"Si vous deveniez auteur,vous perdriez la bienveillance des femmes, l'appuis de hommes, vous sortiriez de votre classe sans être admise dans la leur. Ils n'adopteront jamais une femme auteur à mérite égal, ils en seront plus jaloux que d'un homme. Ils ne nous permettront jamais de les égaler, ni dans les sciences, ni dans la littérature ; car, avec l'éducation que nous recevons, ce serait les surpasser".

Madame de Genlis
La Femme auteur

Nous avons lu ce livre lors de la Semaine lecture du 24 juillet au 30 juillet 2010.

Françoise M
J'ai infiniment aimé. C'est dense, typique du siècle, avec les intermittences du cœur. De plus, la préface est excellente. La modernité est incroyable.
Renée
Je suis reconnaissante par rapport au choix de ce livre. Trois choses me frappent : la lutte raison/passion, la nécessité de ne pas se travestir, sur fond d'hypocrite modestie dans l'aristocratie triomphante.
Monique
Je suis très contente d'avoir découvert un auteur, mais j'ai été déçue par ce livre. Il colle à la façon d'écrire de l'époque et l'on parle de tout sauf de la femme auteur ; le thème de l'écriture et de la création est trop peu abordé. J'aurais voulu qu'elle casse murs et meubles. La publication arrive dans l'histoire pour servir la bonne conscience de Natalie qui doit répondre par charité à la requête de personnages qui arrivent comme des cheveux sur la soupe. Je regrette donc qu'il n'y ait pas de propos essentiels sur l'écriture. Les deux dernières lignes sauvent la donne.
Françoise D
Avec ce livre, on peut encore une fois confondre l'auteur et le narrateur, car jugeant Natalie on juge l'auteur puisque ce récit est très inspiré de sa vie. J'ai été partagée, j'ai aimé l'écriture, qui me rappelle Les Liaisons Dangereuses que je place très haut, évidemment plus haut que ce livre. J'aurais aimé un peu de recul par rapport à la condition féminine, un peu de dérision ; or elle est pétrie de religion. On peut s'interroger sur la situation des femmes supérieures en notoriété à leur mec. C'est donc par ce côté encore très actuel. Mais c'est l'époque de Mme de Staël et d'Émilie du Châtelet qui du peu que je sache étaient beaucoup plus hardies et "révolutionnaires".
Manuel
C'est un livre délicieux, c'est un grand plaisir, ce texte très bien écrit. Mais en fait un peu simplet, cucul la praline. Elle m'a agacée.
Muriel
Ca m'a beaucoup plu. J'ai pensé à la Princesse de Clèves. Pour moi, c'est un peu " Les amours en Papouasie ", par exemple, l'amant de Mme de Nangis est officiel, et Natalie respecte cette situation. L'analyse des sentiments est très juste. Le style est vif et concis.
Jean-Pierre
J'ai remarqué aussi la contradiction entre le titre et le contenu. Elle écrit au début et à la fin et entre les deux c'est le marivaudage. Il n'y pas que les hommes, Mesdames, qui en prennent pour leur grade. Quand elle publie, ce n'est pas un choix, puisque "les épouses et les mères heureuses, voilà les véritables héroïnes". Quant aux bienséances, elles "ressemblent au sentiment ; c'est qu'elles sont faites pour y suppléer."
Marie-Thé
C'est une révélation. C'est incroyable d'avoir tant de mal à lutter. Enfin, bon... C'est manichéen entre les deux sœurs ; je suis agacée par Dorothée. C'est bien situé dans l'époque, mais également moderne. Il faut savoir rester à sa place. Enfin, bon... Cela me rappelle la phrase que j'ai entendue dans mon éducation : il faut aimer ce que tu fais et non faire ce que tu aimes. Je pense aussi à Rohmer...
Jackie
J'ai beaucoup aimé, c'est un grand plaisir. Je vois bien le livre adapté au théâtre. Qui choisit la gloire doit se battre est une règle actuelle. Je pense aussi à la réaction : vous avez voulu l'égalité, eh bien débrouillez-vous. J'ai remarqué aussi l'amitié entre les deux femmes.
Marie-Laure
C'est une découverte qui m'a impressionnée. Si c'est une autre époque, cela pourrait se tenir aujourd'hui où celle qui reste au foyer est montrée du doigt. Ce qui m'a plu c'est la solidarité. Germeuil lui n'a pas d'esprit de corps.

(Le débat sur la solidarité entre femmes est reporté...)
Véronique
C'est une petite histoire sympa. Ce qui m'a manqué, c'est le rapport à l'écriture. J'ai bien aimé la modernité du rapport amoureux. J'ai pour ma part un mari qui me laisse libre, mais je suis bien lotie Dans les hautes sphères, le paraître l'emporte sur l'être aussi.
Marie-Hélène
J'avoue que j'ai bien aimé. C'est intemporel et cette question de l'émancipation de la femme, avec le coté latin, tranche avec les pays nordiques où je peux vous dire que les hommes aiment bien garder les enfants à la maison. Le livre dit que "quand on écrit avec vérité (...) il y a dans cette occupation un tel charme, qu'elle peut facilement tenir lieu de bonheur." Je suis quand même restée sur ma faim.
Jacqueline
Je trouve ce livre convenu par son style et son sujet. C'est un livre d'éducation pour filles de l'époque. Je comprends qu'on y mette tout son cœur et qu'on y retrouve nos problématiques, mais je m'y suis très peu intéressée. La langue serait la belle langue du 18ème, si seulement l'auteur y mettait quelque chose de personnel, je n'y trouve aucun bonheur d'expression. On a lu tellement mieux ailleurs ! Les Liaisons dangereuses par exemple, Marivaux, Beaumarchais... L'histoire d'amour, du coup, je ne peux m'y laisser prendre... Je ne suis pas trop d'accord avec la préface. En revanche la biographie est très bien, elle me confirme qu'il s'agit d'une œuvre alimentaire ce dont je ne blâme pas Madame de Genlis.
Claire
Ce livre a un lien avec ceux des auteurs que nous avons lus cette semaine, Lanzmann, Tolstoï, Caillois, c'est le thème de l'orgueil, de l'humilité, de la soumission aux règles morales auxquelles les héros adhèrent. J'ai trouvé ce livre délicieux, c'est un plaisir analogue à celui que donne Marivaux, avec les intermittences du cœur. Les règles hyper strictes voisinent avec d'incroyables excès (Natalie " arrose de larmes " le billet qu'elle reçoit !). Le dialogue de Germeuil et Natalie est une mathématique brillante. Quant au thème de l'écriture, il est en arrière-plan avec le goût et le talent que lui porte Natalie et la femme auteur c'est Madame de Genlis. Ce livre est pour moi un petit bijou.
Édith
Je suis d'accord avec l'idée du bijou. J'avais mis avant notre choix ce livre en boutique. J'en aime la facilité, la subtilité des émotions, la modernité. Je pense aux Fragments d'un discours amoureux de Barthes. C'est un bonheur d'écriture. J'ai aussi pensé au film Ridicule et à Rohmer.

(Émile, époux d'Edith, fait une sortie théâtrale en indiquant qu'il travailla sous les ordres d'un Monsieur de Genlis…)
Anne
Merci de m'avoir fait découvrir ce livre dont j'ai apprécié la qualité de l'écriture, ciselée. Mais ce n'est pas un livre inoubliable. Les va-et-vient de l'amour sont très modernes. J'ai vécu cette situation de la femme qui n'entre pas dans la case qui lui est dévolue. J'ai pensé à Benoîte Groult avec de Caunes qui lui disait ce qu'il fallait qu'elle tape à la machine. Mais si je compare ce livre avec Le Lièvre de Patagonie, il n'y a pas photo !
Paulette
J'ai été surprise par le titre et le contenu. J'ai été ravie de découvrir les personnages. Et ravie que l'héroïne ait pu publier quoique pour faire une bonne action.
Lil : Je rejoins Jacqueline mais en ouvrant à . J'adore la langue et la radiographie d'une époque, avec ce carcan pour les femmes comme pour les hommes. Il m'apporte ceci : l'attention au carcan social, et ne vivons pas par rapport au regard de l'autre. Ce qui y est dit sur la différence entre autobiographie et roman est intéressant. Ce qui gâche mon plaisir est que c'est très pédagogique, comme un manuel.
Nicole
J'ai eu beaucoup de plaisir. J'ai lu la biographie de De Broglie : Natalie EST Mme de Genlis. Je me suis passionnée. Vlan dans les dents de Germeuil.




 


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