Quatrième
de couverture : "Tu veux jouer
à inventer des histoires ? Un chapitre chacun ? Je
commence ? Il était une fois un village que ses habitants
avaient déserté. Même les chats et les chiens étaient
partis. Et les oiseaux aussi."
Le petit garçon qui joue ainsi à inventer des histoires
à la demande de sa mère est devenu un grand romancier.
Sa mère n'est plus là, mais il tient malgré tout
à poursuivre le récit de l'existence tumultueuse de sa
famille et de ses aïeux. Son récit quitte donc le quartier
modeste de Jérusalem où il est né, remonte le temps,
retourne en Ukraine et en Lituanie, et fait revivre tous les acteurs
de cette tragi-comédie familiale, qu'ils soient prophète
tolstoïen, séducteur impénitent, mauvais poète,
kibboutznik idéaliste, ou vrai savant. Leurs vies sont parfois
broyées par la grande Histoire l'Europe les rejette, l'Orient
se montre hostile et toujours marquées par leurs propres
drames intimes, illusions perdues et rêves avortés. Au
cur d'une narration riche, d'une ampleur et d'une puissance romanesque
jusque-là inconnues dans l'uvre d'Amos Oz, la disparition
tragique de la mère demeure la question à laquelle ce
roman cherche une réponse. Une histoire d'amour et de ténèbres
est un livre bouleversant où l'histoire d'un peuple et la
vérité d'un homme se confondent.
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Amos Oz
Une histoire d'amour et de ténèbres
Nous avons lu ce livre en septembre 2008.
Nous avions lu Seule
la mer
et Comment guérir un fanatique en avril 2008. Nous lirons
ensuite
La boîte noire en 2023.
Annick L
Je ne lai pas encore terminé parce que je lai commencé
cette semaine. Au début, jai trouvé cela assez ennuyeux :
il y a beaucoup de références culturelles, politiques, des
noms qui massommaient, jétais un peu perdue. Et puis,
au bout dun moment, jai été accrochée
par lhistoire de son père, de sa mère, histoire construite
en cercles concentriques et qui se recentre petit à petit sur le
sujet. Jai été prise dans la spirale. Il y a une écriture,
des ruptures de discours. Par exemple, on entend la voix de sa tante,
on partage la vision de cette femme. Ce mélange des voix me fascine.
Ses ruptures de ton sont incroyables : on navigue entre des envolées
littéraires et intellectuelles, des notes dhumour, des scènes
de la vie quotidienne. Je suis fascinée par son aisance à
passer dun style à lautre, dun ton à lautre.
Jai été très touchée par la fresque
humaine et ce quil écrit sur sa mère est très
fort.
Geneviève
Jai beaucoup aimé. Moi, je reste tranquille dans mon ignorance :
je ne cherche jamais les mots que je ne connais pas dans le dictionnaire,
les références me demeurent inconnues... Je trouve que cela
donne une dimension significative de létrangeté du
le monde.
Jai trouvé dans ce livre une interrogation sur les petites
gens, ces gens de Jérusalem, qui évoluent dans un univers
chaotique. Ce ne sont pas des héros, ce sont des rescapés.
Ils sont petits, mesquins mais ils vivent lHistoire. Cest
un livre extrêmement riche. Cest aussi le livre de la réconciliation
avec sa mère ; il passe de linterrogation : "Comment
a-t-elle pu me faire ça à moi ?" à
lacceptation quil est impossible de tout comprendre. Labondance
de références ajoute de létrangeté à
ce monde quotidien et ordinaire.
Françoise G
Ce nest pas le premier livre dAmos Oz que je lis. La
Boîte noire mavait enthousiasmée, je lai
lu lors de sa parution. Cest un échange de lettres et lécriture
déjà mavait beaucoup frappée. Le début
dUne histoire damour... ma ennuyée, jai
trouvé lécriture assez plate mais petit à petit,
on ny échappe pas : il offre la vision dun pays,
une image dIsraël extraordinaire et folle. Ce sont de petites
gens arrachés à leur milieu qui doivent sadapter à
la pauvreté, à cette vie quotidienne très précaire.
Lauteur a vécu une enfance difficile, entre des parents qui
navaient rien à faire lun avec lautre. Et sa
mère, cette femme qui vit dans ses rêves du passé,
elle ma beaucoup frappée. Lévocation du jour
de lindépendance dIsraël également, et
dès le lendemain, cest la catastrophe avec les Arabes. Quand
jai fermé le livre, jai eu le sentiment dun enjeu
magnifique mais sans espoir : cest terrible. Dans tous les
livres dAmos Oz, il y a un dedans et un dehors, limportance
des liens. Au fil des livres, son écriture est de plus en plus
poétique et loin de la réalité (comme dans Seule
la mer), elle est au-dessus de la réalité.
Brigitte
Jai beaucoup aimé. Cest un livre long et mon effort
a été récompensé. Je suis en admiration :
il sest affranchi de tout genre littéraire, il fait comme
il a envie de faire. Son livre tient de lautobiographie, de lessai,
de lhistoire des migrants, dIsraël avant 1948. Il couvre
tous les aspects. Son écriture est sans prétention. Dans
sa prose, il y a une dimension poétique très intéressante.
Cette maison à flanc de montagne, cet appartement minuscule, humide,
la cour minuscule... Cest magnifiquement décrit. Le plus
important dans le roman, cest ce qui se passe pour sa mère.
Il la décrit avec tendresse et délicatesse. Même au
niveau de lHistoire, cest du roman. Il est polyvalent :
la manière dont il sent quand sa mère va trop loin (la scène
de la glace au chocolat avant le déjeuner), il a beaucoup de sensibilité.
Il arrive avec la logique pudique dun enfant de douze ans et à
nous faire entrer dans le drame qui se noue.
Christine
Ce livre ma beaucoup plu. Jai été très
émue, très touchée, cest un roman dapprentissage.
Ses parents apprennent à vivre à Jérusalem lors de
la création de lEtat dIsraël. Il la écrit
à cinquante ans et navait jamais parlé à personne
du drame de sa mère. Il retranscrit cette vie dune façon
telle quon a limpression que le drame est en train de se jouer.
Par les situations et les sensations, on est là, dans la tête
et dans le regard de lenfant. Cest un univers clos, nous sommes
à lintérieur, dans sa solitude. Je ne suis pas daccord
avec Françoise : je ne trouve pas que ses parents soient mal
assortis, il y a une réelle tendresse entre eux. Mais cest
cette illusion des jeunes gens venus dEurope quand ils imaginaient
la terre dIsraël et cette confrontation avec la réalité
dun monde pauvre, dur, oriental. On voit la montée de la
folie de la mère qui bascule. Un enfant ne peut pas comprendre
ce qui se passe. Je trouve le titre extraordinaire. Jaime moins
les références à ses livres. Il est issu dun
milieu cultivé et laïque. Cest la genèse dun
écrivain qui tout en ayant rejeté le milieu intellectuel
dont il était issu, y est finalement revenu.
Françoise
Moi aussi, jai beaucoup aimé. Je nai pas été
gênée par les multiples références que jignorais.
Jai apprécié dapprendre plein de choses sur
lEtat dIsraël : la position de certains, lopposition
entre les juifs dEurope Centrale et ceux qui partent, les "Yiddishs
pleurnichards", la construction de lhébreu en tant que
langue parlée. On se demande au départ : est-ce quils
vont y arriver ? Il construit son livre en cercles concentriques.
Javais lu Une
panthère dans la cave et il y a les mêmes références :
un petit garçon dans un appartement minuscule. Le seul bémol,
cest quil se répète beaucoup : même
si cela permet de se resituer, on nest jamais perdu, cest
un peu lassant. Jai beaucoup aimé toute sa vie au kibboutz
et sa relation aux femmes. Cest un homme attachant, intéressant.
Jaime bien son écriture.
Renée
Jai lu Seule la mer, je lai lu à petites goulées,
comme on sent la douceur du vent, le grain de la pluie. Je me suis imprégnée
de ce mélange entre prosaïque et poétique, le contraste
entre le goût des olives et le cancer. Ça glisse, ça
se met en place. Jai été extrêmement sensible
au bruit, de lécoute de la nature au bruit de la ville.
Jacqueline
Je suis très contente que presque tout le monde ait aimé
ce livre parce que je laime. Je navais pas été
complètement emballée par Seule la mer, mais comme
cest lhistoire dune famille, de la création dIsraël,
jai eu envie de le lire. Je ne le regrette pas. Cest son meilleur
livre, le plus engagé, le plus personnel, le plus extraordinaire.
Son point de vue denfant change et on le suit, on évolue
de la même manière dont évolue son point de vue. Sa
grande discrétion, son acception de choses quil ne saura
jamais. Je suis daccord avec tout ce qui sest dit. Il a une
manière de retranscrire les paroles, on y est. La proximité
du père et de son fils, le suicide de sa mère. On ne sait
pas : est-ce une erreur quelle ait pris trop de médicaments
ou est-ce volontaire ? Un passage ma touché : laller-retour
très étonnant quand il retrouve la première femme
avec qui il a fait lamour et quen fait... cest sa fille.
Annick A
Je nen ai lu que 20 pages que je trouve écrites avec beaucoup
dhumour et de distance. Je nai pas encore poursuivi mais en
vous écoutant, cela me donne envie. Jai lu Seule la mer,
mais je ne suis pas entrée dans cette dimension poétique.
La forme de la narration ma déroutée et je lai
lu en vitesse, sans entrer dedans.
Monique
Jadhère à tous ce qui sest dit. Je ne lai
pas lu car cest écrit trop petit mais je louvre en
grand. Une histoire damour et de ténèbres sera,
LNL, mais BEP*.
*Livre non lu, beaucoup entendu parler, trois fois positif, daprès
la célèbre classification de Pierre Bayard : Comment
parler des livres quon na pas lus (note de la rédactrice).
Claire entre
et
Je suis contente que ça vous ait plu. Jai lu Seule la
mer sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Japprécie
lauteur, ses interviews, ce quil dit de son uvre. En
fait, ses portraits mintéressent plus que son livre, lauteur
mintéresse plus que son uvre.
Claire sort la photo dun fringant sexagénaire + 10
ans (bref un vieillard bien conservé) et toutes ces dames approuvent
et se récrient à propos de sa beauté. Passage du
poster de main en main et baisers furtifs sur son visage au passage... :
"Il est très beau" dit lune,
"Peut-être un peu trop beau" tempère
lautre
Rozenn
Je ne lai pas lu car je nai pas eu le temps de le chercher.
Jai lu les trois tomes de Millénium. Dans son livre Les
deux morts de ma grand-mère, cest un condensé
synthétique en 50 pages de tout ce que vous avez dit (sauf le suicide
de sa mère). Cest un livre fabuleux, beau et bien fait et
je nai pas envie de vous en parler.
Christine
Cest vrai, on ne le mérite pas.
Lil(de
Bretagne comme les avis suivants)
Seule la mer est un très beau livre, dense, savant (beaucoup
de références bibliques) et difficile, dont la forme inhabituelle
nen facilite pas laccès. Je me suis demandé
si ces vers, très libres, apportaient quelque chose de plus...
(la traduction a-t-elle pu rendre la forme originale ?). Difficile,
également, de suivre et resituer chacune des voix qui constituent
le récit : il faut être patient pour reconstituer peu
à peu le puzzle. Encore un livre sur le temps qui passe (on a fait
fort, cette année, dans le groupe !), sur limpermanence,
le désir, la mort et le néant, la nostalgie du bonheur perdu,
les relations humaines. Un livre qui donne du grain à moudre !
Très belle écriture poétique : un bonheur. A
relire.
Quant à Une histoire damour et de ténèbres,
jai trouvé passionnante, cette "petite"
histoire au cur de la grande Histoire. Jai aimé lhumour,
la tendresse, les portraits de chacun des acteurs familiaux (les TOC de
la grand-mère Shlomit, le grand-père indigne, etc.), la
description de ce milieu érudit, de ses murs et, en même
temps, vue de lintérieur, la construction dIsraël :
une révision originale des événements de cette époque.
Jai découvert, avec stupéfaction, la hiérarchie
sociale, avec, au sommet de léchelle, les valeureux pionniers
et, tout en bas, les rescapés des camps, invités à
se faire discrets... Touchante, lhistoire de cet enfant unique,
gavé de culture, qui choisit de quitter lécole, adolescent,
pour rejoindre le kibboutz. Un itinéraire singulier et passionnant
que je relirai, certainement, un jour où le temps me permettra
den apprécier chaque ligne avec lenteur !
Marie Thé
Pour moi cest un grand livre, dense comme je les aime ; et
un livre, comment dire, fondateur...
Je commence et jaime. Dès la première page, "un
cyprès poussiéreux et un muret de pierres sèches"
me transportent. Inexplicable tout dabord, et puis jassocie...
Jai limpression de découvrir un monde et de bien le
connaître à la fois. Jadore arpenter Jérusalem,
avec ses quartiers si différents les uns des autres, sa poussière... Et
cette culture, cette érudition, jusquà sy étouffer,
notamment chez le grand oncle Yosef. La hiérarchie sociale ma
beaucoup intéressée ; en haut, les pionniers (le sel
de la terre), les constructeurs du pays ; en bas, les "tsores",
les perdants. Révélation pour moi à leur sujet :
"Ils avaient eu la bêtise dattendre Hitler",
"quils cessent de baragouiner le yiddish",
suscitant "une compassion mêlée de dégoût",
et encore... Ils ternissent limage dun peuple.
Entre ces deux extrêmes, une pléiade dintellectuels,
de dissidents, douvriers intellectuels, et le père qui a
du mal à trouver sa place dans cette société. Et
une exception, "Baruch aux mains dor".
Un passage très important pour moi est celui où lauteur
parle du lecteur (fin chap. 5). A partir de là, les parallèles
entre moi et le texte se superposent à ceux entre lauteur
et le récit. Et cest incroyable, ce que je découvre
ou redécouvre tout au long du livre. "Ne demandez
pas si ce sont des faits réels. Si cest ce qui se passe dans
la vie de lauteur. Posez-vous la question. Sur vous-même.
Quant à la réponse, gardez-la pour vous."
Jai été captivée par ce livre...
A noter encore, parmi tant dautres, ces lignes qui parlent de la
lecture, des indignations de Yosef Klausner, créateur de mots,
de ses affirmations (Jésus né et mort Juif et non fondateur
dune nouvelle religion), de ses réflexions sur le temps,
la vie, qui "sécoule sans cesse, sans retour",
de ses convictions : "si nous voulons être une
nation souveraine, nos enfants devront être de fer !"...
Me viennent à présent dautres personnages : le
grand-père Alexandre, incompris, lécrasement du quotidien
et des responsabilités "étouffaient son génie
poétique" ; qui aime et écoute les femmes,
et dont la porte vers la liberté ne souvrira vraiment quà
la mort de la grand-mère Shlomit. Il y a aussi cet ancêtre,
libre-penseur, jouisseur, voltairien, qui "pensait que lhomme
devait cueillir à pleines mains ce que lui offrait la vie",
"conscient de la brièveté de la vie... et refusant
toute idée de châtiment et de vie future."
Jai été sensible à ces oppositions entre les
paysans et les savants, entre ceux qui sont épris de grand air
et ceux qui senferment, entre ceux qui sont dans lombre et
ceux qui brillent...
Jai été émue par le père, brillant,
creusant et labourant son sillon, en quête de reconnaissance, finalement
cest le fils moins méritant qui "brillera".
"Longle du petit doigt de mon père était
plus professoral que dix professeurs parachutés dans mon genre."
De même je suis tout près du père et du fils quand
la mère vit ses derniers moments puis disparaît, ce quils
éprouvent, et comment chacun va saccrocher à la vie.
La mère est brillante, sensible, cest un abîme.
Je terminerai par ceci : "Grand-mère comprenait laigre
combinaison de solitude et de désir de gloire, de timidité
et darrogance, de doute profond et de suffisance égocentrique"...
Mais peut-être ai-je été un trop bon lecteur qui na
pas suivi les recommandations de lauteur (voir chapitre 5).
Nicole entre
et
Seule la mer est le premier roman d'Amos Oz que je lis. J'ai été
un peu déroutée par toutes les références
bibliques, mais fascinée par la forme et le fond de cet ouvrage.
On voyage entre prose et poésie, quotidienneté et extravagance,
rêve et réalité. Les personnages sont attachants et
vous surprennent toujours par leur façon de faire ou de penser.
Rien n'est attendu. Un grand livre que je relirai.
Je n'ai eu le temps de lire que la moitié dUne histoire
d'amour et de ténèbres et j'ai choisi la deuxième
partie, se rapportant plus à l'autobiographie de l'auteur. Je considère
plus ce livre comme un documentaire, mêlant la vie de l'écrivain
et celle des israéliens. Je l'ai lu avec beaucoup d'intérêt
et d'émotions souvent, mais ne connaissant pas l'uvre dAmos
Oz, certains passages m'ont semblé un peu longs.
Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme
au rejet :
|
|
à
la folie
grand ouvert
|
beaucoup
¾ ouvert
|
moyennement
à moitié
|
un
peu
ouvert ¼
|
pas
du tout
fermé !
|
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