai ressenti de l'émotion sur les mêmes passages : la dignité de la mère de Souleymane, par exemple. L'effet de réalité est aussi réussi dans le film que dans le livre.
J'ai lu aussi Présent de Jeanne Benameur. Je pense que c'est son meilleur livre, les personnages sont vraisemblables mais c'est différent de Bégaudeau car ils sont vus de l'intérieur. Néanmoins, il y a un côté angélique (je crois que le livre a eu le prix de L'Ecole normale). Là, on sait qu'on est dans le roman. Je l'ouvre au 1/3.
Françoise O
Je ne peux pas être neutre, j'ai été prof pendant 39 ans dans le même établissement à Saint-Cloud. Je suis un fossile. J'ai aimé le métier et je crois que j'ai eu beaucoup de chance. Donc, mon regard n'est pas neutre et j'étais terriblement curieuse. Il n'y a aucune commune mesure entre les élèves de ce collège et ceux que j'avais à Saint-Cloud. Ce ne sont pas les mêmes élèves, ce n'est pas la même époque. Mais on retrouve les mêmes angoisses, les mêmes réflexions. Quand j'ai commencé le livre, j'ai été agacée : c'est du langage oral. On a cependant un sentiment de véracité.
Je trouve le film bien supérieur au livre. Quand je suis sortie, j'étais dans un état d'émotion. Je n'enseignais certainement pas de la même matière, mais j'ai, par exemple, retrouvé l'émotion du conseil de classe. En seconde, il y a un poids énorme des maths et de la physique : j'ai été parfois l'enquiquineuse ou celle qui sauve. On me disait, c'est toi qui décides. Pareil pour les autobiographies : même dans un milieu privilégié, on voit de la souffrance à l'état brut. Le film grandit le livre, il recrée tout ce que je n'ai pas aimé dans le livre comme la salle des profs.

Manuel
Je ne peux pas dire que j'ai aimé le livre, je ne peux pas dire que c'est un roman. Il déverse sa haine des profs d'une manière caricaturale, leurs lacunes, la machine à café, la confrontation des élèves et du monde enseignant... Je ne sais pas où il veut en venir. Ce cynisme, cette ambiance où l'on critique tout, ça a un côté navrant, pathétique, un peu fin du monde. Voilà ce qu'est le collège public en ZEP, c'est très dur mais il y a des gamins qui s'en sortent. Mais le livre ne m'a pas plu, je n'ai pas aimé la langue, ce langage parlé où l'on ne sait plus qui parle, ça fuse dans tous les sens. Les autoportraits, c'est touchant. Je ne sais pas comment je vais l'ouvrir.
Geneviève pour les livre et pour le film
Présent ? c'est affectif.
J'ai lu le livre quand il est sorti, et j'ai eu la même sensation d'agacement. Je l'ai trouvé un peu malsain, quelque chose ne me plaisait pas. J'ai relu le bouquin, j'ai vu le film et j'ai terminé le bouquin après. Je commence à comprendre : ça manque de chair, on ne mémorise pas, il y a de la dureté et de la sécheresse dans les rapports humains même si la salle des profs génère une médiocrité. Ils sont confrontés à 30 gamins par classe, 30 ovnis.
J'ai trouvé dans le film une épaisseur, une chaleur dans les situations. Il y a un travail de réalisateur. Tout est rediscuté par les élèves, il y a des choses déstabilisantes, de la colère, de la haine. Comme le prof qui dit : " Je ne comprends pas qu'ils ne soient pas comme moi. " Il y a des conflits. Les relations avec les parents sont décoiffantes, ainsi que la scène du conseil de discipline. Il y a un rapport à la langue qui est passionnel, cette langue qui se déconstruit tout le temps. Le livre est pauvre par rapport au film. Le narrateur est au premier degré et pas dans une position d'éducateur. C'est ce point de vue que je le trouve invraisemblable.
J'ai bien aimé dans Présent ? de Jeanne Benameur le côté angélique, militant, notamment les portraits de la documentaliste et de la prof de bio.
Brigitte
Je n'ai pas trouvé que c'était un livre facile à lire. On ne sait pas qui parle. Pour moi, c'est un document et pas de la littérature. Il prend un sujet d'actualité, un sujet intéressant. Cela aurait pu donner un très bon documentaire. Mais je ne me suis pas sentie concernée. C'est un roman, mais c'est difficile à lire, il y a plein de mots répétitifs, c'est assez barbant. J'ai trouvé que France Culture et Télérama étaient victimes de l'actualité.
Il y a deux ou trois choses que j'ai remarquées : il fait lire des textes très faciles aux élèves, et les élèves butent sur des expressions comme "somme toute", ou "la puce à l'oreille"... Le livre m'a donné l'impression que les enfants n'étaient pas bons en français et pourtant les productions de la classe sont plutôt d'un bon niveau.
Il aborde un sujet intéressant, mais le langage le dessert. J'ai trouvé que c'était une esquisse. S'il avait fait un vrai travail d'écriture, il nous aurait emmenés beaucoup plus loin.
Françoise G
Je n'ai pas fini le livre, mais j'ai peut-être envie d'aller jusqu'au bout, pour aller chercher quelque chose de séduisant, de croustillant, des instants photographiés. J'avais envie de le lire, mais la posture du narrateur n'est pas tenable. Il y a quelque chose de malhonnête, d'écrit "comme-on-parle". Mais il y a des choses qui m'ont touchée : les autoportraits, il ne les invente pas, c'est du documentaire. Il y a une malhonnêteté fondamentale et Bégaudeau n'est pas dupe. C'est un livre qui va plaire et il réussit. Il s'en est sorti en faisant de ce livre un succès. Il ne rapporte que les choses qui accrochent, il n'y a pas de contenu dans son enseignement. Sur le plan des relations avec les autres collègues, cette salle de prof est vraiment bizarre et les profs vraiment bébêtes. L'alternance entre la salle de cours et la salle des profs montre les mêmes ressassements, c'est misérable. Je ne sais pas s'il le rapporte dans un souci de sincérité ou s'il s'en fout. Quelquefois, on a l'impression que c'est l'élève qui a du bon sens. Quant au contenu pédagogique, il est très peu sérieux.
Le film répare les carences et les outrances du livre, c'est le travail du réalisateur. Les profs ne sont pas ridicules dans la salle des profs, le conseil de classe pas n'est pas réducteur et surtout, on voit un enseignant souffrir dans sa solitude et cela lui donne une tout autre dimension. Dans le livre on ne voit que sa haine et la haine de ses collègues.
Françoise D pour le livre et pour le film
Je n'ai plus grand chose à dire de plus, je l'ai lu il y a longtemps. Je suis scotchée par les réactions de mes amies profs. C'est un monde complètement à part. Monique m'avait parlé du travail littéraire, condensé. Ce n'est pas un témoignage, ce n'est pas un document : il réécrit et ramasse les propos. C'est une quintessence.
J'ai été frappée par son rapport aux élèves. J'ai bien aimé lorsqu'il désigne chaque élève par sa tenue vestimentaire. Il arrive à bien recréer le quotidien par les répétitions : la salle des profs, les propos... et je pense que c'est comme ça en salle des profs. Dans son attitude, il n'a aucune complaisance vis-à-vis de lui-même. Dans le film, on comprend comment il a peu à peu dérapé. S'il s'était mis en scène avec un comportement exemplaire, cela n'aurait pas été crédible. Il a dérapé, c'est humain, c'est plus facile d'avoir de la compréhension avec des élèves qui sont sages, qui ont envie d'apprendre et de bien faire (comme les élèves chinois) plutôt qu'avec ceux qui foutent la merde tout le temps. Ce n'est pas une œuvre littéraire, mais je ne l'ai pas lâchée. Et pourtant, je suis remontée contre les profs, remontée par mon vécu, par l'humiliation de la part des profs et qui a toujours existé. Un prof qui humilie ses élèves, c'est très banal.
Le film est mieux, on y trouve plus son compte. Le conseil de classe se tient, il est plus rassurant. C'est la vision des choses vues et vécues par Bégaudeau et pourtant, il ne dit pas que c'est bien. Il fait connaître son vécu, son collège, ses élèves, ses dérapages. Dans le film, on comprend qu'on est dans un autre monde, un monde à part, comme la vie dans une prison. C'est forcément désespérant et s'il existe une solution, on ne voit pas laquelle. J'ai été intéressée par le livre et j'ai bien aimé le film qui lui donne de l'humanité.

Rozenn
Je suis contente de passer à la fin. Si j'étais passée au début, j'aurais dit que le livre était sans intérêt, chiant et nul. C'est du saucissonnage, de la construction mal faite du langage et sans intérêt sur le plan littéraire. Si c'est un fait de société, c'est très grave et même gravissime. Ce n'est pas un document, ni un roman.
Quand il leur demande de rédiger leur autoportrait, c'est une faute grave. De quel droit un prof demande à ses élèves de mettre leurs tripes sur la table ? Dans le film, c'est scandaleux, il affiche la photo de la mère, il affiche les autoportraits sur les murs. Ce prof sort tout le temps du cadre, de la relation, il n'a plus ce minimum de réflexes. On ne sait plus si c'est un roman ou pas mais il n'a pas le droit de publier ces autobiographies. Pour moi, c'est un scandale. Ce prof-héros est tout le temps en dehors des clous, en dehors du cadre. Il a un mépris pour les élèves, ne les écoute jamais. Le livre est intéressant d'un point de vue didactique. Ce sont des élèvent nuls qui posent des questions intelligentes.

Claire
Cette séance me rappelle celle où nous avions lu un livre de René Rémond qui était très autobiographique : c'était son itinéraire, son enfance dans un milieu paysan. Nous étions très nombreux et personne ne parlait du livre, tout le monde était renvoyé à sa propre vie. Comme aujourd'hui.
C'est Monique qui a signalé ce livre, son intérêt, son ambiguïté. C'est un livre littéraire, il n'est pas écrit comme un roman mais c'est un texte littéraire. Ce narrateur ressemble beaucoup à Bégaudeau. La langue, c'est la vedette. Monique a su montrer le travail littéraire et je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent que c'est mal écrit. Pour moi, il y a une composition qui suscite le malaise : où a-t-il voulu en venir ? Il met sur la place publique une image de cynisme. Il tend des verges, en rajoute une couche sur ses collègues. Mais où veut-il en venir ? Je n'ai pas la réponse. Comme Céline, il utilise l'écriture pour rendre cette véracité.

Geneviève fait un parallèle avec Houellebecq…

Claire
Le film m'a beaucoup plu, passionnée. On ne peut pas faire l'impasse sur ce qu'il donne à voir et se contenter de l'apprécier comme film. Ce n'est pas un film sur la pédagogie, sur l'enseignement ; ce qu'on voit est un contre-exemple d'enseignement, c'est énorme et c'est en cela que c'est grave, car avec le succès, on peut dire : "Voilà comment s'expriment les profs, l'image des profs, la salle des profs, la langue des profs, l'absence de cadre, la nullité des propositions pédagogiques (l'autoportrait)". Quelle responsabilité de la part de l'auteur !
Ce qu'on voit dans le film parle de mon quotidien. Je vois des classes où les enfants ont pris le pouvoir et les enseignants craquent.
Les problèmes paraissent entièrement dus aux rapports de force et on ne parle jamais d'apprentissage.
Tout cela fait qu'il est difficile de donner une appréciation strictement littéraire au livre auquel j'ai trouvé beaucoup d'intérêt et que j'ouvre aux ¾ mais le malaise demeure.
Le livre de Jeanne Benameur m'a plu mais j'ai été gênée par ces personnages typés et assez caricaturaux.

Céline
C'est intéressant comment ce livre renverse les frontières du documentaire et de la fiction. Ce livre est un objet contemporain. C'est une vraie œuvre construite, cette foutue posture du professeur, les élèves qui interpellent, la démocratie des rapports. A un moment donné, l'école républicaine a été le moule de la société et ce moule a éclaté en morceaux. Cependant on ne peut pas faire tout porter à l'école.

Rozenn,
Je change d'avis après avoir écouté Céline. Ce livre a bien un projet littéraire.
Lil
Les aléas de la vie professionnelle, au quotidien, d'un enseignant de français, dans une classe de 4ème d'un collège "difficile", pendant une année scolaire : rapide résumé, utile pour différencier ce livre de celui de Jeanne Benameur. Le principal du collège, qui tient son propre rôle dans le film, et que nous avons pu rencontrer lors de la projection d'Entre les murs, à Josselin, nous précisait que la forme du récit s'expliquait par la prise de notes hebdomadaires, ici restituées, du professeur, à partir de la rentrée scolaire jusqu'aux vacances. Conséquence : pas toujours facile à lire, parfois rasoir ! Niveau de langage : familier, des banlieues. Une nouvelle langue pour qui n'est pas dans le coup - reproduite texto - qui nous fait apprécier l'inadéquation du système éducatif, appliqué sans imagination et sans souci d'adaptation au public. Ledit prof' s'y colle lui-même, parfois, et commet l'impardonnable erreur pédagogique de parler comme s'il était un élève.
Pauvre corps professoral, bien maltraité dans cet ouvrage : l'image donnée de malheureux uniquement préoccupés de leurs petites misères, est scandaleuse. (Je connais des professeurs magnifiques qui font un remarquable boulot dans ces collèges.) Parenthèse nécessaire après la lecture d'un livre aussi médiatique, livre qui se veut fiction, alors qu'un grand nombre de lecteurs en parlent comme d'un document ! Réalité ou fiction ? Là encore, les jeunes du collège Françoise Dolto, présentes à Josselin, nous ont dit que, bien sûr, c'était un peu exagéré, mais ça y ressemblait tout de même beaucoup. Projet d'établissement, équipe pédagogique, où êtes-vous ?
Tout ceci sur fond de familles immigrées totalement démunies face au monde scolaire et de galères socio-économiques : bref, le fossé est de taille et les moyens pour le combler bien maigres ou mal utilisés dans ce récit. Si le projet de Begaudeau était d'engager une réflexion sur le système, c'est réussi ! Ces jeunes, je les ai trouvés pleins de ressources (y compris provocation et indiscipline), souvent logiques et matures dans leurs réflexions. Des moments de grâce, d'humour, dans leurs écrits. Quant aux acteurs du film, ils sont prodigieux (ce qui est loin d'être le cas pour ledit film!)
Contrairement au livre de Begaudeau, avec Présent ? de Jeanne Benameur, nous sommes en présence d'une multitude de regards, calés dans une galerie de portraits : tous les acteurs du collège sont là, depuis la principale jusqu'à l'homme d'entretien, en passant par la merveilleuse documentaliste, les parents d'élèves, etc. Tous ces gens, d'abord identifiés par leur fonction, prennent peu à peu chair, sous nos yeux, et deviennent des hommes et des femmes à part entière, dont l'histoire personnelle imprègne plus ou moins leur attitude professionnelle. L'unité de temps, ici, est la journée et non l'année scolaire, journée qui doit se clore sur le conseil d'orientation.
L'écriture appartient à Jeanne Benameur et j'y suis très sensible. J'ai aimé l'analyse qui est faite du pourquoi du "bug" et des façons d'y remédier. Ses réponses me parlent bien : du sens, du respect et du désir qui rend vivant.
Dans l'ensemble, une vision plus optimiste que Bégaudeau, une vision qui fait plus confiance à l'humain. Je l'espère réaliste ! J'ai beaucoup apprécié la réhabilitation des disciplines artistiques, trop souvent négligées : " Sans l'art, un être humain peut crever de douleur " : avoir droit à l'art pour apprendre à donner forme à ses émotions. Pour ce livre, on ne se pose pas la question du documentaire : c'est un roman, inspiré de la réalité !

Nicole
Entre les murs pour le travail de l'auteur.
J'ai commencé la lecture : aucun intérêt. J'ai vu le film qui ne m'a pas déplu et j'ai écouté les commentaires de six des protagonistes présents lors de la projection.
J'ai donc repris le livre depuis le début et à la 40e page je me suis arrêtée : aucun intérêt.
Présent ?
Si le sujet est le même que Entre les murs, la façon de le traiter est plus littéraire chez Jeanne Benameur et même il existe un certain suspens quant aux décisions des conseils de classe. Je ne me suis pas ennuyée, mais j'attendais quelque chose de plus fort. C'est un peu convenu, heureusement que la documentaliste apporte une touche d'originalité.
Jean-Pierre
La lecture de ce livre m'a plongé dans une extrême tristesse. Je pourrais même dire un profond désespoir. Pour deux raisons : sur la forme et sur le fond.
Sur la forme : on a beau être prévenu de " l'état brut d'une langue vivante " (4ème de couverture) que l'auteur revendique, on reste confondu de ce parti-pris de pauvreté, non seulement lorsque le vocabulaire et la syntaxe sortent de la bouche des élèves, mais aussi quand ce sont les enseignants qui s'expriment. Pourtant, François Bégaudeau explique dans une tirade à ses collégiens qu'on ne doit pas utiliser le mode oral dans l'écrit. Mais que ne le fait-il lui-même ! La forme de l'œuvre elle aussi peut être critiquée. Pas d'histoire, ou plutôt une multitude de micro-histoires. C'est ce que l'auteur a choisi, bon, mais je trouve cela fatigant. De même, ces phrases inattendues, sans suite ou complètement atomisées, ni rapport visible avec le récit en cours. De même ce personnage fantomatique et doté d'un seul bras : comprenne qui pourra qui il est et ce qu'il vient faire dans cette galère. De même ces redites incessantes. On a l'impression que le texte n'est qu'une suite de notes prises au jour le jour, et que l'auteur n'a pas voulu remettre en forme. Dans quel but ? Pour faire plus vrai ? C'est raté, ça fait surtout plus bâclé.
Sur le fond : le titre est parfaitement choisi. On est dans un climat oppressant d'enfermement permanent et même recrudescent. On étouffe. On souffre pour les profs bien sûr, mais aussi pour ces pauvres gamins programmés par et pour l'échec. Pas une lueur à l'horizon, sauf, "ironie du sort", peut-être pour ce petit Chinois condamné à l'expulsion hors de France, pays des droits de l'homme, pas de veine. On a envie de partir loin, de devenir ermite au sommet de l'Himalaya, de quitter cet univers de cinglés où les enfants se comportent comme de mauvaises petites bêtes, repliés sur eux-mêmes, toutes griffes dehors, prêts à mordre, imbus des misérables personnalités dont ce monde les a dotés. Faute de cette fuite, on en arriverait à souhaiter la privation de leur statut d'être humain, le martinet, la schlague, ce que notre humanisme viscéral ne saurait accepter. Et puis, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font. Mais quand même... De plus, les séances dans la salle des profs sont affligeantes. On se demande comment des enseignants pareils (dont certains sont accoutrés et percés comme leurs élèves) peuvent être armés pour affronter la meute. Il faut dire que les circonstances atténuantes, voire les justifications ne manquent pas. Pauvres d'eux ! Dans ces conditions extrêmes, plus qu'une vocation, leur métier est devenu un véritable sacerdoce.
A bout de souffle et de désespoir après l'avoir terminé, j'aurai bien fermé le livre, mais uniquement pour le corps enseignant, je l'ouvre au quart.
PS 1 : on apprend que François Bégaudeau s'est porté acquéreur du FC Nantes. Voilà qui jette un éclairage neuf et décapant sur les moyens financiers du personnage et sur ses centres d'intérêt hautement éducatifs. Après s'être confronté aux "sauvageons", il va pouvoir exercer ses talents en face des supporters.
PS 2 : Je n'ai pas vu le film. La lecture du livre m'en dissuade fortement.

 


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Entre les murs s'inspire de l'ordinaire tragi-comique d'un professeur de français.